Hurl Barbe, Alice Crime

Entre illogisme pur et pied de nez revendiqué au sacro-saint réalisme du récit, Hurl Barbe livre une intrigue des plus complexes.

Etonnant ouvrage que ce PoPo. L’éditeur Ginkgo a en effet de décidé de faire paraître à nouveau, avec des illustrations de Michel Guérard, le premier (et le seul non ?) Polar Potentiel édité en 1979 chez Deleatur. Sous le pseudonyme d’Hurl Barbe l’auteur d’ Alice Crime commit chez Brigandine deux autres romans tout aussi déjantés (Pompe le mousse et Les Celtes mercenaires), mais revenons à notre mouton.

Ce qui frappe dans ce roman noir oulipien, c’est tout autant une histoire fantaisiste qu’un jeu perpétuel entre le code typographique et les attendus du lecteur en matière de roman policier traditionnel : autant d’éléments normatifs qu’Hurl Barbe s’amuse à démonter et à moquer en campant un écrivain soucieux surtout de meubler les pages pour son éditeur et qui n’hésite pas à numéroter ledites pages à l’envers et à produire un singulier désordre des chapitres.

Tant de maniérisme formel antimaniériste peut faire sourire, il n’en reste pas moins que l’objectif est atteint puisque, perturbé par la perte de ses repères habituels, le lecteur abandonne bientôt tout souci de cohérence dans le récit - ce qui passait a priori pour un requisit légitime -, hanté par la seule question qui vaille : comment tout cela va-t-il finir (pardon, commencer ) ? Entre illogisme pur et pied de nez revendiqué au sacro-saint réalisme du récit, Hurl Barbe livre une intrigue des plus complexes où le détective Duquel, shooté à l’Alka-Seltzer et enquêtant sur l’assassinat de plusieurs congressistes de science-fiction, poursuit contre vents et marées(chaussées), le serial Killer Machin, mort depuis belle lurette ( !), la clef de l’énigme pouvant bien être un appareil photo 24 x 36 qui sert d’instrument contondant...

A réserver à tous les amateurs de parodie atypique et de jeux de piste circulaires.