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De l’écran à l’écrit, Enseigner la philosophie par le cinéma, Frédéric Grolleau, éditions Lambert-Lucas, décembre 2021, 322 pages, 24 €
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Revue Le Philosophoire
14 avril 2022
Compte-rendu de Mauricio Cravo, avril 2022
Ce livre résout avec succès un problème qui se pose d’emblée dans ce genre de publication, à savoir la surabondance de matière avec d’une part les nombreuses notions inscrites au programme des épreuves de philosophie du baccalauréat, et d’autre part les centaines de films susceptibles de les illustrer, venant de tous les genres cinématographiques depuis le western ou le polar jusqu’à la comédie de mœurs ou la science-fiction. Pour la plupart d’origine anglo-étatsunienne, ces films posent des problèmes de copyright à la moindre projection publique, ceci même à des fins didactiques.
L’ouvrage contourne ces trois difficultés en se présentant non pas comme un manuel « de philosophie par le cinéma » comme tant d’autres (1), mais comme un catalogue de ressources (ainsi que le définit la quatrième de couverture) renvoyant à plus d’une centaine de bandes-annonces, extraits de films et films accessibles sur YouTube que les élèves ou les classes pourront visionner chez eux ou en cours ainsi qu’à autant de synopsis de Wikipédia d’un côté, de textes canoniques de Platon, Descartes, Locke, Hobbes, Rousseau, Kant, Sartre, etc., de l’autre – le tout étant la plupart du temps référencé en notes de bas de pages.
Je ne donnerai pas ici les titres cités et renvoie sur ce point mon lecteur à la table des matières de l’ouvrage qui figure sur le site de l’éditeur. Cette table est en soi un mode d’emploi. Le plan du livre constitue en effet – de pair avec les centaines de ressources citées en notes de bas de pages signalées plus haut – son principal intérêt. Il change plusieurs fois de direction à mesure qu’on avance dans la lecture, ce qui peut donner une impression de désordre mais répond en fait aux multiples intentions de l’auteur, elles-mêmes commandées par la diversité des objectifs du cours de philosophie de terminale – mais pas seulement (2). La première partie (pages 13 à 118) présente six films, les illustre de références philosophiques classiques et les discute sous cet angle (les développements sont de F. Grolleau lui-même) ; une deuxième partie (pages 120 à 178) présente neuf autres films discutés cette fois par les élèves en exposés oraux ou écrits personnels ou par petits groupes, travaux faits en classe ou à la maison ; vient ensuite une troisième partie (pages 179 à 193) donnant des exemples de QCM de contrôle ; la quatrième et dernière partie fournit des exemples d’ateliers par groupes de 2 ou 3 et de 4 ou 5 élèves travaillant sur les mêmes films et thèmes ou sur des films et thèmes différents : ici encore, les analyses reproduites sont extraites des travaux oraux et écrits produits en classe par les élèves, assez souvent revus et corrigés par Frédéric Grolleau et ses éditeurs, Frédéric Cossutta et Marc Arabyan.
Outre la table des matières habituelle, les annexes de fin de volume comportent quatre index permettant d’entrer dans le livre de façon non linéaire : (1) une table alphabétique des titres des films permet de retrouver toutes leurs occurrences, citations et allusions dans l’ouvrage ; (2) une table allant « des notions vers les films » permet de pointer, à partir de notions ou de mots-clefs du programme de philosophie, les films qui les abordent (cela va de Âme à Visage en passant par Liberté, Mémoire, Sujet, etc.) ; suivent (3) un index bibliographique des textes classés par noms d’auteurs et par ordre alphabétique et (4) un index alphabétique des philosophes cités.
Comment évaluer l’ouvrage ? Signalons tout d’abord le soin qui a manifestement accompagné sa production. La maquette, conçue pour présenter le maximum de textes dans le minimum de pages, est très élaborée. On appréciera notamment les petites vignettes qui signalent les segments de films à projeter (un petit appareil de projection) ou signalent l’accueil fait par les classes aux différents films (un livre ouvert). Cela dit, le choix de l’orthographe réformée (dite « de 1990 », voir p. 6) crée souvent des effets déconcertants.
