Exposé de Mr Péan de Ponfilly : A armes égales
de Ridley Scott
Synopsis et présentation.
Ce film de Ridley Scott, sorti en 1997 sous le nom original de GI Jane raconte l’histoire d’une jeune Lieutenant de Vaisseau nommé O’ Neil.
Topographe dans la marine, elle veut intégrer une unité de combat. Grâce à l’appui du sénateur Lilian, elle est autorisée à passer à titre expérimental les tests du concours des navy seals, unité des plus importantes dans les forces spéciales US. En effet, elle correspond à ce qui serait l’une des composantes du service action français.
Outre les défis physiques et psychologiques, elle va devoir apprendre à vivre dans ce monde ô combien militaro machiste, sous les insultes, les provocations et les discriminations. Mêlée à ce monde des forces spéciales et dans un complot politique, elle va devoir se forger une image et une réputation pour survivre au milieu des commandos de marine.
Loin d’être un film pro-féministe, ce film nous explique comment un soldat doté d’une mauvaise réputation a pu réussir uniquement en étant simplement un très bon soldat.
Problématique : Ainsi nous pouvons nous demander quelles grands axes philosophiques servent de fil rouge à ce film et quels sont les grands concepts qui y sont développés.
Les grands axes.
1- perception
2-interprétation
3-la politique
4-la justice et le droit
5-la morale
6-la liberté
7- le devoir
Perception.
Dans ce film, nous avons un aperçu de la manière dont le Lieutenant de Vaisseau O’ Neil est accueillie par les seals . La notion de perception est omniprésente dès le début de ce film. Rappelons-nous que la perception est le contenu sensible de la conscience. C’est un des types de représentation du monde - le plus immédiat peut-être - par la conscience. Voir, entendre, goûter, sentir, toucher sont les 5 manières de percevoir. On utilise souvent le mot de perception pour parler de la faculté de la percevoir c’est à dire la sensibilité.
Ainsi cette personne arrivée dans un camp d’entraînement attire la curiosité, la méfiance etc. ...
cf. texte Phédon annexe 1
L’interprétation ;
Après avoir été perçue par les soldats, la vision de cette « personne » qui vient perturber la ’’paisible ‘’ vie régimentaire est interprétée sans plus attendre.
Rappelons que l ‘interprétation est le fait de passer du signifiant au signifié, c’est esquisser le ou les sens d’un texte ou d’une situation. Du latin
Interpretare : expliquer traduire. Cependant le sens qu’ils en tirent est-il sûr ou arbitraire?
Comment être sûr que cette interprétation soit objective n’étant pas désintéressée?
La politique.
Maintenant nous voyons que le jeu de politique est omniprésent dans ce film. En effet il met en évidence un complot politique basé sur l’ambition politique. Nous pouvons nous rappeler qu’en tant que champ de
Réflexion, la politique est l’ensemble de ce qui concerne l’organisation de la vie en collectivité des hommes. En tant qu’activité, la politique est l’art de
gouverner. Cependant, la politique est censée être désintéressée ou du
moins dans l’intérêt du peuple. Ainsi, le pouvoir est-il ici pour le bien de la liberté des femmes ou pour asseoir son pouvoir personnel. A fortiori, le film nous démontre que les intérêts du sénateur passent avant la carrière d O’Neil. Nous voyons bien que les apparences sont trompeuses et que sous couvert de bienveillance, elle ne vise que son pouvoir personnel.
Cependant la fin du film semble nous montrer que la justice termine par triompher.
Si la justice sous son sens spécifiquement légal est le but de la recherche d’égalité et d’équité, elle s’oppose à l’injustice qui est le décalage entre ce qui est et ce qui, d’après un principe supérieur devrait être.
Il y a dans la justice l’idée d’un équilibre, d’une juste mesure entre les hommes. La justice s’oppose à la vengeance qui est individuelle mais où chaque individu peut se regrouper en troupeau comme ici, et elle est souvent disproportionnée. Nous voyons ici que leur soif de "justice" les mènent aux pires extrémités.
Aussi grâce aux efforts de cohésion qui rythment les journées du régiment la justice n’est pas semblable à l’équité, l’une remet à chacun selon son mérite et l’autre remet la même chose à tout le monde.
Ensuite, un nouvel aspect se dégage: la morale et le devoir.
La moral et le devoir.
Au sens courant, le devoir est ce qu’il faut faire. Cependant, il peut être le produit d’une contrainte extérieure. Au sens philosophique et au sens où l’entend l’armée, ce sentiment est censé être produit par le sujet lui-même. C'est ce sans la réalisation de quoi, le sujet se considérerait comme en dehors de lui-même. Ainsi le Lieutenant de Vaisseau a du mal à voir où est son devoir : partir ou rester.
Néanmoins, lumière nous est faite sur l’idée que ce sentiment de devoir crée des conflits internes au sujet. (où est mon désir ? où est mon devoir ?).
Ainsi, nous voyons qu’accomplir son devoir est dans le film un moyen de résoudre le conflit interne de cet officier.
De plus nous le devoir est doublé de la moral qui est la réflexion sur le bon comportement.
Ainsi, la moral qui est censée être le bon chemin ne va pas forcement dans le sens d’une chose qui lui était très chère : l’esthétique. Ceci nous est montré dans la scène chez le coiffeur où, pour accomplir pleinement son devoir en conscience, elle abandonne ce qui pourrait l’empêcher d’atteindre son but.
