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Le Terminal (exposé CPES)

Publié le 13 Janvier 2013, 23:32pm

Catégories : #Philo & Cinéma

exposé de Pénélope Vittet, CPES,  en décembre 2012 

 

Synopsis :

 

Viktor Navorski est l'un de ces milliers de touristes, venus des quatre coins du monde, qui débarquent chaque jour à l'Aéroport JFK de New York. Mais, à quelques heures de son arrivée, voilà qu'un coup d'État bouleverse sa petite république d'Europe Centrale, mettant celle-ci au ban des nations et faisant de Viktor... un apatride. Les portes de l'Amérique se ferment devant lui, alors même que se bouclent les frontières de son pays : Viktor est bel et bien coincé...

 

Un film à la fois humoristique et dramatique… retraçant l’histoire d’un homme sans identité, bloqué dans un aéroport, appartenant désormais à la zone de transit, dans laquelle il vivra, trouvera un travail, des amis, l’amour… Une sorte de nouveau monde est ici décrit, retraçant l’Amérique et ses habitudes.

 

Bien que The Terminal soit une nouvelle comédie signée Steven Spielberg (cinéaste qui, enfant, et fait méconnu, n’avait le droit de ne regarder que des comédies), ce film ne se présenterait pas comme un joli petit film inoffensif et puéril. Mais comme le présente le dernier Woody Allen (Anything Else) ou Martin Scorsese (Gangs of New York), le  film de Steven Spielberg est d’abord un « S.O.S. » post 11 septembre. « Au secours, ici les USA » pourrait être ainsi le sous-titre de The Terminal dont la racine du mot montre une menace de chaos et l’aéroport ultra sécurisé qu’il décrit prend racine dans une ville éminemment historique pour l’immigration aux Etats-Unis

 

Sorti en 2004, du grand réalisateur Steven Spielberg, connu pour ses nombreux films à succès, « le terminal », un film à la fois comique et dramatique, a permis le casting de Tom Hanks notamment connu pour avoir remporté le golden globe 2001 comme meilleur acteur dans un film dramatique, Catherine Zeta-Jones, Eddie Jones ou encore Stanley Tucci. Finalement ce film décrit un survivant créatif qui finit par réussir. Il réussit le pari de survivre et de défier l’autorité.

 

Je vais avant tout définir ce qu’est l’identité :

 

« La perte d’identité est une pathologie qui prive l’individu à la fois de son identité singulière (son nom) et de toute sociabilité possible, puisque celle-ci implique toujours une médiation. Elle est en cela comparable à l’amnésie, à l’oubli, dont le propre est de plonger les êtres et les choses dans l’indistinction. Elle est comme cette « parole sans voix » dont parle Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : une parole sans sujet, sans identité. Elle correspond à ce processus par lequel le sujet cesse d’exister comme tel. La perte d’identité, pour les individus comme pour les peuples, c’est la sortie du symbolique. Cette sortie condamne à l’errance dans le perpétuel présent, c’est-à-dire à une fuite en avant qui n’a plus ni but ni fin. » (Alain de Benoist)

 

Pour introduire cette explication Alain de Benoist écrit :

 

Mon identité n'est pas une forteresse aveugle, une cuirasse derrière laquelle je m'abrite pour me couper des autres. Elle est cette fenêtre qui n'appartient qu'à moi grâce à laquelle je peux découvrir le monde. (Alain de Benoist)

 

 

Le principal enjeu philosophique soulevé dans ce film est l’identité.

 

En quoi, malgré le refus de la société, l’homme parvient-t-il a gardé son identité ?

 

 

I/  Le refus de la société de la reconnaissance de son identité

 

II / la quête vers la reconnaissance de son identité

 

 

I/ Le refus de la société de la reconnaissance de son identité :

 

Dans cet extrait, il nous est montré un homme traversant un hall d’aéroport en peignoir… chose tout a fait comique, mais aussi symbole de la clause Lockéenne, c’est à dire « lorsque quelqu’un s’approprie un objet, il doit en rester suffisamment et en qualité aussi bonne, en commun pour les autres ».  (Elle a été dégagée par Robert Nozick à partir de son étude de John Locke). Ainsi, cette clause présente que cet homme s’approprie plusieurs objets, tel que les lavabos, mais ceux ci reste pour autant propriété commune de tout les passagers. Viktor ne peut pas posséder des objets qui lui appartiennent réellement.

