On dit que Norma est l'un des rôles les plus durs du répertoire. D'ailleurs, la première représentation fut un échec. Certes, l'œuvre a étonné par sa nouveauté, mais le rôle fut plus difficile à chanter qu'on ne le pensait. Il a fallu réécrire en partie la partition pour le mettre à dimension humaine. "Casta Diva" a été réécrit huit fois.
Mais, très vite l'œuvre fut un succès.
Cette anecdote n'en est peut-être pas une. Du moins, elle n'est pas insignifiante. L'œuvre est ambitieuse à tous points de vue. La musique est grave, l'interprétation est difficile, les personnages ont une vraie consistance et la situation est magnifiquement dramatique.
Prenons la mesure de l'importance de l'œuvre en écoutant deux des critiques les plus redoutables du XIXe siècle :
- Arthur Schopenhauer n'hésite pas à dire que Norma est : " Un drame des plus parfaits, un vrai modèle de combinaison tragique des motifs, de progression tragique de l'action, de développement tragique…"
- Richard Wagner écrit : " J'admire en Norma l'inspiration mélodique, unie avec la plus profonde réalité à la passion la plus intime ; une grande partition qui parle au cœur, le travail d'un génie."
Aurait-on transformé deux loups en agneaux ? On a peine à y croire.
Non, l'œuvre est vraiment un chef-d’œuvre. C'est ce qui fait que la représentation est risquée, mais c'est aussi la raison pour laquelle on y atteint des sommets.
Qui n'a jamais été bouleversé par l'immense "Casta Diva" qui est l'un des plus beaux joyaux de l'histoire de l'opéra ?
Il faut une œuvre de cette étoffe pour parvenir à un tel niveau.
Donc, une œuvre réservée aux grands, à celles que l'on nomme elle-même des "divas".
Le sommet sera sans doute atteint par Maria Callas qui chantera l'œuvre quatre-vingt-neuf fois dans sa carrière. Pour elle, c'est le rôle des rôles. L'aisance de la Diva, dans ce registre extrêmement compliqué, a fait dire à des critiques que la prouesse a relevé d'une véritable "insolence vocale", tant ce fut vertigineux.
Il faut une Callas capable de franchir les lignes, pour parler d'une Norma qui est dans une constante transgression.
Un siècle plus tôt, ce furent des noms qui font rêver tout amateur d'opéra, qui l'incarnèrent : Giuditta Pasta (dont Maria Callas serait le "double stellaire"), Giulia Grisi, et Maria Malibran. Sans doute l'excellence, ou du moins ce qu'on peut en rêver, car nous n'avons évidemment aucun enregistrement de cette époque.
Celles qu'André Tubeuf appelle "Les tragédiennes de feu noir".
L'histoire est la suivante.
Norma, une prêtresse gauloise, censée être chaste, a deux enfants avec un proconsul romain, Pollion, dont elle est éperdument amoureuse. Mais celui-ci lui préfère maintenant une prêtresse plus jeune, Adalgise, avec qui il veut fuir à Rome. La douleur et la colère de Norma sont telles, qu'elle songe à tuer ses enfants, pour punir leur père et se suicider, pour mettre fin à ses tourments. Mais elle espère encore reconquérir Pollion car Adalgiste refuse de trahir Norma. Après une ultime tentative, elle appellera les Gaulois à faire la guerre aux Romains et quand Pollion sera confondu, elle se dénoncera pour mourir avec lui sur le bûcher.
Pourquoi le sacré et la transgression ?
D'abord, le sacré, parce que le personnage principal est une prêtresse : Norma, la fille du chef des druides. Ce n'est pas n'importe qui, c'est un augure, c'est elle est qui interprète la parole des dieux. Au début de l'opéra, c'est d'elle que l'on attend le verdict d'Irmansoul, la divinité de la guerre (incarnée par un chêne).
Plus de la moitié de l'œuvre se passe dans des lieux sacrés : la forêt des druides et le temple d'Irmansoul. La notion est donc centrale.
Ensuite la transgression, enfin plutôt les transgressions, car elles sont nombreuses.
- En tant que prêtresse, Norma a fait vœu de chasteté. On le sait, car Adalgise, qui est elle-même une prêtresse, le dit dans l'acte I : l'amour (d'un homme) est un crime (envers les dieux). Ici, la transgression est double. Elle ne s'est pas contentée d'avoir des relations charnelles, elle a eu deux enfants.
Toujours en tant que prêtresse, Norma se refuse à interpréter la parole d'Irmansoul comme une incitation à la guerre. Elle veut retarder les ardeurs belliqueuses de son père et de son peuple. Pour conserver son amoureux romain, il lui faut la paix avec Rome. Cette manière de détourner la volonté des dieux pour son compte personnel est on ne peut plus profanatoire. Profanation qu'elle répète en appelant à la guerre pour assouvir une vengeance personnelle, plus tard.
