Mettre en relation philosophique ces deux textes avec le propos du film de John Ford en développant une problématique à laquelle vous répondrez en trois temps structurés :
"Justice, force.
Il est juste que ce qui est juste soit suivi ; il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.
La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique.
La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.
La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Aussi on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste.
Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste."
Pascal, Pensées.
Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. De là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c’est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ? Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis qu’il n’en résulte qu’un galimatias inexplicable. Car sitôt que c’est la force qui fait le droit, l’effet change avec la cause ; toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu’on peut désobéir impunément on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort. Or qu’est-ce qu’un droit qui périt quand la force cesse ? S’il faut obéir par force on n’a pas besoin d’obéir par devoir, et si l’on n’est plus forcé d’obéir on n'y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n’ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout. Obéissez aux puissances. Si cela veut dire : cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu, je réponds qu’il ne sera jamais violé. Toute puissance vient de Dieu, je l’avoue ; mais toute maladie en vient aussi. Est-ce à dire qu’il soit défendu d’appeler le médecin ? Qu’un brigand me surprenne au coin d’un bois : non seulement il faut par force donner la bourse, mais, quand je pourrais la soustraire, suis-je en conscience obligé de la donner ? Car, enfin le pistolet qu’il tient est aussi une puissance. Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. Ainsi ma question primitive revient toujours.
Rousseau, Du Contrat social - Livre I, chap. 3
Proposition de traitement par Mr Corentin Thibaud, lycée Albert-Ier de Monaco, TS4, mai 2020 :
Définitions
Justice :
· Caractère de ce qui est juste :
o Par conformité au droit positif = légalité
o Par conformité à un idéal d’égalité et d’ordre = légitimité
· Idéal ou principe normatif qui régit l’action
· Vertu qui mène à respecter l’ordre et les autres
· Pouvoir des institutions qui font appliquer le droit positif et sanctionnent sa transgression
Droit :
· Ensemble des règles et des lois qui régissent les rapports entre les hommes au sein d’une société = droit objectif, droit positif
· Discipline ayant pour objet le droit au sens précédent.
· Capacité d’un sujet d’agir, de disposer, ou d’exiger légitimement quelque chose = droit subjectif
Force :
· Puissance d’action physique.
· Capacité de l’esprit ; possibilités intellectuelles et morales.
Ressources :
Texte 1 : Pascal explore dans son texte issu de son ouvrage posthume Pensées le rapport entre la force et la justice. Les définitions utilisées sont celles des institutions judiciaires et la force physique.
Texte 2 : Rousseau explore lui dans son texte issu Du Contrat social, le rapport entre le droit et la force. Déjà, on remarque plusieurs formes de droit : le droit du plus fort, le droit divin. Rousseau lui va développer sa réflexion autour des définitions suivantes des termes employées : force en tant que puissance et le droit en tant que droit subjectif obéissant au principe du « droit du plus fort ».
Film : Dans L’Homme qui tua Liberty Valance, nous avons des personnages bien différents :
· Liberty Valance qui symbolise la force en tant que puissance
· Ransom Stoddard symbolise lui, tout au long du film, la justice, au sens du pouvoir de l’institution. De plus, ce trait est mis en avant par sa profession : juriste
Chacun de ces personnages a un adjectif utilisé par Pascal dans le texte 1 qui définit chacune de leurs actions lors d’un combat entre ces derniers :
· Liberty Valance symbolise « la force sans la justice », il est donc « tyrannique », tout le village a peur de lui (même ses compagnons ont peur de lui, puisqu’ils ne font qu’obéir aux ordres de Liberty Valance)
· Ransom Stoddard lui est « la justice sans la force », il est donc « impuissant ». Afin d’arriver à son objectif final, qui est de libérer le village de Liberty Valance, il va apprendre auprès de Tom Doniphon comment manier la force. Une fois qu’il a appris à utiliser la force, le western se terminera.
Problématique : Est-ce que le droit peut être sain sans la force ? Est-ce que la justice doit-elle faire nécessairement appel à la force ?
I. Le droit doit s’accompagner de la force
1. La contradiction qui permet d’obtenir un équilibre
Si nous prenons la phrase du texte 2 :
« La force est un principe physique, je ne vois quelle moralité peut résulter de ces résultats. », en effet, la force fait appel à nos muscles, aux capacités de mouvement de notre corps. Nous ne réfléchissons pas pour utiliser la force et généralement, c’est cette même force qui va blesser une autre personne. Rousseau arrive à la même conclusion que nous : la force ne permet pas à l’esprit d’obtenir un quelconque avantage.
