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Orange mécanique (exposé CPES)

Publié le 27 Décembre 2011, 16:57pm

Catégories : #Philo & Cinéma

Exposé de mr Lecanu :

                                  ORANGE MECANIQUE

 

Orange mécanique est une réalisation de Stanley Kubrick. Son œuvre cinématographique en est une adaptation du roman A Clockwork Orange d’ANTHONY BURGESS. Ce film est sorti sur les écrans américains le 2 février 1972 tandis qu’en France, sa sortie a été le 15 mai 1972. Orange mécanique reçoit 4 oscars :

-          Meilleur film

-         Meilleur réalisateur (Stanley Kubrick)

-         Meilleur scénario adapté

-         Et meilleur montage (Bill Butler)

 

Ce film a eu des problèmes de diffusion car il provoque un séisme, à la fois de par la violence qu’il véhicule notamment une polémique avec la scène « Singin’in the rain » dont les images ne coïncident pas avec la musique,  mais aussi par son message.

            Distribution :

-         Malcom McDowell incarne Alex DeLarge, personnage principal, jeune chef de bande.

-         Patrick Magee dans le rôle de l’Ecrivain, Mr. Alexander

-         Anthony Sharp qui est le Ministre

-         Carl Duering dans le Docteur Brodsky

-         Paul Farrell joue le clochard

-         Warren Clark pour Dim

-         Et James Marcus dans Georgie.

 

 

SYNOPSIS :

 

Ce film met en avant notamment le personnage d’Alex. Effectivement Alex, personnage principal, et ses amis appelés droogies (provenant du nadsat qui est un argot anglo-russe) s’attaquent à qui bon leur semble, en effectuant de nombreux viols, passages à tabac, meurtres etc. Ces actes de délinquances sont accompagnés de musiques classiques, principalement de la Neuvième Symphonie de Beethoven, qui les rend plus anodins. On constate une forte connotation à la sexualité avec des tableaux pornographiques, du mobilier en forme de femmes nues, des sculptures de phallus etc. Lors d’un de ses raids,  qui sera donc le dernier, Alex est arrêté par la police,  vendu aux policiers par ceux qu’il considérait comme « meilleurs amis ». Alex devient le bouc émissaire de tous les maux de la société. Il est ainsi condamné à 14 ans de prison. Dans cette prison autoritaire Alex se comporte bien et se fait remarquer par l’aumônier. Celui-ci lui fait vent d’un traitement nommé ludovico, qui permet de guérir et ainsi réduire la longévité de sa peine. Il accepte de suivre cette nouvelle thérapie expérimentale instituée par le gouvernement pour lutter contre la criminalité, la délinquance qui sévit au sein de cette Angleterre.

Il est nécessaire de préciser que Stanley Kubrick est un futuriste et fait part dans ce film de son scepticisme envers l’avenir.

Le problème majeur soulevé par Orange mécanique est le rapport que l’Homme entretient avec l’Etat.

Ainsi la question qui se pose est : l’état rend-il forcément bon ?

Nous étudierons cette problématique en premier lieu avec l’état ne rend pas bon, l’état de nature avec l’appui de citations : Paul Salin etc. Puis nous analyserons la partie stipulant que l’état peut rendre bon, grâce au texte de Hobbes, Léviathan. Et à l’œuvre de Bakounine, L’Empire Knonto-germanique.

           

 

Définissons tout d’abord quelques termes essentiels ici.

           Qu’est-ce que l’état ? c’est un groupement humain fixé sur un territoire déterminé, soumis à une même autorité. En ce terme nous pouvons différencier deux grands concepts qui sont celui de l’état de nature défendu par le philosophe Jean-Jacques ROUSSEAU notamment et l’état comme société.

          La société est un ensemble d’individus unis par la nature ou vivant sous des lois communes dans laquelle chaque personne est intégrée et a des devoirs envers cette société.

          Le terme bon correspond au fait qui convient à une valeur, qui répond aux exigences de la morale, qui veut du bien, fait du bien à autrui.

          Le verbe rendre ne soumet pas la contrainte, le fait de devenir,

c ‘est-à-dire par soi-même, c’est une démarche qui doit être faite de prime à bord personnellement.

 

          L’Etat est constitué de représentants politiques dont des lois sont érigées. Ainsi l’Etat est défini par un ensemble de lois le constituant. Ces lois peuvent être plus ou moins acceptables et variant selon les différents états : «  Vérité en deçà des Pyrénées erreur au-delà » Blaise Pascal.  Ces lois servent à faire régner l’ordre et doivent être ainsi respectées par l’ensemble. Ainsi c’est grâce aux lois que nous pouvons  être d’une certaine manière libre. Il est vrai que cette liberté s’oppose à la liberté dite Licence qui est définie selon l’absence de lois, qui serait donc l’état de nature, le monde animal. C’est la vision que nous avons de la société dans la première partie du film, soit avant son incarcération. Nous sommes dans une société dont l’état n’a pas d’influence, Alex est ainsi confronté à lui-même et est soumis à la détermination des caractères extérieurs. Effectivement Alex habite dans un quartier malfamé, ses parents n’exercent aucune pression, il ne va plus à l’école. Ainsi selon Stanley Kubrick, il y a révélation de la nature humaine, il commet des actions délinquantes en toutes impunités. (Extrait : « Singin’in the rain » 10,23 min à 12,20min). Dans un entretien Stanley Kubrick confie, je cite : « Alex au début du film représente l’Homme à l’état de nature », donc le réalisateur est en opposition avec la thèse soutenue par Jean-Jacques ROUSSEAU : « l’Homme est naturellement bon, mais la société le pervertit ».  Ici de prime à bord, à l’état de nature, Alex ne répond pas à la conformité, c’est-à-dire à la définition du terme bon.

