NB : tous les extraits vidéo sont consultables sur la chaîne youtube de F. Grolleau
Retour récapitulatif sur la séance 3
- la philosophie comme boucle/sample : where is my mind ? (the colapse)
- lien entre l'étonnement/archè chez Heidegger et l'an/archisme de Jack /Tyler Durden dans Fight Club
- commentaire image 2 La Caverne :
- le statut de la réminiscence chez Platon (ou le bug/ déjà vu" de la Matrice)
---> voir le statut des androgynes dans Le Banquet (sur la question du partage de l'intelligible par des créatures devenues sensibles à cause de leur tragique hybris)
- Présenter le lien entre conscience et illusion, entre le « Marionnettiste » (Puppet Master) de Ghost in the Shell et le spectre des digits informatiques verts empruntés en 1999 par les Wachowski au générique de Mamoru Oshii en 1995.
- Gygès et la liberté" à travers "The black hole"
- la perspective d'être un cerveau dans un cuve (Hilary Putnam, Raison, vérité, histoire)
---> voir la séquence animée par filosofix
- question de l'illusion et du bonheur à reprendre en relation avec The Truman show
extrait commenté : le steak dans Matrix I (extrait 5)
---> voir The Truman Show versus Matrix
Notes des étudiant(e)s sur cette séance :
Notes de Mlle Zoé Letard :
Récap CM3
- Texte de Heidegger
- Texte de Platon : il différencie le sensible et l’intelligible
- sensible : non pas la capacité d’être affecté par quelque chose mais ce qui a trait au domaine de la sensation, des 5 sens
- les Grecs utilisent le terme aisthesis, qui devient en français l’esthétique.
- l’esthétique est une réflexion sur tout ce qui est relatif à l’appréhension par les 5 sens. Il s’agit du rapport du corps à des choses extérieures à lui et qui l’influencent (terme repris par Kant dans la Critique de la raison pure dans son "esthétique transcendantale"), qui lui permettent de générer des images, de se prononcer sur le sens de ce qui apparaît dans son imagination.
- le philosophe se prononce sur le sens de l’essence de ce qui apparaît à ses sens. Il doit donc y avoir "dialectique" (rappel : pour Descartes, les sens sont trompeurs par principe)
- la dialectique est le travail fait par la raison pour se sortir de l’imprégnation de l’aisthésis qui l’emprisonne dans une réalité qui n’est pas celle première mais plutôt une fausse réalité.
- Chez Platon, les prisonniers enchaînés dans la cavernes sont condamnés à voir des images d’images, que les marionnettistes leur montrent. Les images projetées sur la paroi de la caverne sont situées au troisième niveau du dispositif, elles sont le décalque/prolongement d’un deuxième niveau, celui des objets qui sont tenus au-dessus de la têtes des marionnettistes, figures qui sont elles-mêmes des échos des choses/modèles originaires qui sont à l’extérieur de la caverne.
- les prisonniers devraient donc faire de la dialectiques pour se sortir de la réalité n°3 et accéder à la Réalité n°1, qui est la vérité la plus originaire à laquelle nous ayons droit.
-cf. la dialectique chez Néo dans Matrix : il est comme le prisonnier libéré de la caverne (la Matrice), et qui doit faire de la dialectique pour arriver à comprendre les essences de toutes choses. Il doit comprendre que le chemin de la philosophie est difficile car il faut se détacher des habitudes les plus coutumières qu’il puisse progresser vers la lumière du soleil (symbole des 3 B : le Beau, le Bien, le Bon) . Cela passe par ne plus voir par les yeux du corps mais par ceux de l’esprit.
La notion de bonheur :
- Rappel : les prisonniers ne savent pas qu’ils le sont. Par ailleurs, ils ne savent pas qu’ils se trouvent dans un simulacre (une simulation qui fait se fait passer pour vraie). N’ayant pas été éclairés sur ce sur ce dispositif, ils sont semble-t-il heureux de leur vie.