Dans une deuxième partie, cet homme  comprenant mal la langue, mais ayant eu tout de même conscience du fait qu’il doive rester dans la zone de repos de l’aéroport, tente de passer le barrière de contrôle, en présentant sa carte d’identité, ayant été refoulé une fois, ceci dû au manque de la fiche verte. Viktor passe sa journée à remplir ces différents formulaires, il se trompe une fois et doit recommencer, tout en ayant conscience de la réponse, il est alors présenté comme tout simplement « inacceptable ». Cet homme a conscience de son existence, mais il voit tout simplement la société  refuser la reconnaissance de son identité, non en tant qu’homme mais en tant qu’individu sans nationalité pendant un temps, refuser par la société… Il doit donc rester sur une zone neutre, la zone de transit de l’aéroport en constitue une. La reconnaissance peut être matérielle ou immatérielle, de la richesse ou des honneurs, impliquant ou non l'exercice du pouvoir sur d'autres personnes. L'aspiration à la reconnaissance peut être consciente ou inconsciente, mettant en œuvre des mécanismes rationnels ou irrationnels. On peut aussi chercher à capter le regard d'autrui par différentes facettes de son être, son physique ou son intelligence, sa voix ou son silence. C’est ce que fait Viktor, il appelle a la reconnaissance de son identité, dans ses actes, il se promène dans un peignoir, une tenue qui peut paraître décalée ou inappropriée, puis, il passe la journée a remplir des formulaires, en connaissant la décision finale.

Pourtant Viktor a besoin de la reconnaissance des autres et pour cela, il reconnaît l’existence d’une autorité supérieure. On a vu avec Hegel que la demande de reconnaissance pouvait accompagner la lutte pour le pouvoir ; mais elle peut aussi s'articuler à des relations où la présence d'une hiérarchie permet d'éviter les conflits. La supériorité et l'infériorité des partenaires sont souvent données d'avance ; chacun d'entre eux n'aspire pas moins à l'approbation du regard de l'autre. La première reconnaissance que reçoit l'enfant lui vient d'êtres qui lui sont hiérarchiquement supérieurs : ses parents ou leurs substituts ; ensuite ce rôle est repris par d'autres instances chargées par la société d'exercer cette fonction de sanction : instituteurs, maîtres, professeurs ; nos employeurs, directeurs ou chefs. La reconnaissance provenant des inférieurs, à son tour, n'est pas non plus à négliger, bien qu'on se la dissimule le plus souvent : le maître, on le sait bien, a besoin de son serviteur non moins que l'inverse, le professeur est confirmé dans son sentiment d'exister par les élèves qui dépendent de lui. Viktor a donc besoin de confirmer son désir d’exister aux yeux des autres, même si il dépend de l’autorité suprême.

Il faut maintenant séparer deux formes de reconnaissance auxquelles nous aspirons tous, mais dans des proportions très diverses. On pourrait parler à leur propos d'une reconnaissance de conformité et d'une reconnaissance de distinction. Ces deux catégories s'opposent l'une à l'autre : ou bien je veux être perçu comme différent des autres, ou bien comme leur semblable. Celui qui espère se montrer le meilleur, le plus fort, le plus beau, le plus brillant veut évidemment être distingué parmi tous. Mais il existe aussi un tout autre type de reconnaissance qui est, elle, caractéristique de l'âge mur, surtout chez les personnes qui ne mènent pas de vie publique intense : elles tirent leur reconnaissance du fait de se conformer, aussi scrupuleusement que possible, aux usages et normes qu'elles considèrent comme appropriés à leur condition. Viktor, agit dans le but de se faire reconnaître, à la fois dans une reconnaissance de conformité, c’est a dire se faire accepter comme semblable a la société pour ainsi pouvoir être accepté et pouvoir sortir a l’extérieur mais aussi dans une reconnaissance de distinction, c’est a dire qu’il se conforme aux lois et usages de cet aéroport, il refuse d’en sortir sans l’autorisation, il attends une reconnaissance de son identité de la part d’autrui… On distingue, deux sortes d’identité ici présente, celle qui fait l’homme, son moi, surmoi et ca, sa conscience, de l’homme en absence d’identité (c’est a dire sa nationalité) qui l’empêche d’être reconnu en tant que tel par la société. (Donc on distingue de même, l’homme naturel, en qui pourtant la communauté des hommes sociaux trouve son origine et se légitime, s’il a jamais existé, n’existe plus, est devenu méconnaissable aux multiples déformations que lui a fait subir la société et l’histoire. On se souvient de la célèbre métaphore, empruntée à Platon, selon laquelle l’homme originel serait comme la statue d’un dieu qu’un séjour prolongé dans la mer aurait rendu méconnaissable. On peut donc dire que l’homme naturel ne trouve plus son existence au sein de nos sociétés, c’est un homme empreint a la société et aux déformations subit par l’histoire qui trouve sa place, l’homme conscient de sa propre existence existe toujours, l’homme définit par le regard des autres s’identifie et se reconnaît, pourtant l’homme ne pourra jamais être présenté comme naturel, Viktor est donc cet homme non naturel, comme tout les autres, qui s’identifie mais est toujours a la quête de la reconnaissance des autres. )

