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Université Rennes 2, "Initiation Philosophie et Cinéma", notes de la séance 6

Publié le 9 Novembre 2021, 14:54pm

Catégories : #université Rennes 2 - initiation philo & ciné

Université Rennes 2, "Initiation Philosophie et Cinéma", notes de la séance 6

Notes des étudiant(e)s sur  cette séance :

Prise de notes par Mlle Zoé Letard


- dépassement de la question de l’illusion : notre perception est-elle une illusion ?

- dépasser la question de vérité : si ce que l’on perçoit est juste alors il y a de force chance que ce que l’on perçoit soit vrai = sortir des logiques de manipulations et/ou de dissuasions

- comparaison entre le générique de Ghost in the Shell de 1995 et celui de Matrix de 1999 :

- pluie digitale de lettres vertes contre idéogrammes japonais (avec la couleur prédominante verte)
- le thaumazein : étonnement grec / é-tonnement = idée de coup de foudre/ tonnerre (rupture qui pose des difficultés). Cf.  Fight Club et de l’étonnement du personnage principal
- Heidegger prend position sur le texte de Platon et d’Aristote. Voir le statut de l’étonnement chez Heidegger par Guy Karl (ce que Heidegger dit du thaumazein)
- articulation du Sôma Sêma : fait que le corps renvoie la dimension du sensible tandis que l’esprit, l’âme, renvoient à la dimension d’intelligible, au statut de la réminiscence

- surdétermination et surinterprétation : la lecture trop rapide de la caverne allégorique de Platon ou des films Matrix, The Truman Show, etc...
surinterprétation : considérer que Platon traquerait l’opinion/chasserait la doxa pour purifier l’âme et l’élever vers les cieux où se trouveraient les essences et les idées  (catharsis d’Aristote)
-  mythe de l’androgyne : discours d’Aristophane, Le Banquet. Nous étions jadis des esprits purs sans corps investis par l’hubris, le désir nocif. Rivalité entre hommes et dieux puis intervention de Zeus qui nous  trancha en deux et nous envoya sur Terre. Nous gardons ainsi en nous une part du topos noetos qui devient notre corps. Grâce aux 5 sens du corps, il est possible que nous concevions l’élévation dialectique.

Platon dit qu’il faut prendre conscience du registre polymorphe de l’opinion. Mais l’opinion n’est pas nécessairement source de vérité.
Cf Texte du Ménon qui le dit explicitement et où Platon prend une position anti-platonicienne = il soutient que parfois l’opinion peut permettre d’avantage atteindre la vérité que le savoir. Par ex.,un aventurier veut se rendre dans la ville de Larissa. Il n’a ni carte ni connaissance topographique mais parvient à trouver cette ville. Pourtant, des savants et des chercheurs essayaient de trouver cette cité depuis des années sans y parvenir ; l’aventurier ,lui, y parvient en suivant sa seule opinion = hasard. Il y a donc des cas de figure où la doxa est droite/ vraie (= orthotès). Platon ose  le néologisme (l’opinion vraie) qui serait dans un autre de ses textes (cf  La République) une hérésie.

"SOCRATE - Qu'on ne puisse bien diriger ses affaires qu'à l'aide de la raison, voilà ce qu'il n'était peut-être pas correct d'admettre ?
MENON - Qu'entends-tu par là ?
SOCRATE - Voici. Je suppose qu'un homme, connaissant la route de Larissa de tout autre lieu, s'y rende et y conduise d'autres voyageurs, ne dirons-nous pas qu'il les a bien et correctement dirigés ?
MÉNON - Sans doute.
SOCRATE - Et si un autre, sans y être jamais allé et sans connaître la route, la trouve par une conjecture exacte, ne dirons-nous pas encore qu'il a guidé correctement ?
MÉNON - Sans contredit.
SOCRATE - Et tant que ses conjectures seront exactes sur ce que l'autre connaît, il sera un aussi bon guide, avec son opinion vraie dénuée de science, que l'autre avec sa science.
 MÉNON - Tout aussi bon.
SOCRATE - Ainsi donc, l'opinion vraie n'est pas un moins bon guide que la science quant à la justesse de l'action, et c'est là ce que nous avions négligé dans notre examen des qualités de la vertu ; nous disions que seule la raison est capable de diriger l'action correctement ; or l'cpinion vraie possède le même privilège. Ménon - C'est en effet vraisemblable.
SOCRATE - L'opinion vraie n'est donc pas moins utile que la science.
MÉNON - Avec cette différence, Socrate, que l'homme qui possède la science réussit toujours et que celui qui n'a qu'une opinion vraie tantôt réussit et tantôt échoue."