Retour sur séance 1, chanson Where is my mind, The Pixies
- écrite lors d’une séance de plongée sous-marine et lors d’un temps où Frank Black avait perdu les sens de la réalité et où il était.
- on retrouve la notion de « collapse », de bouleversement, où on a du mal à déterminer, entre Terre et Ciel, ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
- La culture grunge et les mouvements anarchisants proposent une remise en cause de l’archè, de la loi sociétale notamment. C'est pourquoi le générique de fin de Fight Club reprend cette notion de collapse avec le personnage de Jack qui s’écroule - à l'instar des gratte-ciels face à lui - quand il fait le bilan sur sa vie. On ne sait plus s’il se retrouve en lui ou s’il se (s'y) perd complètement... On ne sait pas au juste d'ailleurs si le personnage de Martha qui l'accompagne existe ou si elle n’est qu’une projection mentale fantasmée/hallucinée. La chanson des Pixies tourne dans la dernière scène où l'on ne peut encore rien déterminer : il subsiste encore le collapse et tout peut s’effondrer.
-Confirmation que l’esprit doit s’interroger continuellement sur là où il est, d’où il vient, etc. C'est en ce sens que Descartes soutient la thèse du solipsisme (sole/ipse en latin : seul avec soi-même). C’est l’esprit qui construit l’ordre de la réalité et il la produit lui-même depuis une « forteresse inébranlable » qu'est l'âme. Cette construction prend la forme du cogito (du latin « je pense »). Il y a donc là une conception idéaliste que Descartes se fait de la conscience dans son rapport au réel, conception qui est héritée directement de Platon. Leur point commun tient à un certain rapport à la matière (physis), au monde sensible qui est polémique : « le corps (soma) est le tombeau (sêma) de l’âme ». Chez les Grecs, le corps empêche l’esprit d’accéder au sens des choses parce qu’il est éteint à cause de ses propres sens qui l'entravent dans son accès - méta/physique - à la vérité..
= le somatique qui interfère avec la sémantique : une pathologie liée aux ressentis physiques qui empêche la sémantique, les signes, de faire parvenir les informations, parce que le corps est trop dépendant de ses instincts, ses appétits, ses élans.
- Ainsi, il y a dans le refrain de la chanson des Pixies une boucle/un sample qui fait que les choses reviennent toujours au point de départ, on revient au thaumazein grec avec le rapport entre le Mind et le Collapse, c’est-à-dire la manière que l’esprit a de définir une réalité qui n’est pas celle qui passe par la structure corporée. On retrouve partant dans Fight Club cette pensée philosophique dans le personnage de Jack qui a une vision presque anarchiste, donc qui se revendique comme contre les habitudes sociales, contre un certains ordre des représentations.
Fin récap CM3
Seconde image de "l’allégorie de la Caverne" de Platon, commentée :
- avant cette allégorie, il y a avait un texte intitulé « le texte de la ligne », qui distingue plusieurs niveaux de la connaissance.
- il y a 2 formes de reflets dans les niveaux de la Caverne que l’on retrouve dans Matrix :
Le 1er : niveau des images de l’allégorie, paradigme du Soleil. C’est le niveau le plus bas de la connaissance avec le reflet des choses artificielles.
Le 2ème reflet : niveau des choses naturelles avec un reflet positif de la vérité qui permet de penser que les Idées (Formes, essences : idéalisme de Platon) rayonnent directement dans la nature, sur les choses qui sont en-dessous d’elle, ce qui leur permet de croître (phuein en grec, d'où physis, la nature).
- Si l'on part du bas de la caverne pour se diriger vers le haut, dès que l’on sort de la première ligne/niveau, on s’écarte de la doxa :l’opinion. L’opinion politique, subjective, publique des gens se trouve dans « le cri du cœur et du corps ». L’Homme est ici dans le ressenti, dans une conviction première que l’on n’interroge pas, et transmise par l’entourage. C’est l’endroit où l’on n' est plus authentiquement nous-mêmes et donc où on ne s’appartient plus puisque l’on ne peut pas vérifier nos affirmations. C'est pourquoi la dialectique fait violence à l’individu afin de l'extirper de sa torpeur dont il n’a pas forcément envie de sortir. C’est une confrontation ardue, un choc frontal déclenché par le pathos (au sens heideggerien) du thaumazein.
