L’INTRODUCTION
(Moment de l’explication du sujet / de la construction du problème)
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LA PREMIERE PARTIE
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LA DEUXIEME PARTIE
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LA TROISIEME PARTIE
(I, II et III : moment de la réflexion)
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LA CONCLUSION
(Moment de la solution)
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L’introduction doit soulever le problème. On débute en faisant apparaître une difficulté ; on poursuit en précisant les questions liées aux hypothèses contenues dans le sujet. Le problème a donc la forme d’un questionnement dont les étapes correspondront aux parties du développement. La construction du problème tient donc lieu d’annonce de plan.
La conclusion doit exposer la solution au problème, celle qui est l’aboutissement logique du développement. On débute en rappelant la question (« Nous nous étions demandé si… »), on poursuit en énonçant 1a solution (Nous savons maintenant que…), on termine par le rappel des arguments décisifs (En effet nous avons montré que…).
Le développement est un raisonnement en trois parties reliées par des transitions. L’ensemble a l’allure d’une démonstration ou seule l’objectivité du point de vue a de la valeur. Il faut donc bannir la subjectivité des impressions ou des opinions personnelles.
Dans le développement la réflexion s’appuie sur trois types de démarches ; elles sont présentées ici par ordre d’importance.
1° la définition et l’analyse des notions (sens, implications, conséquences, liens avec d’autre notions).
2° la présentation et l’analyse d’exemples, destinés à illustrer ou à montrer la solidité du raisonnement. Attention ! Un exemple doit être commenté ; le commentaire doit montrer que ce cas particulier illustre ou confirme une idée à portée générale.
3° La référence aux auteurs de la tradition ou de la culture classique, soit par la citation exacte, soit par le rappel d’un point de leur doctrine. Citations et références doivent être au service de la réflexion personnelle, pas la remplacer ; il faut donc toujours expliquer et commenter les références.
Les transitions : elles doivent motiver intellectuellement la poursuite de la réflexion. On débute en énonçant le résultat de la partie ; on lui fait suivre une objection dont le contenu sera examiné dans la partie suivante.
Qualité de la rédaction : pas de style oral ou de langage familier; pas de mot entre guillemets pour exprimer approximativement sa pensée ; donc un vocabulaire précis (énoncer précisément = penser clairement)
On utilise de préférence des exemples classiques, issus de la culture historique, littéraire ou scientifique
On bannit l’anecdote personnelle. Attention à l’orthographe et à la ponctuation.
Un exemple de dissertation :
"Pour être libre suffit-il d’être maître de soi-même ?"
intro
Nous admirons ceux qui restent impassibles dans les situations les plus difficiles parce font preuve d’une maîtrise d’eux-mêmes qui semble le comble de la liberté. Mais le pourraient-ils encore dans un monde qui leur serait en tout point hostile ?
Ce qui nous amène à nous demander si la maîtrise de soi, autrement dit la liberté morale, garante de notre indépendance à l’égard des autres et du monde, permet à elle seule de faire de nous des hommes libres, ou s’il y faut d’autres conditions relatives à l’ordre du monde, des conditions matérielles ou politiques ?
Pour le savoir nous devons d’abord préciser notre représentation de l’homme libre et le rôle qu’y joue la maitrise de soi (I). Si ce facteur est essentiel, est-il cependant possible de se rendre totalement indifférent aux circonstances de la vie ? (II) Dans le cas contraire, quelles sont les conditions externes de la réalisation de la liberté ? (III)
1/
Balayons tout de suite l’opinion enfantine qui voudrait que la liberté consistât à pouvoir faire tout ce qu’on veut. La liberté serait alors un fantasme puisque l’idée d’un tel pouvoir est un tissu d’impossibilités et de contradictions. Pour définir correctement la liberté il faut donc partir des données incontournables de la condition humaine, à savoir que l’homme est un être pensant doté d’un corps -un sujet incarné- qui vit dans un monde, c’est-à-dire au sein d’un environnement physique, historique et social qui n’a pas pour vocation de servir ses volontés et ses désirs. Dès lors si l’homme peut avoir le sentiment de régner en maître dans le champ de son intériorité, il ne pourra l’être en réalité qu’en surmontant d’une manière ou d’une autre la résistance que lui oppose le monde extérieur
Dans cette perspective la liberté doit être définie comme le pouvoir d’accomplir une volonté autonome, ce qui ne néglige ni la capacité du sujet à se déterminer lui-même ni l’existence du monde extérieur. Nous ne serions pas libres, donc, si nous n’avions ni le droit ni les moyens d’accomplir notre volonté, ni si le principe de nos action nous était extérieur ; c’est le cas par exemple lorsque nous agissons à l’imitation des autres.
Mais cette dimension externe de la liberté est-elle vraiment essentielle ? Ces deux facteurs, l’un tenant à l’attitude du sujet, l’autre à l’ordre du monde extérieur, ne peuvent-ils pas se ramener à un seul ?
