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Fragment

Publié le 29 Août 2011, 11:00am

Catégories : #ROMANS

Un techno-thriller presque convaincant.

 

Ecologic Park ?

 

 

1791, la Royal Navy sillonne les mers du Sud depuis des années à la recherche du Bounty. Au cours de la chasse, le HMS Retribution aborde la côte inhospitalière d’une île inconnue. Une chaloupe est mise à l’eau pour remplir quelques tonnelets d’eau douce, mais la tâche s’avère difficile car une falaise s’oppose à la progression des marins. Profitant d’une faille dans la muraille, l’un d’entre-eux parvient au sommet, puis disparaît aussitôt, happé par une créature monstrueuse. Deux siècle plus tard, le Trident, trimaran d’exploration affrété par la production de Sealife, poursuit une croisière autour du monde commencée depuis quelques mois. Pour les producteurs de la célèbre émission, mi-docufiction, mi-reality-show, le concept est prometteur. Ils espèrent qu’en réunissant une quarantaine de personnes dans un espace confiné - des scientifiques, des techniciens et des marins...-, les passions se déchaîneront. Mais, la monotonie et le mal de mer semblent s’y opposer.
Heureusement, un signal de détresse émanant d’un îlot perdu dans le Pacifique relance l’intérêt d’une émission en proie au naufrage...

 

Ainsi se rejoignent, par delà les âges, les infortunes des hommes, marins, scientifiques ou fans de téléréalité, face à un miracle naturel sans précédent qui promet rien moins que de bouleverser l’avenir de la planète entière dont il est isolé depuis deux cents millions d’années : l’île de Henders est en effet le denrier « fragment » du monde perdu cher à Conan Doyle, un biotope ayant évolué en autarcie depuis le Cambrien et demeurant intact au grand dam des prétendues « évolutions » du monde actuel.
Cet écosystème hors du commun repose pour l’essentiel sur la prédation, et l’auteur ne se prive pas pour nous narrer par le menu toutes les spécificités, assassines autant que fantastiques, des immondes bestioles et plantes dont son roman enlevé et haletant fourmille de toutes parts - étant entendu que, pour survivre au fil des siècles dans cet enfer et honorer le struggle for life darwinien, elles ont dû multiplier des modes d’évolution inattendus, seuls à même d’assurer l’équilibre insulaire de Henders (le lecteur trouvera en annexe un plan de l’île et sa vue en coupe, des fiches consacrées à quelques-unes des monstres imaginés par Fahy, des informations plus précises étant accessibles sur son site).

 

Sans aller jusqu’aux propositions écologiques et politico-religieuses plus soutenues de la Pandore de Herbert et Ramson, Fahy a le mérite de nous offrir un techno-thriller qui déborde de rebondissements tout en distillant plus ou moins élégamment nombres d’informations biologiques (pafois philosophiques ?) stimulantes. Même si l’on regrette que la thématique de la précarité de notre niche écologique ne soit pas davantage développée ici, le privilège étant accordé à un scénario qui frise, on le déplore, plus d’une fois le cliché grotesque parce que pré-hollywoodien.

   
 

Frederic Grolleau

 

Warren Fahy, Fragment, J’Ai Lu, SF, n°9382, traduit de l’anglais (USA), science-fiction/thriller scientifique, septembre 2010, 504 p. - 8,40 €.

 
 
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