Mlle Lavigne
Elle s'appelait Sarah
Elle s’appelait Sarah est un film français sorti dans les salles le 13 octobre 2010 et réalisé par Gilles PAQUET-BRENNER. Ce film est adapté du roman éponyme, publié en anglais en 2003 par l’écrivain Tatiana DE ROSNAY. Kristin SCOTT THOMAS a été récompensé lors des lumières de la presse étrangère 2011 en tant que meilleure actrice pour ce long-métrage et fut nominé dans la même catégorie lors des Césars 2011. Mais ce film fut également nominé lors des Gérard du cinéma 2011 dans la catégorie « Gérard du film où on t’explique que le racisme ce n’est pas bien » ; cette récompense est plutôt à titre d’ironie envers le film. C’est pourquoi nous pouvons dire que celui-ci reçut un accueil mitigé auprès des professionnels du secteur. Cependant, le nombre important de spectateurs nous prouve que ce film est en réalité un film qui attire les foules et les touche.
Synopsis:
Ce film nous raconte l’histoire d’une journaliste américaine installée en France depuis 20 ans, Julia JARMOND qui décide de réaliser un reportage sur l’épisode douloureux de la rafle du Vel d’Hiv. Dans ce temps, elle décide d’emménager avec son mari et sa fille dans un appartement, situé dans le marais, appartenant aux grands-parents de celui-ci depuis août 1942. Les dates concordant avec celles de son projet d’article, la journaliste décide dès lors de faire des recherches quant à l’identité des précédents propriétaires de sa nouvelle habitation. Elle se rend donc au mémorial de la Shoah de Paris et y apprend qu’une famille juive , les STARZINSKI occupait son appartement mais que seuls les parents ont été exterminés à Auschwitz. Julia décide donc de se lancer dans de nombreuses recherches afin de découvrir ce que sont devenus les enfants de cette famille, Sarah et son petit frère , Michel. Elle découvre alors que la jeune fille, un temps détenue à Beaune-la-Rolande, Camp dont elle a réussi à s’échapper , avait caché son petit frère dans un placard et que son seul but après l’arrestation de ses parents ainsi que d’elle était de sauver Michel , le faire sortir de sa cache. Suite à son évasion du camp, la jeune Sarah trouva refuge auprès des DUFAURE, un couple de fermiers en âge d’être grands-parents. La journaliste , après de nombreuses déceptions arrivent enfin à retracer le parcours de la jeune femme et se rend compte que celle-ci aura voyagé de Florence à New York afin de fuir son passé.
Par la suite, Julia JARMOND réussit à retrouver le fils de la jeune juive désormais décédée avec qui, après une déconvenue, elle tisse des liens d’amitiés en appelant notamment sa fille Sarah. En effet , il ne connaissait pas la véritable identité de sa mère qui avait effacer son passé , son frère et ses parents afin de retrouver une paix certaine. De plus, cette quête de vérité de la part de la journaliste souleva des secrets de famille enfuis depuis 60ans, ce qui n’est pas du goût de son mari et ce qui mit donc son couple à l’épreuve. Ainsi , dans ce film, Julia doit apprendre à lier passé et présent.
Acteurs principaux et leur personnage correspondant :
-Mélusine MAYANCE joue le rôle de Sarah STARZINSKI, la jeune juive.
-Niels ARESTRUP joue Jules DUFAURE.
-Michel DUCHAUSSOV joue Edouard TEZAC, le beau-père de la journaliste qui cacha de nombreuses années la découverte du corps de Michel.
-Kristin SCOTT THOMAS joue la principale protagoniste de ce film soit Julia JARMOND, la journaliste.
-Frédéric PIERROT joue Bertrand TEZAC, le mari de la journaliste.
Ce livre ainsi que le film qui en découle a pour thème principale la quête de la vérité mais il pose cependant le problème de la liberté à différentes reprises. En effet , la jeune Sarah STARZINSKI devra faire face à l’enfermement dans un camp ainsi que faire face à l’oppression nazie faite sur les juifs. Celle-ci devra également garder un esprit libre malgré le souvenir.
