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Henri Loevenbruck, Le testament des siècles

Publié le 15 Juillet 2012, 13:12pm

Catégories : #ROMANS

Force est de constater que les terres du théologico-mystico-esthético-policier ont déjà été fort labourées.

 

Henri Loevenbruck est un auteur culotté, ce qui tendait d’emblée à me le rendre sympathique. Comment paraître en effet autre que culotté lorsqu’on prétend offrir au lecteur un énième thriller sur un message christique perdu au fil des siècles et faisant soudain, en même temps qu’irruption dans la vie du héros, Damien Louvel, l’objet de mille et une luttes entre factions rivales ? Que celles-ci soient émanation de l’Acta Dei (selon une filiation Opus Dei - Congrégation pour la Doctrine de la Foi) d’une part et du groupuscule international Bilderberg d’autre part ne suffit pas à insuffler à cet opus la marque du génie novateur - même si je reconnais que les informations sur Bilderberg sont très intéressantes, c’est-à-dire inquiétantes, et témoignent d’un beau souci de documentation de la part de l’auteur.

 

Mais j’ai eu beau faire en lisant ces pages enfiévrées qui proposent une interaction tonique entre la gravure Melencolia de Dürer et la relique de la pierre de Iorden servant de clef pour décrypter la Bonne Nouvelle promise par Jésus aux hommes, je n’ai pu m’empêcher par association de voir défiler d’autres titres sous mes yeux : Qumran, Le livre de Saphir, Genesis, Les enfants du Graal, Le mystère du saint-Suaire, Le Successeur de pierre, etc. Non pas d’ailleurs que Le testament des siècles mette, benoît, ses pas dans ceux d’aussi illustres aînés, mais force est de constater que les terres du théologico-mystico-esthético-policier ont déjà été fort labourées...

 

Bref, pas facile de s’imposer dans un tel contexte ultraréférencié, et Henri Loevenbruck s’en tire d’ailleurs plutôt bien, car il sait jouer avec humour de clichés lorsqu’il évoque les caractères marqués de ses deux protagonistes tout comme il puise dans les cybermatériaux afin de doper son propos d’un zest de contemporanéité pour faire la nique aux vieilles reliques poussiéreuses que les êtres de papier poursuivent depuis belle lurette en littérature sous l’égide des romanciers. Si donc j’adresse un reproche, c’est surtout au responsable éditorial de ce texte qui n’a pas dû le lire avec beaucoup de passion, laissant parfois dans des pages entières plus d’une dizaine d’adverbes et de participes présents, ce qui alourdit la structure d’ensemble. Sans doute y a-t-il également trop de dialogues dans ce thriller mais bon, il n’empêche que Le testament des siècles bénéficie de la veine fantastique où l’auteur a fait ses premières armes chez Bragelonne, ce qui contribue au fait que j’ai eu du mal à ne pas lire d’une seule traite les 150 premières pages, bien dosées en rebondissements et en informations historiques (ça, c’est un compliment).

 

Je conseille d’ailleurs au lecteur curieux le site dédié au roman et expédié manu militari par Flammarion en fin d’ouvrage, ce qui est assez paradoxal quand on sait que l’enquête menée par Damien Louvel (scénariste franco-new-yorkais paumé mais biker tendance hardrock) et Sophie la journaliste (bisexuelle mais bonne cuisinière et fine limière) a lieu en grande partie sur le net, grâce aux interventions d’un hacker des plus crédibles. Ça aurait quand même été pertinent que Flammarion joue la carte du Web en faisant paraître ce livre, non ? Ça, ça aurait été une vraie Bonne Nouvelle dans le monde éditorial.

   
 

Henri Loevenbruck, Le testament des siècles, Flammarion, 2003, 376 p. - 20,00 €.

 
 
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