Entre araignées tueuses et toxines du monde du vaudou, un thriller magistral...
Avec ce dernier volet de la trilogie des aventures de Joshua Brolin, le privé ex-profiler du F.B.I héros de L’âme du mal et de In Tenebris, M. Chattam s’installe bel et bien dans le pré carré des auteurs français de "thriller à l’américaine" - appellation qu’il contribue non sans maestria à rendre obsolète puisqu’il est parvenu à imposer au lectorat un savoir-faire d’orfèvre en la matière.
De ce point de vue le schèma suivi par le jeune auteur est assez classique : une série de meurtres particulièrement horribles - ici en Oregon (dans la ville de Portland et dans la forêt avoisinante) ; un duo de choc composé d’un ancien flic brisé par l’assassinat de sa femme par un serial killer et d’une belle jeune femme, détective à New York ; un criminel aussi dément qu’ingénieux (commettant ses forfaits dans ces pages comme si une araignée géante vidait ses victimes de leur substance intérieure !) ; last but not the least, tout un ensemble de fausses pistes savamment agencées afin que le lecteur perde le fil de trame de cette gigantesque toile où il s’emberlificote peu à peu, pour son plus grand plaisir.
Tout cela vous rappelle quelque chose ? Rien de plus rien de moins que les pêchus romans de ce genre que vous avez éclusés ces dernières années - vous avez ceux que vous n’avez pu vous résoudre à jeter ou donner, perusadés que vous les reliriez un jour ou l’autre parce qu’ils vous avaient accrochés.
À l’instar de In Tenebris, Maléfices se range sans peine dans cette catégorie et ce n’est pas se payer de mots que de souligner à quel point l’inventif Chattam est attachant (cela même s’il n’est pas toujours constant, pour preuve son Sang du temps qui en revanche ne nous a guère convaincus dernièrement). Mais en ce qui concerne les investigations de Joshua Brolin et d’Annabel O’Donnel, vous pouvez y aller les yeux fermés. À quand d’ailleurs une adaptation cinématographique de la trilogie ? réclamerons-nous de notre côté...
Toujours aussi bien documenté (remarquable travail sur les techniques de police scientifique), le romancier d’Edgecombe maîtrise son sujet et livre là une des ambiances dont il a le secret, à mi-chemin des araignées tueuses et des toxines du monde du vaudou. En jouant sur une phobie atavique, la peur des araignées vénéneuses qui commencent bientôt d’envahir Portland au fur et à mesure que de jeunes épouses sont enleveés et retrouvées torturées mais le corps intact dans de vastes cocons suspendus (ah, ces maudites cosses qui nous poursuivent depuis Invasion of the body snatcher !), Maléfices s’impose comme un thriller magistral.
Dans cette catégorie spécifique, ce roman au format poche qu’il ne faut pas hésiter à trimbaler partout avec soi cet été... du moins si l’on aspire, allongé sur la plage, à transpirer pour une autre raison que la chaleur.
frederic grolleau
Maxime Chattam, Maléfices, Pocket, mars 2005, 640 p. - 7,80 €. Première publication : Michel Lafon, mars 2004, 541 p. - 20,00 €.
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