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HLP - 1ère : Holbein, "Les Ambassadeurs" (1533) : le reflet d’une époque

Publié le 13 Février 2024, 05:49am

HLP - 1ère : Holbein,  "Les Ambassadeurs" (1533) :  le reflet d’une époque

Exercice : Analysez le tableau à la lumière du cours HLP sur "Les représentations du monde".

 

En plus d’être un portrait, Les ambassadeurs est aussi une nature morte, une peinture comportant de nombreux objets méticuleusement rendus. Le tableau d’ Holbein est particulièrement impressionnant en raison de son extraordinaire attention aux détails et de la quantité d’informations qu’il contient. Cependant la présence d’une tête de mort représentée en biais montre que ce tableau appartient au genre des vanités. La vanité est une catégorie de la nature morte. Elle désigne une œuvre représentant différents éléments symboliques dont l'association évoque le caractère éphémère de la vie et la fragilité des choses matérielles. Le procédé qu’utilise Holbein pour représenter cette tête de mort est l’anamorphose. C’est une image volontairement déformée mais lorsqu'on la regarde sous un angle particulier ou à l'aide d'un miroir, on peut la voir en sa totalité. Dans ce tableau, la représentation d’un monde nouveau apparait.  Ce tableau est le reflet d’une représentation d’un monde,  un monde à conquérir avec des empires à une échelle mondiale qui se forment et luttent pour étendre leurs conquêtes. La nouvelle religion est celle de la politique mise en avant par Machiavel dans son œuvre Le prince. Cette politique autorise tous les coups pour sauver son royaume y compris « agir contre l’humanité et contre la religion ». Cependant l’évocation de la mort ainsi que des signes religieux qu’il contient fait également de ce tableau un memento mori (expression latine qui signifie : « souviens toi que tu es mortel ») et constitue une invitation à s’éloigner de ce monde matériel, riche mais précaire, pour permettre le salut de l’âme. Était-ce là le message que l’artiste voulait transmettre aux ambassadeurs ?  

 

B/ L’époque Classique (17 ème)

On voit grâce à ce tableau changement important dans la représentation du monde car celui-ci est décrit au travers du regard de la subjectivité. On passe d’un monde dans lequel on décrit tout ce que l’on peut voir dans la nature dans un monde où c’est le sujet qui observe, qui devient important (essentiel).

Ce mouvement que l’on voit dans l’art se retrouve aussi dans la philosophie avec la pensée de Descartes qui met en avant le sujet qui  pense. Voir la phrase de Descartes « Je pense donc je suis ».  

Descartes est le « philosophe du doute », il remet en cause toutes ses connaissances mais il s’aperçoit qu’il ne peut pas douter qu’il est en train de douter. Ainsi comme douter revient à penser et que pour penser il faut exister, Descartes conclu qu’il a la certitude d'exister.  C’est ici le sujet qui pense qui est mis au premier plan.

 

 C/ Les Lumières

Dans le tableau on voit une galerie de portraits de philosophes et d’écrivains célèbres (Rousseau, Montesquieu, d'Alembert (buste de Voltaire). Des changements sociaux apparaissent, on voit des hommes et des femmes, des aristocrates avec des bourgeois. Toute fois cela reste un monde social fermé car on voit que toutes ces personnes sont très bien habillées ce qui reflète leur richesse. Les salons étaient particulièrement prisés par les philosophes, les écrivains. Cependant, c’est un monde dans lequel les apparences restent très importantes et qui sera violemment critiqué et rejeté par Rousseau.
 

Dans cette période, la raison  humaine est mise en avant  doit permettre de fonder une nouvelle société fondée sur des principes de liberté et d’égalité.  

Rousseau rédige l’œuvre intitulée « Du contrat social » dans laquelle il critique les formes de pouvoir fondées sur la force ou de prétendues inégalités naturelles. A l’inverse, pour Rousseau il faut établir le pouvoir sur la volonté du peuple, les Hommes sont égaux si bien qu’il n’y a aucune raison pour que l’un domine l’autre.  Rousseau soutient la souveraineté du peuple et pense que le gouvernement ne se que les exécutants de la volonté générale.

