A l'appui du cours sur L'Art et à partir des 5 documents ci-dessous :
- 1) Birds of prey, l'Egg sandwich et Barry White VOST (3mn35) :
- 2) Barry White, I'm Gonna Love You Just a Little More, Baby - 4mn 10 (1973) :
Introduit par un thème brûlant et provocant, I'm Gonna Love You Just A Little More Baby est soutenu en arrière-fond par une basse discrète et pourtant souveraine. Single de I've Got So Much to Give, premier album de Barry White, ce titre disco est porté par les nappes suaves de piano et la voix de ténor du chanteur, qui s'associaient ici pour distribuer encore plus d'amour au tout-venant.
- 3) Les paroles de la chanson VO/VF de Barry White :
I'm Gonna Love You Just A Little More (Je Vais T'Aimer Encore Un Peu Plus)
It feels so good
C'est si bon
You lying here next to me
Quand tu es étendue près de moi
Oh what a groove
Oh quelle sensation
You have no idea how it feels
Tu n'as pas idée de ce que ça me fait
My hands just won't keep still
Mes mains ne peuvent rester immobiles
I love you baby
Je t'aime bébé
Oh I love you, I love you, I love you
Oh je t'aime, je t'aime, je t'aime
I just wanna hold you
Je veux seulement te serrer contre moi
Run my fingers through your hair
Passer mes doigts dans tes cheveux
Ooh
Ooh
Outta sight
Hors de vue
Uh-huh, right there, you like it like that
Uh-huh, juste là, tu aimes ça comme ça
Closer
Plus près
Come here, closer, close
Viens plus près, plus près, près
Oh baby
Oh bébé
Oh baby
Oh bébé
Give it up, ain't no use
Abandonne, c'est pas la peine
I can help myself if I'd wanted to
Je pourrais me débrouiller seul si je le voulais
I'm hung up, no doubt
Je suis accroché, pas de doute
I'm so in love with you, for me there's no way out
Je suis tellement amoureux de toi, il n'y a pas d'échappatoire
Cause deeper and deeper
Parce que plus et plus
In love with you I'm falling
Amoureux, je tombe
Sweeter and sweeter
Plus doux, plus doux
Your tender words of love keeps calling
Tes mots d'amour continuent de m'appeler
Eager and eager, yeah
Impatient et passionné, ouais
To feel your lips upon my face
Je veux sentir tes lèvres sur mon visage
Please her and please her
La satisfaire, la satisfaire
Any time or any place
N'importe où, n'importe quand
[Chorus]
[Refrain]
I'm gonna love you, love you
Je vais t'aimer, t'aimer
Love you just a little more, baby
T'aimer juste encore un petit peu plus, bébé
I'm gonna need you, need you
Je vais avoir besoin de toi, besoin de toi
Need you every day
Besoin de toi chaque jour
I'm gonna want you, want you
Je vais te désirer, te désirer
Want you in every way
Te désirer de toutes les façons possibles
Make no mistake for I'll, hold back, knowing
Ne t'y méprends pas parce que je vais te retenir, en sachant
This time it looks like lover is here to stay
Que cette fois on dirait que l'amour est là pour rester
As long, as I shall live
Tant que je vivrai
I'll give you all I have and all I have to give
Je te donnerai tout ce que j'ai, et tout ce que j'ai à donner
Cause please her and please her
Parce que la satisfaire, la satisfaire
Any time or any place
N'importe quand, n'importe où
Eager and eager
Impatient et passionné, ouais
To feel your sweet lips on my face
Je veux sentir tes douces lèvres sur mon visage
Deeper and deeper
Plus et plus
In love with you I'm falling yeah
Amoureux, je tombe, ouais
Sweeter and sweeter
Plus doux, plus doux
Your tender words of love keeps calling
Tes mots d'amour continuent de m'appeler
[Chorus]
[Refrain]
- 4) Bloodshot (David S. F. Wilson, 2020) - The Meat Locker Dance Scene (4mn24) avec Psycho Killer de Talking Heads (1977) :
Synopsis :
Ray Garrison est un soldat tué en mission, et ramené à la vie par RST Corporation, l'entreprise qui l’a transformé en super-humain. Des nanotechnologies coulent désormais dans ses veines, ce qui le rend invincible. Il est plus fort que jamais et capable de guérir instantanément de ses blessures. Mais RST Corporation ne contrôle pas que son corps… elle a également la main sur son esprit et ses souvenirs. Ray ne peut distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas – mais sa mission est désormais de le découvrir.
