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L'homme et l'animal : qui des deux inventa l'autre ? (+ revue de presse)

 

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 « Ces exercices dissertatifs viennent à bon droit nous rappeler que, si l'homme et l'animal ne font pas toujours bon ménage, ils s'entr'appartiennent néanmoins l'un à l'autre, fût-ce pour s'entre-déchirer, s'entre-dévorer ou s'entre-tuer. L'ouvrage de Frédéric Grolleau rassemble ainsi toutes sortes de créatures imaginaires et littéraires, fantastiques ou merveilleuses, d'êtres chimériques à mi-chemin entre l'homme et la bête, tels les ingénieux animaux du fabuliste La Fontaine ou bien les inquiétants mammifères ongulés de la ferme orwellienne, des fantasmagories de chair et d'os ou bien des humains ordinaires confrontés à ce cauchemar banal qu'est l'existence humaine, tel l'homme-cafard Gregor Samsa issu de l'imagination de F. Kafka ou bien la femme-truie de M. Darieussecq, mais aussi de nombreuses références aux auteurs classiques ou moins classiques, philosophes et scientifiques, sans oublier les nombreuses « excursions » cinématographiques qui émaillent ses analyses de visions souvent insolites et troublantes, voire carrément hallucinatoires. Or s'il est souvent question de viande crue ou cuite, de tripes, de sang et de mort dans ces textes, c'est pour nous inviter à célébrer la vie dans tous ses états et à toutes les étapes de son « évolution » : de la naissance à la mort, en passant par la dévoration cannibale ou non, la violence primitive ou « civilisée », ou bien encore la métamorphose, qu'elle soit seulement fantasmée ou réellement vécue. »

 

Jean-claude poizat

Enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris



Frédéric Grolleau, L'homme et l'animal : qui des deux inventa l'autre ?, Les éditions du Littéraire, 4 avril 2013, 148 p. - 19,50 €.

Collection « La bibliothèque d’Alexandrie »
ISBN 978-2-919318-12-4  /  ISSN 2257-5693
135 x 215  /  184 p.  19,50 € – Parution : 4 avril 2013

 

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La presse en parle :

- Un article de Jean-Paul Gavart-Perret, Larmes de porc et crocodiles épiques, publié le 2 avril 2013 sur lelitteraire.com :


Sous son interrogation liminaire, Frédéric Grolleau montre comment la littérature non seulement peut mais doit  penser l'animal. D'Esope à Kafka, l'essentiel passe à travers sa viande, ses plumes, ses poils, ses écailles. Il dessine le lieu de la perte de l'idéalité où l'effet d'abstraction des mots le déréalise. La bête différencie donc le travail du deuil de celui de la mélancolie, ce travail qui permet de reconnaître ce qui a été perdu, où le sujet se creuse, se mange du dedans.  Ecrire le bestiaire qui nous habite revient à tatouer à la fois le vide et le trop-plein humain. C'est aussi la tentative de mettre des noms sur les animaux qui nous boivent, nous sucent, nous crachent.
La littérature ne peut qu'appeler la bête. Pour preuve : même les anges ont des ailes ! Ils font partie de l'infinité des monstres que les métamorphoses littéraires doivent inventer non seulement pour sortir de l'anthropomorphisme mais lui donner un sens. La bête coagule nos fantasmes (Darrieussecq) et nos fantômes (Kafka). Non seulement elle affecte mais elle permet une compréhension sidérante de l'être. Chaque écrivain qui s'en empare la fait à l'image du monde: un loup, un cochon, une hyène. 
 
Frédéric Grolleau illustre combien il est important d’entrer dans l'épaisseur de ces animaux. Ils sont les étrangers qui nous lient au peu que nous sommes et rappellent la vie d'avant le jour  et d'avant le langage. L'auteur prouve combien il faut préférer l’impureté du zoo qui nous habite à la caserne de notre prétendue pureté. Bref, il  faut passer du paroxysme de l’idéal à l’abîme bestial. Sous les "plans" translucides du premier  les animaux persistent et aiguillonnent de leurs museaux et griffes. 
Le bestiaire fantastique de la littérature fabrique une perspective que nous voulons ignorer et que Grolleau rappelle. L'incendie animal n'est jamais maîtrisé.  La bête écrase la pensée. Elle permet à l’inconscient de parler. Sa peau fuyante est percée. Le corps retourne à son immense réserve sauvage. Preuve qu'on n'est rien, à personne sinon au serpent et à la lionne, au sein de nos galeries intérieures qui sont autant de labyrinthes zoologiques.  Les plis du cœur, les déchirures de l’âme, notre paquet de nerfs ne sont qu'une forêt sauvage où nos fauves demeurent tapis. Leurs trajets font  chemin en nous dans le jeu de nos miroirs.
 