Platon, Ménon
 

- Orthodoxie : contexte où l'opinion n’est pas nécessairement une erreur, mais ou elle est potentiellement source de vérité. C'est le fait d'appliquer des principes dont on estime qu'ils sont ce qu'il faut honorer avec rigidité. L'opinion droite qui serait l'équivalent d'une forme de vérité, mais non démonstrative (croyances, religions). Sauf que, avec l’aventurier qui a trouvé Larrissa, il n’y a rien qui garantit qu'il pourra y retourner, parce que le hasard ne se répète pas forcément, à la différence de la science.
- On a tendance à opposer à cette opinion une autre capacité et celle de l'être humain qui veut faire des choix ( grec = hairein). Chez les Grecs, quand on est dans l’hairein, on est dans un choix qui peut être bon ou mauvais. Et s’il est mauvais, alors il est qualifié directement dans le vocabulaire par un autre terme qui en découle et qui désigne ce qu'on appelle hairèsis = sert à qualifier l’hérésie contre l'orthodoxie. Cf. Socrate apparu en son temps comme un hérétique et condamné aux yeux du peuple grec = thèse de René Girard sur le bouc émissaire dans La violence et le sacré.

La tension entre l'orthodoxie et l'hérésie est toujours la même question de l'opinion qui dégénère "positivement" si elle atteint une forme de vérité insoupçonnée qui devient évidemment le contraire de ce qu'il faudrait vouloir suivre ou faire. La manière dont l'opinion nous permet tout de même de garder un lien avec la vérité s'explique par ces parcelles de vérités qui ne sont pas complètement évanouies en vous, même s’il faut les chercher. Pour Platon, c'est parce qu'on reçoit un bon questionnement qu’on est réveillé de la léthargie dans laquelle on était et qu'on peut enfin prendre ce chemin dialectique qui pose des questions. C'est toute l'ironie socratique et philosophique. C'est l'art de recevoir ces questions qui fait qu'on va accoucher d'une vérité qui était déjà en nous sans qu’on le sache.

Prolongement politique avec le dialogue de Platon du Ménon :  dans les premières pages, Ménon provoque Socrate et fait un pari. Un esclave joue à la marelle non loin des deux interlocuteurs. Socrate dit que tout le monde peut atteindre la vérité en faisant un effort, mais pour Ménon l’esclave ne pourra jamais atteindre la vérité : il n’a pas d’éducation, un esclave chez les Grecs est considéré comme moins important qu’un objet.  Socrate est un révolutionnaire/marxiste avant l'heure, c'est-à-dire qu'il oeuvre ici pour la lutte des classes. Pour lui, l’esclave a aussi droit à la vérité, à condition de lui poser les bonnes questions. Or, Les sophistes ne posent jamais les bonnes questions puisqu’ils ne disent pas la vérité mais cherchent seulement à flatter. Socrate, dans un dialogue technique, appelle alors l’esclave et lui pose des questions d’ordre géométrique.  Après 1/4 heure, l'esclave arrive à faire un tracé fiable, parce qu'il ne fait qu’aller dans le sens du questionnement qu’il reçoit et qui l’invite à réveiller la vérité en lui = c'est aussi pourquoi Socrate sera condamné, parce qu'il met à mal une certaine conception élitiste de l'aristocratie athénienne.

Étant donné un carré, construire un carré d'aire double. Voici comment, selon Platon, Socrate l'aurait proposé à un esclave (dialogue Le Ménon) afin de démontrer que la science est en chacun de nous :
Socrate veut amener le jeune esclave à trouver la marche à suivre pour construire un carré dont la surface serait le double de l'original (en gras sur la figure). Le côté du carré vaut 2. Il a donc une surface de 4, et il faut construire un carré dont l'aire vaut 8. 

Comment ? L'esclave répond qu'il faut doubler la longueur des côtés. L'erreur du garçon semble être la première étape, ou le préliminaire, de la réminiscence .

Socrate trace le carré que lui propose l'esclave : il faut se rendre à l’évidence, il est non deux, mais quatre fois plus grand que l'original.
Le jeune garçon propose alors de construire un carré dont le côté vaut 3. Or ce carré a une aire de 9, ce qui n'est pas ce que l'on cherche.
L'esclave est désormais dans l'embarras.[...] mais il est clair, affirme Socrate, que le garçon a fait beaucoup de chemin : « [...] à présent le voilà qui considère désormais qu'il est dans l’embarras, et tandis qu'il ne sait pas, au moins ne croit-il pas non plus qu'il sait » . Il est maintenant dans une meilleure situation qu'avant.
 En particulier, cela est profitable parce que jamais on ne cherche ce qu'on croit savoir.
Socrate trace les diagonales. Il apparaît que le carré construit sur la diagonale du carré initial est le carré recherché. L'esclave le découvre et affirme maintenant que c'est sur cette ligne que l'on construit un carré deux fois plus grand que le premier. Mais il l'ignorait complètement il y a un instant. Il faut en conclure : 
« Chez l'homme qui ne sait pas, il y a donc des opinions vraies au sujet de choses qu'il ignore »  
                 
Ce principe philosophique initié par Socrate porte le nom de maïeutique, du grec maieutiké : art d'accoucher, méthode reposant sur l'interrogation et se proposant d'amener un interlocuteur à prendre conscience de ce qu'il sait implicitement 

(source : http://abcmathsblog.blogspot.com/2011)

 

Sur le rapport entre la matière et l'esprit,  il faut déterminer s’il existe une matière objective qui résiste à l'esprit humain et qui serait le fond de la perception. Là où l'esprit doit s'emparer de quelque chose qui n'est pas libre et dont il doit restituer les lois, et dont il doit rendre compte de la constitution. Ou à l'inverse, si la matière est là et si elle est fondamentale. Si elle est  nécessaire pour atteindre autre chose qu'elle-même. A l'inverse, on peut soutenir (avec Descartes dans le morceau de cire) que c'est l'esprit qui pose les choses-mêmes. Il existe bien une cire des abeilles indépendante de l’esprit, mais la cire pour Descartes est susceptible de tant de modifications qu'à la fin elle n'a plus rien en commun avec la notion de départ : à cause du feu qui l’a chauffée, elle, a subi une métamorphose radicale.

