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Seven

Publié le 16 Juillet 2012, 19:25pm

Catégories : #DVD

Avarice. Colère. Envie. Gourmandise. Luxure. Orgueil. Paresse. Les sept pêchés capitaux.

 

Selon Saint Augustin qui les a nommés pour la première fois, ce ne sont pas les plus graves mais ceux qui sont à l’origine de tous les autres. Nombre parfait et symbole de l’abondance divine, 7 est aussi selon la Bible le nombre du châtiment, de la purification et de la pénitence (Il est d’ailleurs attribué à Satan qui s’efforce de copier Dieu dont il se fait le singe. Ainsi la bête infernale de l’ Apocalypse - Ap. 13,1 - a sept têtes). Au coeur de ces péchés comme au coeur du film de David Fincher, sorti sur les écrans en 1995, la luxure. Vortex noir de ce par quoi l’homme s’abîme en son autre, et perd le sens de ses origines.

 

C’est l’histoire du passage de relais entre deux détectives, William Somerset (Morgan Freeman) et David Mills (Brad Pitt) qui se trouvent confrontés à une série de meurtres incompréhensibles commis pour illustrer chacun des sept péchés capitaux au travers d’une mise en scène machiavélique. Dans l’enfer, glauque et crépusculaire de New York, battu en permanence par la pluie, où moisissures et pourritures croissent comme chienlit au soleil, la luxure - le désir sexuel, la pratique des plaisirs sexuels - revêt une aura particulière. Car elle est ce moment où l’obscurité du quotidien est trouée par la lumière de la révélation.
Le quatrième meurtre sériel correspond à la stase de la luxure : une prostituée meurt le sexe labouré par le membre d’un client sur lequel a été greffé une corne-prothèse d’acier. Plus que l’appétence charnelle, c’est surtout le désir de suivre son désir - vers quelque objet , quelque compulsion qu’il tende - en quoi consiste la véritable luxure ici. Une intentio au sens propre dont ne sont pas exempts les détectives Somerset et Mills. Si toute conscience, pour reprendre le précepte phénoménologique husserlien est conscience de quelque chose, elle est aussi conscience du pire.

 

Anti-baptême permanent qui empêche que s’efface le péché originel contracté par le genre humain en la personne d’Adam et dont tout être humain est coupable à la naissance, la pluie grise qui nimbe les protagonistes de Seven signifie qu’il n’y aura pas de rémission. (On dirait que le réalisateur a tourné le film entier sans aucune lumière, ou si peu). De cet univers toute croyance au progrès rationaliste, tout fiat lux a disparu. Mais Somerset reste jusqu’au bout, tel Virgile éclairant Dante dans les enfers, pour guider Mills, lequel multiplie les chutes (il se blesse le bras à un moment donné, sur le point d’arrêter le tueur à son domicile, se luxant presque l’épaule) et refuse néanmoins de lâcher son nouveau Job.
De fait, en dépit de leurs lampes-torches qu’ils braquent à tout bout de champ sur les ténèbres, c’est bien au monde de l’ombre, à la noirceur des abysses de la déshumanisation, qu’appartiennent autant les détectives que John Doe, le meurtrier (Kevin Spacey) qu’ils pourchassent (encore que ce soit plutôt lui qui les traque en définitive, ne laissant des indices en hommage au Paradis perdu, à La Divine comédie ou au Marchand de Venise que parce qu’il le veut bien).

 

 

Dans un film étouffant, sorte de glu létale dédiée à la nuit de l’âme, Fincher renvoie la lumière (physique, morale) à une fonction adventice ou destructrice puisqu’elle n’entrave en rien la transgression volontaire des prescriptions religieuses stigmatisée par Mills, cette zone d’ombre dont ne parvient pas à s’extraire celui-là même qui incarne l’angélisme béat et qui abat le serial killer venant au grand jour d’exécuter sa femme. Oppressé par la morale et le châtiment dont le bien-fondé lui échappe devant l’injustice suprême, l’homme est condamné à involuer, à ne trouver l’apaisement qu’auprès des bouches d’ombre des pulsions thanatiques - le pire est que personne in fine ne décrypte pourquoi l’anonyme John Doe se transforme en un monstre moderne !

 

L’ange blond deviendra porteur de lumière spectrale puisqu’il ne supporte pas qu’on le prive de son soleil. Il est des black out éthiques. Quod erat demonstrandum.
Le grand lux(e), n’est-ce pas de choisir qui on ne veut plus être ? Because of the way it assaults the emotions, seeing Seven should not be taken lightly (à la légère) à écrit un critique américain : comment donc un film sans « lux » pourrait-être « light » ? Seven ou quand l’esprit dark règne sur Terre.

   
 

frederic grolleau 

 

Seven

 Réalisateur : David Fincher Avec : Brad Pitt, Morgan Freeman, Gwyneth Paltrow, Kevin Spacey, R. Lee Ermey, Richard Roundtree

• Date de parution : 22 août 2001 • Éditeur : Seven 7 Présentation : Snap Case

Format image : Cinémascope - 2.35:1 Full Screen (Standard) - 1.33:1

Zone et formats son : Zone : Zone 2 Couches : deux couches Langues et formats sonores : Français (Dolby Digital 5.1), Anglais (Dolby Digital 5.1) Sous-titres : Français

Bonus : • Le Making Of en VOST • La scène coupée du film en VOST • Les filmographies des acteurs, du réalisateur et du producteur • Les bandes-annonces en VF et VOST Prix : 16,50 €.

 

 
     

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