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Big Fish (exposé CPES)

Publié le 26 Décembre 2011, 09:40am

Catégories : #Philo & Cinéma

Big Fish (exposé CPES)

exposé de mr Mangau : BIG FISH (CPES, Saint-cyr, 2014) 

Diffusé le 3 mars 2004, Big Fish est un film réalisé par Tim Burton d'après l'adaptation libre d' un roman canadien « Big Fish, a story of mythic proportions », écrit par Daniel Wallace. Ce film raconte la vie d'Edward Bloom, un mythomane en mal d'aventures cherchant un sens à sa vie et racontant de belles histoires à tout ceux qui veulent bien l'écouter. Se fâchant avec William Bloom, son fils, lorsque celui ci découvre la vérité, les deux hommes restent en froid pendant de longues années. Lors de ses derniers moments sur terre le père fini par retrouver de la crédibilité aux yeux de son fils en lui transmettant son goût des mythes. Cependant, quelle est la place des mensonges dans la société? Sont ils justifiés? Et surtout, sont-ils nécessaires? En premier lieu, nous verrons que les mensonges servent à compenser un manque et qu'ils justifient l'orgueil, puis, que ceux-ci s'inspirent de la vérité, peuvent servir un dessein moral et s'affirmer au service des autres .

L'orgueil

Du début du film et tout au long de l'histoire, la fierté du père transparait: sa naissance, spectaculaire, ses faits d'armes sportifs, son mariage...Il attire l'attention de tous tout au long du film tout en se considérant comme un héros.

  1. La fierté dans l'orgueil

    Plusieurs fois au cours du film, le père fait étalage de ses talents, dans le seul but de susciter de l'admiration et une forme de respect. L'orgueil est ici employé comme une opinion exagérée de soi-même (par exemple, Edward Bloom se compare au dieu de la beauté, Apollon, devant sa belle-fille)

    L'orgueil est ici caractérisé par un besoin de reconnaissance, besoin de se sentir important mais aussi aimé, égal voir au-dessus des autres: Le père en s'imposant en tant que référence veut être reconnu, aimé pour s'affirmer face à la société.

    D'après Kojève, « l'homme n'est humain que dans la mesure ou il veut s'opposer à un autre homme, se faire reconnaître par lui[...]c'est de la reconnaissance par cet autre que dépendent sa valeur et sa réalité humaine

    La fierté est un sentiment par rapport à soi-même, c'est un sentiment de contentement: le père est satisfait de l'engouement provoqué par ses histoires et, par orgueil ne peut les renier, même face à son fils qui lui demande un peu de sincérité.

    L'orgueil est personnel et nécessaire pour progresser: sans orgueil, sans objectif, l'homme ne se dépasse pas.

Dans son besoin de s'affirmer, de créer une 'bulle de réussite' autour de lui, le père écrase non seulement ceux qui l'entourent, mais également son fils, qui se perd entre vérité et réel. En effet, Edward Bloom s'obstine à raconter ses histoires. C'est l'apparition de l'obstination dans l'orgueil

2) L'obstination dans l'orgueil

Dans le but de conserver sa fierté, le père nie toute contestations vis à vis de ses talents, c'est la raison du brouillage entre le père et le fils en effet, admettre des faiblesses lui semble inconcevable car elles ne sient guère au personnage qu'il s'est imaginé. Ce refus est nourri par l'orgueil qui mène à l'obstination consistant à ne pas croire, à réfuter en bloc toute opposition d'apparence logique ou non

Lorsque le père et le fils se brouillent, aucuns des deux ne souhaite revenir sur sa décision. C'est le déni par l'orgueil.

L'obstination est présente dans le préjugé. D'après Alain: « le préjugé est ce qui est jugé d'avance, il provient des passions et est engendré par l'orgueil qui conseille de ne pas changer d'avis. »

William découvre une autre forme de préjugé, celle de la société qui juge les contes comme obsolète et le pousse à renier les histoires de son père

 

Vérité

Edward Bloom se construit sa propre vérité et, lorsque son fils tente de discerner faits réels et fiction, ils se rend compte que les deux notions sont liées

  1. La place de la réalité dans les contes

    Les contes du héros se basent sur la réalité: tout les faits qu'il raconte ont été réalisés en partie mais paraissent plus mornes ou moins intéressant que des exploits contés. L'interprétation des faits construit la vérité personnelle ou subjective d'un personnage: Edward Bloom est un affabulateur, il finis par se persuader que ses histoires transformées se sont réellement déroulées, ce qui renforce sa crédibilité en tant que narrateur auprès de son auditoire.