Pour s'en défendre l'homme a inventé le religieux. Il est devenu le sens de notre moindre. Mais en dieu l’esprit est aussi aveugle qu’impatient. Pour voir il doit  revenir à l’animal. Dieu n'est donc que l'invention pour cacher les animaux qui nous terrassent. Leur présence sexualise le  mot “ écriture ". Et Grolleau illustre comment elle fait parler ce qui se tait. Ecrire  la bête revient donc  à s’arracher à l'erreur mystique comme arracher à la langue plumes, peaux, pelages, écailles, cornes et  mues. L'auteur prouve qu'en ses animaux l’homme est un et innombrable. Le porc en lui accouche de la chimère. L'âme humaine est donc soluble dans la bête.  Les pensées parlent à travers elle. Elle montre que le rat d'eau méduse et comment on découvre en lui nos manteaux de vision. Cochon qui s'en dédit.

 

- Un article publié par Lievenn le 08 avril 2013 sur Traversées:

 

Frédéric Grolleau nous livre à la vindicte d’un verbe dont on ne sait plus de qui il devient l’auxiliaire. Toujours est-il que l’anthropomorphisme en prend un sérieux coup dans l’ « aile » (ce qui veut déjà tout dire). Revisitant le bestiaire de la littérature l’auteur affronte l’indescriptible zoo et la jungle qui la peuplent. Il rappelle qu’être animal revient en quelque sorte à perdre l’estime du néant. En conséquence et même si selon Duras « l’écriture ne sauve pas » la littérature animalière tire d’affaire l’homme.

Kafka de « La Métamorphose » ou Marie Darrieussecq de « Truismes » l’ont bien compris. Penser l’homme à travers l’animal – voire pour un auteur se mettre à sa place – revient à conjurer les effets de la pensée. Dans les litières et les fumiers se crée une altitude où la raison respire d’autres fragrances. C’est pourquoi Frédéric Grolleau demeure en de telles dispositions « zoologiques » à l’égard de la pensée et de littérature. Il sait que la sagesse ne tient pas par les hauteurs. On ne peut ne prétendre à celle-ci sans se lester du poids de l’animal.

L’être sans celui-là qui l’habite court un risque incommensurable Toute pensée claire remonte à la bête. Esope et La Fontaine pour prendre le cas des fabulistes ont appris comment l’animal précise les traits de la propre incertitude à notre égard et nous précipite dans notre auge. Certains auteurs (même celle qui a écrit récemment le portrait d’un homme politique français mondialement renommé en cochon) illustrent que le « reste » garde l’épaisseur d’une hallucination.

Grolleau prouve qu’affiner l’être par l’animal fantasmagorique ou non revient à se livrer à une finalité littéraire particulière. Elle s’associe admirablement à ce qui nous échappe dans nos fantasmes et nos fantômes. Car l’animal n’est jamais un pur symbole de l’être. A travers lui ce dernier traverse sa propre confusion et sa propre obscurité. C’est donc pour la littérature une entreprise décisive. Sans sa « viande » (Artaud) l’homme n’est pas. Hors la bête pas de salut, pas de célébration. L’être n’attend que la confirmation de ce miroir.

L’animal reste donc son semblable, son frère. Quant à la réponse à la question posée par Grolleau on laisse à chaque lecteur de son livre le soin de la trouver. En la cherchant il ne sera plus au diapason des concepts littéraires acquis. Chez l’auteur l’hypothèse de la représentation du monde passe par une autre loi que la gravitation du simple esprit. Il rallume la conviction que se passant de tout bestiaire et ne traitant l’humain que par lui-même et par sa seule image bien des choses échappent.

 

- un article, Y a-t-il encore une frontière entre l'homme et l'animal ?, publié le 26 avril 2013 par jean-paul Galibert sur son blog Philosophie de l'inexistence  :