Avec ces nouvelles idées sur l’égalité e la liberté, Rousseau transforme totalement les idées politiques de son époque. A peine - 30 ans + tard, les révolutionnaires s’inspireront de son œuvre en particulier lors de la rédaction de la DDHC.

Montesquieu dans son livre « De l’esprit des lois » précise la nature d’un système politique qui peut garantir les libertés avec la séparation des pouvoirs (3 pouvoirs : judiciaire, exécutif, législatif).

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L’exploit de l’artiste ? Il résume toute l’Europe du XVIe siècle sur 4,3 m2 !

Richement vêtu, Jean de Dinteville (à gauche) est le commanditaire de ce double portrait réalisé par le peintre Hans Holbein le Jeune. L’aristocrate français arbore le médaillon de l’ordre de Saint-Michel, la plus haute distinction de la chevalerie française, créée par François Ier. Dans sa main, une dague en or sur laquelle on peut lire son âge : 29 ans. En mission diplomatique à la cour d’Henri VIII, il tente de sceller une alliance avec l’Angleterre pour lutter contre l’influence de Charles Quint, empereur du Saint Empire et roi d’Espagne. A ses côtés, son ami Georges de Selve, évêque de Lavaur, dans le Tarn, venu lui rendre visite. Lui aussi a déjà été ambassadeur, notamment à Venise. Les deux hommes sont caractérisés par leurs tenues : la « robe courte » de Dinteville représente le pouvoir politique, la « robe longue » portée par Selve est celle des membres du clergé.

Une époque tournée vers la science et l’exploration du monde
L’artiste fait de l’étagère (au centre) un concentré des découvertes de l’époque. La révolution copernicienne est en marche. Christophe Colomb a découvert l’Amérique en 1492. En quelques décennies, l’horizon du monde s’est élargi. Outre le globe céleste, le peintre allemand représente différents outils d’astronomie et de navigation : une horloge solaire cylindrique, deux quadrants, un cadran polyédrique, un petit calendrier et, à l’extrémité, un torquetum, un instrument de mesure astronomique qui permettait de déterminer le jour et la date.


L’Europe des grandes puissances est sur la corde raide
Le luth, instrument roi de la Renaissance, symbolise l’harmonie. Or, en le présentant avec une corde cassée, l’artiste évoque le contexte politique de cette première partie du XVIe siècle : l’Europe est déchirée par les rivalités entre les grands royaumes. Les tensions religieuses entre catholiques et protestants s’aiguisent, et bientôt, Henri VIII va pour des raisons politiques se détacher de la papauté pour fonder l’Eglise anglicane.

Qu’il soit riche ou érudit, l’homme reste soumis à la mort
Une étrange forme blanche semblable à un os de seiche « flotte » au-dessus du sol, qui évoque celui de l’abbaye de Westminster. Il s’agit d’une anamorphose, un procédé pictural en vogue à l’époque, qui joue sur la perception. En regardant l’œuvre de biais, on voit soudainement apparaître un crâne souriant. L’irruption de ce détail macabre sonne comme une menace : il rappelle à l’homme qu’il n’est qu’un être de chair que ni la fortune ni la connaissance ne pourront sauver. Si Jean de Dinteville et Georges de Selve regardent le spectateur, la mort, elle, les guette en coin.


« Les Ambassadeurs » est un double portrait grandeur nature (209×207cm) réalisé en 1533 par Hans Holbein le Jeune, alors peintre à la cour d’Angleterre. L’œuvre est conservée à la National Gallery, à Londres.

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Lire aussi :

https://iconographieflamande.wordpress.com/2015/03/08/les-ambassadeurs-dholbein-la-question-de-lanamorphose-entre-ciel-et-terre/

Analyse vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=DYMtu_fw-4k (8mn56)

 

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