Ceux ci se basant sur la vérité du plus grands nombre, ils n'expriment leur richesse qu'en fonction des sentiments forts qu'ils inspirent. En effet, les contes font appel à l'imagination et sont souvent plus attrayants que la réalité: tout ce qui sort de l'ordinaire fascine car ce fait concerne les idées.

Par exemple, l'on voit apparaitre des créatures fantastiques ( un géant, une sorcière....).

Dans ce film, tout ce qui concerne l'univers féerique raconté par Edward bloom est joyeux, fait rêver ceux qui l'entourent, ses contes bon enfant se détachent de la réalité, représentée dans le film par un univers plat, sans rebondissements ou finalement il ne se passe rien intéressant. Platon discerne le monde sensible, monde de l'apparence, de l'illusion et le monde des idées intelligibles, monde de la vérité ( les choses sensibles ne seraient que des copies imparfaites des idées et, en ce sens,possèdent un degré moindre d'être, de réalité

Les contes ont un message à faire passer. Dans ce film, et notamment lors de sa discussion avec un géant, Edward Bloom évoque son besoin d'émancipation et de reconnaissance. C 'est en quelque sorte, un moyen de dévoilement de l'être.

Lorsque Will était petit, ces contes étaient pour lui la réalité, en grandissant, la vérité de la société l'a fait sortir de ce monde merveilleux. Et cette vérité le pousse à renier les histoires de son père

Les contes et les mythes sont les fruits des idées, de l'imagination. La force de l'imagination est telle chez Platon qu'il crée des mythes comme l'ont fait les poètes primitifs

2) En quoi les contes surpassent-ils la réalité?

Pour Kant, la connaissance est relative au sujet connaissant, il y aurait autant de vérités subjectives, personnelles que de gens. Cependant, par la communication nous élargissons notre cercle de vérités: « La communication nous permet de dépasser notre singularité en nous dévoilant la vérités d'autres existences.» ( Jasper). Nous découvrons ainsi d'autres façons de penser, c'est ce que constate Will lorsqu'il découvre la cabane aux trésors de son père où ce dernier entasse tous ses trophées, vestiges de ses faits d'armes ) ce qui l'amène à réfléchir sur la façon de présenter des faits réels ( son père n'est pas un imposteur). Ce passage pourrait légitimer la présence des contes dans nos mémoires (mêmes déformés, les histoires sont plus appréciées contées...)

Les mensonges s'imposent parfois d'eux même dans nos esprits en ce sens où, lors d'une action négative, nuisible envers la société, une tentative de minimisation des faits est imposées par la conscience pour se préserver, dans cette optique, les mensonges paraissent plus vrais que la réalité: par exemple, dans ce film, lors d'un braquage de banque, Edward Bloom justifie son action par manque de choix et minimise les conséquences (de toute façons, il n'y avait rien à voler.) Nous pouurrions aussi dire que le mensonge est nécessaire pour vivre: dire toute la vérité aux gens les blesserait et serait considéré comme un acte mauvais. Cela légitime une part des mensonges dans les contes et les raisons pour lesquels ils sont préférables à la réalité.

Un autre argument en faveur des contes qui surpassent la réalité, pourrait se résumer comme ceci : les histoires fantastiques fascinent et sont plus facilement retenues que les faits bruts sans dentelles qui sont rapidement classés comme anodins: Dans le film, plus personne à par le médecin de fammillle ne se souvient que le père de Will était partis en mission commerciale, mais tous le mondes est persuadé qu'il était en train de pécher un poisson légendaire. Les vérités sensibles finissent par s'estomper, les contes sont véhiculés et préservés.

Les histoire du pères sont également un moyen pour s'évader un peu de sa vie et se construire un monde parallèle, loin de la cruauté du réel ou l'homme ne peut satisfaire tout ses désirs. Ici, dans ses contes, Edward Bloom est le personnage principal, rien ne lui est impossible ou interdit. Cette logique l'aide à valoriser la place des contes par rapport au monde réel ou ses désirs se plient à la volonté de la société; C'est une sorte d'accomplissement du « ça », ou de la volonté inconsciente qui le pousse à raconter ses histoires

Les contes servent un intérêts: le sien. Ils expriment une sorte de névrose(pulsion de réussite réprimée...)En quelque sorte, il invente des histoires pour son propre intérêt, pour satisfaire son besoin d'attention. Quoi qu'il en soi, ses réçits extraordinaires fascinent de part leur différence avec le réel et leur rattachement à la vérité universelle. Enfin, selon Platon dans Phèdre, un bon conteur sait concilier le beau, le vrai et le le bien. Ici, c'est une forme de vrai au service du bien !