- En tant que Gauloise, elle trahit son peuple. Coucher avec l'ennemi n'est pas vraiment un signe de loyauté. Là aussi : une transgression.
- Elle n'est pas non plus une mère très accomplie. Certes, à la fin de l'œuvre, elle supplie qu'on épargne ses enfants. Mais elle envisage très sérieusement de les massacrer, par vengeance, pour conduire leur père au désespoir. Clotilde lui demande : "Es-tu mère ?". Elle répond : "Je ne le veux pas.".
Reste qu'en tant qu'amoureuse, on ne peut rien lui reprocher. Elle sert cet amour avec une abnégation totale en transgressant presque toutes les lois et en allant jusqu'au sacrifice de sa personne. Le vrai dieu, dont elle exprime la parole, est peut-être finalement Éros.
Enfin, une dernière remarque avant d'aborder l'œuvre elle-même.
Il ne faudrait pas croire que les notions de transgression et de sacré sont incompatibles.
Certains philosophes, dont Georges Bataille, prétendent même que l'une appelle l'autre.
En effet, le sacré s'oppose davantage au profane qu'à la transgression.
Qu'est-ce que le profane, pour Georges Bataille ?
C'est, bien sûr, ce qui s'oppose au religieux, mais c'est aussi ce qui ne répond à aucune règle précise. C'est ce dont on peut disposer comme on veut, donc, implicitement, ce que l'on est libre de respecter ou de ne pas respecter. Le profane serait presque ce qui est sans qualité. Ce à quoi on peut attribuer la valeur que l'on veut. Le profane c'est aussi ce qui est insignifiant au sens étymologique, c'est-à-dire ce qui n'a pas de signification par soi.
C'est aussi pour cette raison qu'il ne saurait y avoir, dans ce contexte, aucune transgression dans le cadre du profane.
Quand tout est permis, on peut, par définition franchir toutes les bornes, puisqu'il n'y a pas de limites, comme le soulignait avec ironie Pierre Dac.
Qu'est-ce que le sacré ? C'est, inversement, ce qui répond a des règles, ce qui est censé avoir une signification par soi, donc qui échappe à tout relativisme. Le sacré est ce qu'il faut respecter.
On désigne souvent, à tort, le sacré comme le lieu exclusif des dieux ou de la perfection.
Mais ce n'est pas un "en dehors ", une sorte de "méta"-"physique" (au sens étymologique : "méta" = au-delà ; "physique" = nature ou monde).
Le sacré n'est pas ce qui est hors de nous et qui nous définit négativement (les hommes ne sont-ils pas toujours ce que les dieux ne voudraient pas être : non-parfaits, non-savants, non-puissants, etc. ?)
C'est un passage.
C'est le lieu où les hommes et les dieux se rencontrent. Et il convient d'y respecter les règles de bienséance, d'autant plus que nos hôtes sont les êtres les puissants qui soient.
Le sacré est ce que l'on ne touche pas n'importe comment et ce dans quoi on ne pénètre pas de n'importe quelle manière.
Parfois, les règles sont paradoxales. Par exemple, un homme ne doit pas entrer couvert dans une église, à l'inverse, il ne doit pas entrer tête nue dans une synagogue. On ne rentre pas chaussé dans une mosquée, mais l'on n'imagine pas rester pieds nus plus de dix minutes à Saint-Pierre de Rome, car un garde suisse nous tomberait dessus immédiatement.
Il y a-t-il une logique dans tout cela ? Il y a-t-il des règles plus pertinentes que d'autres ? Nul ne saurait le dire puisque les voies du sacré sont censées être impénétrables.
Retenons que ce qui est sacré doit être considéré avec un certain nombre d'égards. Eu égard le rang. Le sacré se présente comme une autorité, c'est-à-dire quelque chose qui vient d'en haut. Ou bien qu'il faut faire croire venir d'en haut – ce qui est le cas de Norma.
Une autre question mérite d'être posée.
La transgression n'est-elle pas ce qui contribue à l'affirmation de l'interdit dont se nourrit le sacré ?
En effet, comment saurais-je qu'une chose est sacrée si l'on ne me fait pas remarquer mon inconséquence à traiter le sacré comme s'il était profane ?
Dans l'Antiquité, si jamais personne n'avait été convaincu d'avoir été puni par les dieux, comment saurait-on que les dieux édictent des règles ? En paraphrasant la célèbre formule de Dostoïevski dans "Les frères Karamazov", on soutiendra que si tout est permis, les dieux n'existent pas. C'est bien parce que des hommes ont été détruits par la colère divine que les dieux sont sacrés.
On peut remercier les grands punis (Tantale, Minos, Icare, etc.) de nous avoir appris les règles du sacré.
On voit que le sacré et la transgression dépendent l'un de l'autre.