- 5) Les paroles de la chanson VO/VF de Talking Heads :
Psycho Killer (Tueur Psychopathe)
I can't seem to face up to the facts
Je ne peux pas faire semblant d'affronter la vérité
I'm tense and nervous and I can't relax
Je suis tendu et nerveux, et je ne peux pas me relaxer
I can't sleep 'cause my bed's on fire
Je ne peux pas dormir parce que mon lit est en feu
Don't touch me I'm a real live wire
Ne me touche pas je suis une pile électrique
Psycho Killer
Tueur Psychopathe
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est ?
Fa fa fa fa fa fa fa fa far far better
Fa fa fa fa fa fa fa beaucoup beaucoup mieux
Run run run run run run run away
Fuis fuis fuis fuis fuis fuis fuis
Psycho Killer
Tueur Psychopathe
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est ?
Fa fa fa fa fa fa fa fa far far better
Fa fa fa fa fa fa fa beaucoup beaucoup mieux
Run run run run run run run away
Fuis fuis fuis fuis fuis fuis fuis
You start a conversation you can't even finish it.
Tu commences une conversation et tu ne peux même pas la finir
You're talkin' a lot, but you're not sayin' anything.
Tu parles beaucoup, mais pour ne rien dire
When I have nothing to say, my lips are sealed.
Quand je n'ai rien à dire, mes lèvres sont scellées
Say nothing once, why say it again ?
Ne dis rien, pour le dire à nouveau ?
Psycho Killer,
Tueur Psychopathe
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est ?
Fa fa fa fa fa fa fa fa far far better
Fa fa fa fa fa fa fa beaucoup beaucoup mieux
Run run run run run run run away
Fuis fuis fuis fuis fuis fuis fuis
Psycho Killer
Tueur Psychopathe
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est ?
Fa fa fa fa fa fa fa fa far far better
Fa fa fa fa fa fa fa beaucoup beaucoup mieux
Run run run run run run run away
Fuis fuis fuis fuis fuis fuis fuis
Ce que j'ai fait ce soir-là
Ce que j'ai fait ce soir-là
Ce qu'elle a dit ce soir-là
Ce qu'elle a dit ce soir-là
Réalisant mon espoir,
Réalisant mon espoir,
Je me lance vers la gloire... Ok
Je me lance vers la gloire... Ok
We are vain and we are blind
Nous sommes vaniteux et aveugles
I hate people when they're not polite
Je déteste les gens quand ils ne sont pas polis
Psycho Killer,
Tueur Psychopathe
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est ?
Fa fa fa fa fa fa fa fa far far better
Fa fa fa fa fa fa fa beaucoup beaucoup mieux
Run run run run run run run away
Fuis fuis fuis fuis fuis fuis fuis
Psycho Killer,
Tueur Psychopathe
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est ?
Fa fa fa fa fa fa fa fa far far better
Fa fa fa fa fa fa fa beaucoup beaucoup mieux
Run run run run run run run away
Fuis fuis fuis fuis fuis fuis fuis
Oh oh oh oh oh oh oh oh...
Oh oh oh oh oh oh oh oh...
étudier la relation entre les images et la musique afin de prendre position dans les deux séquences audiovisuelles soumises sur les limites de L'Art dans le cadre dissertatif, au choix, d'un des sujets suivants :
- La création artistique doit-elle être sans limites ?
- L' art peut-il se passer de règles ?
- A quoi bon expliquer une oeuvre d'art ?
- l'art doit-il se fixer des limites ?
- Les oeuvres d'art éduquent-elles notre perception ?
- Une oeuvre d'art a-t-elle toujours un sens ?
Proposition de traitement par Mlle Chiara Vigliani, lycée Albert-Ier de Monaco, TES1, 17 juin 2020 :
« L'art peut-il se passer de règles ? »
Selon Hegel, « l'Art est la représentation de l'idée », et imposer des règles à l'Art reviendrait à soumettre nos idées à des règles. Autant dire mettre une limite à nos idées et donc à notre création. Paradoxalement dès lors, encadrer la création de nos idées, de l'Art en général serait une atteinte à notre liberté. Or, la création se définit avant toute chose comme un acte de liberté. Les règles sont en quelque sorte un principe qui a pour but de diriger le raisonnement ou la conduite. En Art, les règles sont les connaissances qu'acquiert l'artiste afin de produire son œuvre. Mais, alors, l'art peut-il, doit-il se passer de règles ?
