Sympathique délire sur la passion commune et l’inévitable guerre de tous contre tous qu’elle induit, une sorte de "Mary à tout prix" avec une touche plus violente.
Le McCool’s est un bar comme il en existe tant. Beaufs au comptoir avec cocktails qui tachent la rate, barmaid derrière le zinc qui fait le mariole en jonglant avec ses bouteilles... quand il n’absorbe pas des mélanges persos avec une ventouse à chiottes. Soudain une créature de rêve aussi filtrée que sexy traverse la salle, captivant Randy, le barman qui sert son cousin avocat, Carl. Or la belle Jewel Valentine est obsédée par un seul désir : une jolie maison de catalogue art-déco, avec une fontaine dans le salon et un DVD haute qualité.
Pour mener à bien ses fantasmes, elle va précipiter dans la catastrophe les deux hommes - puis bientôt l’agent Dehling dépêché au bar suite à un meurtre. Comme son nom l’indique, Jewel est un joyau de bouleversement et grâce à ses charmes, Randy va fondre tous ses boulons, son cousin verser dans le S-M et le flic (obèse) dans la mièvrerie monoréférencée. Il ne manque plus qu’un tueur à gage obsédé sexuel (rassurez-vous, il arrive), qui va craquer à son tour pour la rousse expertes ès galipettes toniques et le tableau est complet. En effet, le bonheur de l’installation de Randy et de Jewel tournant vite au vinaigre, le jeune homme se résout à appeler Mr Burmeister, un tueur à gages, pour arrêter les dégâts.
Sympathique délire sur la passion commune et l’inévitable guerre de tous contre tous qu’elle induit, Divine mais dangereuse se savoure comme un bonbon acidulé, une sorte de Mary à tout prix avec une touche plus violente. La mise en scène ironique et ravageuse dépeint les aptitudes de la middle-class à défier la légalité pour imposer ses rêves et ses valeurs. Un premier film déjanté, qui joue avec brio d’une structure en flash-back (chaque personnage se confesse à une « autorité » différente) et du thème de la femme fatale chez qui cynisme et opportunisme sexuel sont les deux mamelles de l’éclate permanente. Voilà un portrait des hommes (libidineux et alcoolos) comme des femmes (consommatrices en diable et fanas de gadgets dernier cri) qui ne redore pas l’Amérique des losers à la petite semaine. Harald Zwart produit là un film intemporel - réunissant au passage une bien belle brochette de talents (Liv Tyler, belle à se damner, Matt Dillon, John Goodman, Paul Reiser et Michael Douglas -épatant tueur à la banane et producteur du film par ailleurs) - qui fait mouche avec sa vision décalée d’un monde contemporain zarbi où les vices et les faiblesses n’attendent qu’un catalyseur style « mannequin égaré en tenue de chaperon rouge » pour se révéler.
La rencontre finale entre tous les protagonistes mâles amoureux et qui se massacrent plus ou moins tandis que jaillit la musique de « Village People » est un moment d’anthologie pure ! (osera-ton évoquer le nettoyage d’une voiture par une Liv Tyler en T-shirt mouillée illustrant ce phantasme atavique : Femme humide + bagnole = ivresse des sens ?) Ah, wonderbra, quand tu nous tiens ! En prime, les bonus offrent un court making-of où se succèdent interviews des acteurs, du réalisateur et des scènes prises sur le vif. A quoi s’ajoutent les répétitions des comédiens, les essais de look de Liv Tyler commentés par la costumière, 2 clips musicaux, les storyboards, 8 repérages commentés par le réalisateur, 5 scènes inédites dont la fin alternative, remodelée après la première projection car jugée trop pesimiste pour un film comique. Sérieux, vous attendez quoi ?
frederic grolleau Divine mais dangereuse Avec : Liv Tyler, Matt Dillon, John Goodman, Paul Reiser, Michael Douglas, Richard Jenkins Réalisateur : Harald Zwart Date de parution : 15 mai 2002 Éditeur : Fox Pathé Europa Titre Original : One Night at McCool’s Zone 2 (Europe, Moyen-Orient & Japon seulement) Bonus : Les coulisses du tournage Les répétitions des acteurs Les Storyboards Essai de Look de Lyv Tyler commentés par la costumière Les scènes inédites commentées par le réalisateur Les repérages commentées Les clips musicaux Les filmographies La bande-annonce Format plein écran et cinémascope
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