A un certain âge, l'approbation accordée par nos pairs vaut plus que tout, et certainement plus que la satisfaction tirée de la conformité aux règles générales de la société. Cette situation est donc porteuse de dangers : on transgresse facilement la « morale » si l'on peut s'assurer du rire ou de l'étonnement des témoins. Smith est également sensible à cette dualité, à la différence entre « attention et approbation » et il nous met déjà en garde : « Etre oublié par les hommes ou en être désapprouvé sont des choses entièrement différentes »

Viktor cherche à se faire reconnaître, pourtant les personnes autour de lui restent insensibles… On peut être indifférent à l'opinion que les autres ont de nous, on ne peut rester insensible à un manque de reconnaissance de notre existence même. Comme le remarque W. James, « il existe des personnes dont l'opinion nous importe peu et dont nous sollicitons néanmoins l'attention ». Les psychiatres contemporains distinguent, de même, deux formes de défaillance dans la reconnaissance, aux implications toutes différentes : le rejet, ou manque de confirmation, et le déni, manque de reconnaissance. Le rejet est un désaccord sur le contenu du jugement ; le déni, un refus de considérer qu'il y a eu jugement : l'offense infligée au sujet est bien plus grave.

Dostoïevski a fait de la différence entre ces deux expériences, le refus de confirmation (rejet) et le refus de reconnaissance (déni), l'un des principaux thèmes de ses Notes d'un souterrain. Pourvu qu'on s'aperçoive de son existence, il est prêt à accepter les situations les plus humiliantes ; les propos les plus insultants valent mieux que l'absence de reconnaissance. Si l'état d'esclave nous assure du regard des autres, il devient désirable. Mais en cela il dit la vérité de tout homme - n'existe pas en dehors de la relation avec autrui ; or, n'être pas est un mal plus angoissant que d'être esclave. Se « précipiter dans la société » devient donc pour lui « un besoin insurmontable » : être seul, c'est ne plus être.

Viktor cherche à ne plus être seul, dans ce vaste aéroport mais justement à trouver le regard des autres, pour enfin se faire reconnaître… Il serait prêt à tout faire pour qu’un regard aille dans sa direction et il le prouve tout au long du film… Il prouve aussi son désir de s’intégrer à cette vaste société, qui l’empêche pourtant d’avancer.

 

 

II/

 

Dans cet extrait, il est présenté une scène de la fin, Viktor a rencontre une jolie hôtesse de l’air, dont il est tombé amoureux… Il explique a cette jeune femme par la même occasion, le but de son ascension a New York, mais aussi le fait d’être rester dans cet aéroport, jusqu’au moment ou il puisse légalement aller a New York. Cet homme poursuit un but, un but mais surtout une promesse faites à son père avant de mourir, il lui a ainsi promis de faire signer un dernier musicien d’un groupe de jazz, qui se trouve à New York. Pour respecter cette promesse, Viktor est prêt a tout.

