Ambiance sea, sex and ennui.
Deux sœurs. L’une, Maria, qui a le charme de ses quinze ans et connaît ses premiers émois sexuels, l’autre, boulotte, Anaïs, de trois ans plus jeune, qui est la spectatrice des émois de son aînée. Cet éveil aux sens, à la chair de l’autre et à sa violence se met en place sur fond de vacances d’été. Ambiance sea, sex and ennui. Il suffit d’un bel étudiant italien, Fernando, pour faire chavirer le corps de Maria et le cœur d’Anaïs. Tandis que les parents des jeunes filles ferment les yeux sur une relation tout sauf platonique, la benjamine qui vit retranchée derrière son corps comme derrière ses illusions « tient la chandelle » avec opiniâtreté, accomplissant ainsi sa propre éducation sexuelle par procuration...
Retracer la découverte par deux adolescentes des appétits corporels, évoquer la perte de la virginité féminine et la rouerie masculine, pourquoi pas ? Mais en sait-on vraiment plus sur le Désir après avoir médité les thèmes d’ A ma sœur, rien n’est moins sur. Là où Romance s’imposait, quête féminine d’une sexualité au-delà du stéréotype romantique, A ma sœur a beaucoup de mal à convaincre. Que le plaisir puisse être violent, on le savait déjà. Que deux soeurs que tout éloigne apparemment puissent se rapprocher à l’occasion des conseils qu’elles s’échangent en matière de sexualité, tout cela est montré ici avec justesses. Mais qu’un tel cheminement s’égare plus souvent qu’à son tour dans la caricature (ah ! ces parents bourgeois "has been", ah ! ce vil séducteur apôtre de la sodomie !) et qu’une fin aussi gratuite que confuse achève de nous laisser perplexes, c’est ce à quoi Catherine Breillat ne nous avait pas habitués.
La réalisatrice, fine rhéteuse par ailleurs, donne pourtant dans les bonus un entretien élaboré quant à l’essence du film, ses attentes et ses impossibilités. Las ! il semble que l’auteur de Pornocratie, en dépit de la finesse coutumière de ses analyses, se soit aveuglée quant à la limpidité de son propos. Innocence et perversité devront attendre encore un peu avant d’être déflorées pour de bon.
frederic groleau A ma soeur Editions Montparnasse, janvier 2002. 90 mn Réal : Catherine BREILLAT Acteurs : Anaïs REBOUX (Anaïs), Roxane MESQUIDA (Elena), Libero de RIENZO (Fernando), Arsinée KHANJIAN (la mère), Romain GOUPIL (le père).... Scénario : Catherine BREILLAT Images : Yorgos ARVANITIS AFC Son : Jean MINONDO Mixage : Vincent ARNADI Montage : Pascale CHAVANCE Bonus Catherine Breillat parle de son film (10 minutes) Les coulisses du tournage (6 minutes) Bandes annonces
|
Commenter cet article