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Inception (exposé CPES)

Publié le 16 Décembre 2012, 11:03am

Catégories : #Philo & Cinéma

 

INCEPTION

(exposé mr Bersi, CPES, 2012)


Extraits du film:
25min → 32,55min (Définition du rêve)

48,05min → 52min ( Mise en place du plan de l'inception pour insuffler l'idée à la cible)

 


Inception
est un film d'action et de science-fiction américano-britannique écrit, réalisé et produit par Christopher Nolan, mettant en scène Leonardo DiCaprio, Ellen Page, Ken Watanabe, Lilan Murphy, Joseph Gordon-Levitt, Marion Cotillard, Tom Hardy et Michael Caine. Produit par Warner Bros. Pictures, le film est sorti sur grands écrans le 16 juillet 2010 aux Etats-Unis et le 21 juillet 2010 en France.

Il reçut 4 Oscars en 2011 dont: celui de la meilleure photographie, du meilleur montage son, du meilleur mixage son et des meilleurs effets visuels.

 

Synopsis: Dom Cobb est un voleur expérimenté – le meilleur qui soit dans l'art périlleux de l'extraction : sa spécialité consiste à s'aproprier les secrets les plus précieux d'un invidu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu'il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l'univers trouble de l'espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d'avant à condition qu'il puisse accomplir l'impossible: l'inception. Au lieu de subtiliser un rêve , Cobb et son équipe doivent faire l'inverse: implanter une idée dans l'esprit d'un individu. S'ils y parviennent, il pourrait s'agir du crime parfait...

 

 Définition du titre: le mot « INCEPTION » en anglais signifie « origine ». Il s'agit du tout début de quelquechose, un commencement. Dans le cadre du film, l'inception c'est implanter une idée, une graine dans le subconscient d'un sujet, à l'endroit où il est le plus vulnérable, dans les couches profondes du rêve. L'idée se doit d'être simple et d'utiliser le langage de l'inconscient, les émotions et les symboles, pour prendre racine et par la suite influencer sur le comportement conscient du sujet.

 

La problématique relative au film est la suivante: Comment être sûr qu'il existe une frontière entre le rêve et la réalité ?

 Pour commencer j'aborderai les notions de subconscient et d'inconscient ainsi que celle du rêve et je m'appuierai sur des thèses de philosophes tels que Freud, Carl Gustav Jung, Platon, Aristote et Descartes.

Ensuite je définirai ce qu'est une idée, avec comme référence philosophique John Locke et L'Essai sur l'entendement humain.

 

  1. La définition la plus courante du rêve est la suivante: le rêve désigne un ensemble de phenomènes psychiques éprouvés au cours du sommeil. On nomme l'étude des rêves l'onirologie. Tous le monde a déjà eu cette sensation de ne pas se souvenir de son rêve, le souvenir est souvent lacunaire voire inexistant et il est très difficile de se les remémorer.

Définition du sommeil: Le sommeil est un état naturel récurrent de perte de conscience (mais sans perte sensitive) du monde extérieur. Il existe différents types de someils: -somnolence, qui correspond au stade de l'endormissement (baillement, réduction du tonus musculaire) -sommeil léger, sujet assoupi mais sensible aux stimulis extérieurs, soit 50% du temps de sommeil total. -sommeil profond, activités éléctriques très lentes, ralentissement des signes vitaux qui deviennent réguliers + sommeil paradoxal qui correspond à la période où surviennent les rêves ( environ 90 à 120min ).