- Au deuxième niveau, il y a le muret derrière lequel les marionnettistes sont censés se cacher et oeuvrer à la projection des images et sons destinés aux prisonniers en contrebas. Ce moment/lieu désigne la structure des choses dites artificielles ; là où elles sont reproduites. C’est aussi le niveau de l’édification de la culture, de l'éducation et de la formation intellectuelle.
- Au troisième niveau, le prisonnier libéré contemple enfin les essences de toutes choses. C’est là que l’on retrouve le feu, qui est l’image du Soleil ; il est comme un Soleil artificiel inventé par les hommes pour se rassembler et survivre. Il préfigure dans cette optique le fait social, avec le début de la politique, l’invention des premiers langages et des lois . Cf Platon "le mythe de Prométhée et d’Épiméthée" dans Protagoras avec Hermès qui apporte aux hommes l’art politique et le sentiment du juste. A partir de ce niveau, il est possible de sortir de la caverne et de viser le Vrai.
- Au quatrième niveau : on aperçoit le vrai et on est capable d’ apercevoir de "bons" reflets. Platon dit que c’est ici que les objets mathématiques commencent à intervenir : la conceptualisation mathématique se met en place parce qu’on est ici, enfin, dans un cadre de réalité objective.
- Au cinquième niveau, on retrouve les choses qui sont "pleinement" naturelles. Ce ne sont plus leur reflet à la surface du lac mais l’essence des Objets eux-mêmes, des Choses en elles-mêmes. Ils/elles correspondent aux "Idées", aux Essences de toutes les choses.
- Au sixième niveau : l’Idée des idées, une architectonique c’est-à-dire une organisation systématique de quelque chose. On retrouve l’Idée du bien qui est pensé sous l’image du Soleil.
A noter : l’effet de cascade du Soleil vers le fond de la caverne. Pour partir du fond de la caverne et arriver à l’Idée architectonique, on doit traverser le logos (aller dia/logos : en grec, à travers et par-delà le langage : la dia/lectique), soit les choses/images qui sont projetées et nommées en même temps sur la paroi de la caverne face aux prisonniers, sans savoir si cette dénomination orale correspond à la forme projetée ou à son Modèle originaire, quintessencié. Cf Platon, Cratyle : réflexion pour savoir s’il faut valider les mots comme une étiquette pratique, conventionnelle et arbitraire ou si l'on doit considèrer que le langage est la chose même qui désigne l’essence de la forme désignée.
- On comprend bien pourquoi le prisonnier qui parvient à se libérer rencontre un moment de souffrance, lors du niveau des objets naturels (niveau 5). En effet, lorsque l’Homme voit le Soleil, il n’est pas dans la contemplation intellectuelle maximale (le bonheur) à laquelle il est en droit de s'attendre car, à cause du fait d’être resté aussi longtemps dans les ténèbres de la Caverne, la lumière vient l’aveugler. A supposer que la démarche philosophique du dépassement dialectique du corps corresponde à un accès à vérité, l’homme philosophe souffre encore car il est seul, ses congénères étant encore tous restés au dernier niveau de la Caverne. Et il ne souhaite pas rester dans sa solitude à ce niveau de vérité - cette dernière n'ayant de sens qu'à être partagée.
Si la vérité consiste à contempler sans entrave, avec les yeux de l’esprit, l’origine même du monde, il doit donc redescendre pour libérer les prisonniers.
