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voir le générique de début : 1mn34 à 8mn25
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exercice :
à l'appui des documents ci-joints, proposer une problématisation philosophique de la séquence du générique d'ouverture et des premiers plans (8mn27)
La Garconnière - le soufflé aux carottes de C.C Baxter
Oscarisé meilleur film en 1960, le chef-d’œuvre de Billy Wilder raconte l’histoire d’un jeune new-yorkais ambitieux qui aspire à une carrière professionnelle ascendante aussi rapide qu’un voyage en ascenseur. Employé dans une entreprise d’assurance, il compte sur les bonnes grâces de ses supérieurs pour gravir le sommet de la tour et s’assurer une place dans les bureaux confortables des cadres.
La clé de son ascension ? Celle de son appartement qui fait office de garçonnière pour les dirigeants infidèles. La carotte au bout du bâton ? Ses nombreuses promotions qui l’amèneront bien vite du 19ème au 27ème étage, loin des milliers de salariés invisibles.
L’organisation des brèves locations de son appartement lui demande une certaine dextérité et une polyvalence à toute épreuve. Décidé à se faire remarquer, il s’applique à satisfaire les demandes quitte à rester quelques nuits à la rue. Et si tous les ingrédients semblent réunis pour le faire monter comme un soufflé, sa rencontre avec Fran Kubelik, liftière dans l’entreprise et malheureuse habituée de la garçonnière, va remettre en question ses priorités. Reste à voir s’il préférera poursuivre sa progression ou s’il sera prêt à retomber comme la fameuse recette.
Promotion à la clé pour location accordée : comme le soufflé, Calvin Clifford Baxter est prêt à grimper grimper grimper…
La morale est mise à mal dans cet amour de l’élévation sociale dépeinte par l’univers comique de Billy Wilder. Un film culte à (re)(re)(re)voir !
source :
http://lespopcorn.com/la-garconniere-le-souffle-aux-carottes-de-c-c-baxter/
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On dit souvent que les titres français des films étrangers dérivent du sens original et que leurs choix ne sont pas pertinents. Ici, on aura tendance à constater l’inverse. The Apartment est devenu La Garçonnière, un mot évocateur qui s’inscrit pleinement dans la problématique du film. Celui-ci définit l’appartement du jeune homme célibataire, son refuge à lui, notamment après les longues journées de travail. Or, ici, Baxter n’est jamais chez lui. Son appartement sert à plusieurs de ses supérieurs pour y accueillir leurs maîtresses, à l’abri des regards indiscrets, et l’infortuné Baxter n’a de choix que de rester au travail ou dehors en attendant de pouvoir revenir chez lui. Rapidement, le spectateur saisit la thématique du film, qui tourne autour du travail et de son aspect de plus en plus envahissant dans notre société.
« Si le choix scénaristique de se servir de l’appartement du héros comme cachette pour les cadres de l’entreprise afin de fricoter avec leurs maîtresses, il s’agit surtout d’une métaphore de l’emprise que peut avoir le travail sur notre vie privée »
Le film s’ouvre d’ailleurs sur une introduction à la fois comique et dramatique, où la voix de Jack Lemmon expose divers chiffres évocateurs en lien avec le métier de son personnage, mais aussi le gigantisme de son entreprise, vis-à-vis de sa modeste et petite personne. Individu libre d’un pays démocratique, il est relégué à un simple numéro de bureau, où il se rend chaque jour pour effectuer des tâches répétitives qui ne le passionnent guère. Et si le choix scénaristique de se servir de l’appartement du héros comme cachette pour les cadres de l’entreprise afin de fricoter avec leurs maîtresses, il s’agit surtout d’une métaphore de l’emprise que peut avoir le travail sur notre vie privée. Les supérieurs de Baxter n’éprouvent aucune gêne à occuper son appartement contre sa volonté, et estiment même qu’il doit les remercier de favoriser ainsi sa carrière. Si la garçonnière de Baxter ne peut plus lui servir de refuge à lui-même, alors il n’a plus de vie en dehors de son travail.
