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La liberté : entre déterminisme et fatalisme ?

Publié le 10 Janvier 2023, 20:06pm

Catégories : #Philo (Notions)

La liberté : entre déterminisme et fatalisme ?

Le determinisme stoïcien

 

« J’appelle destin (fatum) ce que les Grecs appellent « heimarménè », c’est-à-dire l’ordre et la série des causes, quand une cause liée à une autre produit d’elle-même un effet. (…) On comprend dès lors que le destin n’est pas ce qu’entend la superstition, mais ce que dit la science, à savoir la cause éternelle des choses, en vertu de laquelle les faits passés sont arrivés, les présents arrivent et les futurs doivent arriver. »

Cicéron, De la divination

 
Cicéron (106-43 av. J.C)

Pour les stoïciens, le monde est un système où chaque partie est en rapport avec le tout. Il existe une nécessité, un ordre des choses qui implique que tout ce qui arrive devait arriver…

Chacun doit donc accepter la place qui lui est donnée : «   Il ne faut pas demander que les événements arrivent comme tu le veux, mais il faut les vouloir comme ils arrivent ; ainsi ta vie sera heureuse ». (Epictète)

 
Mais attention, bien que cette conception ressemble au fatalisme, les stoïciens considèrent qu’il y a une place pour une liberté et une action.

Notre pire ennemi, ce ne sont pas les dieux, ou le monde, mais nous-même : ce sont les opinions que nous avons sur les choses qui font que nous sommes libres ou non.

C’est par la raison (et la volonté) que nous allons « faire notre » ce qui arrive, l’accepter. C’est cela qui nous apportera la liberté et la sérénité(le bonheur en tant qu’absence de souffrance /L’ataraxie) Elles adviendront de notre capacité à accepter l’ordre du monde.

En fait pour les stoïciens, les choses (les événements)  n’ont pas de valeur en soi. Elles   n’ont que la valeur que je leur donne par mon jugement.  Et cette valeur que nous donnons aux choses qui arrivent vient plus souvent de notre imagination que de notre raison. C’est cela le début de l’asservissement (de la non liberté)

 

« Le monde est changement, la vie est opinion » . Marc Aurèle

Le moyen de parvenir à contrôler son jugement sur les choses sera la volontéC’est par elle que l’homme déterminera la valeur des choses extérieures et décidera s’il convient de poursuivre ou de fuir…

Il s’agit de conformer sa volonté à l’ordre du monde et non l’inverse ! il s’agit d’apprendre à vouloir ce qui nous arrive.

En acceptant l’ordre du monde et en  « voulant » ce qui m’arrive, je deviens le maitre de mes pensées. C’est ce qui me rend libre.

 

«  La liberté consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent ».Epictète, Entretiens, I, 35.

Quelles que soient les circonstances, l’homme est libre en ce qu’il reste maître de ses pensées. Ici se dévoile une liberté entière, totale, car aucune puissance au monde ne peut nous contraindre dans l’ordre du jugement.  Le sage est libre même en prison. L’homme, livré sans la moindre défense aux revers de la fortune et aux accidents de la vie, peut toujours juger conformément à la raison. Au sein d’une situation tragique, l’indépendance du sage demeure possible si l’on édifie en soi une citadelle intérieure où l’on trouvera la liberté. Emprisonné, Socrate refuse de s’évader et accepte de boire la ciguë. Ce qui a été décidé par d’autres, devient sa volonté. Il est en prison, mais libre.

 

 

Epictète, texte 2

 
 

LXXII. Ne crains rien, ne désire rien, et nul homme n’aura pour toi rien de terrible ni de formidable, non plus, qu’un cheval pour un autre cheval, ni une abeille pour une autre abeille. Ne vois-tu pas que tes désirs et tes craintes sont la garnison que tes maîtres entretiennent dans ton cœur, comme dans une citadelle, pour t’assujettir ? Chasse cette garnison, remets-toi en possession de ton fort, et tu seras libre.

Epictète,Manuel

 
source : https://philofrancais.fr/liberte-justice-loi#
 
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