Effectivement, «  l’Etat n’a aucune justification morale ni scientifique, mais(…) constitue le pur produit de l’émergence  de la violence dans les sociétés humaines. » Pascal Salin.

Ainsi nous pouvons déduire que la violence de l’homme proviendrait de l’Etat. Ainsi nous mettrions aussi le terme Etat en opposition au terme Bon. Alors l’Etat ne serait pas bon naturellement, c’est-à-dire dans un cadre ou celui-ci n’exerce pas d’influence sur les individus constituants la société.

Cependant nous pouvons nous interroger sur la possibilité d’un état ou l’influence qu’il exerce est présente, qui sait se faire respecter. On sait qu’Alex ne va plus à l’école, or l’école est une institution instituée par l’état et d’après Descartes : «  le plus haut degré de liberté est la connaissance ».

Il est vrai que la culture, la connaissance écartent tout sujet de la violence. L’Homme est violent lorsqu’il n’a pas les mots pour s’exprimer. Ainsi dans un second temps demandons nous si un état influant, avec de l’éducation, de l’instruction peut rendre bon ?

 

 

           

              Définissons en premier lieu le verbe pouvoir, celui-ci renferme une possibilité.

Lors de son dernier raids de violence, Alex se fait arrêter et condamner à 14 ans de prison. En prison il est ainsi confronté à l’autorité, la discipline qui est le respect des règles sous peine de sanctions, ce qui réfèrent donc  à l’influence. Sa liberté est ici certes amoindrie mais il possède encore le libre arbitre qui est la liberté du choix de ses actions.

              Selon Hobbes, Léviathan, dit en substance que c’est parce que nous abandonnons un peu de notre liberté personnelle que nous gagnions en liberté collective. L’Etat est bon s’il agit pour l’intérêt général et non pour des fins personnelles.

De plus, en prison nous remarquons l’instruction d’Alex. En effet celui-ci étudie la Bible. Il est également investit au sein de la chorale du pasteur. On voit donc un nouvel Alex qui n’a plus recours à la violence par ses gestes. En est-il de même pour ses intentions ? Non Alex y pense toujours, ce qui montre le fait qu’il est naturellement mauvais. (Extrait  «de la Bible » 53,48 min à 55,09).

Ainsi on constate que l’encadrement, le fait qu’il y ait des règles, joue un rôle important. « L’Homme né neutre et que ce sont les menaces et les opportunités de la vie qui déterminent son comportement » Kant. Le fait qu’il y pense montre que la violence est ancrée en lui, fait partie intégrante de sa nature. Ainsi nous pouvons interpréter cela comme une « maladie ».

Par amitié le Pasteur lui fait part du programme Ludovico pouvant le soigner et le faire sortir de prison plus rapidement.

 

*l’Etat oblige à être bon :

Le programme ludovico utilise une technique dite pavlonienne : processus qui consiste à faire visionner des images d’extrême violence durant des heures. (extrait 1h07min15sec à 1h09min45sec). On voit qu’il est drogué tous les jours. On lui supprime ainsi sa liberté par l’intermédiaire de ce programme tout d‘abord en le droguant, l’empêchant d’être totalement conscient, illustré dans le film par le système qui lui maintient les yeux ouverts en permanence. Ainsi il montre la contrainte, l’obligation. Puis à l’issue de ce programme constate véritablement le manque de liberté, du libre arbitre. Même de la légitime défense, qui permet à l’individu de se défendre s’il est agressé sans raison, ainsi la loi stipule l’existence de cette légitime défense  (en respectant évidemment dans une certaine mesure la Loi du Talion : «œil pour œil dent pour dent ».

                   Bakounine, L’Empire Knonto-germanique : « Je n’hésite pas à dire que l’Etat c’est le mal, mais un mal historiquement nécessaire, aussi nécessaire dans le passé que le sera tôt ou tard son extinction complète, aussi nécessaire que l’ont été la bestialité primitive, les divagations théologiques des hommes. […]. La révolte est beaucoup plus facile contre l’Etat, parce qu’il y a dans la nature même de l’Etat quelque chose qui provoque à la révolte. L’Etat c’est l’autorité, c’est la force, c’est l’ostentation et l’infatuation de la force. Il ne s’insinue pas ,il ne cherche pas à convertir : et toutes les fois qu’il s’en mêle, il le fait de très mauvaise grâce, car sa nature, ce n’est point de persuader, mais de s’imposer, de forcer. ».