 

La morale et la justice

Les mensonges n'empêchent pas une certaine morale dans le personnage d' Edward Bloom. La morale concerne les règles sociales, les mœurs établies dans une société. Dans cette histoire, la morale et la notion de justice occupent une certaine place. Nous étudierons en premier lieu la place de la justice, puis, de la morale dans ces contes

1) La justice

Déformer avec parcimonie la réalité n'exclut pas l'existence d'une certaine justice: La plupart des actes d' Edward Bloom suggèrent une certaine justice et vertu morale.

La justice donne à chacun ce qu'il mérite. Dans ce film, le sens de la justice est assez pointu, bien qu'un peu orienté en faveur du héros, par exemple, nous pouvons citer l'exemple de Don Price, rival d' Edaward en amour, qui décède brutalement, des suites de sa méchante humeur. De plus, lorsque qu' Edward Bloom, accepte de travailler en échange d'un renseignement, il tient sa parole et obtient ce qu'il désirait savoir. Dans ces deux cas, nous pouvons constater une certaine justice du travail: nous obtenons ce que nous méritons.

La justice maintient chaque chose à sa place: par son travail et son dévouement auprès de ses proches, le héros mène une vie apparemment heureuse

La justice est également la vertu de la relation aux autres: nouer des relations amicales et faire en sorte de respecter ses engagement et œuvrer en faveur de la justice favorise les relations avec les autres

D'après Hume, la justice se fonde sur l'intérêt personnel, on peut le constater lorsque le héros s'enrichit en tant que commercial (espérer une certaine justice en ce sens ou l'investissement fourni ne soit pas inutile, rapporte une compensation c'est une conception à l'échelle de l'individu)

La justice peut se dissimuler sous bien des formes, par exemple, la vie d' Edward Bloom peut sembler injuste en ce sens ou ses histoires ne favorisent que lui et ses amis sans parler de sa famille, en réalité, c'est un acte moral visant à les préserver des regards des autres, pour les « isoler » et les « protéger ». La vertu morale s'exprime également dans ses histoires lorsqu'il dénonce les torts que subissent se proches (le géant signe un contrat de travail abusif qui n'échappe pas au héros

2) La morale

La morale transparaît dans les devoirs que s'impose Edward Bloom dans ce film, par rapport à lui même, mais aussi aux autres

La morale dans le devoir est inconditionnée, se détache des choses sensibles. Le devoir s'impose ici comme un impératif catégorique, une obligation: William découvre que son père a un certain sens du devoir, par exemple, lorsque ce dernier, décide de sauver une ville qui représente son idéal, il réunit les fonds, achète la totalité de celle-ci, puis, fini par la rénover entièrement.

La morale, personnelle, vise à atteindre le bonheur. Dans ce film, le héros, se considère droit et intègre envers les siens: lorsqu'un de ses amis lui tend un pistolet dans une banque, celui-ci s'en empare et trouve normal d'aider un ami qui lui demande son aide ce qui en retour ,lui apporte donc une vie paisible. Son affection pour cet ami l'empêche de l'envoyer en prison, et cela constitue à son échelle, un acte moral.

La morale est universelle et sensée être présente en chacun de nous. Cela est exprimé dans le film, lorsqu'un gérant de cirque dans lequel travaille Edward, qui apparaissait comme tyrannique, se révèle en réalité gentil mais renfermé « je m' aperçu que des gens que l'on pensait méchants étaient en réalité très seuls ». En réalité, cette personne n'est pas dénuée, de morale, mais elle vit dans une autre bulle, qui l'isole du monde extérieur.

La morale utilisée ici, l'est dans le but de protéger ses proches pour les rendre heureux. De plus, étant liée aux principes elle s'exprime par une loyauté en vers ses proches qui sont toujours la pour lui: lorsqu'il a besoin d'argent, il en reçoit, lorsqu'il meurt, tous sont présents à son enterrement. (loyaux jusqu'à la mort).
 