Peut-être faut-il des Norma pour que les dieux puissent avoir une chance d'exister.
Certes, elle met en scène ses envies propres au détriment de ce que sont censés vouloir les dieux (c'est-à-dire généralement ce que veulent les chefs de guerre). Là, elle ne remplit manifestement pas son rôle et le fait que les dieux ne la punissent pas montre au moins leur faiblesse (pour ne pas dire leur laxisme voire leur inexistence).
Mais, à la fin de l'œuvre, elle se condamne elle-même au bûcher pour pouvoir y périr avec son amant. Par-là, elle restaure le pouvoir des dieux, car qui lira dans ce geste l'acte désespéré d'une femme psychologiquement fragile ?
Tout le monde y verra l'expression d'une volonté supérieure.
Transgresser le sacré, le profaner, le détourner à des fins personnelles. Tout cela est de mauvais augure.
C'est sous le signe de la guerre que commence l'œuvre. Oroveso, chef des druides et père de Norma, appelle les forces de la forêt à la guerre. Il veut en finir avec la domination des Romains : "Que le courroux terrible ; de ton bras invincible ; d'une horde ennemie ; chasse au loin la furie."
Il veut la guerre. Il compte sur sa fille pour transmettre l'accord des dieux.
Celle-ci n'y a aucun intérêt. Une guerre avec Rome éloignerait l'homme qu'elle aime. En habile prêtresse, elle ménage le peuple : " Oui, Rome doit périr (…) la prière commence…", mais elle se ménage aussi elle-même : " Dès que l'heure sonnera ; dès qu'elle sonnera ; Dieu par ma voix, vous le dira."
Elle entonne un hymne à la Lune. C'est le fameux "Casta Diva" qui est sans aucun doute l'un des sommets de l'œuvre lyrique.
"Casta Diva, che inargenti ; Queste sacre antiche piante ; A noi volgi il bel sembiante ; Senza nube e senza vel !" ("Chaste déesse qui argente ces antiques feuillages sacrés, tourne vers nous ton beau visage, sans nuages et sans voile").
La beauté profonde de cet hymne est tellement saisissante, qu'on peut se demander qui est capable de rester insensible à une telle demande (ou à une demande formulée de si belle manière).
Le charme opère. Le chant a calmé les ardeurs belliqueuses des Gaulois.
Mais c'est aussi un chant trompeur, car son but est d'abuser tout le monde.
On entend ici, par monde, l'ensemble de ce qui devrait lui importer, si elle était sensible aux devoirs qu'exige sa fonction : les dieux, son peuple, son père.
Le fait qu'elle renonce à tous ces devoirs pour tenter de suivre ses désirs les plus profonds, fait d'elle à la fois un monstre et un être sympathique.
On ne peut s'empêcher de ressentir une certaine admiration.
Celui (ou celle) qui sacrifie tout atteint à la fois un summum d'ingratitude et un degré rare d'abnégation. Celui qui sacrifie tout se sacrifie forcément lui-même. Ce n'est jamais innocent.
Pour qui est-elle prête à tout perdre ?
Pour un personnage peu intéressant. Quelles que soient les conditions, l'amour a toujours la même capacité de rendre aveugle.
L'homme en question est un Romain. Donc, a priori un ennemi.
Est-il beau ? Est-il vaillant ? On n'en sait rien. Le livret est muet à ce sujet.
En revanche, il n'est pas fidèle.
Le personnage est ambigu. Il n'hésite pas à faire deux enfants à une prêtresse gauloise censée rester vierge (au risque de se fâcher avec les puissances divines), mais il redoute la colère de la femme : "Son nom jette en mon âme trouble et effroi."
C'est peut-être sa manière de dire qu'il ne croit pas trop à la vengeance divine. Sa nature (forcément) stoïcienne, le pousse à ne craindre que ce qui est réel.
Il connaît le pouvoir des prêtres.
Les libertins du XVIIIe siècle aimaient à répéter que si Dieu n'existe pas, les prêtres, eux, existent. Le vrai pouvoir est toujours temporel, jamais éternel. L'éternité ne concerne pas les hommes. C'est même ainsi qu'Épicure nous convainc de ne pas prier des Dieux qui n'ont pas grand-chose à faire de nous.
Si les dieux semblent être inopérants, les prêtres, eux, sont efficaces.
Ce sont eux qui orchestrent les rites et définissent les règles du sacré.
Eux ne sont jamais muets. Leur parole n'est jamais rare, pas plus que les injonctions qu'ils profèrent (voire qu'ils prophétisent).
Si le personnage de Pollion n'est pas très reluisant, cela ne tient pas forcément au caractère qu'on lui prête. Vincenzo Bellini donne de si beaux rôles à ses personnages féminins, qu'on prétend qu'il faudrait être fou pour s'intéresser à ses personnages masculins.
