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Hugo, "Les Contemplations", IV, XIV: "Demain, dès l’aube"

Publié le 1 Décembre 2020, 14:51pm

Catégories : #Philo (Notions)

Hugo, "Les Contemplations", IV, XIV: "Demain, dès l’aube"

« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, /Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. » Tout le monde connaît les premiers vers de ce poème de Victor Hugo que vous pouvez retrouver au sein de nos applications Un texte Un jour et Un Poème Un Jour.

« Demain, dès l’Aube » est le poème le plus célèbre de Victor Hugo, et probablement un des poèmes les plus connus de la littérature française. Pourquoi ?

Un père qui s’adresse à sa fille
Rappelons le contexte dans lequel le poète écrit ce poème. Victor Hugo, terrassé par la disparition de sa fille Léopoldine, lui dédie le livre IV des Contemplations,  Pauca meae (littéralement « Quelques vers pour la mienne »).  Tout le livre IV est littéralement hanté par la figure de Léopoldine.

Si ce poème ne fait pas exception, « Demain, dès l’Aube » est un peu particulier.

Un poème universel
C’est un poème qui relate une promenade, celle d’un marcheur. Ce marcheur est Hugo qui se rend à Villequier, sur la tombe de sa fille, et cette marche lui prend la journée, partant de « demain dès l’aube » jusqu’au « soir ». Aucun nom propre, aucune indication géographique ne sont mentionnés. Si l’on ne connaît pas la vie personnelle de Hugo, il est seulement question d’un marcheur, qui traverse la nature, qui entreprend un long chemin pour rejoindre une tombe. C’est un « je » qui parle à un « tu », et tout le monde peut s’identifier à ce marcheur et à sa douleur. C’est un poème universel.

Un poème pudique
A aucun moment, et c’est le tour de force de ce poème, il n’est question de termes de souffrance hormis un seul adjectif, « Triste » ! Mais l’attitude du marcheur (« le dos courbé, les mains croisées, »), son indifférence face à la nature qui l’entoure témoignent superbement de son malheur.

Un poème simple à mémoriser
Autre tour de force de ce poème, les mots choisis par le poète sont extrêmement simples et ordinaires. Ce vocabulaire dépouillé suggère l’idée que le marcheur n’a pas le courage d’en dire plus. Mais surtout, cela fait de « Demain, dès l’Aube » un texte facile à mémoriser, et à transmettre. Faites un rapide sondage autour de vous, rares sont ceux qui ne se souviennent pas, même vaguement, de « Demain, dès l’Aube » !

Une fin bouleversante
Le dernier vers du poème indique que le marcheur dépose sur la tombe un bouquet qu’il a probablement constitué au cours de sa promenade. Les fleurs incarnent le renouveau et l’idée que la vie, plus que tout, doit reprendre le dessus !


source : https://untexteunjour.fr/2016/03/28/pourquoi-demain-des-laube-est-il-un-poeme-universel/
 

Les figures de style dans le poème « Demain, dès l’aube »

La répétition
C’est la reprise d’un même mot ou d’un même groupe de mots.
Si c’est une répétition simple, on l’appelle épanalepse (« reprise à la suite »). Il n’y en a pas dans ce poème (comme dans le poème « L’Expiation » : « Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine... »).
Si le mot répété est placé au même endroit dans différents vers, on parle d’anaphore («transport en haut ou en arrière»). Il y a une anaphore dans les deux premières strophes puisque le pronom «je» est répété en tête de chaque vers :

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées...

On peut également parler d’anaphore avec cette reprise d’un même mot dans l’hémistiche suivant, sur le modèle
A .......... / A .......... :

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit

Autre anaphore :

J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.

La répétition est soulignée par la ponctuation et par la césure séparant les deux hémistiches :

J'irai par la forêt,// j'irai par la montagne.

La comparaison
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit

Le jour est comparé (c’est donc le comparé) à la nuit (c’est le comparant). La comparaison est effectuée par l’outil de comparaison « comme ». Pour qu’il y ait comparaison, il faut un point commun.
Qu’est-ce que le jour et la nuit - normalement opposés - peuvent avoir en commun ? Du fait de la tristesse du poète, il n’y a plus de différences entre le jour et la nuit. La vie est devenue sombre et synonyme de deuil. On peut penser aussi que le poète ne dort pas plus le jour que la nuit, ce qui est suggéré par les trois compléments circonstanciels du premier vers et les futurs simples laissant comprendre que le poète attend l’aube pour partir afin de recueillir sur la tombe de sa fille. Sa journée, de l’aube jusqu’au soir (« Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, »), n’est que douleur, telle une boucle se répétant sans cesse.

La métaphore
« Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe »

Dans sa douleur, le poète ne voit plus la beauté du monde, il ne voit plus « l’or du soir ». Ce groupe nominal ne doit pas être pris au sens propre : l’or ne tombe pas ! C’est une image, une métaphore. Cette figure de style suppose, comme la comparaison, un point commun entre deux choses : la couleur du ciel au crépuscule et la couleur de l’or. Quand la nuit tombe, la couleur du ciel est comme de l’or.

Voir le cours sur la métaphore

La synedocque
Victor Hugo ne verra ni l’or du soir ni les voiles. Nous avons là une synecdoque. Cette figure consiste à désigner un objet par une de ses parties. Les voiles (parties d’un bateau) désignent le bateau ou les bateaux :

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur

L’énumération
Quand plusieurs mots se suivent et sont juxtaposés, on a une énumération :

« Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste... »

L’énumération commence par deux adjectifs qualificatifs : « Seul, inconnu » ; elle se poursuit par deux groupes nominaux «le dos courbé, les mains croisés». Ces mots ou groupes de mots énumérés expriment l’attitude du poète et, en suivant l’enjambement, ses sentiments : « Triste » (le mot est ainsi mis en valeur).
Ce parcours du poète, sa destination pour le cimetière prend alors l’allure d’un calvaire, d’un chemin de croix (« les mains croisées »). Cette idée de la croix se retrouve jusque dans la disposition des rimes, qui sont elles-aussi croisées (ABAB).

source : https://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/cinquieme/le-depart/analyse-demain-des-aube.php

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