 

Inconscient/ Subconscient

Les philosophes Leibniz et Arthur Shopenhauer considèrent qu'il existe un arrière-plan à la conscience. Freud dans Quelques remarques sur le concept d'inconscient en psychanalyse décrit la spécificité du concept d'inconscient. Il écrira deux topiques: 1ère topique, elle date de la science des rêves, entre 1900 et 1915. Il y a alors trois systèmes, l'Inconscient, le Préconscient et le Conscient, ayant chacun sa fonction, son type de processus, son énergie d'investissement et ses contours représentatifs. Entre ces 3 systèmes se situent des sas, des censures, dont la fonction est de contrôler le passage d'un système à l'autre. L'ordre de passage est toujours le même. La direction est soit "progrédiante" (Inconscient, Préconscient, Conscient), soit "régressive" (Conscient, Préconscient, Inconscient). Une représentation ne peut donc jamais passer directement du Conscient à l'Inconscient, ni inversement de l'Inconscient au Conscient. Le "noyau pathogène" est un noyau qui peut donner naissance à la pathologie. Il est formé par le refoulement mais il est là aussi dès l'origine, de façon phylogénétique. Chaque système est formé en couches, les souvenirs étant rangés autour du noyau pathogène, selon un ordre chronologique mais aussi logique. La prise de conscience (ou ré-intégration du souvenir inconscient dans le conscient) se fait selon un défilé qui franchit les censures entre Inconscient et Préconscient, et entre Préconscient et Conscient.

2eme topique, Elle est élaborée à partir de 1920. Elle comporte 3 systèmes, le ça (pôle pulsionnel), le Moi (intérêt de la totalité de la personne, raison + narcissisme) et le Surmoi (agent critique, intériorisation des interdits et des exigences). Pour expliquer l'ensemble des phénomènes mentaux, Freud en viendra à rajouter l'Idéal du Moi, très investit narcissiquement. La deuxième topique fait intervenir des conflits inter-systèmiques mais aussi intra-systèmiques. Dans l'ambivalence par exemple, il y a un conflit créé par la dualité pulsionnelle à l'intérieur d'un même système, le ça (conflit intra-systèmique). Par contre, l'Oedipe est un conflit inter-systèmique entre le ça et le Surmoi. La deuxième topique met ainsi l'accent sur la dépendance entre les systèmes. Elle permet de se rendre compte par exemple que la sublimation permet à la fois la satisfaction du Moi et la satisfaction des revendications pulsionnelles. La deuxième topique révèle mieux la façon dont le sujet se construit, et se perçoit.

 

Le subconscient correspond aux processus psychiques non accessibles au sujet conscient. Ces processus relèvent de l'automatisme (psychologie). Le subconscient provient d'un défaut de synthèse des éléments constitutifs du "champ de la conscience". Il résulte d'une désagrégation psychologique, ou dissociation, entraînée par une pathologie psychogène dont la plus fréquente est l'hystérie. Freud a utilisé le terme dans les Études sur l'hystérie (1895), il a ensuite récusé le terme et condamné son usage concomitant avec celui d’inconscient.

Le subconscient sous-entend tous les automatismes de l'esprit et du corps. Le fait de respirer sans y penser comme le fait de réagir à un stimuli extérieur sans y avoir pensé. Les pulsions issus de nos instincts sont du domaine de l'inconscient.
Le subconscient c'est, comme son nom l'indique encore, tout se qui se place juste "sous" la conscience et qui sont des automatismes acquis. C'est à dire des automatismes que l'on apprend, surtout dans l'enfance. Le fait, par exemple de craindre le feu parce que l'on s'est déjà brûlé sur une flemme est du domaine du subconscient. Le fait de s'éloigner n'est pas issu d'une réflexion consciente mais d'un réflexe conditionné par le traumatisme de la douleur.



Dans la première scène, Cobb explique le fonctionnement et les caractéristiques de l'esprit pendant un rêve à Arianne. “L'esprit fonctionne plus rapidement durant le rêve”. Cinq minutes dans la réalité correspondent à une heure de rêve. Explication rapide du subconscient et des projections ( personnages imaginaires qui peuplent les rêves mais qui en sont pas des personnes réelles qui agissent dans les rêves. Ni la personne qui fait le rêve, ni les personnes qui s'introduisent dans le rêve. Une projection sera un personnage créé en rêve donc le fruit de l'inconscient).