On trouve aussi quelques scories surprenantes. Je recommanderai à ce sujet aux éditeurs de corriger les titres courants des chapitres 4, 9, 11 et 45, et de supprimer la dernière section « Utopie, dystopie », par ailleurs incomplète, de la page 306 qui répète celle de la page 305. Le lecteur pourra aussi regretter l’absence d’un glossaire du cinéma et celle d’une bibliographie sur le cinéma (renvoyant par exemple à Christian Metz). À l’exception de ces défauts, l’ensemble est de grande qualité et ne peut que stimuler l’imagination du lecteur qui pourra s’en inspirer pour renouveler soit la liste des films supports et des textes philosophiques qui leur sont assortis, soit les types d’exercices proposés, QCM, sujets de dissertation ou choix de textes à commenter à la lumière d’un épisode filmique.
NOTES
1. Sont parus en livres sur papier, du même Frédéric Grolleau, Philosofilms, La philosophie à travers le cinéma, Bréal, 2016, 1100 pages ; d’Olivier Pourriol, Cinéphilo. Les plus belles questions de la philosophie sur grand écran, Hachette, 2008, 414 pages ; de Dominique Chateau, Philosophies du cinéma, Armand Colin, 2010, 216 pages ; de Juliette Cerf, Cinéma et philosophie, Cahiers du Cinéma, 2009, 96 pages ; Olivier Dekens, La Philosophie sur grand écran. Manuel de cinéphilosophie, Ellipses, 2007, 208 pages ; de Jean-Pierre Zarader, Philosophie et cinéma, Ellipses, 1997, 128 pages (à quoi s’ajoutent de nombreuses études sur des réalisateurs, des films, des séries télévisées...). Répertoires de films en ligne : « Bac 2019 : 10 films et séries pour réviser la philosophie » sur Yahoo ! ; « Les films philosophiques » sur la-philosophie.com ; « Réviser le bac de Philo avec le cinéma » sur senscritique.com ; « 18 films philosophiques selon Taste of Cinema » sur vodkaster.telerama.fr ; « Liste d’extraits cinématographiques à usage philosophique » sur enseignerlaphilosophie.fr, etc.
2. L’ouvrage n’oublie pas les classes de seconde, première et CPGE.
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La cause littéraire
08.04.22
« Quand Foucault définit le Panoptisme, tantôt il le détermine concrètement comme un agencement optique ou lumineux qui caractérise la prison, tantôt il le détermine abstraitement comme une machine qui non seulement s’applique à une matière visible en général (atelier, caserne, école, hôpital autant que prison), mais aussi traverse en général toutes les fonctions énonçables. La formule abstraite du Panoptisme n’est plus “voir sans être vu”, mais “imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque” ».
Gilles Deleuze
L’hypothèse des Idées (ou Formes)
Dans l’ouvrage De l’écran à l’écrit, Enseigner la philosophie par le cinéma, les dispositifs didactiques sont de haut niveau et Frédéric Grolleau, en méthodologiste averti, apprend, à travers ses cours, à regarder un film, ses plans-séquence, sa diégèse.
Il s’agit ensuite de tirer parti de ce matériau visuel de base, à l’aide de sujets philosophiques adaptés, d’argumenter, car « ces activités [vont contribuer] à l’entraînement de la dissertation et au commentaire de texte ». Sous le titre « L’essence vaut-elle toujours mieux que l’existence ? », par exemple, Frédéric Grolleau nous livre son étude de l’inoubliable Portrait de Dorian Gray, d’Albert Lewin (1945). L’auteur remarque la récurrence du cadre dans le cadre, et « le côté claustrophobique du film ». Il analyse le film à la lumière d’une « topique freudienne » et du statut du « visage d’autrui » lévinassien. L’essayiste examine le déroulement de la dégradation progressive du dandy, et imagine Dorian Gray « comme l’anti-Socrate », car « Dorian est beau mais il a une âme laide », lequel se transforme en un être surnaturel proche de « l’identité (…) figée (…) du vampire draculéen » – « un corps corrompu dont le tableau-miroir renvoie l’image ». Grolleau remarque chez ce double faustien « un culte à sa propre personne », et en dégage « la thématique de la conscience et de la morale ». D’où en découlent plusieurs notions, dont celle du libre-arbitre, du déterminisme du destin, du futur impossible à gérer, de sa « part irréductible d’indétermination ».
