Une haletante exploration du surnaturel et du parapsychologique.
La terreur n’a rien d’épouvantable. Voici une prémisse qui contient à elle seule en puissance tout l’univers suzukien. Tout commence en effet dans ce corpus de la trilogie - que complètent La double hélice et La boucle - par un banal fait divers auquel le journaliste Asakawa va porter une attention différente de celle des autres, et qui va l’entraîner pour son plus grand malheur et celui de l’humanité entière, dans un redoutable compte à rebours. Asakawa découvre que quatre adolescents qui se connaissaient et ont séjourné dans un chalet sont morts en même temps, suite à ce qui semble être un arrêt cardiaque.
Le point commun causal de ces décès, on l’apprend assez rapidement, réside dans une cassette VHS contenant des images étranges et angoissantes clôturées par ce message, que les adolescents n’ont visiblement pas pris au sérieux : "ceux qui regardent ces images sont condamnés à mourir dans une semaine exactement." Parti sur cette piste pour rendre un article à son journal, M, Asakawa, secondé par son fidèle ami, le professeur Ryuji, dispose désormais de sept jours pour contrer une malédiction létale. Problème, la fin de la bande, qui suggérait les prescriptions à suivre pour éviter de tomber sous le coup de la malédiction, a été effacée par les quatre adolescents...
Le tour de force de ce roman fantastique sans effets fantastiques, car l’horreur y est somme toute très soft, plus suggérée que mise en avant, c’est que l’on suit en direct les tergiversations du héros, se demandant pendant une bonne partie du récit s’il a affaire à une plaisanterie de mauvais goût ou à une course contre la montre dont l’enjeu est bien de sauver sa vie et celle de sa famille (sa femme ayant eu la mauvaise idée de regarder la cassette avec leur fille, alors même que la malédiction se transmet par l’image tel un virus). Loin d’un gros attirail satanico-gore, Suzuki coud une "terrible" histoire des plus simples, une investigation en temps réel, heure par heure, jour par jour, qui remonte aux violences subies par une jeune femme télépathe et hermaphrodite, ayant le pouvoir de projeter des images sur des supports vidéo.
A partir d’une énième errance de fantôme - laquelle nous fait furieusement songer au King de Sac d’os - Ring propose une haletante exploration du surnaturel et du parapsychologique. Si le style n’est pas des plus élégants, il a le mérite de servir le fond du roman et de propulser le lecteur dans une hallucinante lutte contre le Mal. Un combat tout en suspense qui a séduit rien moins que trois millions de lecteurs au Japon avant d’être adapté au cinéma par Hideo Nakata.
Koji Suzuki, Ring (lire aussi Double hélice et La boucle), Pocket Terreur, 2003, 310 p. - 6,88 €. |
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