Le travail est également une entrave à la romance naissante entre Baxter et Fran, dont la complicité est évidente, mais pourtant les deux semblent se livrer de longs dialogues de sourds et s’évitent, notamment à cause de la pression hiérarchique provoquée par Sheldrake. En réalité, le travail est montré comme une entrave à tout, une entrave aux libertés individuelles, une entrave à l’épanouissement, une entrave aux sentiments. Ce que veut montrer dans Billy Wilder dans son film, ce n’est pas que le travail est fondamentalement mauvais, mais que dans une société où tout va toujours plus vite et toujours plus nécessiteuse en termes de productivité, le travail prend de plus en plus de places dans nos vies, accapare nos envies et, à terme, risque de nous déshumaniser.
La Garçonnière est une comédie qui, comme d’habitude chez Billy Wilder, ne manque pas de faire rire, mais propose aussi des ressorts dramatiques, au vu de l’importance du message transmis, lequel est à nouveau relativement visionnaire et toujours d’actualité. Grâce à cette intrigue savamment ficelée et à ses personnages bien développés, Billy Wilder vise juste en développant une thématique qui parle autant au public de l’époque qu’au public d’aujourd’hui.
source : https://alarencontreduseptiemeart.com/garconniere/
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Il y a beaucoup de sommets dans la longue carrière de Billy Wilder ; La Garçonnière (1960), réalisé après le célébrissime Certains l’aiment chaud (1959), en est indéniablement un, et pas des moindres.
Un Billy, des Wilder
Il y a une sorte de malentendu à propos de Billy Wilder ; quelques titres emblématiques font écran à une œuvre qui ne peut être résumée par le titre de maître de la comédie américaine d’après-guerre. Si sa carrière de réalisateur à Hollywood[1] débute bien dans une veine comique (Uniformes et jupons courts, 1942), fidèlement au système des studios d’alors, il jongle avec les genres. On rencontre ainsi des films de guerre et d’aventure (Les Cinq Secrets du désert en 1943, L’Odyssée de Charles Lindbergh en 1957), une œuvre incluant des numéros musicaux (La Valse de l’empereur en 1948), un drame social (Le Gouffre aux chimères, 1951), l’un des classiques du film noir avec Assurance sur la mort (1944) et Boulevard du crépuscule (1950, ci-dessous), somptueuse mise au tombeau, par anticipation, d’Hollywood.
Après les succès de Sept ans de réflexion (1955, pour lequel Wilder a peu d’estime) et Certains l’aiment chaud, il devient ainsi le chantre de la comédie, alors que Sabrina (1954) et Ariane (1957) représentent un versant plus sombre et grinçant. C’est précisément dans le sillon de ces deux derniers qu’il convient de situer La Garçonnière, sans doute l’un des films les plus fidèles à l’esprit wildérien – il le considère comme son plus personnel et un sommet créatif après lequel il ne cessera de courir par la suite, sans réussite selon lui[2]. En effet, le rire se fait inquiet, la noirceur pénètre un film parcouru par un profond désespoir – et une tentative de suicide, comme dans Sabrina. Globalement, chez Wilder, les personnages, y compris ceux des comédies les plus débridées, sont pris dans une difficulté d’être et un cheminement éprouvant – passant par l’adoption de postures souvent cyniques – pour aboutir à une vérité intime, à soi-même, et, par ce biais, à la possibilité d’aimer.
Solitudes et masses errantes
Comme Certains l’aiment chaud qui débute à la manière d’un film noir citant Scarface de Howard Hawks, La Garçonnière se remplit d’une instabilité quant à son genre. Le premier mouvement est celui d’un brillant vaudeville accumulant les quiproquos : C.C. Baxter (Jack Lemmon), employé d’une grande compagnie, prête les clefs de son appartement où ses supérieurs vont accomplir des cabrioles avec leurs maîtresses. Par ce biais, il connaît une fulgurante ascension professionnelle au sein de l’entreprise. Mais cet élan initial est rompu par le fait que Baxter tombe amoureux de Fran (Shirley MacLaine), liftière et maîtresse délaissée par le chef du personnel (Sheldrake interprété par Fred MacMurray), et donc habituée de la « garçonnière ».
Le film glisse alors vers une évocation déchirante de la solitude des villes modernes, une sorte de mélodrame très cru, sans miel ni guimauve. En témoigne cette nuit de réveillon de Noël où Baxter, de dépit, s’enivre et s’agrège à une pétroleuse également désespérée. Il la ramène chez lui où il trouve Fran inanimée, sous l’emprise des somnifères qu’elle a avalés après avoir appris que Sheldrake ne quittera pas sa femme comme il le lui avait promis.