À la leçon suivante, « La métaphysique du libre-arbitre est-elle compatible avec le futur contingent et la justice prédictive ? », F. Grolleau, pour définir le « statut du Sujet », cite Jeremy Bentham, qui a forgé le concept du Panopticon, à propos des « spyders, ou araignées-robots autonomes [qui] flashent les yeux afin d’identifier les personnes », dans Minority Report de Steven Spielberg (2002). Mentionnant bien entendu Michel Foucault et « la question de la surveillance », Grolleau conclut que « chacun en retire, à la fin du film, que l’idéal sécuritaire est une idéologie folle dont la mise en application abolit moins le crime qu’elle n’éradique toutes les libertés individuelles ».
Un abécédaire (en fin de livre) consigne les passions humaines commençant par « Âme, conscience, sujet », sur un axe didactique, à partir des grands thèmes universaux, Amitié, Bonheur, Désir, Égalité, Mémoire, Mort (…) Violence, etc., afin de les repérer dans les dispositifs visuels. Notamment en ce qui concerne la perte de mémoire du héros de Memento de Christopher Nolan (2000), « la conscience est étalon de la réalité du monde (…) la perte de conscience du passé engendre la fin de la réalité du passé ». L’auteur s’appuie sur Locke pour définir la perception qui, lui, « opte pour une donnée psychologique », car « ce rôle alloué à la mémoire permet à Locke de dissocier l’homme de la personne ».
L’auteur aborde le sujet de la violence, trait de caractère qui nécessite des explications aux jeunes apprenants, afin qu’ils n’interprètent pas au premier degré les actes brutaux, et pour ce, treize films sont choisis. Le très engagé 12 Years a Slave, de Steve McQueen (2013), le chef-d’œuvre de Ford, L’homme qui tua Liberty Valence – célèbre western dans lequel l’on découvre « la loi et le droit du plus fort puis une justice impartiale et un constitution forte », modalités mises en concordance avec Pascal et Rousseau –, Apocalypse Now de Coppola et Sa Majesté des mouches de Peter Brook (1963). Pour ce dernier, F. Grolleau se réfère à Rousseau pour « ce que serait la nature humaine quand on la laisse s’exprimer sans autorité contraignante et oppressive », ainsi qu’au « mythe de Prométhée dans le Protagoras de Platon ».
L’auteur en déduit l’interrogation suivante : « Comment préserver la société de la barbarie si celle-ci menace toujours potentiellement celle-là ? ». Dans le film de Brook, la lutte des enfants pour la survie aboutit à « une opposition ultra-violente » qui s’achève sur « la déshumanisation consentie au profit de l’hystérie collective ». Quant au Dracula, de Coppola (1993), cette fois-ci le cinéaste renoue avec la tradition du fantastique. L’éternel mort-vivant se trouve « condamné à danser dans le cercle du Même, condamné à la répétition », « un méta-animal », une « figure de la violence des passions » et « du droit du plus fort ». Notons que ce chapitre sur le Prince des ténèbres est un morceau éloquent, qui ouvre sur des perspectives assez sombres…
La musique, celle de Beethoven dans Immortal Beloved de Bernard Rose (1994), peut amener à sensibiliser les jeunes publics à l’écoute des chefs-d’œuvre du répertoire romantique. Pour le coup, avec une autre occurrence du passé, dans l’exercice destiné aux Secondes et Premières HLP, nous sommes projetés à la cour de Louis XVI avec Ridicule de Patrice Leconte (1996), où l’usage du langage précieux est la marque d’entrée des aristocrates. Il s’agira alors de chercher le sens des mots tels que « l’équivoque, la saillie drolatique, l’allusion piquante, le brocard, le calembour ». Dans un tout autre