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Vanilla sky (exposé CPES)

Publié le 13 Décembre 2011, 11:09am

Catégories : #Philo & Cinéma

Mr Habimana : Vanilla sky

Réalisateur: Cameron  Crow

Année: 2001

 

Acteurs principaux :Tom Cruise,Penelope Cruz et Cameron Diaz

David Aames est un jeune millionnaire à qui tout réussit. Lors de la fête organisée pour son anniversaire, son meilleur ami Brian lui présente Sofia. Pour David, c'est le coup de foudre. Le lendemain, Julie Gianni, une amie avec qui il entretenait une liaison, lui propose de faire une balade en voiture. Mais folle de jalousie, car amoureuse de David, elle jette la voiture d'en haut d'un pont. Julie meurt dansl'accident et David reste défiguré. La vie du jeune millionnaire bascule. En effet  l’accident, en plus de cette défiguration va causer de graves séquelles physiques et mentales.  À partir de cet instant, rien ne sera plus pareil pour David. La vie du jeune homme se transforme en cauchemar  car son apparence semble dégoûter celle qu’il aime .Il décide alors d’en finir avec cette vie qui ne lui convient plus et de se faire cryogéniser pour vivre la vie qu’il aurait aimé vivre après cet accident .Cependant, son inconscient lui joue des tours et il se retrouve en proie aux conséquences de ses sentiments pour Julie .Ce monde si parfait semble ne plus l’attirer ,et l’homme décide de revenir à la vie pour connaître le miel et surtout le vinaigre c'est-à-dire la douleur nécessaire au bien être.Le film nous fait donc réfléchir sur l’utilité d’assouvir tous ses désirs et sur ce qui fait réellement le bonheur.

 

 

C’est pour cela, que ce travail répondra avant tout à la question suivante: Qu’est-ce que le bonheur? 

Nous commencerons tout d'abord cette analyse philosophique du film par la personnalité du personnage principal, à savoir David AEMES

Nous nous interrogerons ensuite sur ce qu'est le bonheur grâce au désir et à l'amour .Car, ces notions sont consubstantielles au bonheur .

Nous verrons enfin, que la question sous l’égide de laquelle ce raisonnement s’élabore n'est qu'une piste parmi d'autres pour interpréter ce film .Car l'autre question que nous pouvons nous poser est: qu'est-ce que  le réel?

 

Le  personnage principal

On ne peut comprendre l’œuvre cinématographique sans comprendre la personnalité de David. En effet, en plus d’être la figure central de ce film,l'homme contrôle le monde qui l'entour et ce, à son insu. Il est donc essentiel de se focaliser sur lui pour comprendre le monde dans lequel il évolue.

 

David est l'héritier d'une fortune considérable. Cette situation le rend insouciant car l'homme semble ne rien prendre au sérieux.Cela est dû à la promptitude de son ascension qui peut aussi être mis en parallèle avec sa peur panique du vide car elle est liée à cette ascension fulgurante

qui est allé trop vite et qui lui empêche d'assumer les hauteurs qu'il a atteint. La soirée qu'il organise est aussi importante pour cerner le personnage car nous saisissons l'importance que l'amour va avoir dans sa vie. En effet, c’est à ce moment qu’apparaît Sofia, le monde cesse de tourner pour David qui découvre à 33 ans ce qu'est l'amour en posant les yeux sur cette jeune fille. Une fois encore, son amie Brian lui rappel l'aigreur de la vie qu'il n'a pas connu. Comment  cet homme a t il put commettre un meurtre? C’est la question qu'on se pose en écoutant l'interrogatoire auquel il est soumis. Le port de ce masque est encore plus intriguant car on se demande quelles turpitudes se cachent sous ce faux visage. La suite des événements nous apporte plus d'explications.L'homme en proie à la démence, aurait tué Sofia en la prenant pour Julie. Nous nous retrouvons donc dans l'esprit d'un homme dont les souvenirs

se mélangent et nous sommes aussi troublés que lui en voyant son rêve se transformer en cauchemar. Une fois la vérité dévoilée, David se rend compte qu'il n'a pas trouvé le bonheur dans ce monde artificiel comme dans l'autre. Alors qu'est-ce que le bonheur? Cette question qui

Revient de façon récurrente tout au long du film nous pousse à nous interroger sur cette notion philosophique du début à la fin du film.