Cette problématique présuppose que l'Art a des règles, mais de quelles règles parle-t-on ? L 'art existe-t-il seulement sans règles ? Et si oui, dans quel but l'Art peut-il bien se passer de règles? L'Art sans règle est-il encore de l'Art ? En définitive, imposer des règles à l'Art, n'est-ce pas une atteinte à la liberté de penser et donc un obstacle à la claire conscience de l'Artiste ?
Nous répondrons à cette problématique à travers l'analyse de deux extraits des films Birds of Prey et Bloodshot ainsi que des chansons de Barry White, I'm Gonna Love You Just a Little More, Baby et de Talking Heads, Psycho Killer. Pour répondre à la problématique, nous étudierons les effets des règles en art pour ensuite voir que l'application des règles peut être un choix.
Imposer des règles à l'art reviendrait à censurer la liberté de l'artiste. L'artiste crée par besoin. Un besoin d'identification à travers l'œuvre, un besoin pour atteindre une claire conscience. A laquelle il accède en s'identifiant à sa création comme étant lui-même. Inscrire l'art dans tout un système de règles, quelles qu’elles soient, reviendrait donc à limiter son expression, sa liberté d'expression, se limiter soi-même. L'œuvre d'art n'aurait alors plus de sens car l'œuvre d'art est d’abord et avant tout la création de la liberté.
« Des règles », disons-nous, mais de quelles règles parlons-nous en vérité ? Les règles sont le fruit de l'Autre, de la norme que chacun s'accorde à suivre afin de répondre aux attentes de la société, d’autrui pour être dans la norme, dans l'acceptation de tous. Voire dans le légal.
Régler, régulariser, ordonner l'art revient aussi à limiter l'expression de l'artiste, ses sentiments profond, voire ses pulsions, son inconscient en général. Alors, soumettre l'Art à certaines règles ne reviendrait-il pas aussi à mettre des limites à l'inconscient, aux pulsions, aux désirs? L'artiste serait dans cette perspective sans cesse insatisfait de son œuvre et n'attendrait aucun contentement de celle-ci. L'extrait du film Birds of Prey en est un exemple. Harley Queen, que l'on pourrait comparer ici à la personne de l'artiste, est dans l'extrait folle amoureuse de la perfection d’un Egg sandwich. Elle a besoin de manger ce parfait sandwich comme l'artiste a besoin de créer son œuvre d'art.
Cependant, ce désir ne peut s’accomplir car elle est par la suite poursuivie par plusieurs personnes que l'on pourrait comparer aux règles, aux lois et qui l'empêchent d'accéder au bonheur, celui de dévorer ce qui est à ses yeux la quintessence du Sandwich. Comme l'artiste n'accède pas à la satisfaction à cause des règles, il n'atteint pas son désir, il ne remplit pas son « conatus » si l'on veut reprendre ici la formule de Spinoza dans son Ethique. L'artiste est censuré, il ne peut pas s'exprimer et donc se satisfaire. Il court pour ainsi dire derrière son désir de créer à l’instar d’Harley Queen qui court elle-même pour se repaître de son sandwich, tous deux se faisant poursuivre par les règles, par l'Autre, par la critique.
Cette censure de l'Art par des règles extérieures peut donc amener à l'insatisfaction, voire à la folie de l'artiste, comme nous pouvons l’observer dans la chanson de Talking Heads Psycho Killer. Le chanteur raconte la folie d'un homme psychopathe qui ne peut pas s'exprimer ou ne veut pas s'exprimer ni se confronter à la vie : «Je ne peux pas faire semblant d'affronter la vérité» et «Quand je n'ai rien à dire, mes lèvres sont scellées » Sa maladie est interne, ses volontés de meurtres sont inhibées et transformées, par les règles de la société, par la loi, en pulsions irrésistibles qui le font sombrer dans la folie. Ici l'Homme est comparable à l'artiste qui ne pourrait pas satisfaire ses besoins à causes des règles extérieures et verserait dès lors dans une forme d’aliénation.
