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"In the Mood for Love" (Wong Kar-wai, 2000 - reparution en 2021) : l'amour impossible

Publié le 29 Juillet 2021, 18:24pm

Catégories : #Philo & Cinéma

 "In the Mood for Love" (Wong Kar-wai, 2000 - reparution en 2021) : l'amour impossible



In the Mood for Love, film iconique du cinéaste hong-kongais Wong Kar-wai, s’offre une nouvelle sortie en salle le 21 juillet, 21 ans après sa première sortie au cinéma. 

Son titre séduisant laisse entrevoir l’éveil d’une histoire d’amour entre deux personnages aussi charismatiques qu’attachants, vivant au cœur du Hong Kong des années 60. Mais cette idylle envoûtante peut-elle véritablement se réaliser ?

En tout lieu et à chaque instant, M. Chow et Mme Chan (les deux protagonistes) se croisent, se frôlent et échangent des regards toujours plus intenses et insistants. Tous les éléments semblent réunis pour que naisse une belle histoire d’amour. Pourtant, les deux amants en puissance semblent réticents à l’idée d’actualiser leur romance. Tout se passe comme s’ils préféraient rester dans cet espace indéfini, dans ce « presque-rien » si cher à Vladimir Jankélévitch.

L’attirance mutuelle encore innocente serait-elle préférable à une histoire d’amour pleinement réalisée ? 

  • Par hasard, M. Chow et Mme Chan emménagent le même jour dans la même résidence et découvrent de surcroît qu’ils sont voisins de palier. Cette proximité originaire et fortuite laisse déjà suggérer le lien tenace qui les unira par la suite. En effet, au détour de chaque couloir et de chaque escalier, les deux protagonistes se croisent inlassablement. D’abord intrigués par la fréquence de leurs rencontres, ils finissent par comprendre qu’un point commun les relie : leurs conjoints respectifs entretiennent une liaison ensemble… Rongés par la souffrance, les deux voisins se rapprochent et se mettent à passer le plus clair de leur temps ensemble, ce qui n’échappe pas aux regards indiscrets du voisinage. Pour autant, ils n’osent pas actualiser cet amour qui les unit déjà.
  • Pourquoi ? Parce que l’amour en suspens est précieux et inimitable. Passer de la puissance à l’acte reviendrait à faire disparaître le charme de cette romance, pleine des promesses d’un possible qui n’a peut-être plus besoin d’advenir dès lors qu’il devient clair qu’implicitement, l’amour est déjà effectif. En se refusant à franchir le pas, Mme Chan et M. Chow, se placent dans ce lieu impalpable que Jankélévitch nomme « le presque-rien », c’est-à-dire cet espace inconsistant et frêle sans lequel on se met pourtant à manquer de tout. Empreint d’une indéniable fragilité, le presque-rien est ce qui vient donner une intensité inégalable à l’existence.
  • La musique par exemple, est un presque-rien parce qu’elle est vouée à s’écouler et à disparaître dans le temps, ce même temps qui lui permet pourtant de se déployer. En ce sens, « La musique, c’est quelque chose qui n’existe presque pas », disait Jankélévitch. Pourtant, cette musique évanescente nous ouvre les portes de l’absolu en nous emportant dans un ailleurs libéré des exigences de la vie pratique, ne nous laissant d’autre choix que d’épouser l’instant.
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