Cet épisode finit d’imposer la mélancolie qui sourdait depuis le début, notamment dans les nuits d’errance de Baxter, attendant que ces « locataires » aient fini leur œuvre, seul dans la rue froide et sombre, engoncé dans son imperméable, sous ses propres fenêtres. Ceci figure un exil par lequel Wilder, natif de Galicie (province orientale de l’Empire austro-hongrois d’alors, où l’on comptait de nombreux shtelts – villages ou petites villes juives), semble faire référence à ses origines alors qu’une partie de sa famille a péri dans les camps nazis. Le docteur Dreyfuss, voisin de Baxter au fort accent yiddish, est une autre formulation de l’exil et du déracinement.
La Garçonnière est ainsi remarquable par son amplitude puisque cette question de la solitude dialogue de façon très fluide avec une satire sociale des États-Unis pour le moins virulente. Le film débute par des plans « documentaires » de la skyline de New York avec, en voix-off, Baxter débitant des données aussi objectives qu’absurdes : « Le premier novembre 1959, il y avait 8 042 783 habitants à New York. En les mettant bout à bout, avec une taille moyenne de 1m68, on pourrait relier Times Square à la banlieue de Karachi au Pakistan. » Le mouvement de focalisation nous entraîne ensuite dans le lieu où officie Baxter : une inquiétante enfilade de bureaux avec des lignes de fuites très marquées dans un plan très graphique. On sait que Wilder et son chef décorateur (Edward G. Boyle) ont accentué l’effet de perspective en plaçant des enfants dans les rangs plus éloignés et des maquettes et mannequins en carton au fond – comme Jacques Tati dans Playtime.
L’effet est saisissant et confère une dimension véritablement kafkaïenne à cette « vision » où l’individu se trouve noyé dans une masse informe : « Je suis au 19e étage. Polices ordinaires, services des primes, section W, bureau numéro 861. » La Garçonnière s’attaque ainsi bille en tête aux fondements des États-Unis. Et Baxter ne doit son élévation qu’à des moyens bien peu moraux – rien moins qu’en « provoquant » l’adultère, du moins en le rendant possible par la mise à disposition de son logis de célibataire endurci. On peut ainsi considérer qu’il couche, par procuration, pour réussir.
Les sacro-saints principes du mérite, de l’effort et de l’esprit d’entreprise sont donc bien loin ; la légende dorée du self made man se trouve pour le moins écornée. Le moteur de la réussite réside dans une forme d’acceptation du cynisme, lorsque l’employé le refuse, sa déchéance professionnelle devient inéluctable, mais rend possible un épanouissement amoureux. Bref, la jouissive impertinence d’un brillant moraliste – jamais moralisateur – règne sur le film, elle a rarement été aussi corrosive.
source : https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/la-garconniere/
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La Garçonnière, une scène de film culte décryptée
L'histoire
La fameuse clef de La Garçonnière, cette clef, C.C. Baxter (Jack Lemmon) un des 31 259 employés d'une compagnie d'assurance de New York la prête à ses chefs de service qui disposent ainsi d'un abri sûr pour leurs amours extraconjugaux. C .C. Baxter espère par ce moyen monter en grade. Oui, mais tout se gâte le soir de Noël. Baxter comprend que son directeur, Sheldrake (Fred Mc Murray), courtise la même femme que lui, la liftière de l'entreprise, Fran Kubelik (Shirley Maclaine). Il noie alors son chagrin dans l'alcool tandis que celle dont il rêve tente de se suicider.
La scène culte : un début de film extraordinaire
C.C. Baxter est un zéro perdu dans l'infini des bureaux du célèbre décor d'Alexandre Trauner. Le générique cadre une façade d'immeuble, la caméra s'élève progressivement vers la seule fenêtre illuminée. La musique d'Adolph Deutsch enfonce ses accords mécanisés à l'image de la chaîne humaine formée par tous les employés.
D'un plan général sur New York, par réduction successive du champ, Wilder aboutit mathématiquement à ne cadrer qu'une seule personne isolée dans sa bulle de verre. Baxter s'identifie à sa machine à calculer, il hoche la tête à chacun de ses soubresauts. Il est comme mécanisé. Ce premier plan est également une des réussites de Trauner qui, jouant d'un simple faux-plafond, crée un univers implacable où les employés ne sont que des rouages épinglés à leur machine... Rouages dont se démarque le gentil C.C. Baxter qui est le seul à ôter son chapeau dans l'ascenseur ! Dans ce film, ce qui frappe, c'est la description que fait Wilder de la société américaine, mais surtout son côté romantique et comment Baxter finit par séduire Fran.
