Du porno soft, en-dessous des films érotiques de M6, et du cinéma d’auteur qui bande mou
Ancien réalisateur de films pornos dans les années 70 et 80, Jacques Laurent (Jean-Pierre Léaud), qui a renoncé à sa "carrière" pour des raisons personnelles, reprend du service pour l’argent, 15 ans plus tard, en enchaînant les films. Apparaît alors son fils Joseph (Jérémie Rénier), ayant autrefois quitté la demeure familiale en apprenant le métier particulier de son père, et qui fait maintenant partie d’un groupe de militants politiques qui prônent la rébellion par le silence. Chacun des deux, père et fils, affronte un moment crucial de l’existence.
Mais les années 70 sont loin, le porno ne joue plus le rôle d’icône libératrice qu’il incarnait alors (à tort ou à raison) : le scénario inconsistant que Jacques tente de rehausser en tournant dans un château de la région parisienne en reste au stade du cliché. Les comédiens demeurent des objets au lieu d’incarner des personnages. Les hésitations du cinéaste cinquantenaire sur le retour, et qui manifestement, n’y croit plus, font du film un échec total. Sur le papier, l’idée est intéressante : déterminer si le fossé entre les deux générations aux prises ici est dû à la nature du travail du père ou au fait qu’il a menti longtemps à son fils en ne lui parlant pas de ses activités. Mais filmé par Bertrand Bonello, la sauce ne prend pas. On se désintéresse vite des ambitions ratées de Jacques et de son ultime tentative de rapprochement avec son fils, heurtés par la forme qu’adopte Le pornographe, qui se situe (trop) explicitement dans l’héritage d’un Philippe Garrel.
On est loin certes du racolage intello à la Romance ou à la Baise-moi, néanmoins la neutralité de scènes de cul, la platitude des dialogues (la palme aux pseudos dialogues politiques engagés de la bande de Joseph), le rythme plat des séquences sacralisent davantage l’ennui que l’écart intergénérationnel. L’intégration de vrais comédiens du hard ne change rien à l’affaire. La volonté de distanciation des comédiens, que symbolise ce Pornographe abstrait au possible, ne rend pas le son et l’image idoines et ne convainc pas, le réalisateur se piégeant lui-même par les moyens qu’il entendait accuser. Du porno soft, en-dessous des films érotiques de M6, et du cinéma d’auteur qui bande mou, sur fond de vide neurasthénique. On comprend d’autant moins dans ces conditions qu’un tel film ait pu recevoir le Prix de la Semaine de la Critique du festival de Cannes.
Tout cela sent le confort, sur fond de piano sirupeux, la volonté de parodier la platitude du genre pornographique et ne concourt qu’à nous donner à penser que, somme toute, il y a des pornos qui ne sont pas si mauvais que ça !
frederic grolleau Le pornographe Détails de l’édition : o Zone 2 (Europe, Moyen-Orient & Japon seulement) o Format écran : cinemascope o Origine : France Bonus : o L’entretien avec Jean-Pierre Léaud (15mn) o "Les aventures de James et Davis" : Le court-métrage de Bertrand Bonello (11mn) o Le commentaire audio du film par le réalisateur o Le clip de la chanson "JPL" (4 mn)o Format plein écran et cinémascope
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