« … il suffit simplement d’admettre que la troupe de frères qui s’ameutèrent était dominée par les mêmes sentiments contradictoires à l’égard du père que ceux que nous pouvons mettre en évidence, comme contenu de l’ambivalence du complexe paternel, chez chacun de nos enfants et de nos névrosés. Ils haïssaient le père qui faisait si puissamment obstacle à leur besoin de puissance et à leurs revendications sexuelles, mais ils l’aimaient et l’admiraient aussi. Après qu’ils l’eurent éliminé, qu’ils eurent satisfait leur haine et mené à bien leur souhait d’identification avec lui, les motions tendres, qui avaient alors été terrassées, ne pouvaient manquer de se faire valoir.
Cela se produisit sous la forme du repentir, il apparut une conscience de culpabilité, coïncidant avec le repentir éprouvé en commun. Le mort devenait maintenant plus fort que ne l’avait été le vivant ;
toutes choses telles que nous les voyons encore dans le destin d’êtres humains… Ils créaient à partir de la conscience de culpabilité du fils les deux tabous fondamentaux du totémisme, qui pour cette raison même ne pouvait que concorder avec les deux souhaits refoulés du complexe d’Œdipe. »
S. Freud, Totem et tabou (3° partie : « Le retour infantile du totémisme », traduction J. Altounian, A. Bourguignon, P. Cotet, A. Rauzy, avec la collaboration de F. Baillet, Sigmund Freud, Œuvres complètes, XI, Paris PUF, 1998, page 362).
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