Un Bo Doï de grand cru pour inaugurer comme il se doit ce début d’année 2004.
Au menu du chef : mise en bouche avec un ch’ti dossier sur Mazan (Dans l’cochon tout est bon, Delcourt) ; entremets enlevé en la matière d’un entretien avec Neil Gaiman (auteur de la série Sandman) ; trou réunionnais avec des propos qui glacent les sangs recueillis par Vincent Ejarque auprès d’Olivier Appollodorus (pour sa très remarquée Grippe coloniale chez Vents d’Ouest) ; et succulent plat de résistance grâce au dossier de J.- P Fueri sur Le Tendre (et la reprise de la suite de la mythique Quête de l’oiseau du temps par Aouamri, le dessinateur de Mortepierre (Soleil) remplaçant un Lidwine qui a du mal à tenir les délais).
A tout cela s’ajoute en guise de dessert un dossier plutôt croquignolet sur l’état actuel du marché de la BD après une année 2003 qui a réservé quelques surprises. Faut-il alors, lorsqu’on a le bonheur d’être le commensal d’un aussi festif que roboratif banquet bédéique, quasi platonicien, faire la fine bouche parce que tel ou tel fromage (la prépublication de Thomas Silane ; un entretien avec les auteurs de Thomas Silane tome 1 chez Bamboo) ne nous ont pas paru à la hauteur du reste ? Oui, justement pour cette raison. Il faut dire que l’entretien en question, mené par Nicolas Pothier et intitulé de manière fort subtile Flash cordon ( ?), est l’exemple journalistique même de ce qu’il ne faut pas faire : questions basiques, relances inexistantes (quid du co-scénariste Patrice Buenda d’ailleurs ?) et oralités non retravaillées (" ça reste soft ", " et c’est eux qui ", " j’ai jamais vu " ; " " j’ai pas envie de " etc.) concourent à mettre en place un discours poussif, qui ne donne vraiment pas envie ! Tant qu’on y est, Silane ne marque pas de points, cette première prépublication offrant quelques fautes d’orthographe gratinées : " tu nous a trouvé " (page 1) ; " jusqu’où êtes-vous prêt à aller.. " (page 2 , répété 2 cases plus bas) ; " c’est moi qui ait mis... " (page 9) ; " méfies toi de ces bêtes furieuses... " (page 11), allez on arrête là.. Ils n’ont donc pas de secrétariat de rédaction chez Bamboo ? Les pôv !
D’où une question légitime, tiens : est-ce que la rédaction de BoDoï peut faire corriger les bulles des planches prépubliées dans le mensuel où de grosses entorses à la langue sont constatées lors de la réception ? En attendant la réponse d’une bonne âme, soulignons le plaisir renouvelé que constitue la lecture des livraisons du Livre des destins et de Cuervos, et optons pour un optimisme béat de bon ton en ce début d’année 2004 en ne faisant pas un mauvais fromage de tout cela. Après tout dans BoDoï c’est un peu comme le cochon : tout est bon... si on apprend à bien (y) regarder.
Bo Doï n° 70, janvier 2004. |
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