registre, le sujet portant sur « la violence comme défoulement sociétal », présent massivement dans le terrifiant thriller American Nightmare de James DeMonaco (2013), est donné à étudier à partir de la bande-annonce du film. Ainsi, les lycéens.ennes réfléchiront à partir d’un extrait de La lettre de la tolérance de Locke (1689) sur les causes des fléaux, des guerres, et sur la responsabilité d’autrui. Les consignes et les exposés sont également valables pour celles et ceux qui ne connaissent pas les films. Pour ce faire, Frédéric Grolleau convoque Hobbes qui prétend que « l’état de nature » dirige les hommes vers la barbarie et l’extermination de leurs semblables. D’autres exercices sur les sociétés dystopiques, le rôle de la morale, l’arbitraire de la justice, le rôle de l’État, seront soumis à des classes spécifiques, en mettant en « parallèle la pensée de Carl Schmitt et L’Attaque des Titans » (un manga écrit et dessiné par Hajime Isayama, « qui retrace l’histoire d’un monde où la terreur et la peur sont omniprésentes »).
Chaque film est résumé de façon claire. Frédéric Grolleau propose des articulations entre les œuvres filmiques et des notions métaphysiques – leur mise en application. Les élèves, individuellement, lors d’ateliers, ou en groupes limités en nombre, répondent à des questionnaires, des consignes, en indiquant les relations entre les œuvres étudiées en classe et les notions de programmes de philosophie. Les résultats de ces données sont consignés à la fin de chaque intervention. Ces « approches cinéphilosophiques » forment un traité utile à destination des enseignants du secondaire et du supérieur. Ces apprentissages éduquent à la prise de parole individuelle ou en collectivité, ainsi qu’à une pratique écrite en rapport avec le temps de l’année scolaire.
Yasmina Mahdi
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lelitteraire.com
11.01.22
Esse est percipi (Berkeley)
Pour bon nombre de philosophes classiques, l’image est renvoyée à une fin de non-recevoir. Et ce, depuis Platon (même si on a vu dans sa “Caverne” les prémices des salles obscures). Hormis Spinoza, Berkeley et quelques autres, elle devient de facto — si nous exagérons juste un peu — une annulation du discours philosophique.
Ce qui est valable pour l’image l’est tout autant pour le cinéma. Sartre lui-même n’y rentra qu’à pas feutré sous l’injonction de Merleau-Ponty, Heidegger l’ignore ou l’assassine et rares restent ceux qui, comme Deleuze, lui ont fait ou lui font la part belle.
Le philosophe et enseignant à l’Université de Rennes 2 Frédéric Grolleau entame ce pas au-delà en évitant deux écueils : tenter de produire une réflexion générale sur le thème philosophie et cinéma (car un simple ouvrage n’y suffirait pas). A l’inverse, il refuse de proposer une anthologie d’analyses filmiques (il y a d’autres lieux pour cela).
Son ouvrage possède une ambition à la fois plus noble et plus astucieuse. Au théoricien, fait place le praticien et le pédagogue. L’ouvrage détaille ainsi les moyens pédagogiques pour mettre les films en rapport avec l’enseignement de la philosophie. F. Grolleau introduit les supports, les consignes, les thématiques et parfois les travaux pratiques d’élèves pour mettre au jour ce qu’une telle approche révèle.
Existe là un travail d’accoucheur et d’exégète fort bien documenté. L’auteur offre parfois des analyses approfondies (sur Good Morning Vietnam par exemple) ou des documents capitaux capables d’éclairer les questions philosophiques de base tant sur le plan de la pensée, de l’action, de la morale, que du langage, de l’art, etc.