- Insister sur cette notion d'origine du monde : origine de l’homme qui naît au monde à partir du ventre de sa mère (allusion au tableau éponyme de Courbet). Un homme qui doit selon Platon mourir au sensible (abandonner toutes les évidences perceptives) pour pouvoir renaître dans autre chose qu'une sphère de placenta (une matrice/Matrix). On voit chez Platon que, une fois spirituellement libéré, on peut embrasser la vérité pour un court instant ...mais avant de désespérer d’être le seul à la connaître.
- D'où la question : vaut-il mieux être dans une forme d’ignorance mais dans le partage (dans l'illusion de la doxa) ou faut-il s’élever seul malgrè un risque de désillusion, tribut à payer pour repenser à nouveaux frais le sens de la tribu ? = souffrir dans l’espoir de libérer les autres (sacrifice par l’altruisme) = choix de ne pas suivre un potentiel men(t)eur (un sophiste) mais de faire soi-même de la dialectique ?
Bilan : il n’y a pas de discours philosophiques qui ne soient pas une lutte contre (para, en grec) la doxa ( un paradoxe). S’il n’y a pas cette lutte, alors il n'y a pas de débat et donc pas de pensée philosophique. ce qui fait tout le sens de la démarche initiatique (ignis, le feu en latin) : un contact brûlant qui fait passer dans un autre état.
- Rappel : Socrate qui a tenté cette démarche finit en 399 avant J-C condamné à mourir sur la place publique devant ses disciples. Et c'est en réaction à la mort de cet homme "le plus savant de l’Antiquité" (selon L'Apologie de Socrate écrite par Platon), qui voulait réveiller ses concitoyens et les amener à la réalité, que Platon écrit La République.
- Limite de la démarche de Platon : il y a une illusion qui menace, face à laquelle certes nous pouvons penser que l’on va abandonner l’opinion et la perception captieuses où les sens nous abusent mais, pour autant, il n’est pas garanti que ce que l’esprit construit alors soit autre chose qu’une illusion spirituelle. Ainsi, où peut-on mettre la limite entre l’illusion de la satisfaction des instincts, et celle dans laquelle l’esprit se construit une réalité parallèle ? Ce serait une illusion contre une autre... mais la Vérité ne serait pas forcément au rendez-vous (voir plus tard la thèse de Nietzsche sur ce point)
- L’esprit qui se détache du corps, qui peut être détaché de toute forme de matérialité, est une hypothèse que l’on retrouve en 1983 chez Hilary Putnam avec son hypothèse : " Un cerveau dans une cuve". Texte mis en avant par les réalisateurs de Matrix.
Exemple, analyse de la scène du restaurant, sur le fait de manger un « bon » steak même si illusoire
- Cypher, l’un des résistants auprès de Morpheus, erre depuis plus de 10 ans, après s'être lancé dans la démarche dialectique et ne le supporte plus. Il souhaite retourner dans le niveau 1 de la Matrice (ombres de la doxa) et être heureux comme les prisonniers qui y sont. Mais surtout, il souhaite ne plus se souvenir de son éveil spirituel, redevenir un corps qui existe pour être satisfait : conception totalement contre-philosophique. cf : Épicure et sa position sur la classification des désirs
- séquence du générique de Ghost in the shell
- 1995, adaptation en anime au cinéma : générique qui a des concordances avec des éléments de Matrix : la couleur verte, la pixellisation, le langage binaire = on retrouve le symbole de la conscience prise dans un système de simulation. Ghost... préfigure l’intelligence de type cyborg qui rêve d’être une conscience humaine et qui va rencontrer un marionnettiste platonicien en la figure du "Puppet master". Cf : toutes les problématiques actuelles sur le transhumanisme, la réalité augmentée qui en découlent.