C’est la raison pour laquelle cette question se pose: dans quelles mesures le jeune Sarah a-t-elle pu rester libre tout au long de sa vie?
Afin de tenter de répondre à cette interrogation,nous allons étudier tout d’abord la compatibilité de la liberté physique avec la liberté politique en s’attardant sur la notion de travail qui sera opposée à celle de travail forcé; puis dans une seconde partie, nous nous poserons la question de du choix entre le Bien et le Mal , le libre-arbitre a-t-il une place important dans nos choix ou dépendent-ils de notre raison? ; et enfin , nous essaierons de découvrir ce qu’est la liberté pour Sarah.
Mais tout d’abord , définissons la liberté. Pendant l’Antiquité grecque, cette notion était définie par le mot éleuthéria et était essentiellement de type politique. En effet, celle-ci désignait l’homme libre par opposition à l’esclave ou bien encore une cité indépendante non soumise à un empire. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que la liberté antique est un attribut du citoyen.
La liberté moderne n’est quant à elle plus uniquement politique mais aussi morale grâce notamment à la découverte du libre-arbitre. Celle-ci peut également être métaphysique (condition existentielle). De ce fait, furent écrits les Droits de l’Homme et du Citoyen en 1789 car désormais , la notion de liberté dépasse le citoyen et concerne l’homme dans son essence et dans sa totalité.
Cependant, la liberté individuelle est progressivement concurrencée par l’égalité sociale car celle-ci prône la mise sur un pied d’égalité de l’ensemble des individus et un rassemblement des compétences afin de tenter de n’avoir plus de différences entre les différentes de la société sur tout les plans.
L’évolution de la notion de liberté dans les esprits participera à la mise en place de différentes variantes de cette notion. En effet , on classera celles-ci selon des données et de ce fait apparaîtront la liberté politique, la liberté physique, la liberté morale et la liberté métaphysique.
Mais les différentes libertés divergent sur quelques points de définition c’est la raison pour laquelle on peut s’interroger quant à la compatibilité de la liberté physique et la liberté politique, peut-on être libre physiquement alors que nos idéaux sont axés vers une politique qui régit nos pensées en les orientant suivant une doctrine? C’est pourquoi, je vais étudier dans cette première partie la possibilité que Sarah a eu de rester libre physiquement dans ce camp, assouvie par la politique nazie.
La liberté physique est définie comme étant une liberté de mouvement et par une spontanéité de l’action. Par exemple, la jeune Sarah et une autre juive du même âge veulent s’échapper du camp et ont l’idée spontanée de se glisser en dessous des barbelés entourant le camp à un moment de la journée où la chaleur est étouffante et donc le moment où les gardes se reposent à l’ombre. Plusieurs contraintes résident cependant. En effet, l’homme ne peut échapper à certaines contraintes naturelles dues au déterminisme naturel. Spinoza affirmera dans Éthique : « Cette chose est dite libre qui existe par la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi à agir seule. Cette chose est dite nécessaire, ou plutôt contrainte, qui est déterminée par une autre à exister et à produire quelque effet de façon certaine et déterminée. » Autrement dit, tout dans la nature résulte de causes nécessaires. Ainsi, dans le film , les barbelés empêchent les jeunes filles de réaliser leur plan de manière spontanée car elles risquent des coupures dans leur corps. La nature ne les a effectivement pas doté d’une peau résistante et ces barbelés ont été installés dans le but premier d’empêcher les enfants de s’échapper ce qui est selon le régime allemand de l’époque jugé nécessaire. Nous pouvons donc dire que la liberté physique consiste dans la spontanéité de ses mouvements conformément à la nature.
Cependant, la technique permet à l’homme d’améliorer sa liberté physique. En effet, Sarah et sa comparse vont utiliser des pulls afin d’éviter les blessures, elles usent donc de la technique. Les stoïciens définissent la technique ainsi: « La technique est un système composé de représentations exercées ensemble en vue de quelque fin utile à la vie. » Ici , la fin utile à la vie n’est autre que l’évasion des deux jeunes filles. Elles trouvent donc dans la technique des subterfuges afin de parvenir à leurs fins.