En revanche, il attribue une définition au mot droit, celle de « volonté » : le droit lui est issu d’un choix que nous devons faire entre plusieurs possibilités autorisées par une autorité supérieure à nous (comme par exemple la loi), selon notre envie à liberté positive. Ce dernier agit uniquement sur notre morale, nous avons besoin de réfléchir pour pouvoir répondre à la question qui nous est posée, mais aucun mouvement n’est requis pour choisir.
Ainsi, lorsque la force et le droit sont ensemble, utilisés à bon escient, nous assistons à une expression de l’Être que nous sommes.
Comment la force et le droit doivent-ils être utilisés ?
2. La force doit être au service du droit, et non l’inverse
Dans son film L’Homme qui tua Liberty Valance, John Ford va exploiter les deux sens possibles de l’équation : d’un côté, la force est au service du droit (dans une certaine mesure) avec Tom Doniphon et plus tard Ransom Stoddard, et de l’autre, nous avons le droit qui est au service de la force, avec Liberty Valance et ses compagnons.
Les villageois de Shiborne sont malheureusement les victimes des attaques récurrentes de liberty Valance et ses compagnons, ils sont obligés de se soumettre pour pouvoir vivre et éviter de mourir de faim. C’est ce que Rousseau appelle un « acte de nécessité », ils n’ont pas choisi selon leur « volonté » d’être pris au piège dans le « droit du plus fort ».
Ransom Stoddard, lui, exploite une autre forme de loi, celle qui est rendue possible par l’institution judiciaire. Il est contre l’utilisation de la force au début du film, mais, après plusieurs attaques de Liberty Valance, ce dernier fait appel à la raison et demande à Tom Doniphon de le former à cette violence qui régit la loi de l’Ouest. A la fin du film, ces deux derniers personnages vont affronter dans un dernier combat Liberty Valance, qui trouvera la mort, réalisant ainsi cette phrase écrite par Rousseau : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. ». En effet Liberty Valance a toujours été violent, mais a attaqué le village lorsqu’il le souhaitait. Afin que les villageois obéissent, il utilisait la violence de la force, sans instaurer de devoir. Pour finir, il n’a pas été assez puissant pour combattre le village.
Ainsi, la force doit être au service du droit.
II. Il existe un étroite relation entre justice et force
1. La justice, une notion subjective
Le mot justice est un dérivé du mot juste. Il faut donc savoir par conséquent ce que ce dernier signifie. Or, la notion de ce qui est juste est subjective. Par exemple, Liberty Valance lui pense réaliser des actions justes alors que les villageois de Shiborne pensent le contraire. Quelque chose est dit de juste si ce dernier permet que tous les bénéficiaires soient récompensés de manière égale, sans distinction du mérite de chacun = égalité, mais, quelque chose est aussi juste si les bénéficiaires sont récompensées à hauteur de leur effort fourni. Ces définitions se contredisent toutes les deux pour définir un même terme.
Pour simplifier la chose, John Ford a mis l’accent sur la justice en tant qu’institution dans son film L’Homme qui tua Liberty Valance, et nous nous concentrerons sur le rôle de cette institution, mais notre réflexion pourra s’appliquer à toutes les définitions de justice.
2. Deux termes séparés contestés, mais ensemble sont applaudis
Selon Pascal dans ses Pensées : « la justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique ». Cette phrase est parfaitement illustrée dans L’Homme qui tua Liberty Valance, puisque la force seule, que représente Liberty Valance, détruit plusieurs parcelles de terrain d’un village pauvre de l’Ouest américain, à la manière des tyrans d’antan. De l’autre côté, Ransom Stoddard espère pouvoir punir Liberty Valance par la justice, sans utilisation de la force. Malheureusement, il ne peut réussir de le traîner devant le tribunal, car il refuse l’autorité. Ainsi, « la justice sans la force est impuissance » et « contredite ».
Selon Pascal, ces deux éléments sont indissociables pour pouvoir mener à bien leur objectif final, car chacune des deuc notions à un défaut que nous ne retrouvons pas chez l’autre : « La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. » Dans L’Homme qui tua Liberty Valance, le film s’achève uniquement lorsque la justice a trouvé la force pour combattre le mal, de manière juste, lorsque la justice est devenue puissant pour arrêter les méchants.
Mais n’existe-t-il pas un lien entre justice et droit ?
