A ceux qui penseraient avoir affaire là à un énième livre sur le verre (ils n’ont pas tout à fait tort), il convient de préciser qu’il ne s’agit pas que de cela (disons plutôt qu’il s’agit ici d’une manière bien précise d’aborder ce "cela", par quoi on se trouve en présence tout à la fois du Même et d’autre chose) : ce beau livre est à l’origine en effet l’écho - le reflet fidèle ? - de l’exposition "Glassway. Les salles du verre" qui s’est tenue au Musée archéologique régional d’Aoste du 15 juin au 27 octobre 2002.
Moins un essai qu’un "catalogue" d’exposition donc ? Pas complètement dans la mesure où, le gros de l’ouvrage étant certes accaparé de la page 40 à la page 241 par le descriptif iconographique pointu et détaillé des "salles du verre" en question (Salle de la Nature, de l’Eau, du Corps, de l’Orient, du Sacré, du Fantastique, du Quotidien, du Jeu, de la Géométrie et, pour finir, du Fragment : autant de spectres pour appréhender la matière liquide-solide en question), plusieurs présentations synthétiques de divers experts constituent nénamoins comme un écrin a à ce joyau transparent qu’est le substrat du verre. Si à chaque "salle" correspond un certain nombre de pièces empruntées à toutes les époques où l’homme à créé, soufflé, forgé le verre, chacun de ces moments forts se trouve lui-même remis dans son contexte et dans celui de l’histoire du matériau dont il illustre un temps particulier.
Une multitude de courtes introductions à la spécificité de chaque thème qui renseigne du mieux possible le lecteur sur l’évolution du verre au sein des sociétés humaines. D’une manière paradoxale, ces Ages du verre s’adressent ainsi - pari difficile - aussi bien au néophyte qu’à l’amateur éclairé. Cela étant, on conseillera vivement au curieux de se plonger en guise de préambule dans le dernier article ("De la magie du verre fondu aux vitrages intelligents", de Anna Geotti ) et dans celui de Rosa Barovier Mentatsti ("Le verre et les verriers de la Renaissance à nos jours") plutôt que dans les autres, par trop abscons (c’est-à-dire surtout référencés à l’exposition mentionnée ) et à connotation davantage archéologique qu’historico-pédagogique. Mais que nul ne se sente empêché, également, de parcourir les différentes "salles" au gré de son humeur ou des magnifiques photographies qui jalonnent cet opus, car il découvrira là de somptueux trésors, à l’instar des calices "La magia del vetro" et "Seduzione bucolica" du muranais Lucio Bubacco (pages 139 et 145) qui ne laissent pas d’estomaquer le connaisseur.
Verres à pieds, bouteilles, carafes, porte-onguents, objets d’art, vases et pots se bousculent ici au portillon des siècles pour rendre le plus beau des hommages à la transparence et à la fragilité magiques du verre. Un ouvrage de référence qui illustre combien les hommes, de tout temps, surent jouer des règles physiques de la matérialité afin de faire rêver la silice et le feu en donnant consistance à des formes plus belles et incroyables, plus résistantes et atemporelles, les unes que les autres.
frederic grolleau | ||
Commenter cet article