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Harold

Publié le 25 Septembre 2010, 18:31pm

Catégories : #ROMANS

Un corbeau amoureux d’une actrice des années 1960 sous l’oeil aigri d’Hitchock.

 

Au commencement était une idée stimulante : revisiter le célèbre film d’Alfred Hitchcock : Les Oiseaux grâce à un fil (à la patte) directeur original, soit l’un des corbeaux figurants du film, ledit Harold. Et en profiter pour camper au passage, au gré de courts mais toniques chapitres, une galerie de personnages, souvent des seconds couteaux (mais ayant réellement existé), qui gravitent autour du Hollywood des années 1960. Avec Lew Wasserman, l’agent influent d’Universal, le preneur de son Gianelli, la starlette Eva Beaumont, doublure de Tippi Hedren, le tueur Richard "Iceman" Kulkinsky, Ulysse apparaît de fait fort bien renseigné et l’on sent l’indéfectible poids historique des nombreuses anecdotes ici rapportées et qui mêlent non sans légéreté le tourment des années JFK aux frasques du rêve américain, en passant par pléthore de perversions : mafia, argent, sexe, chantage, drogue (et le rock’n roll n’est pas loin).

Mais à trop mulitplier les pistes et les focales, le romancier qui se montre moins drastique que sir Alfred avec ses personnages nous égare un peu en chemin. Le personnage central de Chase, éleveur d’oiseau appelé en renfort pour le tournage à Bodega bay, est certes intéressant afin de mettre en perspective la relation cruelle unissant l’actrice Tippi Hedren et le cinéaste ; l’on ressort néanmoins en partie frustré du livre tant l’on attendait davantage d’informations sur ce classique du cinéma d’épouvante - de l’époque ! - qu’est Les Oiseaux.

Le roman est à découvrir pour son intrication de fiction dans la réalité, laquelle parvient souvent à nous faire accéder à cette nostalgique essence du cinéma hollywoodien des sixties. L’auteur semble toutefois encore hésiter entre le polar pur et un texte plus fantastique ou cinéphilique. L’histoire d’amour de Harold le corbeau et de Tippi Hedren vaut bel et bien le détour - l’amour est souvent volatil(e) -,  cependant l’on ne saurait réduire l’ensemble du livre à elle seule, ce qui contribue à atténuer céans la tension qui devrait être omniprésente.
Reste donc une belle idée, laquelle, en coup de bec aux attentes de l’auteur, n’a pas su pleinement prendre son envol.

 

frederic grolleau

 

Louis-Stéphane Ulysse, Harold, Le Serpents à plumes, août 2010, 344 p. - 19,00 €

 

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