III. Justice et droit, des synonymes pouvant devenir antonymes
1. Justice et droit en tant que synonyme
La justice, en tant qu’institution, s’appuie sur le droit d’un Etat pour dire ce qui est juste ou non, ce qui signifie que le droit en tant que loi doit relever du domaine de compétence de la justice. Il existe donc, au sein des sociétés modernes, et celle représentée dans le film L’Homme qui tua Liberty Valance, un lien étroit où les définitions de chacun de ces termes peuvent presque se confondre. Lorsque Tom Doniphon tue Liberty Valance, il avait aussi le choix d’effrayer seulement Liberty Valance, mais il a choisi en fonction de ce qui était juste pour lui.
2. Justice et droit en tant qu’antonyme
La justice et le droit peuvent être antonymes. Si nous prenons le droit au sens de possibilités, nous pouvons alors le réaliser, même si ce n’est pas juste que ce soit selon le point de vue des autres personnes que de la loi. Dans cette confrontation, on peut faire rentrer le principe de la vengeance, qui a plusieurs fois a été évoqué dans le film L’Homme qui tua Liberty Valance, puisque, après tout, Ransom Stoddard essaye juste de se venger de l’attaque qu’il a subit de Liberty Valance au tout début du film.
Conclusion
Pascal et Rousseau expriment plusieurs principes autour de la force, du droit et de la justice, ayant été toute démontrés dans le film L’Homme qui tua Liberty Valance et nous invitant à revoir la relation, complexe, entre ces trois notions philosophiques.
----------
Proposition de traitement par Mr Matisse GABUTTI, lycée Albert-Ier de Monaco, TS4, mai 2020 :
D’après le dictionnaire de l’Académie française (9ème édition), la « force » correspondrait à la « puissance, pouvoir d’une personne, d’un groupe, d’un État ». C’est ce que nous avons pu voir dans le film « L’homme qui tua Liberty Valance » de John Ford, où la force rythme le film à travers le personnage principal de Liberty Valance, « chef » des bandits.
À ce terme de « force » peuvent être associées diverses notions dont celles de la justice et du droit, conformément aux œuvres Pensées de Blaise Pascal (1670) et Du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau (1762). Alors que Pascal développe sur le lien qu’il peut exister entre justice et force, Rousseau se penche sur le rapport entre la force et le droit. Ces œuvres vont pourvoir nous permettre, en les comparant, d’obtenir des rapports entre ces trois « mots ».
Nous pourrons alors nous demander en quoi les notions de droit et de justice s’articulent-elles autour de la « force » dans ce corpus philosophique et dans le western de John Ford. Nous parlerons donc d’abord du rapport entre justice et force, puis de celui entre le droit et la force et dans un dernier temps de l’harmonie entre ces trois notions, tout en nous appuyant sur le film « L’homme qui tua Liberty Valance ».
Le texte de Pascal, extrait de son œuvre Pensées publié en 1670, débute d’une étrange manière. En effet, la juxtaposition des mots « justice » et « force » peut nous faire penser à une mise en relation de ces deux termes, comme si l’auteur veut corréler immédiatement ceux-ci …mais aussi à une opposition marquée par la virgule, qui signifierait que ces deux mots ne peuvent avoir un même sens.
Tout au long de cet extrait des Pensées, il est possible de faire des parallèles entre les termes employés par Pascal et les événements dans « L’homme qui tua Liberty Valance ». On pourra noter la proximité entre « il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi » et « la force sans la justice est tyrannique » et « la force sans la justice est accusée » qui montrent un total contrôle, grâce à la force, des bandits et de Liberty Valance. La force ici associée aux armes, qui sont aussi un symbole de pouvoir, est définie comme « reconnaissable […] sans dispute », ce qui montre que tous savent l’importance de cette force qui permet de prendre le pouvoir - mais sans justice puisque le but n’est pas, pour les bandits, de faire l’équité entre chaque individu mais de piller et de contrôler les territoires qu’ils ont « conquis ».
On voit donc que l’adjectif « tyrannique » employé par Pascal trouve son plein sens dans le contexte du scénario, puisque le contrôle que souhaitent posséder les bandits (dont Liberty Valance) est de pouvoir diriger sans opposition possible à leur « règne », tel un État dictatorial. L’usage d’armes (autrement dit la force) s’oppose d’ailleurs à la « justice […] sujette à dispute ». De plus, on observe en Stoddard le désir de vaincre ces bandits et le fait de défier le « chef » Liberty Valance correspond à la citation : « faire que ce qui est juste soit fort ».
