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atelier génériques "Fight Club" (D. Fincher, 1999)

Publié le 24 Juillet 2021, 17:09pm

Catégories : #Ateliers audiovisuels

atelier génériques "Fight Club" (D. Fincher, 1999)

Fight club:
Le narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul. Il connaît la misère humaine, morale et sexuelle. C’est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin dirigé par Tyler Durden, une sorte d’anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l’amour de son prochain.

Dans Fight Club, Edward Norton qu'on appellera le narrateur est un personnage complètement enfermé dans cette société de consommation : il s'identifie aux biens matériels, il ne peut s'empêchér d'acheter des gadgets superflus, il privilégie les rapports intimes avec magazines pour mobiliers plutôt qu'avec de somptueuses femmes. Mais sa face cachée ("T'es Dr. Jekyll et Mister connard" lui crie Marla) va être poussée à l'extrême pour mettre fin à toute cette manipulation. Ainsi il se "dédouble" et imagine son contraire qui prend vie : Tyler Durden (Brad Pitt). Celui-ci lui dévoile l'envers du décors, il met à nu tout le système en passant par l'influence de la publicité, de la télévision et en prouvant que, pour ceux qui dirigent ce monde, nous ne sommes que des statistiques, un simple compte en banque parmi d'autres : "Vous n’êtes pas votre travail, vous n’êtes pas votre compte en banque, vous n’êtes pas votre voiture, vous n’êtes pas votre portefeuille, ni votre putain de treillis, vous êtes la merde de ce monde prête à servir à tout."

Tyler Durden et le narrateur se battent par plaisir à la sortie d'un bar, après s'être rendu compte que le narrateur consomme trop et pour rien. C'est un affrontement des deux facettes du personnage. Mais cette bagarre a pour principal but de leur faire prendre conscience qu'ils sont humains. Qu'il y a des choses plus importantes qu'un appartement incendié. Ils apprennent de cette manière la vraie valeur des choses, de la vie. Cette violence qui les rend vivant devient peu à peu une habitude, d'autres personnes finissent par les rejoindre et y prennent vite goût : c'est la création du Fight Club. Mais le Fight Club prend rapidemment un essor fulgurant et se propage à travers le monde entier. Au début ce qui n'était qu'une simple réunion de street fighter va prendre une tournure politique en créant une sorte de régime totalitaire et fachiste visant à lutter, voire anéantir la société de consommation. Car à la fin du film, les membres du Fight Club sous les ordres de Tyler décident de faire exploser la société mère bancaire, ainsi les comptes sont effacés et la société peut prendre un nouveau départ, où tout ne tourne pas autour de l'argent ou de la consommation.

A l'aide des 3 documents et des 2 génériques de début et de fin accessibles ci-dessous, prenez position sur le statut du réel ou de déréalisation induit à l'écran pour le spectateur :

doc 1 :

Fight Club est le film de David Fincher qui reste sans doute son plus controversé, et authentiquement culte, Récit d’une schizophrénie aux conséquences sociétales et intimes dévastatrices, l’adaptation du roman de Chuck Palahniuk s’ouvre sur un générique ultra-speedé, rythmé par la musique du groupe The Dust Brothers (Stealing Fat), et offrant au spectateur un voyage en mode macro dans le cerveau du Narrateur, protagoniste principal de l’histoire.

Comme le montre les bonus disponibles dans les différentes éditions vidéo du film, le long travelling arrière, partant des dendrites (les portes d’entrée des neurones) pour remonter jusqu’aux lobes frontaux, traverser le crâne et ressortir par un pore de la peau jusqu’au canon d’un flingue glissé dans la bouche de « Jack », a été entièrement dessiné avant sa conception, afin d’être le plus biologiquement réaliste possible.

