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Atelier Désir (Hobbes, Muse, Spinoza)

Publié le 17 Décembre 2019, 18:31pm

Catégories : #Exercices philo

Atelier Désir (Hobbes, Muse, Spinoza)

Analyser les similitudes philosophiques entre les texte de Hobbes, Spinoza et  Muse.

A partir de la synthèse de chacun des  3 documents soumis, articulez-les au cours sur le désir et élaborez une problématique permettant de les mettre en avant, en tant que références, dans le plan proposé.

"La vie humaine peut être comparée à une course, et quoique la comparaison ne soit pas juste à tous égards, elle suffit pour nous remettre sous les yeux toutes les passions dont nous venons de parler. Mais nous devons supposer que dans cette course on n'a d'autre but et d'autre récompense que de devancer ses concurrents. S'efforcer, c'est appéter ou désirer. Se relâcher, c'est sensualité. Regarder ceux qui sont en arrière, c'est gloire. Regarder ceux qui précèdent, c'est humilité. Perdre du terrain en regardant en arrière, c'est vaine gloire. Être retenu, c'est haine. Retourner sur ses pas, c'est repentir. Être en haleine, c'est espérance. Être excédé, c'est désespoir. Tâcher d'atteindre celui qui précède, c'est émulation. Le supplanter ou le renverser, c'est envie. Se résoudre à franchir un obstacle prévu, c'est courage. Franchir un obstacle soudain, c'est colère. Franchir avec aisance, c'est grandeur d'âme. Perdre du terrain par de petits obstacles, c'est pusillanimité. Tomber subitement, c'est disposition à pleurer. Voir tomber un autre, c'est disposition à rire. Voir surpasser quelqu'un contre notre gré, c'est pitié. Voir gagner le devant à celui que nous n'aimons pas, c'est indignation. Serrer de près quelqu'un, c'est amour. Pousser en avant celui qu'on serre, c'est charité. Se blesser par trop de précipitation, c'est honte. Être continuellement devancé, c'est malheur. Surpasser continuellement celui qui précédait, c'est félicité. Abandonner la course, c'est mourir."

Thomas HOBBES, De la nature humaine, Chapitre IX , "21. Vue générale des passions comparées à une course" (1640)

 

"EXPLICATION
Nous avons dit plus haut, dans le scolie de la proposition 9 de cette partie, que le Désir est l'appétit qui a conscience de lui-même, et que l'appétit est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est déterminée à faire les choses qui sont utiles à sa conservation. Mais, dans le même scolie, j'ai fait observer aussi qu'en réalité, entre l'appétit de l'homme et le désir, je ne fais aucune différence. Car, que l'homme soit conscient ou non de son appétit, cet appétit reste un et le même ; par conséquent, pour ne pas paraître énoncer une tautologie, je n'ai pas voulu expliquer le désir par l'appétit, mais j'ai pris soin de le définir de façon à y comprendre à la fois tous les efforts (conatus) de la nature humaine que nous nommons appétit, volonté, désir ou impulsion (impetus). J'aurais pu dire, en effet, que le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée à faire quelque chose ; mais de cette définition... on ne pourrait pas tirer que l'esprit peut être conscient de son désir, autrement dit (sive) de son appétit. Donc, voulant que la cause de cette conscience fût impliquée dans ma définition, il m'a été nécessaire (selon la même proposition) d'ajouter : en tant qu'elle est déterminée par une quelconque affection d'elle-même, etc. Car, par affection de l'essence de l'homme nous entendons toute organisation de cette essence, qu'elle soit innée — ou acquise — qu'elle soit conçue par le seul attribut de l'Étendue, ou enfin rapportée à l'un et à l'autre à la fois. J'entends donc ici sous le nom de Désir tous les efforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme ; ils sont variables selon l'état variable d'un même homme, et souvent opposés les uns aux autres, au point que l'homme est entraîné en divers sens et ne sait où se tourner. "

Spinoza, Éthique, troisième partie, Définitions des sentiments : I, trad. R. Caillois, Pléiade Gallimard 1954, pp. 525-526

 

Survival/ Survie (2012)

Race, life’s a race
Course, la vie est une course
And I am gonna win
Et je vais gagner
Yes, I am gonna win
Oui, je vais gagner
And I’ll light the fuse
Et j'allumerai la fusée
And I’ll never lose
Je ne perdrai jamais

- Choirs - ("So I told you", repeated)
- Choeurs - ("Alors je vous l'ai dit" à répéter)
And I choose to survive
Et je choisis de survivre
Whatever it takes
Qu'importe le temps que ça prend
You won’t pull ahead
Tu ne prendras pas la tête
I’ll keep up the pace
Je vais garder le rythme
And I’ll reveal my strength
Et je révélerai ma force
To the whole human race
A l'humanité entière
Yes I am prepared
Oui je suis préparé
- Choirs ("You were warned and didn't listen", repeated)
- Choeurs("Vous avez été prévenus et n'avez pas écouté" à répéter)
To stay alive
A rester en vie
I won’t forgive, the vengance is mine
Je ne pardonnerai pas, la vengeance est mienne
And I won’t give in
Et je n'abandonnerai pas
Because I choose to thrive
Parce que je choisis de réussir

