Dracula, ou Dracula d'après l'œuvre de Bram Stoker au Québec (Bram Stoker's Dracula) est un film américain romantico-fantastique d'horreur réalisé par Francis Ford Coppola, sorti en 1992. Il est adapté du roman de Bram Stoker et se démarque des adaptations cinématographiques antérieures en présentant Dracula plutôt comme la victime d'une malédiction que comme un monstre. Il met également en avant le côté érotique du roman et introduit une romance entre Dracula et Mina Murray.
La distribution principale est composée de Gary Oldman dans le rôle du comte Dracula, de Winona Ryder dans le rôle de Mina Harker, d'Anthony Hopkins dans le rôle du professeur Abraham Van Helsing et de Keanu Reeves dans le rôle de Jonathan Harker.
Ce qui peut apparaître comme un spectacle boursouflé de maniérisme et d’ego (« Francis en a un de la taille de San Francisco » confesse Gary Oldman) peut à l’inverse se lire comme un autel dressé à la fascination scopique qu’exerce sur tout un chacun le septième art. Coppola est ici maître de toute temporalité, ralentissant et accélérant le montage selon son bon vouloir, rajeunissant et vieillissant sa créature à son gré, il va jusqu’à inverser bande-son et images pour obtenir les effets escomptés. Usant d’artifices de transition de l’époque du muet (les nombreuses ouvertures et fermetures à l’iris), il ne rechigne pas à employer les dernières technologies numériques pour accentuer l’impact de ses images et octroyer à son vampire un authentique pouvoir phénoménal. « Il n’y a pas de limite à la science. » commente le prince Vlad devant les premières polissonneries cinématographiques montrées dans les foires des quartiers de Londres. Des images à l’érotisme contenu qui renvoient forcément à l’autre versant du film traitant de la passion charnelle et de l’amour éternel.
« J’ai traversé des océans d’éternité pour te retrouver » dit le vampire à sa dulcinée pour lui prouver sa fidélité sans faille, comme aurait également pu le dire « l’homme sans âge » d’un de ses plus beaux films à venir. Car le (coup de) cœur n’est pas ici seulement cet organe pulsatile qui permet la circulation du sang mais aussi celui qui consume les êtres qui se sont trouvés. Ne faut-il pas le transpercer pour mettre fin à cette vie amoureuse par-delà la mort (la référence à Théophile Gautier est ici prégnante) ? Si la romance entre le Vlad et Mina est un peu expédiée, elle s’achève par une magnifique inversion des rôles, Dracula s’éteignant à l’endroit même où gisait quatre siècle plus tôt le corps d’Elizabetha son épouse, comme un Yin et un Yang enfin réunis et parfaitement emboîtés.
source :
https://letourdecran.wordpress.com/2018/05/27/dracula/
Séquence "J'ai traversé les océans du temps pour vous trouver" :
Séquence de l'absinthe :
Analyse de la séquence de la pupille d'après Platon (extrait de F. Grolleau, De l'écran à l'écrit, éd. Lambert Lucas, coll. Didac philo), "Dracula : Peut-on vivre de la passion et de l’injustice ?"
http://www.fredericgrolleau.com/2018/09/dracula-3.html
« SOCRATE : N’as-tu pas remarqué que, lorsque nous regardons l’œil de quelqu’un qui nous fait face, notre visage se réfléchit dans sa pupille comme dans un miroir, ce qu’on appelle aussi la poupée, car elle est une image de celui qui
regarde ?
ALCIBIADE : Tu dis vrai.
SOCRATE : Donc, lorsqu’un œil observe un autre œil et qu’il porte son regard sur ce qu’il y a de meilleur en lui, c’est-à-dire ce par quoi il voit, il s’y voit lui-même.
ALCIBIADE : C’est ce qu’il semble.
SOCRATE : Mais si, au lieu de cela, il regarde quelque autre partie de l’homme ou quelque autre objet, à l’exception de celui auquel ce qu’il y a de meilleur en l’œil est semblable, alors il ne se verra pas lui-même.
ALCIBIADE : Tu dis vrai.
SOCRATE : Ainsi, si l’œil veut se voir lui-même, il doit regarder un œil et porter son regard sur cet endroit où se trouve l’excellence de l’œil. Et cet endroit de l’œil, n’est-ce pas la pupille ?
ALCIBIADE : C’est cela.
SOCRATE : Eh bien alors, mon cher Alcibiade, l’âme aussi, si elle veut se connaître elle-même, doit porter son regard sur une âme et avant tout sur cet endroit de l’âme où se trouve l’excellence de l’âme, le savoir, ou sur une autre chose à laquelle cet endroit de l’âme est semblable.
ALCIBIADE : C’est ce qu’il me semble, Socrate.
SOCRATE : Or, peut-on dire qu’il y a en l’âme quelque chose de plus divin que ce qui a trait à la pensée et à la réflexion ?
ALCIBIADE : Nous ne le pouvons pas.
SOCRATE : C’est donc au divin que ressemble ce lieu de l’âme, et quand on porte le regard sur lui et que l’on connaît l’ensemble du divin, le dieu et la réflexion, on serait alors au plus près de se connaître soi-même. »
Platon, Alcibiade majeur (IVème siècle av. JC), 132c-133e, trad. M. Croiset, Gallimard, coll « Tel », 1991, pp.70-71.
analyse des plans séquences du loup et de la réminiscence qui lie Mina à Dracula :
https://lafaquinade.wordpress.com/2015/12/29/dracula/
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