Un exercice de pure rhétorique. Quatre ridicules petites heures à faire semblant de répondre à des questions qui n'ont trouvé aucune réponse définitive en plus de deux mille ans de philosophie, tout cela pour encourager la jeunesse à singer la norme : le bla-bla superbement stérile des fils de bourgeois cultivés. Enfin, les pires écarts de notation entre correcteurs sur une même copie (1). Le bac philo est certainement le plus grand bluff que la ségrégation scolaire se paie (au prix fort) pour s'invisibiliser. Un bac philo pour faire diversion; une messe nationale pour maintenir l'illusion d'une unité. On tenta de le réformer plusieurs fois; on dut renoncer à chaque fois devant la levée de boucliers. La philo pour tous les bacheliers: la meilleure publicité pour masquer leur sélection en amont et le creusement des inégalités. Voilà pourquoi le système éducatif le perpétue quelle que soit la majorité au pouvoir, à grands renforts d'hymne à la démocratie, à grands roulements de tambour gallocentrés. Il s'agit en réalité d'imposer le "philosophiquement correct" aux yeux des Français, cette neutralisation du débat d'idées inventif et constructif. Le message sous-jacent est clair: "La pensée critique ne sert à rien, vous devez uniquement vous contenter de faire semblant de penser et de critiquer!". Si l'on ne présente pas la philosophie comme une discipline consensuelle, elle risque d'apparaître sous son vrai jour: une discipline révolutionnaire. En momifiant la philosophie grâce au philosophiquement correct, on en fait un enfantillage érudit, sous les applaudissements des élites qui décident de notre École. Youpi.
Jusqu'au début des années 2000, le bac philo était encore perçu – à juste titre – comme de la non-philosophie. Le philosophiquement correct n'avait pas encore son magazine, ses animateurs et ses émissions insipides, ni sa ribambelle de journalistes assoiffés de pseudo-culture. On se moquait de son "Kant a dit", de ses cours pour retraités, de ses pirouettes et de sa fatuité. Mais en moins d'une décennie, à mesure que la philosophie devenait à la mode, ses garde-fous historiques disparurent (Maurice Blanchot en 2003, Jacques Derrida en 2004, Paul Ricœur en 2005, Jean Baudrillard, Philippe Lacoue-Labarthe, Jean-Pierre Vernant et André Gorz en 2007, Daniel Bensaïd, Pierre Hadot et Claude Lefort en 2010), laissant les coudées franches aux petits soldats du philosophiquement correct – sans talent, sans positionnement, sans danger. En 2018, c'est donc un régiment entier d'ectoplasmes qui sèment joyeusement la confusion entre philosophie et sophistique, sagesse et citations de sages, critique sociale et masturbation intellectuelle décomplexée. – Passons. La montée d'une nouvelle génération d'authentiques philosophes devrait prochainement nous en débarrasser...
Revenons au bac philo du 18 juin. Comment briser cette vitrine du philosophiquement correct tout en s'assurant une note en or? Que faire contre cette arnaque organisée? Ma réponse tient en trois mots : "Arnaquer l'arnaque". Autrement dit, considérer l'épreuve du bac philo pour ce qu'elle est (un exercice de pure rhétorique) et non pour ce qu'elle prétend être (un exercice de liberté intellectuelle, une apothéose éducative préparant à la citoyenneté éclairée). Si le but n'est pas de réfléchir, mais de briller, autant s'armer de bling-bling efficace pour réussir un "casse" philosophiquement correct. Se prendre non pour Socrate, mais pour Arsène Lupin.
La bonne méthode doit être "voyoute": entrer dans le cerveau du correcteur et lui donner ce qu'il espère depuis qu'il a entamé son paquet de 147 copies: la confirmation éblouissante que son métier en vaut vraiment la peine, et qu'au moins un élève (de fait, le plus "voyou" de tous) a tout capté. Objectif minimal : viser le 15/20 en manipulant son correcteur. Ci-dessous, voici un résumé de cette méthode éprouvée, et qui a déjà fait des miracles ces dernières années.

La Méthode voyoute est consultable en intégralité dans ma nouvelle application mobile, Philohack. Téléchargez-la gratuitement sur vos smartphones. Vous y trouverez tout pour le casse : matériel, astuces, références, minutage, plan précis. En quatre jours de révision, à raison de deux heures par jour, vous serez prêts pour plier le game – puisque c'est bien d'un jeu dont il s'agit. Samedi 16 juin à 21h je ferai un Video Facebook Live sur ma Page et je répondrai à toutes vos questions en direct à propos du casse. Le 18 juin, vous exulterez – et triompherez.
Ensuite, vous pourrez dire "adieu" au philosophiquement correct. En quelques heures de bachotage vicieux, vous avez peut-être réussi bien mieux que d'autres candidats pourtant profondément passionnés par la philo. Ceci n'est pas juste. Ceci n'est pas de la philosophie. Ceci n'est que du philosophiquement correct, un exercice de rhétorique creuse qu'un tour de passe-passe habile peut aisément confondre.
Maintenant que vous vous en êtes bien tirés, il va falloir vraiment philosopher.
Il va falloir vous instruire en puisant à toutes les sources, au gré des questions qui vous brûlent. Là aussi, Philohack peut s'avérer une aide ludique et stimulante. En effet, il ne se résume pas à la Méthode Voyoute: il possède une intelligence artificielle qui vous offre des voyages interactifs, inédits et de plus en plus cohérents au pays de la philosophie.
Il va falloir aussi vous impliquer intellectuellement d
Alors seulement, vous aurez vraiment de quoi répondre à l'enculage de mouches généralisé du philosophiquement correct – son sport favori –, car vous aurez une arme suprême que lui n'aura jamais, malgré ses gesticulations et ses vexations narcissiques. Une arme contre la vacuité de ses discours et de ses polémiques surjouées. Une arme de paix pour rassembler les êtres humains au-delà de leurs dieux, de leur passé, de leurs passeports. Pour trouver des solutions à leurs problèmes et des problèmes à leurs solutions. Pour féconder l'avenir.
– Des idées.
Vincent Cespedes est philosophe et essayiste, auteur notamment de "Vivre au printemps. Philosophie du clash et clash de la philosophie" (Matkaline, 2018), il développe également la philosophie sur des applis mobiles.
(1) En 1962, Piéron, Reuchlin et Bacher démontrèrent que pour obtenir une "note juste" aux épreuves du bac, il faudrait faire la moyenne des notes de 13 correcteurs en maths, 78 en français et 127 en philo.
source : https://www.huffingtonpost.fr/vincent-cespedes/ma-methode-voyoute-pour-viser-le-15-20-au-bac-de-philo-en-manipulant-votre-correcteur_a_23455742/
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