- Platon dit dans son "allégorie de la Caverne" qu’il y a un écart entre le sensible et l'intelligible et que la réalité cognitive est du côté de l’intelligible (travail de l’esprit) tandis que dans le corporel on est comme embourbé. Mais l’intelligible lui-même ne peut se dire et se donner que dans le sensible parce qu’il est trop intellectuel est abstrait pour que l’esprit humain puisse le concevoir sans un support. Quand on dit qu’il faut mourir au corps pour renaître à l’esprit, on peut penser qu’il y a là une démarche spiritualiste chez Platon qui demanderait la mortification, de violenter son corps. or ce que Platon dit vraiment, c’est que l’on est condamné à passer par le corps pour arriver à l’esprit. Et qu'alors l’esprit doit imposer sa loi au corps (cf. la position de Nietzsche condamnant cette lecture et se moquant de "l'arrière-monde" platonicien)
- La réminiscence : thèse selon laquelle autrefois, les êtres humains étaient des êtres proches de la divinité et étaient de purs esprit, mais qui, pour plusieurs raisons, n’ont pas pu rester dans cette stase idéale et en ont été chassés à cause de l’orgueil humain ( hubris ) = la démesure. On voit que l’homme est une créature qui ne se contente jamais de sa seule nature et qui, comme elle est constitué de cette hubris, est toujours en rivalité avec ce qu’elle n’a pas pour se l’approprier. Cf Nature hybride de l’être humain : mi-esprit et mi-corps. Raison pour laquelle les hommes ont chuté (thématique reprise plus tard par la chrétienté avec la tour de Babel, Adam et Eve chassés du Paradis,…) = discours d’Aristophane sur l’amour dans Le Banquet, de Platon.
- Aristophane, sous la plume de Platon, explique que Zeus se serait autrefois mis en colère contre les humains (sous la forme de purs esprits ici), qu’il les aurait tranchés en deux avec son épée puis envoyer sur la Terre en signe de punition. Pour que ces esprits ne s’écrasent pas, des ailes leur adviennent dans l’apesanteur terrestre et, quand enfin ils sont posés sur terre, les ailes deviennent des corps qui viennent s’adjoindre à l’esprit = le corps est donc ce qui vient "sauver" l’esprit.
- Dans la conception grecque rappelée par Aristophane, ces esprits sont soient masculins, soient féminins, soient les deux à la fois (hermaphordites) : étant coupés en deux, chaque moitié arrivant sur Terre cherche donc son autre moitié avec laquelle elle formait jadis un cercle parfait. La réminiscence est la méthode par laquelle l’esprit, en tombant du ciel sur la Terre, garde un souvenir de la vérité contemplée dans la stase des dieux. Ce souvenir est donc présent en lui au titre de potentialité et grâce à une prise de conscience (maïeutique socratique), soudain l’esprit est réveillé et se rappelle de ce qu’il était capable de percevoir autrefois en tant qu’esprit pur. Dans Matrix, Néo parle de ce principe de ressouvenir avec le « déjà vu » = équivalent d'un bug dans la Matrice et donc de réminiscence qui rappelle que ce qu’il perçoit n’est pas la réalité, qu’il y a un autre ordre de réalité dans lequel il doit aller = l’appel à sortir de la caverne.
- "Black Hole", séquence d’après le" Mythe de Gygès" : un berger trouvant un anneau et devenant invisible pour séduire la Reine et prendre la pouvoir à la place du roi. L'anneau permet de dépasser les lois de la matière (et celles de la morale, dans le lien à Autrui). Gygès est pour Platon le personnage amoral qui ne fait pas le bien alors qu’il le pourrait, et qui de surcroît choisit volontairement de transgresser les règles de la bienséance. Question : si nous possédions un pouvoir qui permet de ne pas rester restreint aux limites perceptives, qu’en ferions-nous ? Ferions-nous le bien ou célébrerions-nous plutôt l’hubris ? Cf le statut des conventions sociales, et la thèse critique de Nietzsche sur les préceptes du bien et du mal. Voir l'approche qui est proposée de tout cela à la fois par Hitchcock dans La Corde (1948).
- Hilary Putnam, texte de 1983, "Un cerveau dans une cuve" pose la question de la perception . Le réel d’un point de vue biologique est un signal électrique envoyé au cerveau (cf Morpheus dans Matrix). Ce signal serait la réalité objective.
