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Frédéric Grolleau, Hieronymus - moi, Jérôme Bosch ou la vie du peintre des enfers

Publié le 25 Septembre 2012, 23:52pm

Catégories : #OEUVRES PERSONNELLES & Revues de Presse

L’auteur signe là son ouvrage le moins mauvais...

 

C’est d’une idée séduisante que procède l’ouvrage : il s’agit de faire parler celui dont on ne sait rien, sur le mode de la confidence, exhumée d’un manuscrit d’authenticité incertaine, comme une voix perdue jetant son écho par-delà les siècles. Le peintre Jérôme Bosch, qui a exploré le monde et ses enfers, les hommes et leurs envers, livre à un carnet intime ses aspirations, ses meurtrissures, ses convictions et ses failles. On revit ainsi à une scène traumatique, au cours de laquelle, lors de l’incendie de l’église de la ville, le tout jeune Hieronymus assiste mortifié à la calcination du corps d’une de ses amies. Son œuvre en sera marquée du sceau de la brûlure.

   

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Frédéric Grolleau signe là un opus intéressant, original, riche. Fidèle à son éclectisme se plaisant à conjoindre de nombreux genres, l’auteur livre par bribes non seulement des éléments d’introspection psychologique, mais encore des extraits de textes doctrinaux, des fragments d’esthétique, des recettes alchimiques, des minutes de procès, des fulgurations théoriques dont on ne perçoit pas l’unité. Glanés au fil de ses lectures, sans souci chronologique ni thématique, ces passages cités ne semblent réunis là que par leur obédience hermétique. Surtout, il apparaît chercher une cohérence et semble essayer de rompre avec ses travers insupportables, qui s’expriment sous la forme d’un vagabondage hétéroclite. Toutefois, trop souvent encore les révélations incisives côtoient le verbiage le plus insipide.

 

 

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En effet, Frédéric Grolleau a des qualités. Beaucoup. Sans doute trop. Erudit, intuitif, passionné, butineur, ratiocineur. Autant de talents qui semblent s’étaler d’abord sans ordre devant nos yeux. Pourtant, peu à peu, si l’on fait abstraction du fatras des extraits cités, le personnage prend quelque épaisseur, son ton et ses allures nous deviennent familières, en dépit des incertitudes d’une langue qui veut ressembler à l’ancien français…

On découvre en effet progressivement un homme, ses forces, ses faiblesses, ses travers, ses intuitions, l’occultisme qui le conduit à fonder un véritable mysticisme esthétique. La lecture des œuvres de Jérôme Bosch repose sur l’hypothèse de l’appartenance du peintre à une confrérie secrète, gorgée d’orgies et d’occultisme,  retrouvant une lointaine inspiration cathare. Ces hypothèses, développées respectivement par Jacques Chailley (Jérôme Bosch et ses symboles Essai de décryptage, Académie Royale de Belgique, 1978) et Lynda Harris (The secret heresy of Hieronymus Bosch, Floris Book, 1995), pour n’être pas originales, n’en sont pas moins légitimes, même si elles restent fragiles.

 

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Nous n’avons pas affaire à une grande œuvre. Elle n’en a pas moins des qualités, sinon du charme. L’auteur signe là son ouvrage le moins mauvais. Comme si, à force de nous secouer inutilement, il apprenait à nous bercer. Gageons que ses prochains ouvrages, nourris non seulement de ses lectures et de ses inspirations, mais surtout de sa verve narratrice, sauront trouver leur public.

 

christophe giolito

 

Plus d'informations et de complément sur le site de l'auteur

 

Frédéric Grolleau, Hieronymus - moi, Jérôme Bosch ou la vie du peintre des enfers ,
La Romania éditeur, 2010
190 x 270, couverture souple

15 reproductions en couleurs
224 pages - 25,00 €
ISBN 978-2-912243-02-7

 

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