En effet, Stoddard représentant la justice, il faut que la force lui soit accordée s’il veut atteindre ses objectifs car « la justice sans la force est impuissante » à cause du trop grand pouvoir acquis par les bandits. Enfin, la dernière phrase de l’extrait conclut également le western dans le sens ou elle résume le dénouement du film : la force a la justice puisque la force (apparentée aux armes et à la détermination de Stoddard de faire renaître l’ordre) a permis la mort de Liberty Valance et la libération du « pays » des bandits (on peut alors parler de justice puisque ceux-ci sont bannis du territoire dont ils s’étaient attribué le pouvoir par la force).
Dans le second texte, Du Contrat social de Rousseau, la notion de droit est mêlée à celle de la force, et là aussi, de nombreuses corrélations sont possibles avec le film de John Ford.
À de nombreuses occurrences, la situation de Liberty Valance dans le film peut être mise en comparaison avec l’œuvre. Il est ainsi évoqué dans la citation : « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître » puisqu’il pouvait être considéré comme le plus fort auparavant, mais n’est pas le maître puisqu’il a été battu…
Et il n’y a pas ici de "dialectique du maître et l’esclave" comme chez Hegel car Liberty Valance a été tué. Cependant, le « droit du plus fort […] réellement établi en principe » montre la « société » établie et dictée par les bandits dans laquelle leur présence et les pillages sont considérés comme normaux. Ici aussi, la force peut être comparée à la puissance des armes (la phrase rousseauiste : « le pistolet qu’il tient est aussi une puissance » nous le fait comprendre), et comme la « force est une puissance physique », elle est de fait à l’avantage de Liberty Valance.
Pourtant, il semblait le plus fort puisque personne n’était venu, jusqu’à l'apparition de Stoddard, questionner son pouvoir alors qu’il ne l’est pas : la « force qui fait le droit » a permis à Liberty Valance de prendre le pouvoir du moment où personne ne pouvait s’imposer en tant que tel, il a donc succédé à d’autres car il a une plus grande force, mais il a été remplacé par Stoddard qui, à son tour, a été plus fort.
Enfin, on peut considérer que Stoddard a désobéi vis-à-vis du pouvoir (dictatorial) de Liberty Valance alors que personne ne devait pouvoir défier celui qui se considère comme le plus fort. Il a alors commis l’action de « désobéir impunément » puisqu’il avait cette volonté de renverser ce régime autoritaire et de rétablir la paix et le « bon » droit, d’où la citation :« faire en sorte qu’on soit le plus fort ».
Les deux notions de justice et de droit sont donc mises en relation avec la force à travers les œuvres de Pascal et de Rousseau, et sont activement présentes tout au long de « L’homme qui tua Liberty Valance ». Mais qu’en est-il d’une relation entre droit et justice sans force, si l’on peut le dire en tant que tel ?
D’après les propos de Rousseau, si la « force ne fait pas droit et qu’on est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes », cela reviendrait à dire qu’il ne faudrait pas respecter pouvoir imposé par les bandits et ne pas obéir à leurs demandes, étant donné qu’ils ne peuvent être considérés comme des puissances légitimes. Sauf que, pour un simple citoyen habitant sur ce territoire, cela mènerait à des menaces de la part des hors-la-loi voire à son assassinat pour non-respect de ce qui vient d’être établi (régime comparable à une dictature telle celle d’Adolf Hitler).
Il n’y aurait donc pas de justice en plus d’un droit falsifié, biaisé, en faveur des bandits. Or dans ce cas, « c’est la force qui fait le droit » et le dénouement du western s’articule autour de cette phrase et non pas l’inverse, tout comme Stoddard parvient à renverser l’ordre établi pour en faire naître un nouveau, respectueux des lois et de la justice américaines. Et comme dit précédemment, la force a ici servi la justice pour rétablir l’ordre et chasser les bandits de l’Ouest. Sauf que, dans ce cas aussi, la force a servi. Donc si aucune force n’entrait en jeu, le droit et la justice mis en place par Stoddard ne seraient peut-être plus valables…
Mais le régime de Liberty Valance serait lui aussi mis en question puisqu’il n’aurait, sans force, peut-être pas pris le contrôle de la région, ou aurait pu être battu par d’autres personnes, rebelles envers son autorité et la manière dont il s’approprie le pouvoir. On peut donc dire que sans force, c’est-à-dire sans armes, l’histoire aurait pu être tout autre, et que la justice et le droit auraient pu ne pas exister sous la forme sous laquelle nous les connaissons aujourd’hui.