En effet, quelle que soit notre situation ou l’état du monde, c’est toujours dans l’ordre de la représentation qu’ils nous sont présents. Par exemple la vue du sang peut paralyser l’action de certains, mais elle laissera froid le chirurgien ou le secouriste qui ont appris à maitriser leurs émotions. Ce qui montre que ce n’est pas l’objet mais la représentation que nous en formons qui forme la trame du monde que nous percevons; le monde est vécu, éprouvé, il est toujours monde pour nous. Sous cet angle, la liberté est un état qui dépend du sujet et de lui seul ; c’est un problème interne, qui relève de l’intériorité du sujet lui-même, et qui se réduit au problème de la maîtrise de ses émotions et de ses représentations. C’est ainsi que la pensée morale antique concevait la liberté par exemple en affirmant, comme le fait Epictète, que « ce n’est pas la mort qui est redoutable, mais l’idée qu’on s’en fait ». On est donc libre de ce seul fait que homme l’usage de la raison nous a rendu impassible et par là indépendant moralement et matériellement du monde extérieur.
Tout nous porte donc à penser que la maîtrise de soi suffit à la liberté, puisque une fois qu’elle est acquise nous ne dépendons plus de rien d’extérieur à nous. Toutefois est-il possible qu’un homme se rende totalement indifférent à l’état du monde qui l’entoure ?
II/
Certains hommes ont naturellement une très grande force caractère ; on sait d’autre part à quel point les exercices physiques et spirituels peuvent renforcer l’âme de l’individu comme le montre les grandes figures morales de l’antiquité, Epicure et Epictète par exemple. Ne disait-on pas à leur époque que « le sage est heureux, même dans les entrailles du taureau de Phalaris ? » Mais cette représentation de l’indépendance absolue peut-elle autre chose qu’un idéal ?
Il faut bien reconnaître qu’elle a tout l’aspect du mythe infantile de la toute-puissance et que l’expérience ne plaide pas en sa faveur.
D’abord parce qu’un homme seul ne peut pas satisfaire l’ensemble de ses besoins, même lorsqu’ils sont modestes ; et que le premier besoin de l’homme est sans aucun doute le besoin psychologique de relations avec ses semblables. Ensuite parce que la perception de ce qui nous entoure s’accompagne toujours d’un minimum d’affects et de sentiments, qu’on peut s’efforcer de contrôler, mais qu’on ne peut pas ignorer. Personne ne peut être totalement indifférent à la dureté ou à l’injustice d’une société ou aux malheurs des autres. En effet le pouvoir que l’homme peut avoir sur lui-même est limité ; il ne lui permet pas d’être complètement indifférent au monde qui l’entoure, encore moins indépendant de lui.
On voit par là que l’homme est un être qui par nature vit en société, en étant lié matériellement et psychologiquement à des semblables. On ne peut donc pas concevoir la liberté en dehors de ce cadre, qui est tout bonnement celui de la condition humaine. Pour être libre individuellement, l’homme doit donc décider en commun avec les autres des règles de fonctionnement de la société : c’est l’activité politique, que le philosophe Aristote décrit comme un élément de notre condition d’homme lorsqu’il dit que « l’homme est par nature un animal politique. »
Ainsi, contrairement à ce qui nous était d’abord apparu, l’indépendance morale ne saurait suffire à la liberté ; la liberté dépend aussi de conditions dont la réalisation échappe au sujet isolé, d’ordre politique notamment. Mais si même le sage ne peut être libre qu’en société, cela ne peut pas être dans n’importe quelle société. Quelles sont alors les conditions sociales et politiques de la liberté ?
III/
Vivre en société consiste à vivre non seulement avec d’autres, mais surtout liés, associés à eux. Toutefois la relation aux autres ne suffit pas à fonder la liberté : l’autre peut vouloir me contraindre, faire de moi son esclave ; sa seule présence constitue une limite au champ de mes possibilité. La société elle-même peut être contraignante si elle ne reconnaît aucun espace d’autonomie à l’individu ou si elle comporte des relations de domination économique ou politique : les sociétés esclavagistes ou féodales étaient bien des sociétés, mais elles n’étaient pas des sociétés favorables à l’épanouissement de la liberté.
S’il faut vivre en société pour être libre, et même entièrement libre comme le sage accompli rêvé par l’Antiquité, ce ne peut être que dans des sociétés qui reconnaissent à chacun une entière liberté de penser et le droit le plus étendue à mener sa vie comme on l’entend compatible avec le respect de ce même droit pour tout autre. Pour que cela soit possible, il faut que les lois soient établies par des procédures de débat et de choix collectif et qu’elles expriment le souci de la liberté tant pour l’homme que pour le citoyen. Il faut aussi que les citoyens partagent un même sens de la tolérance et du respect du droit.
Il apparaît donc que si la liberté ne peut se réaliser qu’en société, c’est seulement dans une société démocratique qu’elle a une chance d’exister, y compris pour le sage : comment pourrait-il consacrer sa vie à la quête du bonheur ou à la réalisation de la béatitude s’il était maltraité, opprimé ou s’il voyait quotidiennement des brutes s’attaquer impunément à des innocents ?
ccl
Nous nous étions demandé si l’acquisition de la liberté morale pouvait fonder à elle seule la liberté. Nous savons maintenant que ce n’est pas le cas, puisque la liberté morale elle-même dépend de conditions matérielles et politiques, en particulier de la fondation d’une société démocratique. Nous avons en effet montré que l’idéal d’indépendance absolue d’un individu était utopique ; et que seule la société démocratique remplissait les conditions sociales et politiques de la liberté.
source :
http://laphiloduclos.over-blog.com/2014/12/la-dissertation-en-philosophie-methode-et-exemples.html
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