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"Johnny s’en va-t-en Guerre" (Johnny Got His Gun) ou la conscience prisonnière

Publié le 24 Avril 2019, 19:38pm

Catégories : #Philo & Cinéma

"Johnny s’en va-t-en Guerre" (Johnny Got His Gun) ou la conscience prisonnière

analyse du genre film de guerre et du film de Trumbo  par La Bobine (18 mn)

https://www.youtube.com/watch?time_continue=321&v=_RWaGcWtxEQ

 

Ce 1er mars 1972, un peu moins d’un an après sa consécration au Festival de Cannes de 1971, sort sur les écrans français le film choc Johnny s’en va-t-en Guerre (Johnny Got His Gun) de Dalton Trumbo.

Johnny Got His Gun est avant tout un roman, écrit en 1938 par Dalton Trumbo lui-même, et édité l’année suivante. Le succès est au rendez-vous jusqu’à épuisement des stocks, de par le sujet traité et le début d’un grave conflit sur le vieux continent européen (encore…).

Le terrible combat moral d’un soldat totalement mutilé par un obus sur les champs de bataille, un homme-tronc sans visage, dont le seul statut de corps en vie ne suffit plus aux médecins pour le considérer comme existant. Et pourtant, la conscience intacte, Joe est toujours là, prisonnier de son enveloppe.

Le présent en ombre et lumière, dans une chambre d’hôpital, un corps couvert d’un drap blanc, et la voix off de Joe (Timothy Buttons) en seule expression de sa conscience, si horriblement solitaire, est mis en contraste avec les séquences en couleur, les souvenirs auxquels il s’accroche, les rêves qu’il fait, les sensations qu’il connaît, tout ce vers quoi son esprit peut s’échapper.

Cette superposition permanente de ce qui se passe dans sa tête et la réalité environnante aggrave parfaitement l’identification qui opère, en étant les seuls à l’entendre divaguer, se rebeller, rire et pleurer, supplier de mourir, sous l’œil compatissant d’une infirmière qui finit par comprendre que sous cette chair déchirée est encore présent un homme. La scène où elle trouve le moyen de communiquer avec lui pour lui souhaiter un joyeux noël est un moment inoubliable.

Film unique à tout point de vue, frappant quant aux questionnements sur la médecine et l’acharnement, la religion, la guerre (évidemment), la filiation (qui sont ces pères qui envoient leurs fils au front, empreints de fierté ?), sorti en pleine guerre du Vietnam, il est exemplaire, émouvant, oppressant, effrayant, rassurant…

 

Pénélope Crouteprod

source :  https://addict-culture.com/ephemeride-1-03-1972-johnny-got-his-gun/

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