De ce fait, on pourrait penser qu’elles sont libres physiquement mais la liberté physique se définit généralement et principalement comme étant une absence de contraintes; or les jeunes filles ne peuvent faire sans contrainte. Elles doivent effectivement faire attention aux gendarmes et font face au règlement du camp qui leur impose certaines contraintes. C’est la raison pour laquelle nous pouvons affirmer qu’elles ne sont pas libres physiquement.
Nous pourrions dès lors supposer que sa Sarah et sa camarades soient libres politiquement mais ce type de liberté désigne tout d’abord l’indépendance à l’égard de tout pouvoir or elles ne peuvent être libres puisqu’elles sont soumises d’une part au pouvoir nazie mis en place et d’autre part à l’autorité des gendarmes présents dans le camp. Elles ne sont donc leur propre maître mais plutôt comme le dit Aristote des « animaux politiques ».
Deux conditions sont nécessaires pour déterminer une liberté comme étant politique. L’isonomie est la première d’entre elles. Elle désigne l’égalité devant la loi , tous doivent être soumis aux mêmes lois. Dans le cas de ce film, cette notion n’est pas appliquée car seuls les enfants du camp sont soumis à la loi du camp et non l’ensemble des êtres humains présents tels que les gendarmes.
La seconde condition requise est la suivante: la loi doit être une volonté générale . Dans Elle s’appelait Sarah, nous pouvons constater que cet impératif n’est pas respecté dans le cadre d’une liberté politique. En effet, la loi qui régit le camp n’a pas été défini par l’ensemble des habitants du camp mais uniquement selon la volonté du chef du camp soit en l’occurrence, Hitler. Rien ne dit non plus que les gendarmes soient tous en accord avec le règlement imposé à Beaune-la-Rolande. Cette proposition semble plausible puisque le gendarme dénommé Jacques se met en désaccord avec ces lois en aidant Sarah à plusieurs reprises. Il n’obéit qu’à sa propre loi. Rousseau écrit que: « Ce n’est donc pas tant l’entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l’homme que sa qualité d’agent libre. La Nature commande à tout animal et la bête obéit. L’Homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d’acquiescer, ou de résister, et c’est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme. » dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes . Ainsi il concède que l’homme obéit à ses propres lois et que le déterminisme naturel est relégué au second degré. Il décrédibilise la possibilité d’une liberté politique appliquée à Sarah. De plus, il nous permet de comprendre que le gendarme a obéi à la loi du cœur, de sa raison et non aux lois naturelles, à la volonté générale. Spinoza dit dans l’Éthique IV LXVII « L’Homme libre, c’est-à-dire qui vit selon le seul commandement Raison. » et définit ainsi ce qu’est le gendarme: un homme libre.
Cependant, afin que la liberté soit définie comme politique, aucun citoyen ne doit échapper à la loi commune (=état de droit ).Montesquieu confirme ce propos dans De l’esprit des lois : « Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent : et, si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’y aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir. » Or dans ce film nous nous apercevons que certaines personnes sont au-dessus des lois comme par exemple les gendarmes qui ne sont pas soumis aux mêmes lois que les enfants. Ainsi nous pouvons constater que l’État de droit n’y est pas appliqué et par conséquent , la liberté politique non plus.
Pour Marx et Hegel, cette liberté légale est formelle. Ils définissent le processus de liberté comme étant un processus historique de libération par le travail. Selon eux le travail rend libre. Cependant il faut différencier travail et travail forcé . En effet, à Auschwitz, camp où furent déportés et tués les parents de la jeune Sarah, la citation « Arbeit macht Frei » signifie également le travail rend libre mais dans une optique toute autre. Le travail y est forcé, régit par des lois centrées sur un seul ensemble d’individus et bien évidemment dures à outrance. Tandis que le travail dont parle les deux philosophes est défini de manière différentes. Hegel dit: « Le travail est un désir réfréné, disparition retardée : le travail forme. Le rapport négatif à l’objet devient forme de cet objet même, il devient quelque chose de permanent, puisque justement, à l’égard du travailleur, l’objet est une indépendance. » (extrait de La phénoménologie de l’esprit) Selon lui, travailler aide à la création d’un objet qui nous rendra une forme d’indépendance, soit une forme de liberté. Ici, la jeune Sarah travaille à trouver des subterfuges afin de pouvoir retrouver son frère qu’elle a laissé à Paris. Cet objet lui permet d’être libre puisque c’est pour atteindre ce but qu’elle tente de s’évader. Ainsi, le travail aura rendu la jeune fille libre.