Il est courageux d’écrire sur l’homme et l’animal. Tant s’y emploient aujourd’hui, que l’on voit mal ce que l’on pourrait ajouter au débat, ni de quel point de vue renouveler la question.
A moins, justement, d’adopter une stratégie nouvelle, quasiment à double entente, qui permette de faire jouer la question. Et pour ce faire de questionner toutes les apparences, toutes les réalités, jusqu’aux apparences et réalités du livre lui-même.
Car, si le titre est malicieux, le plan est poussiéreux : toute la stratégie de Frédéric Grolleau est dans cet écart subtil, et fort discrètement délibéré. Lorsque que bien des professeurs se font passer pour des philosophes, il est fort réjouissant qu’un philosophe feigne de n’être qu’un professeur. Grolleau en joue, avec un malin plaisir. Il va jusqu’à donner à ses chapitres la forme explicite – et toute apparente – de la dissertation.
Car le propos, loin d’être sage et scolaire, n’est rien moins que de subvertir, de toutes les manières possibles, la frontière entre l’homme et l’animal. Non pour la nier, mais pour en jouer. Ainsi va-t-on croiser dans ce livre toutes les formes de transgression, de passage plus ou moins licite de la limite, sur un mode furtif et foisonnant, comme ces caravanes dans le désert, indifférentes aux frontière toutes théoriques séparant les Etats, mais si bien informées des passages ancestraux, ou plus secrets, qui permettent de tout relier, mais aussi d’ apparaître ou de disparaître.

Ainsi verra-t-on passer, et pourra-t-on penser :
Le cannibale, que l’on sait depuis Montaigne bien plus civilisé que ceux qui le jugent sans vraiment savoir pourquoi.
Le criminel Hitchcockien. Car comment devient on criminel, sinon par quelque secrète connivence avec l’animal en nous, ou l’animal qui nous attend ?
Le sauvage d’autant plus mystérieux que l’on ne sait s’il procède ou régresse depuis l’humanité ;
Cette viande énigmatique, venue de l’animal et si nécessaire pourtant à notre corps humain, à moins qu’il soit animal ;
Ce devenir animal de la métamorphose de Kafka ;
Ces jeux humains si inhumains de partage, toutes ces transgressions sacrées propres à la nourriture ;
Cet homme hobbien, qui n’est loup qu’à être homme, ou qui n’est jamais tant homme qu’avec les loups ;
Cette double folie, toujours plus évidente, de rejeter les animaux, ou de se prendre pour l’homme, autrement plus grave que cette voie si fréquente et si sensée ou l’on se pend pour l’animal, sans y croire, mais en y faisant croire, voire en s’en inspirant.
Maints animaux toujours pris comme modèle par l’homme, depuis ces dieux égyptiens, humains à tête d’animaux, si contraires et pourtant si symétriques à ces dieux animaux à tête d’homme, comme les taureaux ailés de Sumer.

Ainsi comprend-on peu à peu que tout, dans cette histoire complexe, est éminemment réversible: notre part animale qui peut nous humaniser, tandis que notre part humaine peut fort bien nous abêtir. Aux mille jeux du masque, de l’identification et du totem, le plus humain n’est pas toujours celui qu’on croit, et le plus bête rarement celui dont on dit qu’il l’est.
Joyeusement, la sarabande des dissertations et des sous-parties sagement ordonnées vire à quelque zoo festif où tous les êtres de rencontre sont si ambigus, nantis d’aspects si paradoxaux, que l’on ne sait plus très bien où finalement passent les grilles, et de quel côté figurent, au bout du compte, les plus humains et les plus bêtes.

En un mot, on se prend, comme on voudra, à redouter ou à espérer, que le rire ne soit plus le propre de l’homme. Rien de plus suggestif, finalement, que la philosophie pratiquée comme un art résolument baroque, comme cet art festif de se rire des frontières.

 

 

  - Un article par Yoann Solirenne dans La cave à mots le 28 mai 2013  :


Frédéric Grolleau est né en 1969. Professeur de philosophie, il enseigne depuis 2005 au lycée militaire de Saint-Cyr l’Ecole. En parallèle il a – entre autres, -géré jusqu’en 2011 le site Codo-Philo et s’adonne régulièrement à la critique littéraire au travers du site qu’il dirige (lelitteraire.com). Ce « Pivot du web », comme l’a surnommé le journal Le Monde, a déjà publié de nombreux ouvrages, notamment « Le Cri du Sanglier » en 2004 chez Denoël.
Paru en avril 2013 aux éditions du Littéraire, « L’Homme et l’animal : qui des deux inventa l’autre ? » de Frédéric Grolleau, met à mal notre société anthropocentriste pour le plus grand bonheur de tous. Au pays des animaux, l’Homme est-il le roi ?
Dans « L’Homme et l’animal : qui des deux inventa l’autre ? », l’auteur mène au travers de dix exercices dissertatifs, une réflexion profonde sur les rapports qui lient – ou pas – l’Homme à l’animal. De prime abord, l’ouvrage étonne de par sa forme. Chaque dissertation débute par une question, une phrase qui – à chaque fois – ouvre sur de nouvelles perspectives de réflexions. Le plan reste visible, avec une introduction, deux ou trois parties et une conclusion suivie par de riches annexes. Ce choix de mise en forme peut sembler étonnant, mais il se révèle vite être très enrichissant. En plus du fond – que nous évoquerons par la suite – l’ouvrage est un véritable manuel de référence en matière d’exemples dissertatifs. On y apprend à structurer notre pensée, en même temps que l’auteur livre les siennes. D’une certaine manière, il s’agit d’un ouvrage pédagogique que chaque étudiant ou non-initié, se doit de lire.