Un artiste qui resterait par voie de conséquence éternellement insatisfait et frustré. Parce qu’un besoin de créer « coulerait » dans son sang, serait interne à lui et surtout inexplicable - son génie peut-être ? Un génie mystérieux qui, en créant des œuvres d'art, rendrait le créateur plus fort car il atteindrait son désir, sa claire conscience. A travers celle-ci, l’artiste se rendrait compte du monde extérieur mais aussi de son monde intérieur, ce qui lui procurerait un supplément d’âme. Il serait comme Ray Garrison dans le film Bloodshot, devenue invincible et capable de guérir de ses blessures mais ne connaissant lui-même strictement rien de l'origine de ses super-pouvoirs. Pour autant, son génie serait inutilisable s'il y a censure. Une censure que l'on pourrait comparer ici à la cagoule opaque et aux liens que porte Ray Garrison dans l’ouverture de l’extrait proposé, les règles externes renvoyant à l'homme qui lui a apposé ces entraves.
Mais les règles peuvent pour autant être abolies, surmontées par l'artiste, s’il se montre capable de prendre du recul sur ces règles, par exemple en montant sur une échelle comme le fait Harley Queen à la fin de la séquence qui nous est soumise. Autrement dit, s'il regarde de haut ces règles comme étant les ennemies de son désir et les surmonte, cela permettra autant à Harley Queen qu'à l'artiste d'accéder à la liberté. Reste que, ici, les règles sont externes à l'artiste : si celui-ci obéit seulement aux règles externes, son œuvre peut être dénuée de sens. En effet, comme nous l'avons dit précédemment, l'artiste crée, invente, il surpasse alors les règles en inventant de nouvelles œuvres. Il crée de nouvelles règles internes à l'œuvre qui lui sont désormais propres. L'artiste, c’est sa spécificité, dispose en effet du don de créer, un don venu de la nature, selon Kant dans sa Critique de la faculté de juger car : « Par le génie, affirme le philosophe allemand, la nature donne ses règles à l'art ». Une « anarchie », si l’on ose dire, de règles internes à chaque œuvres existe, chaque artiste est la règle. L'Art se libère alors, il vit.
Certes, un artiste, par sa création, peut choquer. Tout simplement parce qu’il ne respecte pas les règles, les normes extérieures. Il détient pourtant ses règles internes comme dans l'œuvre de Rembrandt, « Le bœuf écorché », des règles internes qui vont au-delà de la morale et qui partant choquent le public. Il y a là une confrontation entre règles internes et règles externes : L'artiste provoque par ses nouvelles règles ; il peut être alors critiqué voire censuré car les valeurs, les normes extérieur ont été bravées. Mais il n’en demeure pas moins que, par son génie, l'artiste impose à l'Autre ses nouvelles règles. Les règles internes se font externes, ce qui autrefois était refusé, censuré devient accepté et admiré.
Nous avons donc vu dans cette première partie que soumettre l'Art à des règles revenait à censurer l'artiste, les règles ne lui permettant pas de le satisfaire entièrement. Car alors son œuvre n'est pas son reflet, mais celui de normes, des valeurs imposées par l'Autre. Dans ce cas, l'œuvre n'est pas à proprement parler de l'art. Pour qu'une œuvre devienne donc une œuvre d'art, il appert que l'artiste doit instaurer des règles internes à l'œuvre : il importe qu’il sache user de son génie, surpasser les règles extérieures afin de créer de nouvelles règles pour s’approprier son œuvre. En créant, en inventant l'artiste ne fait pas un travail scolaire, il ne suit pas de mode d'emploi pour créer son œuvre. Mais l'Art n'est-il pas, toutefois, dépendant de règles pour répondre à la perfection, à l'esthétique ?
Pour représenter la perfection du beau, une musique peut par exemple suivre les règles techniques on ne peut plus définies de la composition de telle sorte que la mélodie soit belle. Ainsi en est-il des accords parfaits au piano : l'artiste ne crée pas ces accords, il les assemble pour élaborer un bel ensemble. Il use donc ici de sa technique pour créer. De fait, la notion de beau doit bien répondre aux règles externes, faute de quoi sinon, dans le cas d'une chanson telle que I'm Gonna Love You Just A Little More, Baby de Barry White celle-ci n'aurait aucun succès. Le beau dans cette chanson se rencontre par l'utilisation de mot définis pour exprimer l'amour. Par exemple l'utilisation de mots évoquant l'amour tels que « je t'aime », scandés un grand nombre de fois. Le créateur de la chanson est dépendant d’un lexique déjà bien défini afin d’exprimer des sentiments, mais aussi du sens grammatical des phrases. Le chanteur est donc dépendant en ce sens des règles externes à l'artiste qui définissent le beau.