 

 

 

 Afin de satisfaire ses désirs, et de mettre fin à ses souffrances, David contacte Life extension et demande à être cryogénisé pour vivre dans son rêve avec Sofia dans un monde crée de toutes pièces  afin de combler tous les manques de sa vie(amour, absence de père etc).Life extension se base donc sur la conception nietzschéenne du bonheur à savoir l’oublie pour ne pas ruminer un passé trop douloureux c’est pour cela, que David a désiré ne se souvenir de rien. Selon Spinoza, les désirs sont ce qui nous exprime pleinement, une affirmation de nous meme. Ainsi,nous pouvons comprendre à la fin du film à quel point ce rêve correspondait à des désirs enfouis dans son esprit mais que lui-même ignorait. En définitive, le rêve ne peut apporter de solution à son problème car, à la longue, David se lasse de vivre dans un monde qu’il contrôle totalement .Il fait donc un choix stoicien en demandant à revenir à la réalité car il choisis de se couper de ce qui ne dépend pas de lui .Epictète affirme qu’il faut accepter les vicissitudes de la vie sans jamais s’en plaindre. Le véritable bonheur présenté par Vanilla sky est donc complétement indépendant de notre gré.

 

Selon Sénèque,le plaisir « est chose basse et servile, faible et fragile ». C’est surtout l’aspect faible et fragile du plaisir qui se manifeste à travers la superficialité de l’amour que David a Connu avec Julie. Sénèque affirme par ailleurs qu’il est impossible de confondre bonheur et plaisir, le premier étant un état durable, le second, un sentiment éphemère.Le plaisir, arrivé à Son plus haut point s’évanouit alors que le bonheur identifié au souverain bien est immortel

Il en va de même pour les désirs que suscitent les deux femmes qui peuvent être rattachés au deux Eros évoqués par Pausanias dans le banquet de Platon. En effet Pausanias distingue l’éros vulgaire de l’éros céleste : L'Éros vulgaire aime l'aventure : il aime les femmes comme les garçons, les corps. Il recherche des partenaires peu intelligents, car seul son but lui importe. Il fait l'amour au hasard, sans se demander si son action est bonne.

 

L'Éros vulgaire c'est l'amour physique et superficiel en opposition à l'Aphrodite céleste qui est l'amour des âmes, l'amour pur. Cette éros est indubitablement incarné par Julie, et s’oppose à celui incarné par Sofia qui est la seul femme qui peut lui procurer un réel bien-être. Cette ataraxie nous prouve que le bonheur est avant tout ce qui touche à l’éternité. « Tu es morte et je suis congelé, mais je t’aime » cette citation met en exergue la seule chose qui peut être éternelle c’est-à-dire ce qui est du domaine du transcandant,du spirituel.Lui qui voulait être éternel,il se rend compte que seul ses sentiments peuvent l’être et ainsi contribuer au bonheur.

 

 

Le film nous montre également que le bonheur, doit pour être savouré, être précédé de la souffrance. «Pas de miel sans vinaigre »cette remarque récurrente met l’accent sur la nécessité Schopenhauerienne de la souffrance pour mieux savourer le bonheur. Pour le philosophe, le bonheur sans souffrances n’est qu’ennui .C’est donc pour fuir cet ennui que David choisi de revenir à la vie réel.L’homme veut cesser de rêver éternellement, il n’y a donc pour lui aucun intérêt à vivre dans un monde qu’il contrôle totalement, cela devient très vite ennuyeux. Nietzsche s’accorde avec Schopenhauer pour reconnaitre tout ce que la réalité a des terrifiant mais rejette totalement le renoncement à cette réalité. Selon lui, il faut au contraire l’accepter et même l’aimer. Ajoutons que pour  Nietzsche l’intensité du plaisir d’un homme est lié à la Souffrance qu’il peut endurer.