En conclusion, nous pouvons dire que ces deux notions de droit et de justice sont tout au long du western « L’homme qui tua Liberty Valance » corrélées avec la notion de force qui permet à celles-ci de s’exercer et de continuer à exister au cours du temps. On constate, dans le cas contraire où la force ne serait pas au service du droit et de la justice, que cette histoire ne se serait pas déroulée ainsi et tout aurait pu être chamboulé. Enfin, l’utilisation, correcte, par Stoddard de la force lui permet de renverser le droit et la fausse justice des bandits pour établir, comme il l’imaginait, une nouvelle société, image de la société américaine.
Cela peut nous mener à nous demander si un lien pourrait exister entre la justice, le droit, la force et la légende, telle qu’elle est décrite dans « L’homme qui tua Liberty Valance », entre autres à l’appui de la citation : « quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende »
----------------
Proposition de traitement par Mlle Giulia Cauteruccio, lycée Albert-Ier de Monaco, TS2, mai 2020 :
La question du droit est, en philosophie et en général, très importante. En effet, le droit est que qui permet à la société de tenir en place. C’est ce qui fait les lois, et donc les règles de la société. Ces règles sont imposées aux membres de la société et en forment les bases. Dans ce cas, tout individu extérieur à la société ne serait pas contraint de les respecter. Mais, le droit est-il vraiment juste si en fonction de sa place dans la société on peut ne pas le respecter ? Qu’en est-il de la loi du plus fort ?
D’abord et le plus souvent, le droit est ce qui est juste. Il fonde les valeurs de notre société et ne peut donc pas être contredit. C’est lui qui définit les règles. Cependant, il se peut que la force dépasse le droit. Le plus fort, dépassant le droit, créé donc son propre droit. Dans ce cas, qu’est réellement le droit ? Et quel est le droit qui domine dans la société ?
Dans un premier temps nous verrons de quelle manière le droit est un fondement de notre société, ensuite nous verrons qu’il peut être remis en cause, pour enfin montrer qu’il ne peut pas exister sans force contraire à lui.
Tout d’abord, le droit est l’un des fondements de la société actuelle. Il ne peut pas être remis en question, et triomphe donc sur tout. Dans le film de John Ford, « L’homme qui tua Liberty Valence » (1961), le droit juridique l’emporte par exemple. Alors qu’en réalité c’est Doniphon, le ‘cow-boy’ de l’histoire, qui gère ses affaires grâce à la loi du plus fort, qui a permis la mort de Liberty Valance. Seulement, Stoddard, personnage représentant la justice, est élevé au rang de héros.
Cela montre bien que la loi juridique dépasse la loi du plus fort qui était en place dans l’Ouest auparavant. Rousseau disait, dans le Contrat Social : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ». En effet, le droit est, et doit être, une force de la société. Celui qui a le pouvoir se doit d’être juste et de savoir appliquer le droit ; plus que cela, le droit doit être l’une de ses forces.
Ensuite, il arrive que le droit soit remis en cause. Quand cela se produit, c’est souvent par la force, c’est-à-dire, par un être qui se considère plus fort que le droit (ou la justice) lui-même. Déjà, il est souvent "sujet à disputes", parce que le droit tel qu’on le connait nous a été imposé par une personne, avec laquelle nous ne sommes pas toujours d’accord. Le principe de la loi du plus fort est simple. Comme Rousseau l'énonce dans le Contrat Social : « puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort ».
A partir du moment ou une personne s’impose face au droit, se montrant plus forte, le droit ne peut faire autrement que de la laisser passer devant. La loi du plus fort est celle qui est en place dans la nature ; mais dans la société est-ce le cas ? Dans la société, on obéit aux puissances. Ces puissances, nommées ainsi d’après leurs forces, respectent donc la loi du plus fort. La société, se voulant juste et suivant les règles imposées par le droit ne serait donc, en réalité qu’une application à grande échelle de la loi du plus fort.
Enfin, le droit ne peut fonctionner sans force, et la force ne peut fonctionner sans droit. Ces deux notions sont complémentaires. Pascal affirmait dans ses Pensées que « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique ». En effet, ces deux entités doivent être assemblées pour fonctionner correctement. Cela se confirme dans « L’homme qui tua Liberty Valance » puisque Liberty Valance est éliminé à la fois par Stoddard, un avocat qui veut faire respecter la justice, et Doniphon, l’homme qui avait du pouvoir sur les autres grâce à la loi du plus fort. Force et droit ont donc besoin l’un de l’autre pour que justice soit faite.
Si elles sont à premières vue antithétiques, force et droit sont en réalité deux notions étroitement liées. Si le plus fort n’est pas toujours celui qui a la pouvoir, la loi permet à celui qui la maîtrise de devenir le plus fort. Ce n’est donc pas la force qui fait le droit mais plutôt le droit qui fait la force.