Dans le film Birds of Prey, la perfection du sandwich elle-même se donne comme le résultat d'étapes consciencieusement suivies par le créateur du sandwich,qui est dans ce cas l'artiste. Il répond à la demande extérieure, du beau, du parfait défini par l'autre (ici, la consommatrice Harley Queen). L'artiste pourrait par ailleurs avoir comme volonté assumée de « suivre » les règles pour représenter la nature de façon objective. Prenons par exemple l'hyperréalisme, qui se résume à la simple représentation objective de la nature : l'artiste use alors de sa technique pour reproduire, représenter ce qu'il voit – telle est la « règle » - et non ce qu'il perçoit.
Pour autant, les hyperréalistes sont-ils des artistes ? Leur œuvres, il est vrai, sont dénudées de sentiments, d'expression. Nous sommes là à l'opposé de l’expressionnisme abstrait, l'artiste apparaît plutôt tel un artisan. Une reproduction objective faite à partir de la technique de l'artiste, mais qui, cependant, bien que subjective, défend et critique la société de consommation du XX°siècle. Il y a donc là une nouvelle règle, celle de dénoncer à travers cet hyperréalisme. L'œuvre est bel et bien « artistique », elle ne se limite pas à la technique de l'artiste étant entendu que l’art de ce dernier naît après la technique. L'artiste n'est donc plus l'artisan d'une simple représentation mais le génie d'un nouveau mouvement artistique.
La règle qui était alors de créer une œuvre d'art dans laquelle l'artiste se reconnaît revient, dans l'hyperréalisme, au fait de dénoncer à travers une œuvre sans expression ou tout semble n'être précisément que perfectionnisme de la technique, de la représentation.
Dans ces conditions, imposer des règles à l'art, n'est-ce pas synonyme de censure pour l'artiste? L'art, répétons-le, est création, invention. A travers son œuvre, l'artiste s'identifie, il atteint ainsi une claire conscience. Encadrer son art par des règles reviendrait à le censurer, à l 'empêcher d'atteindre satisfaction. L'artiste n’atteindrait plus ce faisant sa claire conscience, il serait exposé à la frustration puisque sans cesse « poursuivi » pas des règles externes, qui ne dépendent pas de lui. Il s'agit là de normes, de valeurs intrinsèques à la société. Alors que les règles internes concernent les connaissances, les techniques, les procédés, ce qu'on appelle les règles de l'art en général.
Nous avons vu que la confrontation entre ces règles internes et externes peut choquer car les règles externes sont transgressées par les règles internes de l'artiste. Lequel, pour les braver, use de son génie, met en avant ses propres règles dans l’intention de créer. Pour autant, les règles peuvent être perçues comme nécessaire dans l'esthétique qui est par principe externe à l'artiste (la notion du beau, du parfait ne dépend a priori pas de lui). Il peut nonobstant créer l'esthétique, le beau – ou à tout le moins y participer - en répondant aux règles externes : c'est le cas des chansons tel que I'm Gonna Love You Just A Little More, Baby de Barry White. Car, le plus souvent, les règles internes sont influencées par les règles externes à l'œuvre.
Suivre les règles permettrait ainsi, dans le cas de la musique, de répondre au « beau » de l'Autre. Mais suivre les règles permettrait tout autant de représenter à la perfection la nature telle une photographie, comme c'est le cas dans l'hyperréalisme. Où la fonction de l'œuvre d'art concernant l'artiste est, comme nous l‘avons vu, remise en cause puisqu’ il s'agit ici de simple reproduction de la nature sans réelle reconnaissance de l'artiste dans son œuvre. La règle y est conceptuelle, bien que l’œuvre d'art dans ce cas résulte de la perfection du réalisme.
L'art ne peut donc pas se passer de règles, ce qui est paradoxale vis-à-vis de la création. Mais l'art n'est pas que règles, c'est une succession de règles qui se surpassent à chaque œuvre créée.
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