Ce qui est universel, et constitutif de l'humanité, est que nous entrons dès la naissance dans un réseau de relations interhumaines, donc dans un monde social ; ce qui est universel est que nous aspirons tous à un sentiment de notre existence. Les voies qui nous permettent d'y accéder, en revanche, varient selon les cultures, les groupes et les individus. Tout comme la capacité de parler est universelle et constitutive de l'humanité alors que les langues sont diverses, la socialité est universelle, mais non ses formes. Le sentiment d'exister peut être l'effet de l'accomplissement, le contact non-médiatisé avec l'univers, comme de la coexistence avec les autres ; celle-ci peut prendre la forme de reconnaissance ou de coopération, de combat ou de communion ; enfin la reconnaissance n'a pas la même signification selon qu'elle est directe ou indirecte, de distinction ou de conformité, intérieure ou extérieure. Le désir de réputation, d'honneurs et de préférences, même s'il est omniprésent, ne gouverne pas la totalité de notre vie (il illustre l'amour-propre, non l'idée de la considération) ; c'est simplement lui qui a permis à Rousseau de comprendre qu'il n'est pas d'existence humaine sans le regard que nous portons les uns sur les autres. Le regard de cette jeune femme sur lui, le fait de se sentir considéré comme un homme à part entière, d’être aimé, de retenir l’attention de quelqu’un fait que Viktor, se sent accepter, et il va vers une reconnaissance de son identité. Ce passage étant une scène de fin, avant il est montré que Viktor arrive à trouver un travail et fait tout pour, arrive à trouver des amis et enfin à trouver l’amour. Tout en restant dans la zone de transit de cet aéroport, qui reflète pour ainsi dire le fonctionnement d’une petite société, dans laquelle Viktor doit s’intégrer. C’est un homme, c’est a dire, qu’il doit avoir une certaine forme de reconnaissance par la société, on a ainsi distingué : la société égalitaire accorde une dignité égale à tous (c'est l'égalité des anciens esclaves, dirait Hegel), ce que la société traditionnelle, qui ne se fonde pas sur la notion d'individu, ne fait pas du tout. En somme, la société traditionnelle favorise la reconnaissance sociale, alors que la société moderne accorde à tous ses citoyens une reconnaissance politique et juridique (tous ont les mêmes droits, ce qui contraste avec le système des privilèges régissant les sociétés hiérarchiques) en même temps qu'elle met en valeur la vie privée, affective et familiale. Il reste que le besoin de reconnaissance est, lui, toujours aussi fort. Ce qui montre que Viktor appartient tout de même, a cette société, la société moderne, qui reconnaît ses droits et ses privilèges en tant qu’homme… Mais c’est un homme qui est toujours vers une quête de cette reconnaissance sociale, qui ne s’effectuera totalement, qu’en pouvant sortir de l’aéroport et réaliser la promesse faite à son père.

Il a donc besoin d'être reconnu sur le plan professionnel comme dans ses relations personnelles, dans l'amour et dans l'amitié ; et la fidélité de ses amis ne compense pas vraiment la perte de l'amour, pas plus que l'intensité de la vie privée ne peut effacer l'échec dans la vie politique. L’homme a donc besoin de prouver qu’il existe même si il est conscient de son existence, et pour cela il a besoin du regard des autres.

Ainsi seul l'homme est un être conscient, il est le seul à savoir qu'il existe. Les végétaux, les animaux sont vivants. Seul l'homme ne fait pas que «vivre », il « existe » véritablement. Heidegger, en parlant de l'homme, dit qu'il y va, dans son être, de son être. L'être-là qu'est l'homme ne subsiste pas seulement, il existe. D'où la célèbre phrase d'Heidegger : L'essence de l'être-là réside dans son existence (Être et temps, introduction). L’homme existe pour vivre mais aussi pour exister et être reconnu, mais la vie est justement de l'ordre du constat. Même Descartes parvient à la vie sans vraie démonstration, mais par une sorte d'intuition évidente : la vie est irréductible au doute. La vie est un fait incontestable, c'est le fait premier, celui qui permet tous les autres : c'est parce qu'on existe qu'on parle, qu'on écrit, qu'on travaille, qu'on philosophe. Mais si le fait d'exister est évident, la raison d'être de la vie est, elle, tout à fait énigmatique. Ainsi, Viktor est désigné, reconnu en tant qu’homme et être vivant et qui existe, une forme d’identité qui constitue l’homme, qui fait l’homme et cette identité vers laquelle il tend, c’est a dire une la quête vers la reconnaissance de son identité, on peut parler de nationalité, de la part de la société.