Seulement , la liberté que Sarah STARZINSKI tente de recouvrer est une liberté non politique aux yeux de certains philosophes puisqu’elle n’est pas égale avec les autres hommes du camp face à la loi ; mais du point de vue de Marx et Hegel, elle est politiquement libre.
Jean-Jacques Rousseau écrit dans Du contrat social en 1762 : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » et illustre ainsi la situation de Sarah qui n’obéit pas à la loi nazie puisqu’elle tente de s’enfuir du camp et abandonne son étoile de David dès qu’elle revient à la liberté. De plus elle n’obéit qu’à elle-même en choisissant de tenter de retrouver son frère malgré l’opposition que les DUFAURE ont montré au départ. C’est une définition contraire à celle de la liberté politique. Ainsi, selon Rousseau ,Sarah est libre.
Dans cette seconde partie, nous allons étudier la liberté morale: le choix du Bien et du Mal dépend-t-il de la raison?
La liberté au sens moral suppose la responsabilité de ses actes et le choix entre le Bien et le Mal. C’est pourquoi, le meilleur exemple de ce film pour illustrer cette notion de liberté morale est le gendarme Jacques qui à trois reprises doit faire face à un choix entre Bien et Mal, le Bon et le Mauvais.
Selon les Anciens, celui qui se dit libre doit agir selon sa volonté. Ainsi Sarah ne serait pas libre puisqu’elle doit agir selon la volonté de ceux qui la surveille tandis que le gendarme est libre car il peut agir selon se volonté malgré l’épée de Damoclès (sa hiérarchie) qui est au dessus de sa tête.
Les Stoïciens , quant à eux soutiennent une thèse selon laquelle une volonté libre peut résister à la torture à condition que l’individu sache que la volonté réside dans les volontés intérieures et non dans le corps lui-même. Ainsi, Sarah et Jacques, le gendarme sont tous deux libres selon cette théorie puisqu’ils obéissent à leur volonté intérieure.
Mais Sarah doit se soumettre à la volonté de ce gendarme: va-t-il lui laisser cette clé , cette pomme? Va-t-il l’aider à s’échapper du camp dans le but premier de rejoindre Michel son petit frère à Paris?
Afin de trouver une réponse à ces interrogations, nous devons nous pencher sur la question du libre-arbitre: existe-il et influence-t-il nos choix?
Nietzsche définit celui-ci ainsi: « Ce que l’on appelle libre-arbitre, c’est cet état très complexe de l’homme qui « veut », c’est-à-dire qui commande et qui, exécutant ses propres ordres, jouit de triompher de toutes les résistances et juge que sa volonté qui triomphe de ces résistances. » (extrait de La volonté de puissance ) Selon ces termes, le libre-arbitre est un état qui laisse à l’homme de choisir entre deux propositions par le biais de sa volonté propre et non l’influence d’autrui. Ainsi la faculté de libre-arbitre permet aux hommes de choisir selon leur propre volonté entre le Bien et le Mal. C’est donc le libre-arbitre qui pousse le gendarme à lui laisser cette clé, cette pomme mais aussi à lui rendre sa liberté ainsi qu’à sa camarade.
Cependant, pour les chrétiens, si il y a libre-arbitre, l’homme devient coupable de ses choix et Dieu innocent. Ainsi, selon cette théorie, la responsabilité en revient au gendarme et non à une autorité suprême que représente Dieu.
