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Bouncer tome 6

Publié le 12 Octobre 2008, 17:16pm

Catégories : #BD

Une plongée terrifiante dans les abysses de l’Ouest américain...

 Au royaume des vilains à deux mains
le bon manchot dandy est roi

 

L’heure est venue du retour de Bouncer Van Dorman et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ex bourreau manchot de Barro-City devenu le videur du saloon l’Infernio tient la dragée haute à toutes les gueules cassées du Far West. Après tous les tracas rencontrés dans le premier cycle où il a plus d’une fois failli laisser sa peau, le métis doit maintenant prouver aux Indiens qu’il est, par sa filiation paternelle, le digne gardien de leur sanctuaire. Ce n’est pas le moindre tracas de l’album qui regorge de crapules et canailles en tous genres, à commencer par le peu scrupuleux Axe-Head - qui doit son nom au fer de hache qui orne le coin de son crâne et qu’il ne peut retirer sans riquer de mourir - flanqué de ses cinq enfants, déjà meurtriers dans l’âme. Participent également à la saga Carolyn Harten, une veuve acariâtre assoifée de territoires apaches et l’officier de l’armée de l’Union, Callagher, prêt à tout pour se remplir les poches.

Tandis que l’intrigue se resserre autour de l’arrivée d’une nouvelle institutrice, Jodorowsky et Boucq signent avec ce western tragique un opus maîtrisé où la bassesse des personnages n’a d’égale que la beauté des paysages cadrés en panoramas magistraux. De manière encore plus efficace et rugeuse que dans les précédentes aventures du héros, ce sixième volet de Bouncer invite à une plongée terrifiante dans les abysses de l’Ouest américain : quand terreur et violence riment avec poussière, Jodorowsky et Boucq s’amusent à faire de l’ombre à Blueberry et renvoient Chinaman au vestiaire des chenapans.

 

 

 

Personne à Barro-City n’échappe à la condamnation sans appel qui règne dans ces pages ; tous, femmes, enfants, estropiés du coeur ou du corps, bandits de grand chemin, sont les tristes pantins qu’agite le noir vent du Destin. Pas facile dans ces conditions de témoigner d’une once de libre arbitre, soit d’humanité, quand les monstres sont partout !

 

 

Cette poétique de la déréliction signale combien l’homme est petit face à son environnement et Boucq immense dans le monde du dessin réaliste. Si vous cherchez un univers sauvage "impitoyable" à la Eastwood où la compassion a fait ses valises depuis longtemps, avec le Bouncer vous êtes chez vous ! Que l’on nous permette d’ailleurs d’observer cela : que les Humanoïdes Associés, actuellement en redressement judiciaire, puissent permettre à des auteurs de publier un tel travail est bien le signe de la qualité et de l’intégrité de cette maison à qui l’on souhaite de sortir très vite de l’ornière où elle s’est enlisée.

  frédéric grolleau
 
 

PAlejandro Jodorowsky et François Boucq, Bouncer - Tome 6 : "La veuve noire", Les Humanoïdes Associés, 2008, 56 p. - 12,90 €.

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