La Garçonnière est à la fois un mélodrame gai et un vaudeville plein de larmes. Les héros sont Monsieur-tout-le-Monde et Melle-n'importe-qui.
Contexte et anecdotes
Inspiré à Wilder par Brève rencontre de David Lean, La Garçonnière est sorti en 1960, un an après Certains l'aiment chaud. Le film s'interroge sur les nombreuses tromperies que nous imposent une société et un monde du travail privilégiant ambition, argent et statut social. Pour La Garçonnière, il y avait 27 pages de scénario quand le tournage a commencé. Mais Shirley Maclaine s'en moquait, trop contente de tourner avec Billy Wilder. A l'époque Shirley Maclaine jouait tous les week-ends au Gin Rami avec Franck Sinatra et Dean Martin. C'est ainsi que le jeu de carte de Shirley a été inclus dans l'histoire.
La Garçonnière a remporté cinq Oscars dont trois pour Billy Wilder en tant que producteur, réalisateur, et coscénariste. L'Oscar du meilleur décor a été attribué à Alexandre Trauner. Mais à l'époque, le film n'a pas plu à tout le monde. Henri Chapier, journaliste et critique de la revue Combat, n'hésite pas à qualifier La Garçonnière de cinéma commercial et super scabreux ! Ce à quoi Wilder aurait pu lui répondre la phrase qu'il citait souvent: "La seule chose qui m'embête plus que de ne pas être pris au sérieux, c'est d'être pris trop au sérieux".
source :
https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:popOzHJIp-gJ:https://www.lexpress.fr/culture/cinema/la-garconniere-une-scene-de-film-culte-decryptee_1025724.html+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr
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Billy Wilder, The Apartment - habiter l'inhabitable
The Apartment, de Billy Wilder, a l'air d'avoir été fait il y a seulement quelques années. C'est qu'on est sûr de trouver, dans ce film de 1960, une atmosphère tristement moderne. Et ce ne sont pas seulement les situations et les accessoires qui, de l'open space à la bière-pizza-téloche, conditionnent encore ce mode de vie que nous cherchons tous à fuir. Il y a surtout une question d'espace, ou plutôt de lieu. La garçonnière dont il question le dispute au bureau, gigantesque et uniforme, comme espace de vie. Et ce petit appartement, pour être au centre de toute l'histoire, n'en est pas moins avalé par ce monde du travail fait de grands espaces, certes simplissimes, mais que le jeu des ascensceurs, des connexions et des promotions transforme en labyrinthe.
Toute l'histoire de The Apartment est justement celle de ces relations de travail qui envahissent l'espace intime du soir et de la nuit, pour chasser tranquillement celui qui l'habite. La raison, d'ailleurs, pour laquelle on emprunte son appartement au personnage de Jack Lemmon (de l'adultère joyeux et ordinaire), fait justice a l'aspect sordide de la chose. A un moment, lorsqu'il s'agit de fêter Noël sur le lieu de travail, le mouvement s'inverse: l'open space se mue en club, les gens s'embrassent, l'atmosphère glacée de la journée s'embue sous l'effet d'autres relations, plus charnelles mais tout aussi triviales.
Est-ce bien d'une comédie dont nous parlons? Oui, nous n'avons pas encore parlé de l'entrain de Jack Lemmon, de ses mimiques burlesques et de cette énergie qu'il met à vivre dans le monde décrit plus haut. Car tout l'enjeu de ce mélodrame comique revient, pour lui, à se réaproprier cette fameuse garçonnière, à en faire de nouveau un lieu de vie - l'endroit qu'il habite, contre celui du relatif et de l'intermédiare. La relation de voisinage en lieu et place du réseau professionel. Voilà qui donne tout son sens à la comédie romantique, puisque, dans cet endroit où le personnage charmant de Shirley Maclaine veut se laisser broyer par la tristesse de cette vie, elle finira par trouver un refuge: un lieu familier. Le voici, l'adjectif qui décrit aussi bien l'impression laissée par Jack Lemmon que celle, inverse, de cette modernité qui s'éternise.
source : https://www.paperblog.fr/2206636/billy-wilder-the-apartment-habiter-l-inhabitable/
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