Thèse idéaliste ou intellectualiste de René Descartes : il n’y a de cire que dans la tête. Dans une logique platonicienne, il n'y a pas de cire, pas d'abeille, pas de ruche concrètes, "sensibles". C'est là être  dans "le désert du réel" (expression reprise de Matrix). Les définitions des choses, à l'inverse,  supposent une construction de la perception. Cette perception n'est jamais simplement un héritage passif  de ce qui nous précéderait, de ce qui nous serait indépendant et extérieur.

Mais comment alors va-t-on juger l'interaction, l'inter-relation entre la matière et l'esprit ? est-ce que c’est l’esprit qui pense les choses-mêmes, ou est-ce que ce sont les choses-mêmes qui précèdent l’esprit et qui le façonnent par réaction à elles ? dans la construction perceptive, qu’est-ce qui est de l’ordre de l’intellectualité ?

Commentaire platonicien de l’allégorie de la caverne : relation avec la bande annonce du film Room de Lenny Abrahamson.
Une jeune femme enlevée par un homme et qui la gardée en captivité pendant environ six ans ; un petit garçon naît de cette union forcée. Dans la proposition filmique, la jeune femme est enfermée avec son garçon dans une cabane au fond du jardin et ils n'en sortent jamais. La seule ouverture est la lucarne au plafond qui laisse voir un carré de ciel = topos platonicien. Pour que personne dans cette Room ne perde la raison, la jeune mère doit faire croire au petit garçon né en captivité, dans cette micro-caverne, que c'est le seul monde qui existe.
Question posée par le film :  si on réussit à s'échapper de la cabane, quelles en sont les les conditions dialectiques ? La jeune femme, pour que son petit garçon puisse s'adapter à cette petite pièce et aie le sentiment d'être en interaction avec son modeste environnement, va essentialiser tous les objets qui se trouvent dans cette pièce  =  le lavabo n'est pas qu'un simple lavabo, mais Monsieur lavabo = faire descendre les essences du soleil platonicien dans la caverne.

Quand le petit garçon va sortir enfin de cette caverne, il va être tellement troublé par les perceptions mondaines : par les reflets sur les vitres, l’herbes qui bouge sous le vent et se plie sous les pas, etc... (choses auxquelles il n'a jamais été habitué dans une perception corporée de l'extériorité) - expérience évidemment cruciale et cruelle - que, au moment où il doit sortir de la cabane et prévenir les secours pour sauver sa mère, il est sur le point d’échouer parce qu'il n'a jamais vu d'herbe de sa vie. Il est tellement absorbé par le spectacle de l'herbe qu’il en oublie sa mission première d'attirer l'attention sur le fait qu’il est un prisonnier libéré. Idée ici d'un monde dans un monde = idée d’une caverne dans une caverne/ une matrice dans une matrice = mise en abyme : nous ne sommes peut être jamais pleinement dans le monde + question de la première perception et de l'importance de la sensation, du toucher, etc.

Reprise du texte de Descartes sur le morceau de cire et les hommes feints, conclusion.
étonnement de type platonico-socratique :
l'être humain est censé incarner la rationalité, la logique mais il ne peut pas s'empêcher parfois de verser dans l'erreur. Allusion à la dimension esthétique, la faiblesse de l’aisthèsis qui nous a induits en erreur  et nous emmène vers des interprétations qui ne sont pas les bonnes. Les sens nous trompent inévitablement parce que c’est notre nature. Dans le "mythe de l’androgyne", l’essence est la conséquence d’une faute initiale :  les hommes sont punis par les dieux pour avoir rivaliser avec eux. Zeus nous a octroyé le corps pour qu'on ne s’écrase pas sur Terre. On dispose ce faisant de  l'esprit qui, par réminiscence (le déjà vu), permet d'accéder au topos noetos (la vérité) en faisant l'économie d'une perception qui n'est pas toujours très claire. Mais en parallèle on a toujours ce corps et ces sensations qui le caractérisent =  marque, boulet que l’on traîne (sôma sêma). Il y a aussi le fait que le langage lui-même, la manière dont nous nous exprimons oralement ou à l'écrit, pose problème et qu'on est abusé par les termes qu’on utilise.

