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Le désir dans "La mort de Sardanapale" (E. Delacroix, 1827) - 1

Publié le 6 Février 2020, 09:00am

Catégories : #Exercices philo

Le désir dans "La mort de Sardanapale" (E. Delacroix, 1827) - 1

Analyser le tableau soumis (noms du peintre et de l'oeuvre non fournis) en vous appuyant sur le cours dédié au désir et en formulant une problématique philosophique (35 mn)

Proposition de traitement par les élèves Laura Felderhoff, Giulia Penseri, Chiara Bonventre & Audrey Philipon,  TS2, lycée Albert-Ier de Monaco, février 2020

Les premières choses qui nous frappent sur ce tableau sont d’abord les couleurs chaudes (rouge, orange) qui nous font penser au feu de la passion mais aussi au sang et à la violence. On remarque aussi immédiatement la diagonale de couleurs plus claires qui apporte toute la lumière de l’œuvre.

                Lorsqu’on se penche sur les personnages, on voit que la figure qui domine la scène est l’homme vêtu d’un drap blanc allongé sur le lit. On voit aussi qu’il y a plusieurs femmes sur le tableau qui semblent toutes ne pas être consentantes, leur nudité semble faire penser qu’elle se sont peut-être faites violées pour le simple plaisir des hommes.  En bas du lit, un homme est en train d’égorger une femme nue et sans défense, de plus la femme que regarde le personnage principal semble étendue comme morte sur le lit. Une femme à côté du lit semble se cacher le visage afin de ne pas assister à ces atrocités. La diagonale de lumière semble donc suivre le chemin du désir vers la cruauté. Au plus haut de celle-ci, le personnage dominant éprouve du désir en regardant la femme étendue sur son lit puis, lorsque l’on descend le long de la diagonale, on arrive sur la vision d’un meurtre : la cruauté pure.

En regardant le tableau, on a l’impression que les hommes (au sens de masculin) sont en train d’éliminer tous les désirs qui les animent. En effet la LUXURE est le mot qui nous saute au visage lorsqu’on regarde cette abondance de dorures, ce cheval blanc, ces bijoux, cet esclave et surtout toutes les femmes nues. Ce pêché capital est le pêché du plaisir obsessionnel qui cause la perte des hommes. Cette idée rejoint donc aussi le fait que la scène, à cause des draps rouges, semble couler comme du sang ce qui peut représenter la descente aux enfers. De plus, la ville en feu renforce cette idée d’enfer omniprésent.

Le fait que les hommes veuillent éliminer tous les désirs peut être relié à la pensée des stoïciens qui tentent d’éliminer tous les plaisirs afin de se consacrer à la morale dans le but d’atteindre la vertu. Mais, dans notre cas, c’est paradoxal car cette morale est perdue par la cruauté et la violence de la scène. L’homme au centre du tableau qui ne semble avoir aucun remords ni aucune compassion est vêtu de blanc et devrait donc représenter la sagesse et la pureté. Ou peut-être pense-t-il qu’il incarne ces deux valeurs ? Ce qui est sûr, c’est que, dans la réalité, les faits dont il est témoin ne sont ni sages ni purs.

Rousseau dit dans Julie ou la nouvelle Héloïse en 1762 : « On n'est heureux qu’avant d’être heureux ». Alors que l’homme sur le lit a succombé à tous ses désirs, il tente peut-être de revenir à cet état, un stade où le désir même apporte le bonheur et non pas la réalisation de ses fantasmes qui, une fois achevés, ne lui apportent plus rien. Mais ce bonheur qu’il recherche n’est-il pas inatteignable à cause de toute la cruauté qu’il met en place pour arriver à ses fins ?

                On peut donc se demander si la cruauté anime nos désirs ou si ce sont plutôt nos désirs qui nous poussent à agir cruellement, en entravant la liberté et le bonheur d’autrui ? Mais aussi, est-ce que fuir nos désirs nous mène toujours à la morale et à la vertu ?

 

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