Le film « L’homme qui tua Liberty Valence », l’extrait des Pensées de Pascal et celui du Contrat Social de Rousseau montrent tous les trois le lien entre force et droit. Ils prouvent que le droit est celui qui triomphe toujours, malgré l’opposition. De plus, ils montrent tous les trois que force et justice sont complémentaires et nécessaires l’un à l’autre pour parvenir à ses fins et faire régner la justice.
----
Proposition de traitement par Mr Romain Vanmoen, Mr, lycée Albert-Ier de Monaco, TS2, mai 2020 :
Le film « L’homme qui tua Liberty Valance » de John Ford, grand western américain, présente une vision particulière du droit et de la justice. Les droits sont l’ensemble des principes qui règlent les rapports des hommes entre eux et qui servent à définir les lois. La justice correspond au pouvoir de faire régner le droit.
Ici, on découvre deux types de lois, de droits et de justice au travers des personnages du film de Ford. La loi et le droit du plus plus fort puis une justice impartiale et une constitution forte. Cela peut faire penser aux textes de Pascal, les Pensées. Ainsi qu'à celui de Rousseau, Du Contrat social - Livre I, chap. 3. En effet, on y présente deux visions de la justice et des droits et leur lien à cette force qui semble si importante chez Ford et chez les deux auteurs pour faire respecter l’ordre.
On peut donc se demander ce qui relie les différent points de vues de ces auteurs autour de la force du droit et quelles sont au contraire les différences notoires de leurs approches de ce thème.
Pour répondre à cela, nous verrons dans un premier temps que la force est indispensable à la justice et a l’application de celle-ci, puis nous verrons au contraire que la force n’est pas toujours utile et qu’elle prend parfois le dessus et peut aller a l’encontre des droits. Enfin nous finirons en voyant que même si la force physique n’est pas nécessaire à la justice, la force morale et la force des idées que l’on veut transmettre, est elle, essentielle.
Tout d’abord le personnage, Tom Doniphon, ainsi que le texte de Pascal, présente bien le fait que la force et son expression par n’importe quel moyen sont essentielles à l’application de la justice. En effet, Tom pense fermement que « une arme a plus de poids qu’un vote ». Il veut donc insister sur le fait que la force permet a elle toute seule de faire appliquer la loi et qu’elle régit les droits de chacun. On retrouve également cette idée dans le texte de Pascal où il présente une justice et une force étroitement liées (« La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. ») et plus que nécessaire l’un a l’autre : s’ils ne sont pas tout les deux présents ils perdent leur utilité et leur sens.
Il apparaît donc clairement ici qu’il faut associer la force à la justice et avoir une « loi du plus fort », comme le disait Tom, afin que la justice puisse être appliqué de la meilleure des façons possibles au sein d’une société. Pascal le dit explicitement dans son texte : « Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. ».
Or, il y a une nuance dans la liaison de ces deux entités que Pascal et Rousseau présentent bien. Pascal dit que « ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » Il faut donc une force évidente dans la justice, mais pour que celle-ci reste juste et intègre à elle même, il faut que la force soit juste et non arbitraire ou abusive. Si cette force n’est pas juste, on retombe dans une tyrannie évidente et dans la façon d’agir du personnage de Liberty Valance de Ford qui est un brigand semant la terreur dans l’ouest américain et imposant sa propre justice aux autres. Il ne faut pas céder a la force, Rousseau dit que : « Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c’est tout au plus un acte de prudence. », il n'y a donc pas de positif dans le fait de céder.
La force est donc essentielle a la justice pour la bonne application des lois et des droits de celle-ci, mais la force doit être dans ce cas juste, sans quoi on sombre dans la tyrannie. On peut donc se demander : quand cette force prend-elle le dessus sur les droits et quand est-il finalement nécessaire de ne pas avoir recours a la force ?
Il est simple de savoir quand on cède a la force et que celle-ci perd donc en conséquence son aspect juste. La rage, la haine, et nos émotions peuvent nous amener a céder. Mais, parfois, la vision même de la justice par une personne et son application par la force sont faussées. On parle alors de tyrans, de dictateurs, ou encore de brigands comme le personnage de Liberty Valance qui horrifie et terrorise bon nombre de personnes. Mais il n’y a plus aucun droit dans ces cas-là, la force omniprésente et la seule à exister pour ces gens et pour les sociétés impliqués.