C'est sans doute vrai.
Celui qui servit aussi bien les deux opéras qui encadrent "Norma" : "La sonnambula" et "Beatrice di tenda", s'est sans doute peu préoccupé de l'avenir de certains rôles.
Quand on sait, en outre, qu'il fut celui qui écrivit pour Maria Malibran… On peut bien comprendre pourquoi nos exégètes contemporains accordent peu d'importance aux rôles masculins.
Le deuxième rôle ne serait donc peut-être pas celui de Pollion, mais celui d'Adalgise, une sorte de double de Norma. Comme elle, c'est une prêtresse. Comme elle, elle est tentée par l'amour charnel. Elle ne peut rester indifférente aux sentiments que lui inspire Pollion.
Elle est plus jeune et on pourrait très bien voir dans cet amour naissant, celui qui conduisit Norma à céder au charme du jeune prélat romain.
Mais cela ne se produira pas, ou plutôt cela ne se reproduira pas.
Tiraillée entre la passion et le devoir, la jeune Adalgise va se confier à celle qu'elle croit être son amie, mais qui est en fait sa rivale.
Le duo est très beau : " Sola furtiva, al tempio, Io l'aspettai sovente, ed ogni di più fervida, crebbe la fiamma ardente" ("Faible, timide et tendre, pouvais-je me défendre ? Il sut bientôt surprendre et captiver mon cœur.")
La bienveillance de Norma s'explique sans doute par le fait qu'elle lui rappelle le sentiment qui la surprit quelques années plus tôt.
Lorsque Pollion arrive, elle comprend que l'aimé n'est autre que le père de ses propres enfants. Sa colère est sans borne.
Le deuxième acte s'ouvre sur une femme tenant un poignard, prête à assassiner ses enfants pour se venger de la trahison de celui qu'elle aime.
La musique est d'une beauté sombre.
" Dormono entrabi, Non vedran la mano che li percuote." ("Doucement ils sommeillent, mon bras peut les frapper sans crainte qu'ils s'éveillent."
La colère froide est glaçante.
On retrouve la même terreur que celle que nous inspire un autre très grand rôle de Callas : Médée. Ici, le dénouement sera plus favorable à la progéniture, car Norma est moins froide que la terrible magicienne. Ils seront épargnés.
Dans le temple, elle appelle les Gaulois à faire la guerre aux Romains en interprétant en sa faveur les paroles supposées d'Irmansoul.
Le chœur est très célèbre et a enflammé les salles italiennes sous l'occupation autrichienne. Les Italiens y voyaient une manière d'exprimer leur patriotisme.
- " Guerre et carnage. Vengeance et sang. Pour nous plus d'alarmes. Le ciel enfin sourit à nos ardeurs."
Arrive alors, Pollion, qui veut enlever Adalgise.
Norma le livre à la vindicte des Gaulois et affirme qu'une prêtresse a rompu ses vœux par amour pour un Romain. Alors que l'on s'attend à ce qu'elle désigne Adalgise, c'est elle-même qu'elle dénonce.
Elle se condamne afin de finir avec son amant sur le bûcher qu'elle lui destinait.
Il lui pardonne.
Il y a trois passages dignes de la beauté du "Casta diva", dans la fin de cette œuvre. Des sommets musicaux.
- Quand Pollion est arrêté, dans le temple, Norma demande qu'on les laisse seuls pour juger de son sort. "In mia mano alfin tu sei : Niun potria spezzar tuoi nodi. Io lo posso ("Maintenant, tu es à ma puissance. Rien ne saurait t'arracher.")
La menace est sans appel.
Mais Pollion ne cède pas.
- Puis s'abat la vindicte : "Qual cor tradisti, qual cor perdesti …" ("Apprends perfide, apprends à me connaître…"
Elle périra avec lui, sa vengeance n'aura qu'une seule limite, elle épargnera les enfants qu'elle a eus avec lui.
Dans le chapitre XXXVII du "Monde comme volonté et comme représentation", Schopenhauer souligne que la résignation des protagonistes, qui fait la grandeur d'une tragédie, est parfaitement incarnée dans ce passage de Norma.
Il insiste aussi sur la douceur de la musique qui accompagne ce moment.
Comme si la violence du dénouement (ils finiront brûlés) était atténuée, voire abolie par l'acceptation du destin.
Il cite aussi Schiller, dans "La fiancée de Messine" : La vie n'est pas le plus haut des biens.
Voilà le message.
- Enfin le trio final de conclure : " Deh ! Non volerli vittime del mio fatale errore !" ("Accueille ma prière, A son heure dernière…")
Pollion finit par comprendre l'amour que lui porte Norma.
Ils montent au bûcher réconciliés.
Norma : "Contente, je vais à la mort."
Pollion : " Content, je vais à la mort."
Tout est mal, qui finit bien.
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