Sans fioriture, le générique impose le tempo électrique du film, donnant au spectateur l’impression d’être, comme le souhaite Fincher dans le commentaire audio du film, « comme dans une éventuelle attraction "Fight Club" au parc Universal ». Aussi simple qu’efficace.

doc 2 : 

La chanson "Where is My Mind" est une chanson écrite à l’origine après une séance de plongée mais qui, à cause du titre, des paroles et de son utilisation dans divers films et jeux vidéos, va prendre une dimension qui fait écho  à notre monde actuel.

Le groupe Pixies se démarque d’emblée du son des années 80. Issu des college rock, ce groupe de musiciens formés à l’Université, ne recherche ni la virtuosité ni à adopter une rock and roll attitude. Ce qui importe pour eux, ce sont non seulement les émotions glissées dans la musique mais plus encore, le message.

Le 21 mars 1988, Surfer Rosa, le premier album de Pixies sort dans les bacs. L’un des titres, Where is my mind va devenir un standard du rock. Frank Black, le chanteur de Pixies, commence l’écriture de ce morceau après une séance de plongée. Evènement banal et pourtant, le morceau, par son titre et ses paroles va prendre une autre dimension.

Where is my mind va commencer à exprimer la folie, la schizophrénie, les troubles de la santé mentale. Et puis en 1999, le titre accompagne la scène finale du film Fight Club de David Fincher. C’est l’histoire d’un monde qui s’écroule, qui devient fou.

A travers l’utilisation qu’en font les réalisateurs de films et de séries, le tube des Pixies illustre désormais la folie dans laquelle chacun pourrait sombrer, non pas à cause de la solitude, mais bien à cause d’un monde qui est en train de se dégrader et de se détruire, une chanson qui a donc un écho tout particulier à travers la crise actuelle.

« Tu m’as connu à une période étrange de mon existence. »
Le film s’achève sur cette scène des deux héros réunis face à l’effondrement des tours. Réunis après tout le chaos dans la contemplation d’un monde qui s’effondre et partageant des silhouettes très similaires, c’est à la fin l’acceptation de soi qui compte. Le message est donc assez simple : au lieu de chercher à être quelqu’un d’autre, si l'on veut conserver l'amour de sa moitié il faut être honnête avec elle (et avec soi) sur qui on est. On ne peut pas limiter le film à cette histoire d’amour, mais il ne faut pas non plus l’occulter.

 

traduction Where Is My Mind (Où ai-je la tête)

Oooooh
Oooooh
Stop
Stop

[Chorus]
[Refrain]


With your feet in the air and your head on the ground
Avec tes pieds en l’air et ta tête sur le sol
Try this trick and spin it, yeah
Essaye ce tour et fais-le tourner, ouais
Your head will collapse
Ta tête s’effondrera
But there’s nothing in it
Mais il n’y a rien dedans
And you’ll ask yourself
Et tu te demanderas

Where is my mind ? (x3)
Où ai-je la tête ? (x3)

Way out in the water
Hors de l’eau
See it swimmin’
Regarde-le nager

I was swimmin’ in the Caribbean
Je nageais dans les Caraïbes
Animals were hiding behind the rock
Les animaux se cachaient derrière les rochers
Except the little fish
Excepté les petits poissons
But they told me, he swears
Mais ils m’ont dit qu’il jure
Tryin’ to talk to me to me to me
En essayant de me parler, à moi, à moi

Where is my mind ? (x3)
Où ai-je la tête ? (x3)

Way out in the water
Hors de l’eau
See it swimmin’
Regarde-le nager

[Chorus]
[Refrain]

Where is my mind ? (x3)
Où ai-je la tête ? (x3)

Way out in the water
Hors de l’eau
See it swimmin’
Regarde-le nager

Ooooh
Ooooh
With your feet in the air and your head on the ground
Avec tes pieds en l’air et ta tête sur la terre
Ooooh
Ooooh
Try this trick and spin it, yeah
Essaye ce tour et fais-le tourner, ouais
Ooooh
Ooooh
Ooooh
Ooooh
 

doc 3 :

"Where is my mind" ou la conscience selon Descartes, présenté par Francis Métivier (Rock'n philo)

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NB : pour le générique 1 voir Cinépsis

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