 

En définitive, nous pouvons comprendre que le film nous expose une vision purement subjective du bonheur « qu’est-ce que le bonheur pour TOI David ».

De plus le bonheur ne se savoure qu’à condition de ressentir de la souffrance.

Enfin, le bonheur proposé par life extension est un bonheur qui semble parfait, mais ne l’est pas car il comble .Donc, par définition, il ne laisse plus la possibilité de désirer plus (ce qui est le propre de l’homme).Et pour désirer, il faut se retrouver en manque ,il faut donc que la vie soit imparfaite. C’est cette vie que choisi David.

 

En analysant le film en détail nous remarquons également qu’il y a des indices depuis le début, qui nous poussent à douter en permanence de la réalité qui nous est présentée (la date sur la voiture n’existe pas) . Le doute cartésien est donc nécessaire pour comprendre que la seule personne dont l’existence ne peut pas être remise en question est David qui pense et s’interroge. Le cogito ergo sum de Descartes est donc une autre piste d’interprétation d’un film qui semble n’aborder que le bonheur. Ce relativisme concernant la vie peut donc aussi concerner le bonheur, car si le bonheur n’est jamais atteint, et qu’il varie en fonction des personnes, peut-t-on dire qu’il existe ?

 

 

 

 

 

Corpus

 

" La satisfaction, le bonheur, comme l'appellent les hommes, n'est au propre et dans son essence rien que de négatif , en elle, rien de positif. Il n'y a pas de satisfaction qui, d'elle-même et comme de son propre mouvement, vienne à nous , il faut qu'elle soit la satisfaction d'un désir. Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire de toute jouissance. Or, avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement, ne sauraient être qu'une délivrance à l'égard d'une douleur, d'un besoin , sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espèce de désir qui, par son importunité, trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui nous fait de l'existence un fardeau. Maintenant, c'est une entreprise difficile d'obtenir, de conquérir un bien quelconque , pas d'objet qui ne soit séparé de nous par des difficultés, des travaux sans fin , Sur la route, à chaque pas, surgissent des obstacles. Et la conquête une fois faite, l'objet atteint, qu'a-t-on gagné ? Rien assurément, que de s'être délivré de quelque souffrance, de quelque désir, d'être revenu à l'état où l'on se trouvait avant l'apparition de ce désir. Le fait immédiat pour nous, c'est le besoin tout seul, c'est-à-dire la douleur. Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaître qu'indirectement : il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passées, qu'elles ont chassées tout d'abord. Voilà pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous n'en avons pas une vraie conscience, nous ne les apprécions pas , il nous semble qu'il n'en pouvait être autrement , et en effet, tout le bonheur qu'ils nous donnent, c'est d'écarter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre, pour en sentir le prix , le manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans intermédiaire s'offre à nous. "

 

Schopenhauer

 

L’oubli n’est pas seulement une vis inertiae, comme le croient les esprits superficiels ; c’est bien plutôt un pouvoir actif, une faculté d’enrayement dans le vrai sens du mot, faculté à quoi il faut attribuer le fait que tout ce qui nous arrive dans la vie, tout ce que nous absorbons se présente tout aussi peu à notre conscience pendant l’état de « digestion » (on pourrait l’appeler une absorption psychique) que le processus multiple qui se passe dans notre corps pendant que nous « assimilons » notre nourriture. Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience ; demeurer insensibles au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour s’entraider ou s’entre-détruire ; faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles, et en particulier pour les fonctions et les fonctionnaires plus nobles, pour gouverner, pour prévoir, pour pressentir (car notre organisme est une véritable oligarchie)_ voilà, je le répète, le rôle de la faculté active d’oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l’ordre psychique, la tranquillité, l’étiquette. On en conclura immédiatement que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourrait exister sans faculté d’oubli. »

