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Laurent Botti, Fatale lumière

Publié le 16 Juillet 2012, 19:45pm

Catégories : #ROMANS

Un hymne au cinéma, puis une critique de ceux qui évoluent dans les sphères financières qui le nimbent

 

Hollywood will never die

En matière de critique littéraire pas plus que dans tout autre domaine il n’est bon de se fier aux apparences. Ce Fatale Lumière ne dépare pas à la règle, qui nous propose un voyage au pays du nouvel Hollywood - à Navity, la nouvelle Mecque du cinéma installée en Australie après un tremblement de terre, le Big One, qui a détruit Los Angeles - et au coeur d’une enquête menée dans le milieu du cinema high tech par un flic en plein sevrage alcoolique. Bon, le scénario, pourquoi pas ?, la couverture du livre n’est guère captivante, la 4e de couverture paraît fort fade, et pourtant...

 

Pourtant, il y a dans ce texte inventif et enlevé de réelles trouvailles liées à ce monde du cinéma du futur et le suspense est au rendez-vous. Tout commence (et finit d’ailleurs, mais chut !) par des meurtres filmés en direct sur Internet. Une sucession de meurtres qui viennent bientôt menacer certaines célébrités du gotha de Navity, notamment le couple de stars formé par Iris et Chris Gaylor autour desquels tourne, tel un moteur de cinema, l’intrigue. L’inspecteur Wode va certes avoir fort à faire pour démêler les fils de l’écheveau où dominent perversions sexuelles et assassinats mais, moins que l’enquête elle-même, c’est surtout la qualité psychologique des personnages auxquels s’attache le romancier qui emporte l’adhésion ici.

 

Après Pleine Brume et La Nuit du Verseau, déjà plébiscités par le public (110 000 et 340 000 vendus en France, mazette !), Laurent Botti propose avec Fatale Lumière un thriller cinématographique à l’ambiance envoûtante même si elle tarde un peu à s’installer (il faut que le lecteur s’habitue d’abord à l’univers du du tout numérique quotidien où évolue Wode, à mi-chemin de 1984 et de The Truman show). Il faut préciser que ce gros roman - malaisé à manipuler le soir dans son lit, c’est le reproche qu’on lui fera... - est avant tout un hymne au cinéma, puis une critique de ceux qui évoluent dans les sphères financières qui le nimbent, autrement dit les transfuges hollywoodiens : les bien nommés « Ephémères ». Découpés en plans-séquences, les chapitres se suivent sans temps mort et invitent chacun à revisiter cette éternelle guerre des images et du pouvoir qu’est l’industrie cinématographique, pris en tenailles ici entre nostalgie enfuie et futurisme délétère.

 

Si ce portrait - finalement contemporain - de Hollywood ne surprend personne, il a le mérite de montrer les limites ataviques du 7e art dans un récit emballé et emballant : bref, à quand une adaptation au cinéma, histoire que le serpent se morde enfin la queue ?

   
 

frederic grolleau

 

Laurent Botti, Fatale lumière, XO, 2005, 400 p. - 21,00 €.

 
     

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