- La mise en abyme n’est pas réservé qu’au cinéma : Descartes écrit son texte, en latin et en français, pour dire il faut se méfier des gens (les jésuites de La Flèche) qui écrivent en latin et en français. Platon mettait en scène des marionnettistes en indiquant qu’ils trompaient avec les images et les sons ceux qu’ils dominaient. Il le faisait dans un texte où il apparaissait lui-même comme quelqu'un qui manipulait certainement l'attention du lecteur ! 
Problème : ne jamais savoir où commence et où s'arrête la sincérité. Le langage nous trompe : l'erreur n'est pas de voir la cire de telle couleur ou la rame brisée dans l’eau. L'erreur n'est pas que les sensations nous transmettent des informations que peut-être nous interprétons mal ou des interprétations qui varient selon le contexte (couleur des murs qui change avec ou sans lumière). Il n’ y a pas de caractère absolu des éléments matériels tels qu'on les perçoit mais on les reconstruit toujours plus ou moins intellectuellement. Cf. le problème des Grecs qui ne connaissent pas le bleu = construction culturelle, intellectualiste qui précède la donation du sens = le sens au sens de la sensation n'est pas garanti car on doit passer à une signification, un sens qui participe de l'essence universelle.

Le langage ordinaire nous trompe parce que lorsque nous voyons quelque chose, nous croyons  le voir, alors que Descartes insistent sur le fait qu’il faudrait dire : « on juge qu’on le voit ». Comme on ne prend pas le temps de faire ce jugement, cela signifie qu’on n'est pas assez attentif au registre perceptif qui nous lie aux choses autour de nous = "banalité du réel". Ex : on n'interroge pas, ne s'étonne pas de, ce qui nous semble la constitution minimale dans l'amphithéâtre de l'université. Thèse : malgré des qualités logiques élémentaires qui font de nous une créature plus élevée par rapport aux autres ; l’homme se trompe, se fait tromper.

Exemple 1 de la cire :

«  nous voyons la même cire, si on nous la présente, et non pas que nous jugeons que c’est la même, de ce qu’elle a même couleur et même figure ». Insistance sur le mot « même » : la mêmeté, l’identité objective, repose sur des apparences = représentation visuelle. la vision est forcément une possibilité d'un risque, alors que le jugement, d’un point de vue cartésien, s'il est démontré, s’il repose sur une évidence mathématique, ne peut pas nous tromper. Bases du cogito (« je pense ») comme fondement de l'identité basé sur l'argument du malin génie. On sort de ce doute grâce au fait que l’on aurait pu avoir été trompé depuis toujours par un méchant marionnettiste platonicien, qui serait un « Dieu négatif », qui nous fait passer du bleu ou du rose, du vrai pour du faux, des apparences pour des essences et ce, depuis le début de notre vie mais que la tromperie n'a de sens que si elle s'adresse à un être qui existe. Cette perspective d'une tromperie généralisée rejoint la servitude volontaire de La Boétie : nous n’interrogeons pas assez tôt le langage et les valeurs dans lesquels nous somme éduqués = nous sommes au statut d’enfant (du latin infans, qui ne parle pas ) et sommes soumis à un ensemble de déterminismes qui faussent la réalité [dans Room, le terme de Mr lavabo, Mme lampe, etc. n’est pas du tout l’usage normatif, ce qui permet de retourner le langage contre lui même.]

« d’où je voudrais presque conclure, que l’on connaît la cire par la vision des yeux, et non par la seule inspection de l’esprit » : opposition entre les yeux du corps et les yeux de l’esprit. La vision du corps est partiale. Nous sommes philosophes, donc nous savons que nous ne sommes nous pas forcément dans là pièce où l’on pense se situer, à supposer que nous soyons dans cette pièce et pas un cerveau dans une cuve (cf. Hilary Putnam). Par contre, dans l'inspection de l'esprit, (évidence du cogito de Descartes) on sort de l'argument du malin génie : il peut avoir été soumis à toute une vie de duperie (comme Truman dans The Truman show) mais cela ne signifie pas qu'il n'existe pas.  Un génie du mal ne va pas vouloir tromper une chose qui n’existe pas. Un être a par définition suffisamment de dignité pour susciter l’intérêt d’être trompé : on peut ainsi tromper sa femme, ses amis, son voisin, car ce sont des êtres humains (même si c'est moralement condamnable).

C'est donc dans la pire situation ontologique (ce qui est relatif à la nature humain), la pire prise en compte de ce que serait un être humain séparé de sa conscience depuis toujours que, paradoxalement, on découvre la condition et la garantie de son existence = Désormais, on sait que l’on est. On ne sait pas ce que l’on est, qui nous sommes (besoin de se reconstruire, cf. le travail du deuil), mais il faut sortir des subterfuges d’un dispositif qui nous a trompés. Il n’y a plus de doute à avoir sur le fait que quand je pense, je suis. Descartes a douté des sens depuis le début puisqu’ils nous trompaient. On commence alors par douter de la matière, puis de l'existence du monde. On commence par rejeter tout ce qu’il y a autour de nous et à la fin, si on pousse la méthode cartésienne jusqu’au bout, on commence à douter du doute lui-même. Mais ce n'est pas parce que je doute de l'existence du monde que cela m’assure que j’existe bien = le doute ne peut pas douter de lui-même parce qu’il s’annule. Le malin génie à donc trompé une chose qui devient plus qu’une chose : res cogitans, une chose pensante, et pas seulement une chose matérielle : res extensa. Le doute ne sert pas à invalider la vérité (position des sceptiques), mais bien à la trouver chez Descartes !