Place au fond maintenant. Ce qui se dégage d’abord du livre, c’est un sentiment de réconciliation d’avec soi-même. Une sorte du petit guide idéal du retour aux sources. Un voyage à la recherche d’une paix intérieure. Frédéric Grolleau parvient à toucher l’Homme au plus profond de lui-même en le mettant devant le fait accompli. Qui sommes-nous ? A mi-chemin entre philosophie, histoire, anthropologie ou encore littérature, cet ouvrage richement documenté reste toujours vif, animé d’une réflexion passionnante. De nombreuses phrases célèbres sont discutées, comme le fameux Homo Homini Lupus (l’Homme est un loup pour l’Homme), où l’auteur parvient à se défaire d’un anthropocentrisme pesant afin d’avoir une vue d’ensemble, au plus proche de la « nature ». Frédéric Grolleau illustre intelligemment ses dissertations par de nombreux exemples empruntés à des philosophes comme Condillac, Michel Onfray ou à des anthropologues comme Claude Lévi-Strauss. C’est ce va-et-vient permanent entre les époques et les civilisations, qui donne à cet ouvrage son caractère philosophique universel.
Mais qu’en est-il de l’Homme ? Serait-ce la fin de son pouvoir absolu sur toutes les autres espèces vivantes ? Frédéric Grolleau ouvre de nouvelles voies de réflexions, qui poussent l’humanité à mieux s’interroger sur elle-même et à faire le point. Le rapport que l’Homme entretient avec l’animal est-il réellement « juste » ? C’est peut-être lorsque, grâce à la science, l’on apprendra que l’animal ressent, que l’humanité toute entière prouvera à nouveau sa barbarie. Un ouvrage fort philosophique, qui est plus que jamais d’actualité. Se repenser avant toute chose, telle pourrait être la conclusion…   

- Un article de Jean-pierre Longre sur le site Notes et chroniques paru le 4 juin 2013 :

« Une affinité mystérieuse » ?

Essai, philosophie, francophone, Frédéric Grolleau, Jean-Claude Poizat, Les éditions du Littéraire, Jean-Pierre LongreFrédéric Grolleau, L’homme et l’animal : qui des deux inventa l’autre ?. Préface de Jean-Claude Poizat, Les éditions du Littéraire, 2013

 

« Si l’homme et l’animal ne font pas toujours bon ménage, ils s’entr’appartiennent néanmoins l’un à l’autre, fût-ce pour s’entre-déchirer, s’entre-dévorer ou s’entre-tuer », rappelle à juste titre Jean-Claude Poizat dans la préface de cet ensemble de dix dissertations (exactement neuf dissertations en bonne et due forme et une lecture de tableau).

 

Toutes les grandes questions liées à la relation homme-animal sont clairement posées, impeccablement traitées selon des schémas plus que méthodiques (introduction, trois parties, conclusion – démarche aussi rigoureuse que distanciée), richement documentées (comme en témoignent les nombreuses notes et annexes qui prolongent la réflexion, ainsi que les innombrables références littéraires et historiques). Les grandes questions, donc : le cannibalisme et la nourriture, les métamorphoses et la « part animale » de l’homme, l’intelligence humaine et animale, la guerre et la barbarie… Des figures récurrentes parcourent ces développements, telle celle du loup, qui les clôt aussi par l’intermédiaire de La Fontaine, Chagall et Nietzsche.

 

Evidemment, l’ouvrage à lui seul ne peut pas épuiser le thème. Mais il établit des distinctions éclairantes entre les notions et entre les mots (par exemple, au hasard, entre « conflit », « guerre » et « violence »), il met la philosophie au service d’une interrogation fondamentale et inhérente à la vie, il convoque les grands mythes de l’humanité, et rappelle quelques vérités peu glorieuses (« Qui veut faire l’ange fait la bête » ou « L’homme peut se vanter d’être en vérité l’espèce vivante qui extermine le plus sciemment son prochain »), au risque de nous mettre en mémoire quelques belles et terribles velléités baudelairiennes :

                            « Je jalouse le sort des plus vils animaux

                            Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide »…

Jean-Pierre Longre

 
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