 

Nietzsche, Généalogie de la morale

 

These Texte De Spinoza Desirs

Thèse Philosophie

 

Spinoza engage sa réflexion par la présentation de son argument et sa conviction : " En quoi convient-il mieux d'apaiser la faim et la soif que de chasser la mélancolie ? "

Lorsque l'on désire quelque chose que l'on a pas, on ressent un manque et l'on en souffre : les larmes, les sanglots, la crainte... on devient impuissant .   Devons nous rester impuissant ? Kojève dit : " L'Homme s'avère humain en risquant sa vie pour satisfaire son désir ". Il s'agit donc   de se battre pour   lutter contre l'impuissance et de devenir heureux. Il est naturel de satisfaire son désir, car l'objet du désir apaise et amène au bonheur. Et plus l'Homme est affecté par une grande joie plus il s'approche de la perfection, le bonheur agissant comme un entreteneur et décuplant les capacités de l'humain dans toutes ses matières.

Ne se contenter alors que des besoins matériels ne rend pas l'homme plus sage et plus apte à la compréhension, la justesse et l'intelligence, il peut le rendre aveugle de la tristesse engendrée par l'inaccessibilité de l'objet du désir.

Le désir est vu comme l'atteinte de la perfection lorsqu'il rend heureux le désireux. Le désir est comme l'essence de persévérer dans son être, il est la jouissance et le but d'une vie. Le désir peut représenter une victoire personnelle lorsqu'il est assouvit, et donc entretenir l'envie de vivre, et non pas le désir de mourrir comme Freud.

Les désirs ne sont donc pas si mauvais, et peuvent être assouvis, la sagesse réside en la capacité de distinguer quels désirs assouvir. Il faut alors selon Spinoza céder a ses désirs, cette faiblesse permettra d'atteindre un grand bonheur proche de la nature divine, et ne dit-on pas " le meilleur moyen de résister a la tentation c'est d'y céder ? " et la tentation pour être les désirs, son désir.

Mais le désir n'est jamais repu, ce qui fais que chaque désir comblé amène a un suivant,   de plus,   peut aussi prendre de multiples formes .

 

(Stoiciens) Ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous

 

 

 

Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l'opinion, la tendance, le désir, l'aversion, en un mot toutes nos œuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave ; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves, facilement empêchées, propres à autrui. Rappelle-toi donc ceci : si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres à toi-même les choses propres à autrui, tu connaîtras l'entrave, l'affliction, le trouble, tu accuseras dieux et hommes ; mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre à autrui ce qui est, de fait, propre à autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne t'empêchera, tu n'adresseras à personne accusation ni reproche, ni ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira ; tu n'auras pas d'ennemi ; car tu ne souffriras aucun dommage. Toi donc qui poursuis de si grands biens, rappelle-toi qu'il faut, pour les saisir, te remuer sans compter, renoncer complètement à certaines choses, et en différer d'autres pour le moment. Si, à ces biens, tu veux joindre la puissance et la richesse, tu risques d'abord de manquer même celles-ci, pour avoir poursuivi ceux-là, et de toute façon tu manqueras assurément les biens qui seuls procurent liberté et bonheur. Aussi, à propos de toute idée pénible, prends soin de dire aussitôt : « Tu es une idée, et non pas exactement ce que tu représentes. » Ensuite, examine-la, éprouve-la, examine-la selon les règles que tu possèdes, et surtout selon la première, à savoir : concerne-t-elle les choses qui dépendent de nous ou celles qui ne dépendent pas de nous ? Et si elle concerne l'une des choses qui ne dépendent pas de nous, que la réponse soit prête : « Voilà qui n'est rien pour moi. »

(séneque)

 

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