Reste que la seule pensée ne peut être la cause de mon existence en tant que chose pensante : il faut un acte qui me crée, en tant que substance pensante, et me maintienne dans l'existence. Je ne me sors pas moi-même du néant, et je n'ai pas le pouvoir de me maintenir par moi-même. Il y a donc un être (chose matérielle) dont l'acte est de maintenir la création en l'état : c'est la théorie de la création continuée. « On pense donc on existe » est une chose indubitable, de dubitare (douter). « La clarté, la distinction, l'évidence de cette pensée « je pense, j'existe », me frappe comme me frappe l'évidence mathématique, quand je dis 2 et 2 font 4  - cf. "inspectio de l’esprit". En effet, personne ne peut être trompé par une logique de la comptabilité mathématique universelle, sauf chez George Orwell, 1984, dans la séquence de torture du héros où on lui fait dire que 2+2=5.

Descartes ne doute pas de cette comptabilité mathématique parce qu’il considère qu’il y a, comme chez Platon, des essences premières dans l’esprit des êtres humains qui font qu’ils s’entendent sur le fait que, intellectuellement parlant, l'esprit découpe la réalité objective, cartographie le réel, s'entend sur des unités minimales et des opérations comme l'addition, la division, la multiplication, etc.. et qui sont validées par l'expérience. Le relativisme peut porter sur les mœurs, la morales, les valeurs adoptées, les tenues vestimentaires, la couleur des cheveux, mais ne peut pas porter sur la question mathématique. C’est pour cela que l'informatique et le numérique sont si importants aujourd’hui. Même si Matrix date d’il y a plus de 20 ans, l'intelligence artificielle y prend déjà le contrôle du monde, une conscience unique se répand dans les machines  et terrasse nos consciences, parce que  l'informatique repose sur des langages plus ou moins élaborés et binaires.

Exemple 2 de la vision  dans le texte :  qu'est ce que je dis quand je dis que je vois ? quand je vois, est-ce que je juge ce que je vois ou est-ce que je crois que je vois ? est-ce que la vision n'est pas une hallucination ? qu’est-ce qui sépare la vision  de l’illusion ? en quoi le sens  de la vue  peut-il me garantir l’accès à une essence qui en serait le dépassement ? « Que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts ? » Cf le proverbe canadien : "Quand un arbre chute dans une forêt il ne fait aucun bruit", car c’est l’homme qui perçoit la chute d'un arbre par rapport à un univers qui est créé de toutes pièces. Cf Heidegger, La question de la technique.

Là où l’on devrait voir des êtres humains qui sont des consciences, des sujets, des cogito, des êtres qui nous  ressemblent il peut y avoir autre chose. Si nous restons dans le registre de la vision, à quoi avons-nous accès ? Perspectivement et visuellement, on voit des gens face à nous mais on n’est pas en train de juger analytiquement le fait d’en avoir en face de nous : nous ne sommes pas dans une philosophie qui peut  valider cela, comme si cette vision correspondrait à une réalité effective. Là où il y aurait des êtres réels, il pourrait bien plutôt n'y avoir que des spectres ou des semblants d’hommes =  simulation d'hommes (langues modernes = avatars). En 1641, les premiers automates commencent à se développer. Vaucanson  en a créé un assez sophistiqué et cala fait peur à tous les philosophes du siècle.

Après avoir imaginé une pompe pour élever les eaux, il construit en 1737 son premier automate, le Joueur de flûte traversière, puis en 1738 son Joueur de tambourin, ainsi que son Canard, qui paraît la plus extraordinaire réussite. En effet, celui-ci non seulement imitait plusieurs mouvements d'un animal vivant, mais buvait de l'eau et mangeait des graines qu'il digérait ensuite. Inspecteur des manufactures de soie en 1741, Vaucanson est chargé par le cardinal Fleury de réviser le règlement sur la fabrication des étoffes de soie. Ses recherches l'amènent à améliorer les opérations de dévidage des cocons et de transformation de la soie grège en organsin. Il imagine alors un tour à dévider automatique, dans lequel le fil est soumis à la double croisure, et un moulin à faire l'organsin, qui est mis en service en 1751. Il invente également le premier métier à tisser entièrement automatique, dans lequel la chaîne s'ouvre, la navette passe le trou et le battant frappe l'étoffe sans que l'ouvrier ait à intervenir. Ce métier, dont un modèle est construit vers 1745, pouvait être entraîné soit par une chute d'eau, soit par un manège mû par un animal, mais il ne fut pas utilisé. Pour la construction de ses machines, Vaucanson crée un outillage perfectionné, notamment un tour à charioter en fer, le premier de ce genre, et une perceuse équipés de dispositifs qui deviendront les organes essentiels des machines-outils modernes. Il entre à l'Académie des sciences en 1746. Vers la fin de sa vie, il réunit, à l'hôtel de Mortagne, rue de Charonne, à Paris, une collection de ses chefs-d'œuvre, augmentée des machines les plus intéressantes de son époque, qui, reprise dès 1783 par les pouvoirs publics, constituera en 1794 le premier fonds du Conservatoire national des arts et métiers.