Or, Rousseau dit : « On voit donc que ce mot de droit n’ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout. », il y a donc une réelle différence entre la droit et la force et ils n’ajoutent rien l’un à l’autre. Il peut donc y avoir une justice et des droits sans force. En effet, on pense tout d’abord au personnage de Ransom Stoddard de Ford qui se bat pour appliquer le justice, mais il ne se bat pas avec ses poings ou avec des armes, il se bat avec le savoir, l’éducation : c’est en éduquant les autres qu’il veut leur inculquer sa vision des choses et sa façon de penser. C’est donc en montrant et en expliquant que les gens sont les plus à même de comprendre et donc d’adhérer à la constitution et son application. Et cette idée est confirmée dans le film de « L’homme qui tua Liberty Valance » car c’est la façon de faire de Ransom qui convainc les autres et c’est Tom qui sombre progressivement au cours de l’histoire.
Mais il faut, de plus, pour que les autres adhèrent aux idées qu’ils puissent s’y identifier et s’y reconnaître, comme le dit Rousseau : « Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. », il faut qu’elles soient légitimes.
Mais dans le film de John Ford, c’est surtout la force physique qui est présentée à l’égard de la justice et du droit. Cependant, la force la plus importante pour faire appliquer la loi est la force des idées qui la régissent. Cette force des idées semble contraire à la force physique essentielle.
La force des idées que l’on transmet se doit d’être importante. En effet, s'il n’y a aucune conviction et aucune adhésion totale à nos idées, elles ne pourront jamais être transmises à tout le monde. Avant de réussir à faire croire aux autres que c’est la bonne chose, il faut y croire soi-même ! Il faut que se soit « une puissance légitime » car se sont les seules pour lesquelles nous sommes obligés d’obéir et qui nous sembleront assez fortes et importantes pour y adhérer entièrement. Il faut donc une force morale évidente et la force physique n’a rien à voir la dedans.
Comme cela est dit dans le texte de Rousseau : « La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. », il apparaît donc évident que l’aspect physique de la force n’est pas à prendre en considération ici et que c’est la moralité qui doit en être à l’origine et non en être une conséquence - car elle ne peut pas en découler. Ceci est confirmé par le personnage de Ransom qui est, lui, même convaincu de ses idées et qui est prêt à tout pour les transmettre. Il s’engage donc éperdument dans l’éducation de tous et il arrivera a la fin à atteindre son objectif en faisant adhérer un grand nombre de personne à sa constitution.
Il est donc plus important d’avoir une force morale qu’une force physique. Cela nous permet d’aller plus loin et d’être, comme par exemple dans le film de Ford, celui que triomphe à la fin. Ceci est une idée connue : les grand hommes de ce monde sont rarement des combattants mais plus souvent des savants, des penseurs ou encore des politiciens qui ont réussi de par leurs convictions et leur persistance à transmettre leurs idées à des populations entières par des voies pacifistes.
Pour conclure, il apparaît donc qu’il y a de nombreux points d'entente sur le fait qu’il faut de la force pour faire appliquer les lois et les droits dans ces textes et ce film. Mais il ne faut pas y céder car cela est contraire au fait d’être juste. Ces documents soulignent bien que de la force physique n’a pas lieu d’être car seule la force morale permet de faire adhérer quelqu’un à ses idées et à la constitution politique requise.
------
Proposition de traitement par Mr Sacha Savchuk, lycée Albert-Ier de Monaco, TS4, mai 2020 :
Dans le film L’homme qui tua Liberty Valance, John Ford met en scène une contrée sauvage de l’Ouest américain où s’affrontent par la force les bons et les méchants jusqu’à ce que l’homme providentiel – en la personne du sénateur – vienne instituer le droit en tuant le méchant doté pourtant d’une plus grande force et adresse physique.
Une fois cette mission accomplie, il peut convaincre les citoyens de la nécessité d’un Etat de droit où tous obéiraient à des règles communes.
Le texte de Pascal vient éclairer de façon particulièrement intéressante le propos du film car Pascal oppose la force au droit mais ne conçoit pas l’un sans l’autre. En revanche, Rousseau, parce qu’il interroge la notion de droit du plus fort, dénonce la force comme volonté individuelle de conquérir et garder le pouvoir en transformant la force en droit/loi. Cela est d’autant plus ironique que, dans le film, le détenteur du pouvoir et le garant de la loi ne doit son statut qu’à un mensonge car il n’a pas tué lui-même Liberty Valance.
Est-ce à dire que la force, même si elle illusoire et repose sur un mensonge, est la condition sine qua non du droit et de la loi ? Ou bien une justice idéale serait-elle une justice qui ne ferait pas usage de la force, ce qui reviendrait à dire qu’elle n’existe pas ?