Pour Spinoza en revanche, le libre-arbitre est une illusion. En effet , il écrit dans Éthique III, proposition 2, scolie, 1677 : « Les hommes se trompent en se qu’ils croient libres ; et cette opinion consiste en cela seul qu’ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. ». Au travers de cette citation, nous comprenons que Spinoza pense que les hommes de rendent compte de se qu’ils font mais ne savent pas qu’elles en sont les causes. Il met donc en doute le libre-arbitre en proposant un choix qui ne vient pas de nous mais de notre inconscient ce qui veut dire que nous ne prenons pas de décisions de notre plein gré. Les choix du gendarme trouveraient donc leur causalité au sein même de la nature, ils auraient été décidé par son inconscient et non par sa raison. La liberté rendue aux deux jeunes juives serait donc d’origine naturelle et aurait été déterminée par une instance inconnue tout comme l’enfermement. En effet, il serait naturel d’enfermer des gens afin qu’ils tentent de retrouver une certaine liberté en se faisant aider par des hommes sans raisons apparentes comme par exemple, dans ce film. Ainsi, afin de reconnaître la liberté il faudrait avoir été opprimé à ce niveau un jour et les différentes décisions que nous prendrions ne seraient pas de nous. Le libre-arbitre n’existerait pas.
Kant , quant à lui, rétablit la nécessité du libre-arbitre pour fonder la morale. En effet, il écrit le texte suivant: « On appelle quelquefois effet libre ce dont le principe naturel de détermination réside intérieurement dans l'être agissant, par exemple, ce qu'accomplit un corps lancé dans l'espace, quand il se meut librement ; dans ce cas, on emploie le mot liberté parce que le corps, tandis qu'il est en marche, n'est poussé par rien d'extérieur ; nous nommons de même encore le mouvement d'une montre, un mouvement libre parce qu'elle fait tourner elle-même son aiguille qui n'a pas besoin par conséquent d'être poussée extérieurement ; de même nous appelons libres les actions de l'homme, quoique par leurs principes de détermination qui précèdent dans le temps, elles soient nécessaires : c'est qu'il s'agit de représentations intérieures nées de nos propres forces, par là de désirs excités selon les circonstances et par conséquent ce sont des actions faites selon notre bon plaisir. Ce serait un misérable expédient par lequel quelques hommes se laissent encore leurrer : ils pensent avoir résolu, par une petite chicane de mots, ce problème difficile à la solution duquel tant de siècles ont vainement travaillé ; il n'est guère probable qu'on puisse s'arrêter à une solution si superficielle. En effet, il ne s'agit pas du tout de savoir si la causalité est nécessairement déterminée d'après une loi de nature par des principes de détermination dans le sujet ou en dehors de lui.
Si ces représentations déterminantes, d'après l'aveu même de ces mêmes hommes, ont la raison de leur existence dans le temps et dans l'état antérieur, celui-ci dans un état précédent et ainsi de suite, ces déterminations peuvent être intérieures, avoir une causalité psychologique et non mécanique, c'est-à-dire produire l'action par des représentations et non par du mouvement corporel, ce sont toujours des principes déterminants de la causalité d'un être, en tant que son existence peut être déterminée dans le temps et par conséquent soumis aux conditions nécessitantes du temps passé, qui, par conséquent, ne sont plus au pouvoir du sujet quand il doit agir. Ils impliquent donc à vrai dire la liberté psychologique (...), mais aussi la nécessité naturelle, et par suite ne laissent pas subsister une liberté transcendantale qui doit être conçue comme indépendante à l'égard de tout élément empirique et par conséquent de la nature en général. » au sein duquel il expose sa vision du libre-arbitre selon laquelle un corps ne décide que par lui-même et ne peut être influencé par autrui . Ainsi dont, le gendarme n’a choisit que par lui-même et ne fût aucunement influencé par l’un de ses supérieurs. Cependant, lorsque nous regardons les images du film, nous pouvons constater que la jeune Sarah tente de faire plier Jacques en lui expliquant sa volonté de rejoindre son frère et essayant d’être prise en pitié. Nous pouvons donc nous interroger quant au rôle du libre-arbitre chez cet homme de loi, n’a-t-il pas été influencé? Son choix a-t-il été raisonnable?
