Après La chute de Babylone qui nous avait enchanté, les auteurs de W.E.S.T concluent de main de maître ce premier volet de la saga avec Century club.
Il était une fois dans le W.E.S.T
Chapel Morton poursuit sans relâche le commanditaire de la série de meurtres et d’empoisonnements qui frappe New York en ce début du XXe siècle. Tout semble indiquer aux membres du W.E.S.T que le sénateur Charles Lennox - impliqué par le biais de son fils dans l’affaire d’empoisonnement de la soupe populaire à la strychnine sur laquelle s’ouvre l’album - est en relation avec un personnage malfaisant qui puise son omnipotence à la source d’une puissance aussi mystique que démoniaque.
Le coeur de l’intrigue repose dans l’association secrète appelée Club Century, réunissant les 100 personnes les plus influentes des USA, à laquelle appartient le sénateur. Pour entrer dans ce cercle de privilégiés, chaque éminence plus noire que grise doit en effet signer un pacte avec un personnage étrange : le pouvoir - vendu au diable en personne - contre son âme !
A mi-chemin du polar initiatique et d’une critique en règle des temps modernes (empoisonnés) qui émergent, les scénaristes Xavier Dorison et Fabien Nury jouent des arcanes du western urbain pour construire une enquête où à chaque instant la rationalité côtoie la folie jusqu’à son point de rupture. En découle une atmosphère étrange où - au milieu de couleurs diffuses que ne parvient pas à humaniser la chaleur de l’ocre (est-il déjà trop tard pour sauver la société des hommes, ce monstre froid ?) - le trait élégant de Rossi strie l’espace des cases pour conférer une densité des plus réalistes à un récit augurant de la décadence en acte du politique. Bel éclat que ces rues poussiéreuses du New York de l’époque où chevaux et premiers engins motorisés se bousculent au son des coups de feu et des réglements de compte !
C’est donc l’espace mis en scène ici de manière magistrale - voir les planches 36-37 avec la vue en plongée des protagonistes autour d’une carte, en train de préparer leur plan d’attaque final - qui sort le grand vainqueur de cette période en proie au tohu-bohu généralisé où le temps a toujours un train de retard pour réparer les sévices sans nom auxquels les hommes ne savent que trop s’abanbonner dès qu’il s’agit de nuire à leurs congénères...
Une série au scnéario complexe mais envoûtant (au bon sens du mot) qui mêle avec force habileté le fantastique et le policier moderne et qui renvoie au vestiaire la classique BD de western.
Qui a dit Wild Wild W.E.S.T ?
Lire la critique du tome 1 : La chute de Babylone
frederic grolleau
Dorisson & Rossi, W.E.S.T tome 2 : Century Club, Dargaud, 2005, 48 p. - 12,60 €. |
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