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Patrick Brion, John Huston

Publié le 15 Juillet 2012, 13:42pm

Catégories : #ESSAIS

Après Clint Eastwood, Hitchcock et John Ford, Patrick Brion s’attaque à un nouveau géant du cinéma américain en la personne de John Huston (1906-1987).

 

Fidèle au principe déjà mis en oeuvre dans les trois autres ouvrages précités il s’agit ici tout à la fois d’une biographie, d’une filmographie illustrée et d’une analyse critique des films du réalisateur. Autant dire qu’avec le soin habituel apporté par les éditions de La Martinière aux Beaux Livres de ce genre, ce John Huston comble à la fois l’amateur éclairé et le néophyte curieux. Chacun des films de Huston, en tant que réalisateur ou que comédien, est donc illustré de plusieurs pages de reproductions photographiques de très belle qualité, couleurs ou noir et blanc (excepté The African Queen dont les images couleurs présentent un fort mauvais grain...), qui ne donnent qu’une envie, des plus recommandables : plonger derechef dans ces œuvres somptueuses que sont, entre autres, The Maltese Faucon (1941, "Le faucon maltais"), In This Our life (1942), The Treasure of the Sierra Madre (1948, "Le trésor de la sierra Madre"), Key Largo (1948), The Asphalt jungle (1950, "Quand la ville dort"), The African Queen (1952, "La reine africaine"), The Unforgiven (1960, "Le vent de la plaine"), The Misfits (1961, "Les désaxés"), The night of the Iguana (1964, "La nuit de l’iguane"), Reflections in a golden eye (1967, "Reflets dans un oeil d’or") et Under the Volcano (1984, "Au-dessous du volcan").

 

Solide irlandais, Huston, le fils du comédien Walter Huston (et le père d’Angelica Huston, cèlèbre actrice), fit tous les métiers du monde dans sa jeunesse, s’adonnant principalement à la cavalerie mexicaine, la peinture et la boxe avant de se tourner vers l’écriture scénaristique. Brion offre d’ailleurs au lecteur dans l’imposante biographie de140 pages une nouvelle inédite, The fool (Le fou) très révélatrice de l’univers de Hutson, lequel traversa de multiples genres cinématographiques - le film noir hollywoodien, le western, le film de guerre, le film d’aventure... - tout en adaptant au cinéma des auteurs littéraires jugés jusqu’ici très difficiles. De manière assez paradoxale pourtant, celui qui fit tourner les plus grandes stars de l’époque - Humprhey Bogart, Marylin Monroe, Clark Gable, Robert Mitchum, Montgomery Clift pour ne citer qu’elles - commit une trentaine de films en tant que comédien où il occupa, volontairement semble-t-il, de piètres rôles destinés à alimenter son train de vie de collectionneur de toiles réputées et, fût un temps, de châtelain dispendieux.

 

Esprit libre et aventureux, John Huston voyagea beaucoup, se maria cinq fois, devint l’un des cinéastes et scénaristes les plus courus d’Hollywood. Il délaissa cependant certains de ses films, partant "massacrés" au montage dixit Brion, happé qu’il était par une insatiable volonté de tourner autre chose, encore et encore, ce qui contribua à lui constituer une carrière "inégale" mais farouchement indépendante des studios. Exhaustif parce qu’il présente ici de manière unifiée et chronologique l’ensemble des fils de l’écheveau hustonien, ce livre de Patrick Brion, qui n’est pas un essai théorétique sur mais une invitation à, est (un) indispensable pour qui souhaite pénétrer dans l’univers de John Huston.

   
 

frederic grolleau

Patrick Brion, John Huston, La Martinière, 2003, 575 p. - 45,00 €.

 
     

 
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