I’m gonna win
Je vais gagner

- Choirs ("So I told you", repeated)
- Choeurs ("Alors je vous l'ai dit" à répéter)
Race, life’s a race
Course, la vie est une course
But I am gonna win
Mais je vais gagner
Yes, I am gonna win
Oui, je vais gagner
And I’ll light the fuse
Et j'allumerai la fusée
I’ll never lose
Je ne perdrai jamais
And I choose to survive
Et je choisis de survivre
- Choirs ("You were warned and didn't listen", repeated)
- Choeurs ("Vous avez été prévenus et n'avez pas écouté" à répéter)
Whatever it takes
Qu'importe le temps que ça prend
You won’t pull ahead
Tu ne prendras pas la tête
I’ll keep up the pace
Je vais garder le rythme
And I’ll reveal my strength
Et je révélerai ma force
To the whole human race
A l'humanité entière

Yes, I am gonna win
Oui, je vais gagner

Fight! Fight! Fight! Fight!
Bats-toi! Bats-toi! Bats-toi! Bats-toi!
Win! Win! Win! Win!
Gagne! Gagne! Gagne! Gagne!

Yes I’m gonna win
Oui, je vais gagner

 

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Proposition de traitement par  Claire Szymczyszyn,Léa Camilletti & Vincent Tripponi lycée Albert-Ier de Monaco, T°ES1, janvier 2020.

Charles Renouvier formulait que « Vouloir vraiment c'est vouloir ce qu’on ne veut pas ». Dans leurs œuvres, Thomas Hobbes, Spinoza et Muse sont déterminés à atteindre un objectif. Ils suivent l’idée qu’il existe une vertu possible dans leur volonté. Mais comment au juste le désir alimente-il la vie ? Chaque individu cherche un but, certes, mais lequel ? Car mourir est une fin du désir, mais également une fin terrestre. 

Spinoza affirme que le désir est un moteur de vie. Chaque individu possède un conatus afin de persévérer dans son être. Dans De la nature Humaine, Thomas Hobbes compare la vie humaine à une course ; ce qui est paradoxal, car cela reviendrait à dire que l’Homme voudrait mourir le plus rapidement, pour arriver le premier comme lors d’une course. Ici, l’Homme passe sa vie dans une compétition pour se réaliser. A travers la métaphore de la course, l'auteur image que la compétition peut également se retrouver dans la vie.
En effet, l’Homme suit ses passions non pas pour devancer ses concurrents mais pour "s’efforcer", c’est-à-dire désirer. Chaque état d’âme, sentiment, reflète une caractéristique. Par exemple, dans le texte de Thomas Hobbes, nous voyons que lorsqu’un individu est excédé, cela le conduit au désespoir. Toute manière d’agir décrit un comportement.

Il faut persévérer dans son être pour vivre, car il faut s’efforcer de gagner la course, ce qui reflète le conatus de Spinoza. Le désir est bien moteur de vie car il nous permet de nous maintenir en vie à travers toutes les volontés qu’on souhaite satisfaire. De plus, Survival du groupe Muse, a été écrite dans le contexte des Jeux Olympiques en 2012. La musique a pour objectif de montrer la détermination de gagner la compétition. Cette détermination s’associe au fait de vouloir gagner, c’est-à-dire que nous voulons réussir notre vie. Le musicien fait le choix de survivre. Il persévère dans son être puisqu’il n’abandonne pas. Il veut et se donne les moyens de réussir.

Lorsque nous sommes amenés à participer à une compétition nous avons pour but de gagner, mais tout de même ces différentes étapes nous permettent d’acquérir des connaissances dans le sport comme dans la vie. Cette chanson du style opéra rock souligne la détermination sans égale de l’Homme à travers des paroles : « la vie est une course et je vais gagner » ; on y découvre la rage d’un homme qui veut vivre sans limites et comme il le désire : « Tu ne me prendras pas la tête » et qui vivra au-delà des critiques qu’il récoltera au cours de sa vie, en montrant sa force sans relâche : « et je révélerai ma force ».
L’auteur semble désirer vouloir dire aux gens qui ne croient pas en lui que sa vie continuera avec ou sans eux, à ses côtés. En disant cela, il accède à une certaine forme de liberté et semble suivre la morale de la liberté propre au stoïcisme : en effet, l’Homme, placé au centre des préoccupations, meurt libre de ses représentations et de ses opinions. Ce désir de prouver aux autres qu’il est "meilleur" qu’eux le maintient en vie et lui donne une raison de vivre : c’est un moteur de vie, comme le dit Spinoza. Il est déterminé, obstiné et alimenté par ce désir de se venger : « Je ne pardonnerai pas, la vengeance est mienne ». 


Ces trois œuvres témoignent de la volonté de persévérer dans son être. Le désir nous maintient en vie, ce qui est indispensable. L’homme agit avec son conatus, donc il est dans un élan de joie.
Or, satisfaire ses désirs revient à suivre sa nature - ce qui est une forme de liberté. Pour revenir à la citation de Charles Renouvier, l'Homme passe sa vie à désirer, il souhaite vouloir gagner la course, mais pourtant il ne souhaite pas la finalité de la course car il ne veut pas mourir.

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