NB : tous les extraits vidéo sont consultables sur la chaîne youtube de F. Grolleau
Introduction de l'introduction
Le sens du commencement en philosophie :
* Commencer en s'étonnant : voir les textes de Platon, Aristote et Heidegger
---> Voir l'étonnement chez Heidegger
* Illustration avec les génériques de Fight Club
Problématique :
- Le lien entre l'esprit et la réalité
- Construire le monde ou le recevoir ?
- Percevoir le réel, est-ce forcément passif ?
- Comment rendre objective la saisie singulière, par les 5 sens, de l'environnement ?
- en quoi la sensation/perception n'est-elle pas illusion / hallucination ? (voir le lien avec Shutter Island par exemple)
---> illustrations avec :
¤ "le morceau de cire" de Descartes
¤ "la banalité du réel" (modification de la formule de H. Arendt sur la "banalité du mal" dans Eichmann à Jérusalem)
¤ la couleur supposément bleue des murs de l'amphi B2 (cf. les Grecs et la méconnaissance du bleu chez Pastoureau)
¤ la matérialité remise en question (Marcel Aymé, Garou-Garou, Le passe-muraille, 1943)
¤ le sens du savon dans Fight Club
¤ "Where is my mind" des Pixies
Enjeu :
Articulation entre subjectivité, réalité et vérité
==>> la preuve en image et en son : Atelier 1 - Fight Club (D. Fincher,1995)
vidéo bande-annonce Fight Club 20ème anniversaire HD VOST
Début du commentaire du texte d'Aristote [à poursuivre] avant la reprise synthétique de ces informations dans l'introduction (méthodologie à présenter au passage)
Notes des étudiant(e)s sur cette séance :
Philosophie et cinéma.
Cette matière va nous permettre de réfléchir sur la méthode, plus que la logique du discours. Elle s'appuie sur la compréhension du texte et pose quelques jalons sur l’art d’analyser un texte.
L’examen en fin de semestre prendra appui sur l’ensemble des extraits audiovisuels du cours, en le renvoyant d’un point de vue philosophique. NB : Une citation n'a de sens que si elle vise à une explicitation par ailleurs.
Le commencement en philosophie renvoie souvent à la notion d’étonnement. De quoi celui-ci est-il porteur ? Sera présenté ici son sens et tout ce qui en tourne autour. L'approche du professeur se base sur le passage de l’écran à l’écrit (titre d'un de ses livres à paraître), d’où le sujet du cours.
-Film d’adaptation en 2019, Fight Club.
Notion d’étonnement illustrée ici. On voit la surprise de l’acteur avec le canon dans sa bouche. Surpris mais surtout étonné. Le rapport avec notre réflexion est que l’étonnement est le début d’une réflexion philosophique. (Référence à la citation de Platon “L’étonnement est un sentiment philosophique ; c’est le vrai commencement de la philosophie".)
Introduction plutôt générale sur le sens de la réalité.
Se poser la question centrale qui est : faut-il (et si oui, comment ?) considérer être dans une réalité commune à laquelle nous nous accordons. L’ensemble des choses forment un essaim : je pense et saisis la réalité environnante mais sans en/y être passivement (je suis à distance pour la penser et la nommer). Mais ça ne veut pas dire pour autant que je ne suis pas réel.
Aristote pose la question des caractéristiques de la réalité : à quoi on la reconnaît et comment l'identifier, la distinguer. Peut-elle faire l'objet de démonstration ? Peut-elle être attestée par quelqu’un ? Qui ? Peut-on la confisquer ? En monopoliser le sens ? En définitive, dans quel monde vivons-nous, le monde étant l'extension de la réalité ? Existe-t-il d'autres mondes ? On entre dans le champ de la science-fiction.
Dans l'extrait 1 de Fight Club (générique d'ouverture), le protagoniste découvre ainsi que le monde qui est le sien est problématique. Le son du générique cherche à nous transmettre les émotions du personnage, sa confusion et son trouble d’être confus etc. On ne comprend plus où on est et c’est le point clef ; le début de la pensée. C'est l'écarquillement des yeux, le début de la stupéfaction. La tentative de compréhension par les yeux et le canal optique de ce qu'on a sous le regard (ici, a priori, le canon d'un revolver dans la bouche mais est-ce réel ? est-ce LE réel ?) En apparence, tout le monde est capable de s’étonner. L’ouverture du film nous interroge sur l’acceptation de changer son regard sur la perception du réel.
Mais Les philosophes ne s'étonnent pas sur l’extraordinaire du quotidien. La marque de la pensée philosophique, c’est que les philosophes s'étonnent de ce qui n’étonne pas le commun des mortels, de ce qui n’a rien d’étonnant. Le fait que la plupart des gens acquiescent à une réalité devenue commune et donc qu’ils n’interrogent plus. Ce n’est pas l'extraordinaire (ce qui est en dehors du sens commun des choses) mais l'infraordinaire ( la chose banale et insipide) qui consitue l'objet du thaumazein grec (voir texte de Platon).
Comment donc entendons-nous le sens de cette réalité ? Peut-on manipuler ces représentations? Est-ce une réalité foncière ou une illusion ? Comment la réalité peut-elle être autre chose que ce que l’on perçoit ? La croyance en nos sens est usuellement la réponse à nos questions sur le réel. Or, ce qui leur échappe, ce qui est inexistant n'est pas pour autant impensable. Par ex. le logicien Wittgensten évoque la possibilité "logique" d'un rond carré : cela paraît impossible (au regard de notre réalité normative) mais ce n'est pas impensable !