Dans un second temps, nous apprenons que le libre-arbitre représente la liberté de choisir entre le Bien et le Mal ce qui présuppose une autonomie de la volonté. Ce faisant, l’homme agit conformément à ce que la raison exige universellement de tout homme. Ainsi, Jacques le gendarme aurait agi selon une raison jugée universelle. Mais l’homme doit aussi faire ce qu’il veut à condition de vouloir raisonnablement. La raison l’aurait donc emportée sur la volonté chez le gendarme contrairement à Sarah. En effet, elle veut s’échapper pour rejoindre son frère qu’elle a laissé le moi précédent à des milliers de kilomètres du camp alors qu’elle doit se douter qu’il est mort. La raison fût inférieure à la volonté à cause de la domination d’un espoir trop important.
Descartes définit la raison de la façon suivante: « La puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes. » D’après cette vision de la raison, nous pouvons affirmer que Sarah n’a pas user de se raison afin de distinguer le vrai du faux par rapport à son frère. Ainsi on ne peut dire qu’elle est irraisonnable mais plutôt qu’elle n’a su employer à bonne escient cette faculté contrairement au gendarme qui a su lire dans les yeux de Sarah qu’elle disait vrai. Il a su distinguer le vrai du faux et ainsi usa de son libre-arbitre afin de faire ce qui lui semblait raisonnable. Ainsi dont, le libre-arbitre découlerait de la raison : après avoir distingué le vrai du faux , le jugement est à nous. Le choix du Bien et du Mal découlerait donc de la Raison.
Dans cette dernière partie, nous allons essayer de voir quelle représentation de la liberté Sarah se fait.
Si l’on devait résumer la liberté pour Sarah , il suffirait de regarder Jacques le gendarme. En effet, cet homme lui offre quelques libertés relatives en la laissant prendre cette pomme, cette clé et surtout s’échapper. Il est le symbole de SA liberté. Nous pouvons effectivement voir qu’à chaque tentative d’obstruction du peu de liberté qu’il reste à la jeune juive, cet homme lui laisse une chance.
Le fruit de la liberté de la jeune Sarah n’est autre que cette pomme que nous pouvons apercevoir à deux reprises dans le film. La première fois dans le camp quand les femmes du village envoient des pommes aux enfants afin qu’ils aient à manger et que la seule pomme qui arrive à proximité de Sarah roule jusqu’au gendarme qui met le pied dessus ce qui symbolise son autorité. Dans ce passage il nous est présupposé qu’il lui laissera la liberté lorsqu’il soulève son pied pour lui laisser. La seconde que nous pouvons voir cette pomme, c’est chez les DUFAURE. En effet, le réalisateur fait un plan où nous pouvons observer un plat avec quelques pommes à l’intérieur. Ces fruits symbolisent le retour à la liberté de la jeune juive car la pomme est similaire à celle du camp et est entourée par d’autres du même type. Ainsi Sarah se retrouve entourée par la population , par les DUFAURE, elle n’est plus seule face à son destin.
La liberté de Sarah est également une liberté de pensée car malgré l’oppression nazie, elle continue d’être juive, de soutenir ses opinions. Cependant cette liberté est mise en doute par la suite car elle change de vie et devient une jeune femme ordinaire, une femme sans passé. Elle se refuse de continuer de penser de la même manière.
Lorsque nous regardons le film , nous apprenons que pour Sarah, la liberté se symbolise par des petits bonheurs comme par exemple, s’allonger sur l’eau à la sortie du camp. De plus sa liberté est guidée par son libre-arbitre car jusqu’à sa mort, elle choisira de garder son passé secret afin de faire ce qu’elle juge bon autour d’elle. Sa liberté est donc essentiellement morale.
Cependant, Sarah est libre politiquement car elle obéit à sa propre loi: la loi du silence. La raison dite universelle ne s’applique pas à elle car celle-ci décidera de juger de ce qui est vrai ou faux de part son ressenti et non de par ses pensées.
Sarah a donc pu rester libre grâce à un seul homme et une volonté de fer . Elle su opposer le régime qui la dominait à ses idéaux et ses volontés et réussi ainsi à rester libre politiquement et réussi à recouvrer une liberté physique. Mais une question subsiste: Si ce gendarme, Jacques, qui lui offre sa liberté, n’avait pas été là, son parcours aurait-il été le même?
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