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Intégrale Yoko Tsuno - Tome 2

Publié le 16 Juillet 2012, 21:33pm

Catégories : #BD

Avec ce deuxième volet de l’Intégrale, on plonge avec délectation dans un hommage à l’alchimie et aux châteaux médiévaux...

 

Où l’on retrouve notre électronicienne de choc, bien loin cette fois-ci de la planète Vinéa dont elle a rencontré les bleus habitants dans le tome 1 de cette Intégrale. Toujours teintées de fantastique, les péripéties de Yoko sont donc moins proches de la science-fiction que dans "De la Terre à Vinéa". Les trois volumes ici rassemblés, L’Orgue du Diable, La Frontière de la Vie et Le Feu de Wotan - quid de L’Or du Rhin d’ailleurs, non repris dans cet épais volume ? - nous permettent avec grand plaisir, de renouer avec le doucereux graphisme et la description minutieuse des lieux fort réalistes chers à Leloup, formé aux studios de Hergé.

 

Tiraillée entre l’Orient dont elle provient, en tant que "Fille du vent" et l’espace auquel elle aspire (la saga vinéenne), Yoko évolue en ces pages dans le troisième côté du triangle qui lui est imparti, soit l’Europe et en particulier l’Allemagne. Ce deuxième volet de l’Intégrale débute donc avec à-propos par L’Orgue du diable où notre héroïne, au contact de sa nouvelle amie, l’organiste Ingrid Hallberg, plus introvertie que Khâny la Vinéenne, décide dès les premières bulles d’affronter le méchant de service qui a relancé une machine diabolique - un orgue gigantesque du Moyen Age pouvant émettre des ultrasons capables d’aliéner ou tuer et alimenté par un souffle quasi hydraulique ! - dans les souterrains d’une sinistre bâtisse médiévale (Le Château du Katz).

Il est toujours amusant de voir comment Leloup enclenche le scénario (pas de longues p(l)ages destinées à installer l’intrigue : ça démarre toujours sur les chapeaux de roue... ou les flancs d’un bateau en l’occurrence). Le scénario n’est pas si noir que cela au demeurant et Karl le mécréant ressemble étrangement au méchant vinéen de l’album intégral antérieur tandis que miss Tsuno parvient à escalader une paroi abrupte de falaise en mini-jupe et escarpins - tenue du plus bel effet...
Il n’empêche, le récit fonctionne et interpelle à merveille, idéalement mis en relief par un dessin très fouillé qui joue le rôle d’un personnage à part entière dans la narration. Le dessinateur est ici "chez lui", comme il s’en explique dans le dossier en début d’ouvrage où il célèbre l’Allemagne comme le pays de l’imaginaire, par opposition à la France qui compte tant d’adeptes du cartésianisme rationnel.
Hymne au Rhin et à la célèbre Lorelei, L’orgue du Diable est bel et bien l’album qui nous semble le plus original, bien que ce soit à La Frontière de la Vie (dédié au double thème du développement du sang artificiel et de la prolongation de la vie par hibernation) que soit revenu le plus grand succès de la série, l’album-clef ayant conquis le public féminin (rien d’étonnant vu que Yoko Tsuno incarne l’éternel féminin, ce dont témoigne ici la fonction de seconds couteaux dévolue aux insipides Pol et Vic) alors que Le Feu de Wotan (voué à la récupération vénale d’un rayon destructeur infernal) se veut un polar technologique qui fait une part moins belle aux sentiments humanistes qui imprègnent la série.

 

Ne boudons donc pas notre joie et plongeons avec délectation dans cet hommage à l’alchimie et à la fascination qu’inspirent les châteaux ouvert par cet Orgue diabolique, deuxième opus dans la chronologie de la série. Et non des moindres.

   
 

frederic grolleau

 

Roger Leloup, Intégrale Yoko Tsuno - Tome 2 : "Aventures allemandes", Dupuis, 2006, 162 p. - 16,00 €.

 
     

 
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