De même, Les sensations peuvent être trompeuses. L’erreur selon les philosophes, c’est de penser que nos sens sont immédiats alors qu’il font l’objet d’une connexion à travers notre cerveau. Par ex., un mur bleu qui change de couleur quand on eteint la lumiere, signe qu'il n’a pas cette couleur initialement et qu'il s'agit d'une convention arbitraire. Je juge certes - où plutôt je vois - d'après ma vision que les murs sont bleus
mais cela reste quelque chose de discutable. La couleur est une codification modifiable voire contestable. C'est surtout culturellement que les couleurs sont mises en avant. Il s'agit pour l'essentiel d'une construction culturelle. Ça veut dire que si le mur est réellement bleu, on met en avant le fait qu’on a en commun les mêmes repères visuels. Ce qui tend à signifier la dimension arbitraire de la couleur ( Cf la thèse de Pastoureau sur les Grecs qui méconnaissaient le bleu)
Ainsi, quant au sens de la réalité, est-ce que l’homme perçoit passivement un monde existant ? Cette réalité nous précédait-elle indépendamment de nos sens ? Ou alors cette réalité n’a-t-elle comme de sens que celui que nous voulons bien lui attribuer ? Au nom de quoi alors un personnage peut-il sortir de cette réalité ? serait-ce par des perceptions différentes (ex. super héros etc.) ? Peut-on évoquer une "banalité du réel" pour faire allusion à “la banalité du mal” présentée par la philosophe Hannah Arendt dans Eichmann à Jérusalem, évoquant à quel point la réalité a pu vaciller vaciller pour les soldats de la 2GM. Se réfugier dasn cette banalité atteste un comportement anti-philosophique par excellence. Les choses deviennent mécaniques pour ces bourreax et tortionnaires. Le mal, c’est d’abandonner la dignité, de ne plus essayer de percevoir les choses comme autrui, en accord avec une morale universelle. Un réel qui ne nous surprend plus devient-il une forme du mal ?
On voit bien dans les 2 extraits de Fight Club une remise en question de la perception par le personnage. Face à une situation particulière et troublante dans laquelle il peut perdre la vie. Un doute surgit durant le film sur le personnage, il est sur un chemin de rédemption avec des dérapages. Le film tient jusqu’au bout cette conception où la réalité bascule à chaque instant. Pour accepter la réflexion philosophique, il faut accepter d’être borderline. Il ne faut point être cartésien, sinon on ne peut trouver l’étonnement nécessaire.
Lien avec la certitude, l’étonnement et le deni d’une réalité trop différente de notre quotidien. On n’oserait pas remettre en question cependant notre propre confiance en nos 5 sens.
La distinction entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas est vraiment problématique. Quels sont les critères du réel ? On passe par une réflexion directe sur ce qui nous semble important, et non à travers nos sens. Par ex. on peut, tous, lire un texte mais avoir des avis différents sur ce qui est important. Le réel est la représentation de nos sens. Mais est-ce qu’il y a quelque chose d'extérieur à notre représentation ou y a-t-il quelque chose
d’externe et illusoire de par notre représentation ?
A la fin du film, Jack & Martha contemplent le paysage nocturne, la situation semble meilleure qu’au début, puis a lieu un contraste soudain avec les écroulements des les gratte-ciels. La certitude qu’avait l'être humain s’affaisse en s’ouvrant sur quelque chose d'incontrôlable. Cela rappelle la pensée de Descartes ("je pense donc je suis"), penseur du doute, qui pratique le suspension du jugement et donne un exemple célèbre. Interrogeant sur les sens qui trompent l'esprit alors qu'on a l'habitude de s'y fier, il se base sur un morceau de cire. Personne ne doute de son existence grâce à nos 5 sens, mais il suffit qu’on l’approche d'une flamme pour qu’une transmutation commence. Cette cire change de par tous ses sens, autant sa couleur, son odeur et son état solide. Il se demande alors ce que l’on voit à ce moment-là ?
On identifie toujours de la cire malgré sa transformation parce qu’au quotidien je me trompe quand je dis que je vois la cire. Ce qu'il faudrait dire plus justement c’est “je juge qu'il y a de la cire que je vois”. La saisie de la cire est une opération d’abord intellectuelle avant d’être sensorielle. C’est la définition intellectuelle que j’en fais qui me permet de distinguer autre chose. Or ce qui vaut pour la cire de Descartes vaut également pour notre réalité. Ici, dans Fight Club, notre personnage construit cette réalité ou bien la subit-elle ?
Voir la chanson des pixies, Fight club/Placebo - "Where is my mind" (2003), différence avec la chanson des Dust Brother - "Who is Tyler Durden ?" Le film oppose deux realité avec les chansons du générique "Who is Tyler Durden ?" et "Where is my mind". Les Pixies remettent à nouveau en question la réalité dans laquelle je suis. En entendant cette musique, ceux qui la percevaient devaient comprendre que les images du film n'étaient pas la réalité. C'est le sens du "colapse" des Pixies, ce décalage d'avec la réalité perceptive soudain généré par l'esprit/la conscience.
voir la séance 2
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