 

Autrui

Dans ce film, les « autres » apparaissent selon différentes formes: concurrents, amis ou, tout simplement neutres (sans volonté apparente). Quoi qu'il en soi, Edward Bloom sait exploiter leur désirs et les placent dans ses contes. Avec une certaine retenue en ce qui concerne sa famille, dans le but de les garder pour lui, mais aussi dans celui plus discret, de les protéger...

1) Le mensonge me distingue des autres

Le mensonge permet de combler, voir de renforcer la différence avec les autres: Lors d'un passge du film montrant la jeunesse d'Edward, on constate que celui-ci se considère comme un héros des histoires d'enfants: le plus fort, le plus intelligent... ces histoires servent sans doute à compenser quelque chose ou à se sentir apprécié des autres,

Le regard des autres nous apprend que nous ne sommes pas seuls, que nous ne sommes pas le centre du monde. D'après Hegel: « Autrui me vole mon monde ». Pour ne pas laisser apparaître cette vérité, Edwaard Bloom se constitue en tant que personnage central de ses histoires autour de qui tout tourne.

Nous avons besoin du regard des autres(relations entre sujets) pour avoir un élément de comparaison, car sans cet élément nous ne pouvons pas évoluer, même prendre conscience de notre valeur: Les concurrents du héros sont nombreux dans ce film, mais ce dernier se place toujours au dessus d'eux!

La lutte des consciences provient du fait que chacun tente de considérer l'autre en objet, aboutissant à une sorte d'équilibre entre les forces. Ici, cet équilibre est faussé par les mensonges du personnage principal : Edward Bloom, celui-ci se considérant comme supérieur, les autres ne sont que moins brillants que lui, ou tout simplement inexistants( la plupart des personnages qui peuplent son récit son des marionnettes qui agissent comme des « intelligences artificielles » de base..

Autrui considéré comme un être humain pose des problème d'éthique: jugeant par rapport à soi-même, Edward se rend compte que certains partagent ses valeurs. Il en fait donc des amis (exemple du poète qui vante ses talents mais qui en réalité est incapable de produire plus de 3 vers en 12 ans)

Du regard des autres, s'établit une hiérarchie. Ce « regard » passe par la parole: pour améliorer l'image que les gens auraient de lui, Edward Bloom se sent obligé d'améliorer les faits.

2) La place de l'amitié dans le mensonge

Notre regard n'est jamais objectif et nous établissons des préférences. C'est ce que le héros fait en partie dans le film lorsqu'il choisit ses amis: en effet, ceux-ci ont tous des carctéristiques hors du commun, ce qui lui permet de les placer sans problème dans se aventures. En fait, ce personnage déteste tout ce qui se rapporte au monotone.

Le mensonge dans l'amitié détériore celle-ci s'il est utilisé trop souvent, pour dissimuler des faits trop importants. Cela dit, ce personnage reste relativement honnete avec ses proches(d'après sa conception ) et ne tente de mentir avec eux que lorsque cela s'avère nécessaire (lorsque son fils lui demande des histoires extraordinaires, ou qu'il veut mettre en avant l'un des talents d'un de ses amis....)

L'utilisation du mensonge pour des intentions nobles (protéger son fils, lui donner des histoires qui le font rêver...) peuvent renforcer l'amitié ou l'accroitre: Lorsque William découvre que son père racontait toutes ses histoires pour que son fils soit fier de lui, se sente en sécurité, et non lui mentir et l'induire en erreur, il comprend que ce lien était tellement fort qu'il décide de « reprendre le flambeau » ( raconter des histoires à son enfant qui va naitre).

Enfin, le mensonge peut être utilisé pour d'autres raisons, telles que plaire, faire plaisir et, de façon plus générale améliorer les relations avec les autres: toute sa vie Edward Bloom est bien considéré par les gens qui l'entourent....

 

Conclusion

Dans Big Fish, le héros ment en s'inspirant de la réalité et des points de vues des autres personnes dans le but de faire plaisir à un plus large public en satisfaisant leurs envies d'histoires fantastiques.

Ceci n'est pas anodin, car il sert son intérêt personnel en même temps, mais, le spectateur découvre finalement que ces mensonges cachent une certaine morale et qu'ils servent des intentions louables révélant la vraie nature du personnage qu'est Edward Bloom. Ce film tend à démontrer que les mensonges font partie intégrante de la vie mais que, trop utilisés, ils deviennent dangereux vis à vis d'une vie sociale aboutie

 

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