Une réflexion originale sur ce qui différencie un être humain d’un extra-terrestre
Les yeux dissimulés derrière d’épaisses lunettes noires, un homme (Kevin Spacey) surgit de nulle part dans la gare centrale de New York. Se prétendant originaire d’une planète lointaine : K-Pax, il est arrêté par la police qui le conduit à la clinique psychiatrique de Manhattan. Le docteur Mark Powell, directeur de l’établissement, qui passe de longues heures à étudier ce patient atypique, maître en astrophysique, qui se fait appeler Prot, en vient peu à peu à se demander s’il n’a pas bel et bien affaire à un extra-terrestre.
Sur un canevas somme toute banale (Prot est-il un alien pacifique ou ne l’est-il pas ?) emprunté au romancier Gene Brewer, Iain Softley parvient à entretenir un suspense et une ambiguïté complets. Le réalisateur choisit de délaisser les effets spéciaux d’habitude surabondants dans les œuvres de ce genre - hormis la scène au décor surprenant (le Rose Center for Earth and Space sis dans l’enceinte du Muséum d’Histoire naturelle de New York) - pour se concentrer sur le face à face de deux hommes qui défendent âprement leurs convictions. On est alors davantage au sein d’une enquête psychanalytique que d’un film SF tonitruant, et la lenteur qui sied à la maturation de la pensée ne conviendra sans doute pas à ceux qui veulent de l’action pure. Reste que, outre la magnifique confrontation entre Bridges et Spacey qu’il nous offre, le réalisateur s’amuse avec talent à brouiller toutes les pistes.
Si on est plus ici du côté de Vol au-dessus d’un nid de coucou que de Men in black, K-Pax se veut - et est - une réflexion originale sur ce qui différencie un être humain d’un extra-terrestre. Il n’empêche que la pirouette psychanalytico-hypnotique finale (qui n’est pas sans nous rappeler l’affligeant délire de Pas un mot où Michaël Douglas campait un psy à 1 euro, même pas un dollar !) peut énerver les spectateurs qui apprécient qu’on tranche plutôt que de refuser de conclure. Dans tous les cas, Prot apparaît comme un individu énigmatique sur lequel les plus puissants antidépresseurs glissent, sans l’influencer, et qui donne plus d’une fois une belle leçon d’ironie quant aux préjugés les mieux enracinés. A cet égard, la scène où Prot fait une démonstration de voyage intersidéral devant de sceptiques sommités de la recherche américaine en matière d’astrophysique mérite d’être citée : sans bouger d’un iota après avoir déclaré qu’il allait se déplacer dans l’espace à la vitesse de la lumière, il affirme : "Vous n’avez rien Vu ? C’est normal." Le film entier fonctionne sur ce modèle. Avouez que c’est tentant, n’est-ce pas ?
frederic grolleau
K-Pax, l’homme qui vient de loin (K-Pax) Comédie de Iain Softlet (USA,2001) avec Kevin Spacey, Jeff Bridges, Mary McCormack, Alfre Woodard... (2h01) Format : 16/9 compatible 4/3 ; 2.35 Son : Français (DTS), Français (Dolby Digital 5.1) Sous-titres : Français,anglais Simple face Double couche Universal Bonus : Les commentaires audio du réalisateur ; les scènes coupées ; les fins alternatives ; la comparaison entre le Storyboard et la version finale ; le Making Of à travers les photos prises sur le tournage par Jeff Bridges ; la bande-annonce ; les suppléments DVD-Rom
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