Enfin nous le concept idéal réel est omniprésent dans ce film.
Concept idéal réel.
Nous pouvons voir au fil du film que le concept idéal réel est omniprésent.
En effet, nous nous rappelons que l’idéal est l’idée la plus parfaite que l’on se fait de quelque chose ou de quelque un. Le réel au contraire est ce qui existe dans les faits. Ainsi nous pouvons rapprocher l’idéal à l’utopie (cf. Thomas Moore ). De plus, il semble exact par définition que la perfection s’oppose au réel.
Dans le film de Riddley Scott, nous voyons l’idée que se faisait O’ Neil avant de rentrer chez les commandos et la réalité des faits.
Durant l’exposé nous avons remarqué que cette idée se rapproche de celle de Platon qui parlait du monde réel et du monde des idées. Pour lui, le monde réel change sans cesse, le monde des idées, lui, ne change que très peu. Nous pouvons d’ailleurs nous demander si Platon ne serait pas aller au bout du raisonnement. En effet nous remarquons que la conscience parfaite du monde réel semble impossible, même si le personnage passe du monde des idées au monde réel par le vécu de conscience qu’est son entrée dans les commandos, lui montre le monde réel. Cependant sa conscience du monde réel n’est pas tout à fait complète ni parfaite car étant basée sur les sens la conscience peut être falsifiée par une mauvaise interprétation de se que nous montrent les sens. Ainsi, le monde réel représente après ce vécu de conscience ne serait toujours pas exacte et même une fois le pas franchi resterait dans le monde des idées.
Conclusion.
Nous avons pu voir au fil de cette réflexion que ce film à première vue simple film d’action, revêt un caractère beaucoup plus grand. En effet, il aborde de nombreux sujets et concepts philosophique, qui portent notre attention bien au-delà de l’intrigue. Ce film par sa profondeur pourrait se targuer de plonger le publique dans une réflexion sur le film en-soi et sur les plus grands points de la philosophie concernant le monde militaire et toutes ces répercussions qui en découlent sur notre vie civile…
Annexe 1
Un Texte montrant que la perception est trompeuse :
De Platon dans Phédon
« ……La démarche consistant à examiner une chose au moyen de la vue est toute remplie d’illusion et remplie d illusion aussi celle qui sert des oreilles ou de n’importe quel autre sens ; elle (la philosophie) persuade l’âme de prendre ses distances, dans la mesure où il n’est pas absolument indispensable de recourir aux sens. »
Platon, Phédon
Annexe 2
Au contraire dans le texte suivant nous pouvons voir la thèse contraire.
Dans : Critique de la raison pure. De Kant.
« Si toute notre connaissance débute avec l’expérience cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fut un compose de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre pouvoir de connaître (simplement excité par des impressions sensibles ) produit par lui-même. »
Annexe 3
Le texte d Aristote dans Politique a pour objectif de traiter de la politique et de la justice.
« Quand on veut y regarder de près, il peut apparaître sans doute fort extraordinaire que la fonction de l’homme d’état consiste dans la possibilité d’étudier les moyens de s’assurer la domination la plus absolue sur les peuples voisins, que ces peuples le veuillent ou ne le veuillent pas. Comment pareil office peut-il être celui d’un homme d’état ou d’un législateur, alors qu’il n’est même pas légitime ? Or n’a rien de légitime une autorité qui s’exerce non pas avec justice seulement, mais encore avec une justice ;…..
Néanmoins, la plupart des hommes semblent penser que l’art de gouverner despotiquement est l’art de l’homme d’état et cette sorte de gouvernement que chaque peuple déclare injuste et désavantageux pour lui-même, il ne rougit pas de l’exercer envers les autres, car si dans les affaires qui les intéressent personnellement, les hommes réclament une autorité respectueuse de la justice, dans leurs relations avec les autres ils n’ont aucun souci de ce qui est juste. Mais c’est la une position absurde.
Annexe 4
Réponse aux deux questions posées à la fin de l’exposé et non répondues à ce moment :
A) Pourquoi un fait est un fait et non pas un évènement ?
Une même réalité peut être un fait ou un évènement, cela dépend du degré de généralité sur lequel on veut se baser : le fait relève du savoir - dans le film l’instructeur dit que c’est un fait que 60% des stagiaires ne vont pas réussir, il sait que cela se passe ainsi à chaque fois -. L’évènement en est la subversion - discrédit renversement - le savoir ne côte pas. Par exemple, les gros poissons mangent les petits est un fait. Si on dit le petit poisson a mangé le gros, cela devient un évènement.
B ) Différence entre morale et éthique militaire.
Ces deux mots, moral et éthique, ont la même racine grecque : ethos, qui veut dire mœurs, attitude, manière d’être.
La morale est la réflexion sur le bon chemin à suivre, sous forme d’obligations (tu ne tueras point )
Par contre l’éthique, elle, est plus basée sur le conseil. Nous pouvons voir ceci dans l’éthique du soldat du général Royal où il est écrit que le soldat peut tuer en préservant la Vie.
L’éthique peut être vue comme une application dans le concret de la morale en tenant compte des réalités, ici de la guerre.
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