Ici Bakounine nous affirme le fait que l’Etat nous oblige et non nous persuade. Cela signifie que si l’individu ne correspond pas aux critères de normalité fixés par l’Etat alors celui-ci nous oblige à le devenir, soit devenir bon. 

De plus, on apprend que Ludovico est un programme politico-médical instrumenté par un homme politique lors de sa campagne électorale. Ce dernier est rendu mauvais car il agit selon une fin personnelle et non au nom de l’intérêt général, par le fait de la torture, de la privation de toute liberté personnelle, l’Homme est ainsi déterminé selon le désir de l’Etat. (Extrait 1h18min à 1h23min).

De plus, être bon est un choix personnel dont la loi ne représente en aucune manière la bonté, c’est-à-dire la qualité morale qui porte à faire le bien, à être bon pour les autres. La preuve en est qu’après avoir reçu ce programme Alex est libéré, soit disant guérit pour les hommes politiques et médecins car il n’est plus violent. Mais Alex tente tout de même de se suicider montrant donc que la loi ne représente en aucun cas la bonté qui vise au bien d’autrui.

 

Alex essaye de se suicider en se défenestrant par la fenêtre de «l’Ecrivain », mais en vain. Il  est donc conduit à l’hôpital ou il reçoit la visite de l’homme politique. Mais on voit lors de l’arrivée des photographes, l’apparition d’une infirmière et Alex replonge dans ses fantasmes, il pense à une partie de « ça va ça vient ».

 

 

 

                  Ainsi dans le cadre du film Orange mécanique, qui nous montre la manipulation politique à l’encontre d’un individu, l’Etat ne rend pas bon, il oblige à l’être. De plus obliger quelqu’un n’est pas un acte de bonté. Ici l’Etat n’est pas montré comme bon avec des policiers qui sont d’anciens délinquants, les membres de l’élite côtoient des criminels dans des bars huppés et les hommes politiques sont représentés comme des manipulateurs. Ainsi Alex n’est que le produit gênant de cette société démissionnaire qui préfère transformer radicalement l’individu au lieu de se remettre en question. L’Etat rend bon dans le sens ou il offre l’opportunité de connaissance qui permet le plus haut degré de liberté et ainsi permet l’écartement de la violence commune à chaque être vivant. Mais pour cela l’Etat doit agir selon des fins collectives et non personnelles. Le Pasteur, je cite : « obliger quelqu’un à ne plus faire le mal ne le rend pas bon pour autant ».  Effectivement, il faut que cette démarche soit personnelle. En effet il ne faut pas aller à l’encontre de sa nature comme nous le fait remarquer le film, sous peine d’un échec quelque soit le moyen utilisé. Si la démarche n’est pas voulue par le sujet concerné, alors c’est voué à l’échec. Être bon naturellement est ici montré comme impossible, mais être bon dépend des caractères de civilisation qui nous entoure. Voltaire : « L’éducation, la société, la culture humanise l’homme ».

Stanley Kubrick dénonce les ravages des thérapies comportementales appliquées aux criminels et confie dans un entretien à propos de son film : « Alex au début du film représente l’Homme dans son état naturel. Lorsqu’on le soigne, cela correspondrait psychologiquement au processus de civilisation. La maladie qui s’ensuit est la névrose même de la civilisation qui est imposée à l’individu. Enfin, la libération que ressent le public à la fin correspond à sa propre rupture avec la civilisation ». Ainsi la civilisation est assimilable à un corps étranger introduit de force dans un corps qui fini par le rejeté.

Orang en javanais signifie Homme, ainsi nous pouvons déduire la signification du titre de cette œuvre cinématographique qui serait : « homme mécanique » qui renverrait au déterminisme de l’homme au sein de l’Etat.

 

Question posée : Y-a-t-il une analyse psychologique derrière ce film avec la Seconde topique de Freud ?

Freud, Seconde topique : « la vie psychique de l’Homme n’est qu’une oscillation perpétuelle entre ces deux pulsions et toutes les conduites humaines comportent cette ambiguïté. La pulsion de vie et la pulsion de mort ».

Ainsi au début du film nous pouvons constater cette pulsion de vie avec le désir de se reproduire, forte connotation au sexe, acte sexuel etc. Puis après le programme  Ludovico nous constatons l’apparition de la pulsion de mort. En effet Alex tente de se suicider en se défenestrant. Mais cela échoue. Ainsi à l’hôpital, emplâtré, nous voyons une femme et nous pouvons voir la pensée d’Alex qui pense à une partie de ça va ça vient. Ainsi il y  a de nouveau la pulsion de vie.  
 
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Commenter cet article

F
merci de votre correction !<br /> cdlmt,<br /> fg
B
4 nominations aux Oscar .... et non 4 Oscars