 

L’automate, du grec to automaton ("qui se meut soi-même") est ce qui imite parfaitement les gestes de l’être humain. Les automates de l'époque ne parlent pas de manière fluide comme les derniers robots japonais sophistiqués mais ils dupent tout le monde en ayant l'air très réalistes et très humains. Et donc, on se demande si ce n'est pas ce qui annonce la perte de l'être humain. Descartes demande des critères, qu'on lui prouve qu'il y a bien des êtres humains face à lui, et pas simplement des caricatures des humains ou des projections ou des représentations d'êtres humains =  l'automate comme illusion de la vie,  perception de la vie  humaine sans l’être elle-même.
Il n'est pas indiqué dans le texte où réside  la marque de l'humanité profonde d'un être qui ne se réduit pas à la seule image qui émane de lui. On est entouré de créatures qui ne sont pas humaines, et c’est beaucoup plus grave que la cire, du domaine animal que l’on n'arrive pas à identifier. Cf États-Unis, années 40, Invasion of the Body Snatchers ("l’invasion des profanateurs de sépultures") ou des aliens surviennent dans des sortes de courges dans des champs et menacent les habitants et les éliminent en les remplaçant. Mais quand un homme un peu socratique arrive à les  identifier, et quand les aliens le voient, ils poussent un cris horrible et saignent des yeux (sur l'idée d'une société humaine où plus aucun sentiment humain ne prévaudrait, voir le film Equilibrium de K. Wimmer, 2003). 


L'Invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers) est un film de science-fiction américain réalisé par Don Siegel, sorti en 1956. Le scénario est tiré du roman L'Invasion des profanateurs (The Body Snatchers) de Jack Finney paru en 19551. Miles Bennell, médecin de la petite ville de Santa Mira (près de Los Angeles), s'aperçoit peu à peu que les habitants de cette petite ville tranquille se transforment en êtres dénués de toute émotion. Peu à peu, il découvre que des extraterrestres s'emparent pendant la nuit du corps de ses concitoyens.

= logique cartésienne : ne pas confiance aux gens qui ont simplement un visage identique au mien ou des comportements identiques au mien parce que je n'ai pas une garantie à 100 %  que ce soient des humains.
En disant que l’on juge, on n’en reste pas à la vision ; on  juge que ce sont de vrais hommes. On comprend par la seule puissance de juger qui réside dans notre esprit ce que l’on croyait voir. Descartes surdétermine la vision en la remplaçant par une logique du jugement analytique, on peut raisonnablement interpréter le texte en disant que ce qui va faire la différence entre un être humain et un automate, c'est le regard empreint d‘humanité que ces individus peuvent envoyer. C'est aussi la parole qui est adressée, ou un geste qui n’est pas codifié, donc l’échange intellectuel engagé entre Descartes et ces hommes, qui ne sont pas que feints, qui lui permettent de garantir qu'il n'a pas face à lui des hologrammes sophistiqués.


Synthèse de l'ensemble du texte de Descartes : l’homme a pour mission d’élever sa connaissance au-delà du commun, de sortir de la doxa, du sens commun : soit la manière dont la communauté donne aux choses alentour les mêmes significations, les mêmes codifications. Dans la logique du bouc émissaire, si on est face à quelqu'un qui ne pense pas comme nous, on est tenté, pour former et forger une identité de groupe, de le pourchasser et de l'expulser,  parce que cela va nous rassurer dans notre identité en tant que communauté politique. Le langage de départ peut nous duper mais il faut séparer le bon du mal, le vrai du faux = travail du philosophe qui utilise le langage pour le retourner contre lui-même et d'essayer de vérifier à quoi correspondent les termes utilisés. Nietzsche critiquera Platon et reviendra sur la perversion du langage pour définir l'être humain, en évoquant dans Par-delà Bien et Mal la croyance en la grammaire qui nous fait accroire qu'il existerait un pendant réel dans l'existence à ce qu'on dit quand on dit "je".

 

Reprise du commentaire de l'allégorie de la caverne, séance 4 : "mythe de Prométhée" dans Protagoras

- dans la conception des Grecs, les dieux confient des qualités qui sont à distribuer pendant la création de la Terre à toutes les espèces.

- les deux frères Prométhée et Épiméthée sont responsable de cette répartition. Il y en a un qui est très consciencieux de son travail (Prométhée) mais l'autre est très distrait.

- au septième jour de la création, il a un stock d’éléments qu’il a distribué aux espèces animales, ne laissant rien pour l’espèce humaine.

- Prométhée doit intervenir pour réparer les erreurs de son frère et décide de voler le feu de la connaissance du Dieu forgeron (Héphaïstos, dieu grec du feu, de la forge et de la métallurgie) et d'Athéna (déesse de la sagesse) pour en faire présent aux hommes. Ce feu sacré permettra à l’humanité de maîtriser les arts, les sciences et les techniques, et donc de subsister par elle-même =  début de la construction, de la socialisation humaine

Platon reprend cette histoire, le premier dans la tradition grecque. Les sociétés humaines qui vont mettre en avant certaines lois morales liées au respect de la dignité sont construites sur un vol initial. On aurait donc dans la conception platonicienne, une société qui est le berceau de la culture, des arts, qui est érigée sur une transgression initiale qui est une sorte de péché, de culpabilité qui va hanter longtemps le monde. Dans la suite du texte, il est dit que seul le feu ne suffit pour l’homme, et Zeus de peur que l’espèce humaine ne disparaisse, avec l’aide d’Hermès, décide d’ajouter 2 choses, pour que la société puisse être maintenue : la justice et l’art politique. Car, sans la justice, les hommes s’entre-déchireront et  sans la politique, ils ne pourront pas se supporter les uns les autres =  don divin qui permet de compenser un manque initial. 