La vision pessimiste de Pascal s’accorde plutôt bien avec les personnages du film. En effet, lorsque Pascal parle de « force tyrannique », cela correspond plutôt bien au personnage de Liberty Valance. Ce dernier fait usage de sa force physique pour imposer sa volonté mais aussi celle des puissants (les riches fermiers). Il ne s’embarrasse pas de morale ou d’éthique et tue pour tuer.
Il y a toutefois un autre personnage qui incarne la force de façon moins brute et toujours du côté du droit, c’est le personnage de Tom Doniphon. Lui aussi est capable de force et d’adresse physique mais elles sont toujours au service du bien et du côté des plus faibles. Il est troublant de constater que les deux incarnations de la force meurent. Cela vient contredire l’affirmation de Pascal selon laquelle la force est « très reconnaissable et sans dispute. » Elle est effectivement très reconnaissable mais Tom Deniphon la dispute à Liberty Valance.
Qui donc dans le film incarne la justice si ce n’est le sénateur Ransom ? On ne peut lui enlever la volonté de transformer un territoire sauvage en Etat de droit. Il fait lui aussi – c’est du moins ce que pensent les habitants – usage de la force. En acceptant la "légende", ils adhèrent à l’idée que la justice s’accompagne forcément de la force et nul ne songe à contester la force du sénateur.
La morale du film illustre donc parfaitement la conclusion pessimiste de Pascal : « Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » L’ironie réside dans le fait que si usage de la force il y a pour le sénateur, elle doit être comprise au sens de ruse et non de puissance physique même si les citoyens croient en cette force physique, cette loi du plus fort.
C’est précisément de cette façon que Rousseau choisit d’aborder la question du lien entre force et justice. Il commence par interroger l’idée même de la loi du plus fort. Qui est le plus fort dans le film ? Il faudrait d’abord s’entendre sur la définition de force. Le plus fort est celui qui conquiert le pouvoir – peu importe de quelle manière – et qui le conserve. Le pouvoir est passé dans les mains de Liberty et de Tom mais c’est finalement Ransom qui le détient et qui le conserve.
On doit alors se poser la question de ses motivations : Ransom, en imposant sa loi, impose-t-il sa volonté individuelle ou bien œuvre-t-il pour le bien collectif ? Comment en être sûr ? Car si l’on y regarde de plus près, on notera que Tom (la force positive) meurt dans la quasi-indifférence générale alors que Ransom passe de simple avocat à une carrière nationale de sénateur. Il a donc transformé la force en droit pour conquérir et garder le pouvoir
Sauf que, en fait, il n’a pas fait usage de sa force physique. En ce sens, il incarne à merveille l’idée de Rousseau selon laquelle la justice est faible (dans le sens où elle n’a pas de pouvoir) : dans la mesure où il ne fait pas usage de sa force physique mais plus d’une force morale. De même, Liberty Valance incarne également très bien l’idée d’une force injuste parce que c’est une force brute qui n’est pas guidée par des idées morales.
Là où le film et Rousseau diffèrent, c’est dans la façon dont les habitants acceptent la force de Ransom. Pour Rousseau, une justice qui serait la loi du plus fort ne doit pas être obéie. En d’autres termes, elle ne constitue pas un devoir. Or dans le film, les habitants se plient à la loi de Ransom car ils ont l’illusion qu’il a rétabli l’ordre en les débarrassant du hors-la-loi. Il manque donc à ces habitants la lecture de Rousseau qui les encouragerait à se montrer davantage critiques vis-à-vis de Ransom au lieu de croire à ses mensonges. Rousseau permet également de s’interroger sur le personnage de Tom Deniphon. Ne pourrait-on pas le considérer, lui, comme le premier opposant à la loi du plus fort ? En ce sens, il est capable de la désobéissance dont parle Rousseau dans la façon dont il rejette la force.
En conclusion, les deux philosophes permettent d’éclairer sous un jour intéressant le propos du film. Au départ, il y a un territoire sauvage qu’il faut transformer en Etat de droit. Comment y parvenir si ce n’est par l’usage de la force ? Pour Pascal, cela est impossible et, en ce sens, il se montre plutôt pessimiste sur la nature humaine mais, pour Rousseau, les hommes doivent garder la possibilité de s’opposer à la loi du plus fort.
C’est ce que fait Tom en se dressant contre Liberty sans toutefois parvenir à aller au bout de sa démarche et, en permettant à Ransom de jouir de son fait d’armes, il finit lui aussi par accepter la loi du plus fort.
Commenter cet article