C’est ainsi qu’on désigne ces deux identités différentes : C’est Paul Ricœur qui permet d’éclairer tout cela. Abordant cette question de l’identité, il distingue deux conceptions de l’identité qui ont souvent été confondues : l’identité idem et l’identité ipse. S’autorisant du constat qu’a parcourir les textes de la tradition, de Locke a Hume et Kant jusqu’a Nietzsche et Bergson, le noyau identique de la personne demeure introuvable, il en conclut que l’erreur doit provenir du fait que l’on a jusque-là cherche une identité de type idem, alors qu’il aurait fallu chercher une identité de type ipse. Que veulent dire ces termes ?

L’identité idem désigne la constitution de notre être comme chose, par exemple la constitution de notre code génétique qui est invariable tout au long de notre vie. Elle reste toujours identique a elle-même. Or, on voit bien que notre personnalité, elle, peut se défaire, parce qu’elle ne relève pas justement de l’idem, mais de l’identité ipse, qui est celle du soi. L’identité idem me rattache à l’ordre des choses et désigne ce qui, de moi, appartient à la nature, à l’animalité, alors que l’identité ipse définît mon être en tant que je suis un esprit. On peut la définir donc comme un terme relationnel qui unifie les vécus du sujet. Ainsi, Viktor se retrouve dans une position qui contraste ces deux formes d’identités, Son identité idem le constitue, c’est ce qui constitue son code génétique, le corps et sa constitution, alors que l’ipse désigne le « soi » c’est à dire la conscience, la personnalité, le caractère, l’esprit de Viktor. Cela montre que Viktor à sa place en tant qu’individu mais surtout a sa place pour être reconnu par la société, rien ne le différencie des autres. Dans cette longue quête vers la reconnaissance de cette identité, mais surtout ce que cherche Viktor est le regard des autres. Car comme je viens de le démontrer, après distinction de deux formes d’identité, Viktor possède les deux, donc devrait être reconnu par les autres. Cette scène de fin du film, nous montre que Viktor a finalement fini par se faire accepter, en trouvant des amis, un travail, l’amour. Ce qui prouve que Viktor après une longue quête, a réussi à s’intégrer à cette mini société que représente l’aéroport. Viktor ne peut être alors considéré comme un être exclu, mais plus comme un être « différent », c’est a dire que en remontant au principe même de ce droit à la différence proclamé par Locke, on voit de manière plus générale qu’il suppose, par rapport aux théories encore dominantes à son époque, une conversion profonde dans le fondement que l’on donne au droit, ou dans l’origine que l’on reconnaît à la société.

L’individu, dans cette perspective nouvelle, est premier ; son droit naturel, en droit, précède celui du Souverain, et même en est la source. Il lui délègue son droit à se gouverner ; le Souverain, quel qu’il soit, ne doit donc pas en abuser. Nous sommes ici dans le cadre des conceptions contractualises du droit, ou artificialistes de la société, dont Locke est un des plus éminents représentants. Le droit à la différence est donc, une exigence moderne, si l’on convient que le caractère de la modernité est précisément la perte de l’enracinement du droit (ou des droits) dans la nature, ou dans une quelconque transcendance ; soit la naissance de l’individu souverain, origine et fondement de toute valeur, et de tout droit. Ainsi, chaque homme, dont le héros, Viktor, présente un droit à la différence, chaque homme se doit donc au départ de posséder des valeurs et des droits, pour ensuite les transmettre et donc les perdre. Dans cet exemple, il est prouvé que Viktor possède donc au départ les mêmes valeurs et droits que tout les hommes, mais que chaque homme revendique son droit a la différence, ce qui provoque la perte de ces droits. Mais cela atteint tous les hommes, d’une manière générale, Viktor ne peut donc plus être exclu de cette société, car il est placé dans le même cadre que tous les hommes. Viktor continue cette quête vers sa reconnaissance, qu’il n’obtiendra qu’une fois sortit de l’aéroport, vers laquelle il se rapproche grâce à son intégration à la société.

 

La société du spectacle décrit dans l’ultime fragment de The Terminal rappelle que New York est la ville des artistes et des mélanges raciaux (dans le respect des identités ?), mais que l’architecture de ce monde n’arrive peut-être pour l’instant à ne fonctionner qu’avec la part sombre du diable. Une non reconnaissance de l’identité d’un homme ici peint dans tout le film. Un homme a la recherche du regard des autres et de la reconnaissance de la société. Il n’est pas question ici de mondialisation dans The Terminal, mais bel et bien de culture d’identités nationales et de culture des différences.

 

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