Figure socratique chez Prométhée car, courroucé par son acte déloyal, Zeus le condamne à être attaché à un rocher sur le mont Caucase, son foie dévoré par l'Aigle du Caucase chaque jour, et repoussant la nuit. voir l'adjectif prométhéen qui désigne une aventure surhumaine, plutôt orientée vers le positif, pour aider les gens, faire preuve d’altruisme, mais avec des conséquences fort élevées.

Reprise d'Hermogène contre Cratyle chez Platon dans le Cratyle : importance du langage et de son rapport à la nature. Le sens premier de la dialectique est ce qui se fait à travers le langage.
Mais est-ce que le langage traduit la nature profonde réelle d’une chose ? est-ce que, à l'inverse, les mots ne sont pas qu'une convention arbitraire pour que les humains s’entendent d’un de vue rudimentaire ? Soutenir que le langage est la chose même (cratylisme) ou que le langage n’a rien à voir avec la chose qu’il désigne = débat linguistique
- Rappel : la plupart des erreurs de l’esprit, viennent moins de l’esprit que du langage qui en véhicule les idées. Dans ce langage ordinaire, ce sont les sensations qui viennent contaminer la langue quand elle essaye de le désigner des unités significatives dans le réel. L'interprétation que nous faisons de ces choses grâce aux étiquettes verbales est faussée  par nos opinions, par la doxa, par nos préjugés, ce qui fait que ce que nous croyons connaître n'est pas la réalité véritable parce que notre mémoire peut nous induire en erreur et ce que nous avons appris par expérience vient limiter la chose qui devient réduite aux termes par lesquels on la désigne = faiblesse de l'esprit qui cause des erreurs liées à la perception. D'où la primauté de faire une inspection d'esprit (la raison) chez Descartes, soit de s'appuyer sur la capacité démonstrative à énoncer des propos clairs, distincts, universels, qu’on ne confond pas avec autre chose : cela permettrait de ne plus nous tromper.

Conférence sur la question du songe et de l’éveil de Descartes dans Matrix (Paris, 2016)

-  philosophe et écrivain Ollivier Pourriol : l'un des premiers à avoir travaillé sur le rapport entre philosophie et cinéma

- question du réel et de l’illusion

Autre texte sur Descartes et Matrix :

- rapport entre rêves et réalité

- Morpheus : "N'as-tu jamais fais ces rêves Néo qui ont l'air plus vrais  que la réalité ? Si tu étais incapable de sortir d'un de ces rêves, comment ferais-tu la différence entre le monde du rêve et le monde réel ?"

- le rêve est une déformation de la réalité, pas simplement une reproduction

- dans ce processus de métamorphose du réel, toujours à cause d’un désir ou de l’inconscient, la distinction entre ce qui est pleinement objectif et ce qui est un délire subjectif relève d'une une séparation très mince

Autre texte de Descartes dans Méditations métaphysiques sur Archimède :

« Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu'un point qui fût fixe et assuré. Ainsi j'aurai droit de concevoir de hautes espérances si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable. » le levier d'Archimède laisse entendre qu'il est possible de sortir de la confusion du doute si on a un principe indubitable. Ce qui va résister au doute = vérité

« Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente »

la mémoire est un lieu rempli de mensonges

« je pense n'avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l'étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit »

énonciation de propriétés géométriques
fiction : référence aux hommes feints
considérer que les mathématiques peuvent nous tromper.

« Qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a rien au monde de certain »

Voir le lien avec Alain, Idées : lecture cartésienne de la perception du cube

- tradition philosophique où il exerce un dialogue interne où l’on retrouve les idées de plusieurs auteurs déjà abordés

- débat sur la question platonicienne des essences

- reprise de la position cartésienne sur le jugement

- interroger la manière dont, dans la perception, il y a des éléments qui ne dépendent pas de la perception et qui pourtant nous permettent de nous prononcer sur la réalité

- Ce n'est pas que par les sensations ou les apparences que  nous jugeons un objet (les points, les arrêtes d’un cube) mais c'est toujours un jugement intellectuel qui précède l'objet.

- Pas de cube : pas de cuillère dans Matrix. Il y a une chose  déterminée culturellement que nous identifions comme un cube parce qu’on subi une éducation, une acculturation qui fait que l’on reconnaît cet objet. Mais il n’y a pas de cube dans la nature, ce n’est qu’une production humaine.

- le langage précède la perception donc cette chose qu’on ne voit jamais réellement, puisque par commodité, tout le monde assimile le cube à un objet qui a des point de vues différents.

Thèse = il  y a des essences qui précèdent. Et c'est parce que nous avons ces Idées, au sens de Platon, dans notre tête, que nous pouvons distinguer certains objets. Mais cela ne veut pas dire que l'objet existe en soi. Il existe pour nous, dans le moment où on le saisit et où on lui donne une signification.

