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Frédéric Serror, Les hommes de Galilée

Publié le 16 Juillet 2012, 21:34pm

Catégories : #ROMANS

Les méandres de l’affaire Galilée vus par l’oeil d’une femme lettrée...

 

Et pourtant, elle tourne...

 

L’idée que la terre tourne autour du soleil est idiote, absurde et philosophiquement hérétique. Car elle contredit la doctrine de la sainte Écriture. écrivait en 1616 le cardinal Bellarmin à Galilée. Le 12 avril 1633, dans une pièce du couvent Santa Maria de Rome, un vieil homme en chemise de pénitent s’avance devant ses juges. Accusé d’être un hérétique parce qu’il affirme que la terre tourne autour du soleil, il sait ce qu’il risque. Quelques années plus tôt, parce qu’ils disaient la même chose, les livres de Copernic ont été mis à l’index par le tribunal de l’Inquisition et le dominicain Giordano Bruno a été brûlé vif.
Tous les trois, Copernic, Giordano Bruno puis Galilée remettent en cause une théorie bien établie depuis 2000 ans : depuis qu’Aristote et Ptolémée avait affirmé que le soleil tournait autour de la terre et que celle-ci était immobile au centre de l’univers. C’est justement parce qu’il a démontré et écrit le contraire dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde que Galileo Galilei doit comparaître devant ses juges en 1633.

 

Ce scandale du siècle et cette atteinte au progrès scientifique sont les éléments clefs du nouveau roman de Frédéric Serror, spécialiste du XVIIe siècle à qui l’on doit déjà, chez le même éditeur, L’échelle de monsieur Descartes et Mystère Pascal. Cette fois-ci, l’auteur se penche sur la personne d’un "intellectuel", un peu moins connu du grand public peut-être, mais tout aussi décisif pour ce qui est de l’essor de la philosophie, nous avons nommé : Pierre Gassendi - lequel correspond avec de très nombreux savants et penseurs de l’époque et cherche à présenter, sous son meilleur jour, le système galiléen.
Nous voici donc en 1628 : Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, magistrat, collectionneur et astronome, et sa nièce Camille se trouvent plongés au cœur d’une sensationnelle affaire judiciaire où il est question de la naissance d’un enfant qui n’existe pas... Au service de son oncle, Camille, l’héroïne ("féministe" avant l’heure) de ce roman, décide de tout mettre en œuvre, au cours de ses pérégrinations entre France et Italie, pour décrypter une lettre aussi énigmatique que cryptée qu’elle a trouvée dans un des livres de l’imposante bibliothèque de Peiresc.

 

Sans le savoir, elle vient de mettre son joli nez dans une correspondance qui témoigne des avancées de Gassendi quant à l’essai qu’il consacre à Galilée, un essai que beaucoup, jésuites comme libertins, convoitent tant il pourrait se révéler crucial dans les tracas qui commencent de s’abattre sur le chercheur italien depuis peu. Les cabinets de curiosité s’emballent, la religion colmate les brèches ouvertes par la curiosité des beaux esprits et les intrigues politiques vont bon train : Serror, lui, s’empare avec maestria de cette "affaire Galilée" dont il restitue les ressorts et méandres dans un roman aussi épais que savoureux, mêlant à l’envi Histoire, philosophie et sciences. À la différence des deux opus précédents, on ne trouvera pas toutefois en fin d’ouvrage des extraits de textes philosophiques/scientifiques, le romancier ayant fait le choix de plutôt s’inspirer de ceux-ci afin d’étayer sa trame. Pour le plus grand plaisir des lecteurs.

 

Regarder l’entretien video avec F. Serror au sujet de L’échelle de Monsieur Descartes.

   
 

frederic grolleau

 

Frédéric Serror, Les hommes de Galilée, Le Pommier, 2006, 395 p. - 23,00 €.

 
     

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