- Matrix, séquence de Cypher ( référence à Lucifer, ) au restaurant avec l’agent Smith.
- Cypher veut redevenir un cerveau dans une cuve, un corps sans sa réminiscence et se complaire dans un dispositif qui pourrait l'abuser par les sensations. Cypher a conscience d’être sorti des divers niveaux de la caverne et de pouvoir se déplacer dans la Matrice librement. Il a également conscience que le steak qu’il mange n’est pas réel, ni son goût, ni son odeur et ni sa texture. En réalité, les nutriments consommés dans "le désert du réel" s’apparentent à une bouillie infâme (dernière séquence de l'extrait). Cypher veut bel et bien régresser pour croire que le steak et le reste de l’environnement simulé existent, il veut être réinjecté en échange de sa trahison de ses camarades de combat dans la Matrice = devenir ignorant, ne plus savoir pour sentir.
- On en déduit que tout le monde ne souhaite pas forcément faire de philosophie et s’élever dialectiquement. Pour certains, les tréfonds barbares sont convenables et permettent de vivre paisiblement. On peut faire correspondre Cypher aux marionnettistes de la Caverne platonicienne : soit des individus qui ne sont plus des prisonniers de la caverne, mais qui n’en sont pas totalement sortis. Ils sont à un niveau intermédiaire où ils ont des connaissances, les utilisent pour créer des subterfuges et en tirer des bénéfices.
Matrix, séquence de la cuillère
- L’Oracle, une femme qui fait modestement des gâteaux, accueille chez elle plusieurs enfants qui ont des pouvoirs de télékinésie, de transformation de la matière et pourraient représenter L'élu, qui doit sauver l'humanité des griffes de l'IA. Neo rencontre alors un jeune garçon en « tenue bouddhiste » qui modifie la matière d’une petite cuillère. Cela s'explique par le fait que le corps est un lieu où on est empêché, entravé mais que par l’esprit on peut considérer que la matière n’existe pas et qu’il n’y a pas d’objet matériel au sens propre : il n’y a que ce que l’esprit souhaite bien apercevoir. Cf Descartes et Berkeley : thèses sur l’immatérialisme , l’idée selon laquelle il n’y a pas de matière objective qui existe. Il n’y a de réalité que dans l’esprit et le reste ne fait pas sens.
- Question : le reflet de Néo dans la cuillère est-il le reflet du "vrai" philosophe, comme le reflet d’une chose naturelle, ou bien est-ce le reflet d’une chose artificielle, c’est-à-dire le reflet d’un autre reflet qui fait miroiter l’ignorance ?
- Rappel : au-dessus le la porte de l’Oracle est écrit en latin : Temet Noscce, pour Nosce te ipsum, "Connais-toi toi-même" (devise en grec de Socrate : Gnothi seauton).
On retrouve donc la logique platonicienne, elle-même socratique, selon laquelle il faut faire un travail psychologique sur soi-même pour se déprendre de la trop grande confiance dans l’évidence de la réalité. Cf Descartes amenant à considérer qu'on fait de la philosophie quand on accepte que l’évidence n’est pas évidente. Du latin e-videre : voir. Ce qui est évident est ce qui est tellement visible qu’on ne peut pas ne pas le voir. = est-ce le trop-plein de la vision avec l’esprit ou de la vision avec le corps ?
- séquence Philosophix
- La transmission de l’image par le canal d’optique est une première image d’une chose, mais il y a une deuxième image qui est formée par une interprétation du cerveau. Si on fait l’économie de la première image pour ne valider que la seconde, on ne saurait plus de quoi est-ce que l’on parle, puisque l’image n’est plus "é-vidente".D'où critère de l’évidence dans la "méthode" de Descartes : la clarté de la distinction ( critère mathématiques). Quand on a une représentation, on ne peut pas la confondre avec une autre, tant elle nous frappe, comme 2+2= 4.
Séquence, comparaison des héros de Matrix et The Truman Show
- Confrontation de Néo et de Truman sous la question de l’illusion et du bonheur.
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