Un tel livre didactique, et au-delà de cette simple visée, recèle, dans la lignée du précédent Philososfilms, de quoi satisfaire autant les amateurs de cinéma que de philosophie. Les deux champs se répondent sans que l’un se mette au service de l’autre. Chacun garde sa spécificité. L’ouvrage prouve qu’il ne faut en rien éliminer le cinéma pour scruter les abîmes insondables que la philosophie s’évertue d’éclairer. En effet, le 7ème art cinéma fore des trous dans bien des façons de voir et de réfléchir.
Le médium accorde des satisfactions profitables à qui veut pousser la pensée dans ses retranchements. Certains films l’anticipent, d’autre font parler et voir ce qui se cache derrière le langage, le monde et les consciences.
Si bien que, face à la philosophie et ses mots qui ne sont parfois que des témoins “inassermentables” (Beckett), le cinéma offre une autre approche en ses “situations” comme aurait dit Sartre.
Le filmique en sa perception sensible fait ressentir et exprime tout un monde des idées. Il permet, comme F. Grolleau le souligne, bien des manières d’être au monde et apporte au sujet de la philosophie une autorité en rien anecdotique.
Sa magie opère aussi sur la raison dont elle garde parfois l’usufruit.
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site source : http://www.lelitteraire.com/?p=78010
Espace pédagogique de l'académie de Rennes
22.03.22
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Un ouvrage technique et très érudit, à la fois dans le domaine philosophique et dans le domaine cinématographique, destiné aux enseignants et/ou aux élèves qui souhaitent poser un regard croisé sur ces deux domaines.
L’ouvrage regorge de scènes disséquées par l’œil du philosophe qui les analyse à l’aune de sa matière, des notions qu’elle recèle et des auteurs qui les ont nourries. La philosophie n’apparait plus ici comme un univers abstrait mais comme une matière qui pénètre toutes choses, notamment celles que le cinéma choisit, l’air de rien, de mettre en lumière.
Le spectacle, en apparence simple et concret en ce qu’il offre une représentation presque exclusivement visuelle et cadencée des choses, devient alors un « logiciel de décodage » de la réflexion philosophique, complexe et abstraite.
A noter cependant que l’analyse cinématographique proposée par l’ouvrage s’avère parfois presqu’aussi complexe que la matière qu’elle vise à vulgariser. Aussi, n’est-il pas inutile de connaître ses classiques en philosophie pour ne pas perdre une miette des scènes précitées telles qu’elles ont été revisitées par le philosophe.
william bordet
site source : https://pedagogie.ac-rennes.fr/spip.php?article7218
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LE SALON LITTÉRAIRE - linternaute.com
10.01.22
Les philosophies vouent bien des préventions quant à l'image et par conséquent au cinéma - même si la Caverne de Platon fut les prémices des salles obscures. Bref les penseurs qui s'en sont mêlé (du moins en bien) ne courent pas les rues : Berkeley, Deleuze, et quelques autres - le compte est vite expédié.
Frédéric Grolleau fait partie de ces exceptions et il propose avec De l'écran à l'écrit une approche particulière.
Dans son ouvrage didactique mais facile d'accès le cinéma ne sert pas de faire valoir à la philosophie – pas plus que l'inverse.
En une approche pédagogique l'auteur évite deux écueils : une réflexion générale sur philosophie et cinéma car un simple ouvrage n'y suffirait pas et une anthologie d'analyses filmiques (il y a d'autres lieux pour ça).
Grolleau prouve par la pratique et ce manuel d'enseignement combien le médium accorde des satisfactions à qui veut pousser la pensée dans ses retranchements. Certains films l'anticipent, d'autre font parler et voir ce qui se cache derrière les apparences du monde et des consciences.
Face à la philosophie et ses mots qui ne sont parfois que des témoins in-assermentées, le cinéma offre donc des "situations" sartriennes qu'aucun autre art ne pourrait exprimer. Et l'auteur de ramener à la phrase de Berkeley au sujet des images : Esse est percipi (“être c’est être perçu”). Mais le cinéma permet tout autant une précipitation dans les abîmes de la pensée.
Jean-Paul Gavard-Perret
site source :
http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/frederic-grolleau/review/1953635-frederic-grolleau-perception-de-la-philosophie
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