Suivant Platon, Socrate définit le rêve comme un lieu où les désirs honteux, réprimés le jour, se réalisent → Cobb est à la base un extracteur, récuperer les informations réprimées et enfouies dans l'inconscient. L'objet du film est de faire l'inverse, c'est-à-dire au lieu de récuperer les informations dans le rêve,Cobb et son équipe doivent semer une idée.

Aristote dans Petits traités d'histoire naturelle, considère les rêves comme un phénomène somatique lié au vécu de la journée.

Plus tard, deux écoles accorderont une importance à l'interprétation des rêves: la psychanalyse de Freud et la psychologie analytique de Carl Gustav Jung. Freud voit dans le rêve l'accomplissement d'un désir, affirmant que “l'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à l'inconscient “, d'où l'exploitation de ceux-ci par Cobb et son équipe dans le film.

Jung expliquera dans ses deux ouvrages L'homme à la découverte de son âme et Sur l'interprétation des rêves que la “ fonction générale des rêves est d'essayer de rétablir notre équilibre psychologique à l'aide d'un matériel onirique qui, de fçon subtile, reconstitue l'équilibre total de notre psychisme. Le rêve au développement de la personnalité en même temps qu'il lie le sujet au vaste réservoir imaginaire qu'est l'inconscient collectif “.



Le réel par opposition à idéel ou à illusoire est, ce qui existe effectivement et non pas seulement à l’état d’idée ou d’imagination. Le mot « réalité » désigne ce qui existe effectivement: une réalité, c’est l’ensemble des choses qui sont. Ou encore, le mot réalité du latin res, (la chose), désigne le caractère de ce qui existe effectivement, par opposition à ce qui est imaginé, rêvé ou fictif. Par conséquent, nous pouvons dire que le rêveur étant toujours en état d’imagination, ne peut savoir ce qu’est réel ou non ou même, nous pouvons dire qu’il fait partit d’un monde idéel, illusoire voir irréel. Le rêveur en rêvant ne distingue plus le vrai du faux, il ne sait pas si il est à l’instant même en train de rêver ou non: nous pouvons donc dire qu’il ne sait pas quelle est la vérité.

Cobb dans la scène dit à Arianne: “ Construire un rêve à partir de souvenirs c'est radical pour perdre toutes notions de ce que qui est réel et de ce qui est rêvé “ → Danger pour les personnes s'infiltrant dans les rêves. C'est pourquoi les personnages possèdent des totems, propres à chacun qui leur permettent de faire la part des choses entre rêve et réalité. Il s'agit d'un objet qui va être connu de la personne dans la réalité et lorsqu'elle est immergée dans un rêve. Le comportement de cet objet-totem sera différent dans les deux mondes. En fonction du comportement ou des propriétés observées sur le totem à un instant donné, son possesseur pourra ainsi s'assurer s'il se trouve dans la réalité ou non, afin de en pas perdre pied et de ne pas considérer un rêve comme la réalité. La personne qui possède un totem doit donc le connaître dans ces moindre détails: ressenti, poids et forme exact, matière et comportement « normal » dans la réalité. C'est pourquoi elle doit être la seule à le manipuler et le toucher. Si le totem d'une personne est touché par quelqu'un d'autre, cela le rendra inefficace et non fiable: « Il suffit que je sois trompé une fois pour l'être toujours » Descartes.



  1. Dans la deuxième scène, l'équipe va essayer d'implanter une idée dans l'esprit de la cible, Fischer Jr, l'héritier de l'entreprise énergétique à domination mondiale de son père qui est décédé. Une manière d'agir différente pour Cobb. Au lieu de voler des idées, des informations dans l'esprit de la cible, il va devoir y implanter une idée pour modifier la personnalité de la cible (idée qui est ici démanteler l'empire de son père). Chaque niveau de rêve correspond à une étape dans le processus d'intégration de l'idée dans l'esprit du sujet. Dix heures de voyages entre Sydney et Los Angeles pour inculquer l'idée dans son sommeil. Soit une période de dix ans dans le dernier niveau du monde onirique.

