Les « évènements d’Algérie », de 1954 jusqu’à 1962, qui vont provoquer la chute en métropole de la IVe République.
Grand reporter pour RTL de 58 à 62, Yves Courrière s’est rendu en Algérie afin de rendre compte de la nature de ce conflit. Retranscrit dans quatre volumes parus entre 1967 et 1971 chez Fayard, son reportage expliquait les tenants et les aboutissants d’une guerre fratricide. C’est à cette source d’inspiration, pragmatique et objective, que l’on doit ce film, le premier réalisé en dehors de tout préjugés. Ainsi suit-on les « évènements d’Algérie », de 1954 jusqu’à 1962, premiers attentats d’une poignée de nationalistes (regroupés ensuite sous l’appellation F.L.N) qui vont générer une réaction en chaîne politico-économique des plus effroyables. L’émeute algéroise du 13 mai 1958 provoquera en effet, outre la misère et la terreur dans la colonie, la chute en métropole de la IVe République et le rappel au pouvoir du général de Gaulle avant que l’indépendance ne soit votée pour le pays lors des accords d’Evian, signés en mars 1962.
Yves Courrière et Philipe Monnier n’ont pas suffisamment insisté en 1972, lors de la conception du documentaire, sur la cause des Harkis, ni sur la pratique généralisée de la torture dans les deux camps, mais ils ont su pointer avec justesse l’extremisme des « ultras », colons conservateurs qui deviendront bientot les « insurgés » d’Alger et ralentiront les initiatives du gouvernement français pour rétablir la paix en Algérie. Rendus à leur dignité, les Fellaghas bénéficient ici, fait notable, d’une approche enfin désentravée de tout francocentrisme. Par leur regard inédit, les réalisateurs, à l’image des documents d’archives convoqués (puisés au-delà de la censure française en Yougoslavie !), images comme sons, donnent la parole aux Pieds Noirs, aux militaires de carrière mais aussi aux Algérois/Algériens. On n’est pas prêts d’oublier cette séquence où des soldats du contingent abattent froidement des paysans sortant d’une tente ou marchant sur un chemin. Autant de délits hautement condamnables...
« La guerre d’Algérie », faut-il le rapeller ?, c’est aussi, et avant tout, l’histoire d’une crise institutionnelle sans précédents opposant l’armée française à l’élite politique de la nation. Dommage dans un tel contexte que les bonus offrent seulement un entretien avec Courrière, où l’on apprend certes beaucoup sur les conditions de montage du film mais où font cruellement défaut des documents historiques complémentaires.
NB : les ouvrages de Y. Courrière sont aujourd’hui regroupés chez Fayard en deux volumes avec index, photos et documents. Le premier volume parcourt les années 1954 à 1957, le deuxième concerne les années 1957 à 1962.
frederic grolleau La guerre d’Algérie Montparnasse vidéo, décembre 2001 Réalisateurs : Yves Courrière et Philippe Monnier Production : par Jacques Perrin et Jacques Barratier Montage : Sylvie Blanc Voix : Bruno Cremer, Jacques Charby, Jean Brassat, Francis Morane Musique : François de Roubaix Version remasterisée Pal, Zone 2 Dolby stéréo N & B 160 minutes Compléments du DVD :
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