Présentation du support :
"Alors que la science-fiction au cinéma semble se noyer dans un verre d’eau, chaque nouvelle sortie ressemblant à la redite perpétuelle des précédentes, Alex Garland, le scénariste de 28 jours plus tard, s’empare pour la première fois de la caméra et nous dévoile son Ex Machina. Un thriller futuriste aux petits moyens qui soulève pourtant de grandes questions
Les machines sont, par définition, désincarnées. Elles sont loin de nous, les êtres humains, et créent un rapport de distance important. Comme d’autres avant lui, Alex Garland consacre son premier film en tant que réalisateur, Ex Machina, à réduire la frontière qui les séparent de nous en leur donnant l’apparence de femmes. Un choix qui fait naître chez les spectateurs et spectatrices un sentiment d’inquiétante étrangeté freudienne – trope incontournable de la science-fiction –, mais établit surtout une connexion, celle que l’on ressent pour son semblable. Ce lien est solidifié par la possible présence d’une réelle Intelligence Artificielle dans ces corps d’automates. Cette emprise émotionnelle exercée sur nous, qui regardons, est largement exploitée par le Britannique pour graduellement redéfinir notre manière d’appréhender ces robots, avatars de nos propres tâtonnements.
Ex Machina est un huis clos truqué. Le film figure seulement trois protagonistes parlants : Nathan (Oscar Isaac), le PDG et ingénieur fortuné de BlueBook, une entreprise dans la veine de Google, reclus dans une maison perdue au milieu de la nature qui lui sert de laboratoire d’expérimentation pour ses IA ; Caleb (Domhnall Gleeson), un de ses employés, promu et invité à le rejoindre afin de réaliser le test de Turing sur Ava (Alicia Vikander), son dernier projet, une gynoïde douée d’intelligence et – a priori – d’une conscience."
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"Des montagnes à perte de vue et une villa incorporée littéralement dans la roche. Décors grandioses qui rappellent les peintures de Caspar David Friedrich décrivant une nature originelle. Loin de la folie des hommes. Au milieu de l’éden sauvage, dans cette caverne de verre et de pierre, isolé, Nathan travaille sur la découverte de sa vie : l’intelligence artificielle. Génie reclus et démiurge, il arbore une longue barbe et un corps sculpté par l’entraînement physique.
Il a invité dans son antre Caleb, un développeur de sa compagnie high-tech, Blue Book (une sorte de Google et de Facebook du futur). Le jeune homme va rencontrer la dernière création du savant : Ava. Une sorte d’Eve robotisée au visage angélique, une création ambiguë qui est censée incarner le futur de l’humanité. Plus Caleb avance, plus il découvre le Prométhée derrière Nathan, ce titan qui aurait créé les hommes à partir de boue et emprisonné par Zeus après avoir volé le feu. Dans la Grèce antique, le Deus ex machina était un acteur qui jouait un dieu. Placé sur une plate-forme mécanique, un artifice, il influait sur les personnages de la pièce.
Alex Garland, pour son premier film, s’amuse de cette manipulation, des références et de l’ampleur de son histoire. Par petites touches, comme celles laissées par le pinceau d’un peintre impressionniste, il laisse transpirer la mythologie grecque et les enjeux d’un monde où la machine serait la nouvelle espèce dominante. Une invention qui apporterait des changements forcément profonds, une problématique liée depuis des temps immémoriaux à l’homme. Au centre de cette toile épurée – les décors sont volontairement neutralisés – revient constamment la figure de Nathan. Mélange de Prométhée et d’Héphaïstos contemporain, il donne à son robot la figure d’une femme séduisante. Ava n’est pas sans rappeler une des créations du dieu grec : Pandore. Fabriquée à partir de boue et d’eau pour se venger de Prométhée, elle ouvre finalement cette boîte qui libérera la Guerre, la Maladie, la Vieillesse…
Si, théoriquement, Ex Machina ne plafonne jamais, s’inspirant aussi de la philosophie existentialiste et de la peinture expressionniste ou symboliste (Klimt et Pollock ont une place de choix dans le décor), il excelle également dans la construction cinématographique de ce huis-clos psychologique. Contraste entre les scènes extérieures et celles, étouffantes, dans cette maison presque enterrée, le film offre des airs de thrillers. De ceux qui mettent l’humanité au bord du précipice."
source : https://www.tmvtours.fr/detail-article/article%252Fex-machina-ambiance-philo
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extrait sur Pollock : Not deliberate, not random, some place in between | Ex Machina
https://youtu.be/C1sFxMQj3qg
Le Déterminisme - Introduction (Pollock & Ex Machina) 6mn57
https://www.youtube.com/watch?v=qJlh_nbfHI8
Approche à compléter par le visionnage de ces 2 analyses du film:
La frontière homme-machine dans "Ex Machina" (analyse dans L'APRÈS-SÉANCE, 8 mn
https://youtu.be/08AKwV3B5zw
LE GÉNIE D'EX MACHINA (feat @KINO - Chroniques Cinéma) - Chronique #13 - 15 mn
https://www.youtube.com/watch?v=VhBSBLtG7Ew
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