Cf. l'évêque écossais Berkeley et sa thèse plus radicale selon laquelle il existe une forme d’immatérialisme ; il n'y a pas de matière du tout, même dans l’esprit (nihilisme).

Sur cette question du du statut de la perception et son lien avec la conscience, voir la position du philosophe allemand au début du 18e siècle Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain, 1704.

- thèse contre Descartes

- texte qui amène Nietzsche et Freud dans la formulation de l’idée d’un inconscient qui nie le cogito = le corps va dire sa part qui vient peser dans les représentations et qui empêche qu'on soit dans un idéalisme strict

- interprétation de la  phénoménologie de Husserl, 1910 : tentative de corriger Descartes en montrant qu’ il a commis un crime de lèse-majesté, qu'il a sacrifié le corps au profit du "saint esprit" et qu'il est temps de rendre sa part au corps ....et cette part rendu sera une part sensorielle. Les Méditations cartésiennes de Husserl (1929) sont une reprise des Méditations métaphysiques de 1641. Dans la phénoménologie, on réfléchit à comment les  les choses apparaissent, surgissent dans le monde réel face à la conscience  du sujet. Hegel avait utilisé le terme en 1807 dans La phénoménologie de l'Esprit, terme qui sera repris par Jean-Paul Sartre en France qui reprend ce concept dans L’ Existentialisme est un humanisme. Il s'agit de déterminer comment le sujet humain se situe dans son monde, comment il le perçoit  : qu'est-ce qui l’amène à lui ? qu'est-ce qu'il y trouve ? =  dépassement de la position initiale entre empirisme et l'idéalisme.

extrait vidéo sur Descartes et Matrix + question de la réminiscence.


Bilan de mi-cours :

1) question de la vision

- Par-delà la question sensorielle de la vision, la question essentielle est de savoir si, au-delà de la vision optique, on ne pourrait pas réfléchir à un dépassement « dégénéré » de cette vision,  dans ce qui serait une autre façon de voir (qui ne serait pas un savoir),  et qui pourrait être définie comme un voyeurisme = la conséquence de ce qui s'est engagé ici, c'est que si l'adhésion n'est pas une garantie de l'accès à quelque chose de fiable et de viable, quelque chose d’universellement objectivable, alors : est ce que toute vision n'est pas au fond pervertie et ne dissimulerait-elle pas une forme de voyeurisme ?

- Après avoir déterminé à partir de quel moment on peut être assuré que ce qu'on le voit correspond à l'objet réel qui ferait signe dans la forme de vérité attendue, est-ce qu'on peut seulement encore le voir ? Car si celaa passe encore par la vision, cela serait un intermédiaire de trop, donc on perd l’objet = retour à Descartes : il faut intuitionner l'objet, procéder à une inspection de l’esprit

Reprise de la représentation 3 de "l'Allégorie de la caverne" : problème de l'attroupement d’hommes à gauche de l'image (les sophistes?) Celui  en bas à droite qui malmène un des "prisonniers" incarne la  logique du marionnettistes : faire agir les gens dans un sens où ils n'iraient peut-être pas spontanément = pousser les êtres humains à regarder dans une direction où ils ne devraient pas aller (ombres et sons dans la caverne, sur les parois)

= lien avec l'épisode de "L’ Hymne National" dans Black Mirror :  le problème n'est pas tant qu'on ne verrait pas ce qu'il faudrait voir, ce qui est essentiel (même le prisonnier libéré ne peut peut voir la vérité en face), mais que, n’ayant pas appris à regarder, on se rabattrait sur des choses de l'ordre de l'hubris, du désir, de la concupiscence : pulsions voyeuristes. A être éduqués en consultant en permanence des images sur un écran, on perd notre nature fondamentale, notre essence platonicienne. Et du coup, on a là une justification d’une sorte de pulsion voyeuriste (pulsion scopique chez Jacques Lacan), du grec scopos (cible). Alors, chaque fois que l’on regarde quelque chose, on ne regarde pas  pour s'instruire ou pour s'élever, mais pour blesser.


Fin Bilan mi-cours

Séquence, extrait The Circle, James Ponsoldt, 2017

- adapté du roman de même titre de David Eggers de 2013

- un outil numérique lié à la transparence permettrait d'atteindre l'intimité de tous les membres d'un réseau social, et sous prétexte d'être dans une communauté, de mettre un terme à la vie privée = "banalité du réel", totalitarisme numérique.

Séquence, extrait Rear Window, Alfred Hitchcock, 1954
- générique qui illustre ce qui advient quand la perception manque sa scopos, quand on prétend regarder, non plus l’essence de la vérité mais quelque chose qui est plus relatif à une nature corrompue et hybride.

- voir l'importance ici du travail de cadrage, de séquençage, des panoramiques et des travellings

 A voir :

Discours de la servitude volontaire, De la Boétie

La question de la transparence :

Pour une raison méta-structurelle,  la conscience pour Descartes est transparente et le cogito du sujet quand il juge est un miroir mais mal user de cette transparence = critique du jugement intellectuel.

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