Définition de la représentation: une idée incomplète et provisoire de ce qu'est la vérité sur un objet donné. Cette notion de représentation est imagée par le mythe de la caverne de Platon pour aborder le sujet de la connaissance. Elle est un concept essentiel chez Schopenhauer et développe la pensée de Kant.

Dans Essai sur l'entendementhumain, John Locke étudie le concept d'idée. Toutes mes connaissances sont faites d'idées « tout objet que l'esprit aperçoit immédiatement » au sens large ou encore « quoique ce puisse être qui occupe notre esprit lorqu'il pense ». On peut résumer en deux questions leur analyse dans l'œuvre de John Locke:

-Comment se forment nos idées ?

-Quel rapport nos idées ont-elles avec les choses ?

Pour Locke, toutes nos idées dérivent en réalité de l’expérience de nos sens et de notre réflexion. S’il n’y a pas d’idée innée, comment donc formons-nous nos idées ? Locke formule sur ce point la métaphore de l'ardoise vierge (tabula rasa) pour décrire l'esprit humain avant son contact avec le monde. L’esprit ne contient donc aucun caractère, aucune idée. seule l’expérience peut être le fondement de nos connaissances . Les idées complexes sont une combinaison d’idées simples. Locke distingue trois types d’idées complexes.

Les modes sont des idées complexes qui ne subsistent pas par elles-mêmes, mais sont comme des affections des substances. Les modes se divisent à leur tour en plusieurs types:

les modes composés d’un seul type d’idées simples. Ce sont des modifications d’une idée simple: par exemple, deux est l’unité répétée. L’espace vient de l’idée simple d’étendue: c’est l’idée sensible élaborée de distance. La durée nous vient de l’idée de succession; le nombre, qui comporte une unité strictement déterminée; l’infini qui se forme par l’addition sans fin du fini.

Les modes de pensée: l’esprit perçoit une grande variété de ses propres modifications quand il réfléchit sur lui-même. On trouve la perception, la mémoire, l’attention, etc.

Les modes de la volonté: la puissance, la liberté comme puissance de commencer ou de ne pas commencer une action, de la poursuivre ou non. modes mixtes: ce sont des idées indépendantes que l’esprit joint sans que ces modes aient d’existence sensible réelle (ex: le mensonge).

L'idée pour Descartes est un objet de perception pour l'esprit, « l'image d'une chose » dira-t-il.

 

 

CONCLUSION:

 

Pour répondre à la problématique, paragraphe quatre des Méditations Métaphysiques de Descartes :

 

(§4) Toutefois j'ai ici à considérer que je suis homme, et par conséquent que j'ai coutume de dormir et de me représenter en mes songes les mêmes choses, ou quelquefois de moins vraisemblables que ces insensés lorsqu'ils veillent. Combien de fois m'est-il arrivé de songer la nuit que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit? Il me semble bien à présent que ce n'est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier; que cette tête que je branle n'est point assoupie; que c'est avec dessein et de propos délibéré que j'étends cette main et que je la sens: ce qui arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si distinct que tout ceci. Mais en y pensant soigneusement, je me ressouviens d'avoir souvent été trompé en dormant par de semblables illusions; et en m'arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point d'indices certains par où l'on puisse distinguer nettement la veille d'avec le sommeil, que j'en suis tout étonné; et mon étonnement est tel qu'il est presque capable de me persuader que je dors.

 

Citation de Morpheus, personnage de la trilogie Matrix: « As-tu déjà fait ces rêves Néo, qui semblent plus vrai que la réalité ? Si tu étais incapable de sortir d'un de ces rêves ? Comment ferais tu la différence entre le monde du rêve et le monde réel ? »

 

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